Is there a first step to make? - Pelote de Laine

Prise de conscience froide et brutale. « On ne fait pas juste une crise de jalousie à ses amis. » Nerveuse, elle se ronge l’index… Cette phrase faisait écho, malgré l’alcool, la fin de ma coupe qui me montait à la tête, le froid m’ancrait au sol. Je ne pouvais plus faire mine de ne rien comprendre… Ou justement… Est-ce que je sur-interprète à cause de l’alcool ? Mon cœur s’emballait face à toute cette confusion et ce potentiel shitstorm en vue, mais j’étais bien trop perdu dans mes élucubrations pour que cela ne se voie en surface. Mais ce n'est pas de la jalousie… Non? Enfin, c'est juste que c'est désagréable et qu'elle ne serait pas intéressé… Donc forcément s'il insiste… J'interviendrais…
Leann m’extirpa de mes tourmentes. « Décidément, pas une très bonne idée l’alcool. », tu ne crois pas si bien dire Pelote…

Je la pris dans mes bras. Elle me suivit, pour peu que je lui aie laissé le choix, vers l’annuleur. Elle murmura quelque chose, sur un air un peu triste. Laisse tomber, je crois… Tout ce cirque pour ça… ? J’étais de nouveau perdu. Elle m’attrapa par la main et me tira sur le chemin du retour. Elle déclara avec une certaine confiance que c’était bon, qu’elle allait s’occuper de moi… Sans comprendre pourquoi je me mis à sourire. Peut-être l’idée qu’on allait s’occuper de moi sans que j’en ressente particulièrement le besoin… Elle me tenait par la main, à ma grande surprise ça ne me déplaisait pas. Sa main était chaude, la mienne devait être complètement gelée…

« Ce soir, c’est juste nous deux … … … … ok ? » je lui lançai un regard rempli de douceur, elle semblait perdue dans ses souvenirs, elle était peut-être inquiète, ça doit être la première fois qu’elle se retrouve sans Kei depuis des années… « Tu ne seras pas toute seule, juste nous deux ce soir bui. » je renforçais la prise de sa main dans la mienne.
Nous étions à mi-chemin, il y avait encore du monde qui allait au bal. Nous étions les seuls à aller vers les dortoirs. Ça sera littéralement, rien que nous deux.

Vous devez vous demandez pourquoi j’ai donné ma chemise en plus de mon veston et de ma veste. Honnêtement, je n’ai pas de réponse. Je me sentais tellement mal sur le coup que je voulais lui donner tout ce que je pouvais pour la réchauffer.
Nous étions en décembre, il faisait froid, je ne laissais rien paraître, même si ma mâchoire vibrait même si je l’avais tellement serré que mes tempes étaient endolories. Mes muscles vibraient, je tentais de me contenir du mieux que je pouvais. Nous y sommes presque…
Et pour continuer dans l’honnêteté, je tentais d’éviter de penser à tout ce que disait Leann, je ne pouvais plus resté dans un déni total, il y a quelque chose que je dois trouver, mais je ne voulais pas gâcher cette soirée en m’angoissant pour toutes ces histoires sans avoir de réponse toute faite, une solution miracle…
Je vais laisser tout « ça », pfff je suis lâche, je n’ose même pas mettre un nom dessus, de côté, j’y penserai plus tard… Et puis avec un peu de chance une réponse apparaîtra comme par magie…

Ridicule. Je me fatigue.

Nous y étions, j’ouvris la porte du bungalow, je laisse passer ma cavalière et je suis le pas. Je ne lui propose pas de boisson chaude car avec l’alcool ce n’est pas top… Peut-être de l’eau… Je soufflais tout en m’étirant. « Il fait bien meilleur ici ! Tu veux manger un morceau ? Ou boire de l’eau ? … Une bière ? » je lui fais un clin d’œil avec un air malicieux en coin.
Je lui fais signe d’entrer dans ma chambre, je sors deux verres, une bouteille d’eau et je les posai sur mon bureau. « Mets-toi à l’aise. Hmm… si tu veux… J’ai un t-shirt qui pourrait te servir de robe, et même un survêtement polaire, ce sera plus confortable, et ça préservera ta robe. » je retirais mon gilet de costume que j’accrochais à un cintre, je fis de même avec ma veste et mon veston que je retirai délicatement des épaules de Leann. Je pliais ma chemise que je posai dans mon bac à linge sale.
J’étais content de me retrouver avec elle, seul, tranquille, et surtout sans animosité ni colère ni rancune entre nous, j’étais … soulagé ?

