#AdopteUnSAprès avoir pris soin d’endormir les derniers S, je retournais à la chambre d’Ezio où Ansel m’attendait. Je m’introduis discrètement dans la pièce, regardant le délégué rouge absorber l’énergie de son ennemi avec une facilité à couper le souffle. Ça avait l’air si simple. Un simple geste, rien qu’un contact, et il pouvait définitivement se débarrasser de n’importe qui. Le genre de pouvoir qui avait dû être terrible à apprendre à contrôler. Ce genre de don qui s’activait au toucher, ça m’avait toujours refroidi de toute façon. Quelle qu’en soit la nature, on n’était jamais à l’abris d’un dérapage, d’une utilisation accidentelle.
Le brun fini par se tourner vers moi, me signifiant d’un coup de main qu’il se chargerait de prendre ses bras. D’un pas furtif, je me dirigeais vers l’autre bout du lit pour le saisir au niveau des mollets. Rapidement, mon partenaire remonta le corps de notre victime à sa hauteur. L’allemand avait beau ne pas être un géant, il devait bien me dépasser de presque vingt centimètres et il me devenait assez difficile de garde mon emprise sur le tas de muscle que nous devions déplacer. Je me demandais bien pourquoi on avait fait téléporter Léocade à Félicia alors que le russe aurait été bien plus simple à transporter. Surtout par deux petits gabarit comme nous l’étions. Comprenant que mes bras n’allaient probablement pas être capable de supporter la masse du molosse, Kei me donna une petite tape sur la tête et profita de mon étonnement pour prendre le relai.
- Laisse-moi au moins donner l’impression que je sers à quelque chose, râlais-je à mi-voix. - Oui, oui, occupe-toi donc de vérifier que personne ne nous voit.
J’affichais une mine renfrognée, mais ne luttais pas plus. Il fallait dire que sa taille et sa carrure étaient beaucoup plus adaptée au transport d’élèves que la tienne. Le garçon devait faire une fois et demi mon poids en muscle, ma présence n’aurait sûrement fait que les ralentir et accessoirement augmenter l’effort à fournir par Ansel qui avait déjà fait une grosse part du travail de ce soir. Je précédais donc ce drôle de convoi de quelques mètres dans le plus grand calme, prêtant attention au moindre bruit, à chaque ombre, pour m’assurer qu’un élève ne passait pas par là. C’était un peu une mission top-secrète. Un évènement que nous ne revendiquions pas. Comprenez bien que ce n’est pas très « délégués » de s’introduire par effraction dans des chambres pour y kidnapper les habitants.
Le trajet n’était fort heureusement pas trop long. Du moins pour moi, les deux autres avaient probablement dû le trouver interminable.
- Tu vas aider Chrissy avec les affaires de l’autre ou tu veux commencer à sécher les cravates ?
Je haussais les épaules, sans plus de conviction que le E. Il en avait sûrement bien assez fait avec le transport de son camarade pour ne pas reprendre avec le déménagement des meubles. N’ayant pas servi à grand-chose sur ce plan, je me proposais donc pour aller donner un coup de main à la blonde.
- Je peux m’occuper des affaire d’Ezio si tu veux. Ça me permettra d’en profiter pour faire connaissance avec ma nouvelle colocataire, annonçais-je. Je te laisse faire la lessive.
Je me hâtais de retourner à sa chambre, attrapant autant de chose que je le pouvais. Visiblement, j’avais raté la déléguée des C de peu. Il ne restait plus beaucoup des affaires du doré. Mes cartons à la main, je regagnais la nouvelle demeure de l’italien et y déposais ses affaires. Le travail ici était presque terminé…
Il avait toutes les cravates et elles reposaient bien dans la javel. Maintenant il devait aller retrouver Leann et son ami imaginaire… oui oui, ils avaient monté un plan avec un gars que personne ne voit à part elle. Depuis que l’Allemand était au courant de cela il n’était que plus conforté dans l’idée que la B était une dingo.
Il soupira avant d’entrer dans le bungalow. Tout le monde semblait dormir comme un bébé. Fallait bien avouer que la mixture de mandragore fonctionnait. -Dire quand dans Potter ça dépétrifie les gens…- Le E secoua la tête avant de se diriger vers le doré qu’ils allaient devoir trimbaler. Pendant un moment il le fixa, puis il retira ses gants qu’il fourra dans la large poche de son sweat. Sa main gauche s’approcha de l’épaule découverte du S anciennement E. Ansel posa le bout de ses doigts sur la peau et commença lentement à lui voler son énergie. Doucement pour ne pas le réveiller. Son regard gris fixait Ezio dont lentement le souffle diminuait tout en se délectant de se regain d’énergie qui commençait à l’envahir. Il se stoppa, sachant parfaitement que le S en avait eu pour son compte, même s’ils le faisaient tomber il n’était pas prêt de détaler en courant comme un cabri, pourtant… Ansel resta là quelque secondes, toujours en contact physique avec sa victime. Il pouvait si facilement l’éliminer, c’était même risible de tous les voir si faibles d’un coup. Le E fini par tout de même retirer sa main et fit signe à Leann que c’était bon. Il y a encore quelque temps, il s’en serait sûrement voulu de ne pas avoir continué, mais aujourd’hui il savait que s’il l’avait vraiment fait, il n’aurait pas valu plus qu’un de ces trous du cul.
Ansel se tourna vers Leann et lui fit comprendre qu’il prenait l’avant et qu’elle n’avait qu’à se charger des pieds. Quand il attrapa Ezio, passant ses deux bras sous les épaules du S et ainsi remontant sa tête jusque sur son propre torse, il se demanda vraiment pourquoi il fallait le bouger lui. -T’ain ! Ce mec est aussi lourd qu’un éléphant mort !- Heureusement qu’il y avait Kai, même s’il n’était pas visible, il ne pouvait qu’être utile pour transporter Ezio. C’était encore une chance qu’il ne fallait pas l’amener à l’autre bout du bahut comme ça. Il avait tenté de le lâcher, espérant qu’une pierre se situerait juste en dessous de sa tête creuse, mais non, il ne fit rien et se contenta de le porter du mieux qu’il le pu jusqu’à son futur lit. Ce n’était pas un vrai méchant Ansel, sinon c’est très certainement lui qu’on aurait trimbalé comme un con en caleçon par moins deux degré Celsius.
Une fois arrivé à a chambre il fallait le déposer délicatement sur le matelas, façon de pas tout éclater et aussi pour éviter de réveiller Nova. Une fois cela fait, ce qui ne fut vraiment pas simple soit dit en passant, il ne restait plus qu’à aller aider Chrissy à ramener les affaires d’Ezio ici. Alors qu’Ansel sortait du bungalow, il se rappela le sèche-cheveux et le seau de javel, il chuchota alors à Leann :
« Tu vas aider Chrissy avec les affaires de l’autre ou tu veux commencer à sécher les cravates ? »
Concrètement il s’en fichait. La seule chose qui lui tardait été de retrouver son lit pour passer sa dernière nuit à dormir les deux yeux clos. Parce qu’il ne faut pas rêver, mais les S vont se venger et ils ne vont certainement pas s’amuser à les intervertir de chambres à eux, non… ils seront nettement moins sympa pour le coup.
#AdopteUnSÇa en vaut la peine. Ça en vaut la peine. J'essayais désespérément de me convaincre que la portée de notre action compenserait le risque que nous prenions. Pourtant, ce n'était pas gagné . Aussi géniale et marquante était l'idée de faire descendre les dorés de leur piédestal en rendant leur cravate blanche et supprimant purement et simplement le concept de demeure des S en ses les appropriant, le rapport danger / intérêt restait tout de même bien haut. Et moi qui avait promis de ne plus prendre de risques démesurés… Je m'en voulais un peu de briser cet engagement, mais tout avait été prévu bien avant que je ne le prenne. Cependant, plus j'y pensais, plus je me disais qu'il n'y avait que peu de chance que nos nouveaux colocataires acceptent si facilement notre intrusion chez eux. "Nos nouveaux colocataires… ". J'avais essayé d'éviter de me souvenir de ce détail depuis que l'on s'était affecté nos nouvelles chambres. Il n'y aurait littéralement qu'un mur qui me séparerait de la Tcheq. Quand on avait prévu cette nouvelle répartition le jour de la réunion, ça ne m'avait pas dérangé. Elle ou Hazel. Elle ou Ezio. Elle ou n'importe qui, sauf peut-être Faust qui semblait me vouer une haine injustifiée. Puis il y a eu cette histoire au clocher. Sur le moment, je n'ai pas réalisé. J'étais bien trop contente de savoir que Joshua ne m'en voulait pas pour faire la connexion. J'étais beaucoup trop obsédée par le bal de Noël. Au point de ne pas remarquer que Nova, celle qui l'avait tellement fait souffrir pendant ses derniers mois étaient ma nouvelle voisine. Je détestais cette personne, alors que je ne l'avais pas vu plus de sept secondes de ma vie, et je savais que quoi qu'elle fasse, je serais incapable de me débarrasser de ce sentiment pourtant tellement injuste à son égard. Alors que je resserrais une énième fois l'élastique qui faisait tenir ma queue de cheval, je me demandais comment j'arriverais à supporter sa présence pendant toute la durée de ma scolarité ici. Il n'était pas trop tard pour ajouter une feuille d'arnica entière dans sa dose de vin de mandragore, ce breuvage que j'avais préparé afin de nous assurer qu'aucun des chiens du Ranker ne se réveillerais pendant que nous les transportions d'une chambre à l'autre. Pour le coup, elle ne se réveillerais probablement jamais. Un peu de belladone mal dosée et elle se sentirais brûler de l'intérieur un petit moment. 2 à 3 grammes de Casque-de-Jupiter la ferais s'étouffer avant de sentir ses organes vitaux lâcher les uns après les autres. Mais on a dit pas de violences. J'attrapais les bouteilles dans un des cartons déjà prêts pour mon futur déménagement et les rangeais dans un sac à dos grisâtre, à proximité de l'entonnoir que j'avais emprunté dans les cuisines de l'établissement et des tubes de silicones que Kei avait trouvé à l'infirmerie. Direction les futurs-ex demeures princières. J'arrivais quelques minutes avant Ansel dont l'apparition marqua le début de l'opération. Kei déverrouilla la porte des deux dortoirs et nous nous infiltrions chacun en toute discrétion jusqu'à la chambre de notre cible. La mienne, c'était Ezio. Le grand bonhomme semblait être tombé dans un sommeil de plomb. Cependant, je ne m'aventurais pas à prendre des risques inutiles. Me déplaçant sur la pointe des pieds, j'essayais d'ouvrir tiroirs et armoires dans la plus grande discrétion sans trouver la cravate tant convoitée. Il manquerait plus qu'il l'ai oublié dans la chambre d'une fille. Songeais-je alors que mon ami imaginaire pouvait se vantais d'avoir avait déjà récupéré le morceau de tissus du Lion. Planté devant l'encadrement de la porte, il l'agitait dans ma direction avant de s'amuser à se l'attacher autour du cou. Je fini par trouver le vêtement tant convoité sur sa chaise de bureau après avoir dû passer en revu chacune de ses chaussettes, ses T-shirt et ses caleçons. Ni une ni deux, j'envoyais l'étoffe à l'esprit qui se chargea de les remettre à Ansel. Il avait sûrement dû être surpris de voir les deux cravates voleter avant de tomber dans le sceau de javel… Mais ma mission ici n'étais pas terminée. Si je devais trimbaler ce gros tas de muscle avec le délégué des E, il me fallait également endormir les autres habitants du bungalow avec ma potion magique. Je filais jusqu'au lit de mon ancien camarade A à lunettes qui s'avérait être absent. Passé le moment de doute sur la raison de sa disparition (avait-on été repéré? Visiblement non, aucune de ses affaires n'étaient présentes), je fonçais à la chambre suivant. Hazel était plongée un un sommeil de plomb. Je m'approchais de son lit et enfonçais l'entonnoir dans le tube flexible que je fis entrer avec toute la délicatesse du monde dans sa bouche. Le vin y coulait à un flot raisonnable qui ne devrait, tout calcul fait, pas la réveiller. Mais la théorie et la pratique, c'était jamais tout à fait la même chose, et le simple fait de le savoir faisais trembler ma main nerveusement. Pourtant, en un peu moins d'une minute, les trente centilitres de mixture avaient disparu de la bouteille. Je dois avouer avoir été rassurée par ce premier test qui me donna plus de confiance pour les manipulations suivantes. Et en quelques minutes, les dorés étaient tous tombés dans un profond sommeil…
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Mer 27 Jan 2016 - 23:25