« Regard sur cette étagère au-dessus de mon bureau, il y a tous mes coffrets DVD. Prends ce qu’il te plaît… Mais on n’est pas obligé de regarder maintenant, on peut … je ne sais pas… c’est ta soirée, c’est toi qui décide. Il n’est pas encore minuit, on a toute la nuit devant nous. » j'avais des cartes, des jeux, ou on pouvait simplement discuter. On pouvait tout faire.
Je sortis le plus grand tshirt de mon armoire pour Leann, je le posai sur mon lit, c’était un tshirt que je portais quand je fais du basket, bleu TARDIS avec le logo de la série Doctor Who en grand sur le torse en espérant que ça lui fasse plaisir. Vu notre différence de taille, ça devrait lui arriver aux genoux, mais ça pourrait la mettre mal à l’aise, alors je sortis un survêtement polaire bleu marine que je posais sous le tshirt.
Je sortis également un tshirt, gris, un peu plus large et beaucoup plus confortable que celui que je portais sous ma chemise. Je vidais mes poches sur mon bureau pour être plus à l’aise. J’y posais mon téléphone, les clefs du bungalow, la lame pliante de mon père, un stylo et une feuille blanche pliée en 8, toujours avoir de quoi écrire sur soit, sans oublier mes écouteurs parfaitement enroulés sur eux-mêmes sans le moindre nœud.
J’ouvris la fenêtre le temps de fermer les volets, puis les rideaux. « Change-toi, si ça ne te va pas sers-toi comme bon te semble, je vais dans la cuisine. »

Je sortis avant de fermer la porte de ma chambre, je me déchaussais puis je sautais sur le plan de travail pour m’y asseoir et je piochais une pomme dans le panier à fruit, je la rinçai avant de la regarder. Toute rouge. J’avais retrouvé l’appétit, je croquais à pleine dent dedans en attendant que Leann me fasse signe de la rejoindre, après quoi je m’éxecuterai.

Perdu dans mes pensées en train de manger, je n’avais pas entendu la poignée de la porte s’ouvrir, je vis quelque chose bouger dans ma vision périphérique, je tourne la tête, pendant un instant je crus voir Sadako de The Grudge, je sursautai légèrement. C’était Leann qui c’était détachée les cheveux, je souriais en réalisant. Stupid me.
Elle me demanda de l’aide. « Euh… oui ? » je sautai du plan de travail et je la rejoins dans ma chambre. Elle me tournait le dos et me montrait du bout du doigt sa fermeture éclair… Elle était coincée dans sa robe… Je rigolais doucement.

Elle me demanda de ne pas en profiter pour regarder son soutien-gorge. Ça c’est fait, et ça pique… Puis elle me dit qu’elle plaisanta avant de se reprendre pour se contredire. Et elle entreprit une phrase compliquée et contradictoire sans queue ni tête à une vitesse démontrant ses grandes capacités articulatoire. Puis elle me demanda d’oublier.
Je riais légèrement avant de tapoter tendrement le haut de sa tête. « Ne t’inquiète pas, j’ai la solution. » je me tournais vers mon bureau, ma lame avait bougé… Elle n’aurait quand même pas songé à la découper avant de m’appeler ? Sans oublier les traces de stylo que j’ai pu deviner à travers ses cheveux… « A ce que je vois je suis ton dernier recours… Tu étais prête à réduire ton travail en lambeau plutôt que de m’appeler… ? Je ne sais pas comment je suis censé le prendre… » Je pris un crayon, qui traînait dans mon pot à stylo sur mon bureau, je le coinçai entre mes lèvres avant de retourner vers Leann. « Ne bouge pas. »

J’attrapai délicatement ses cheveux d’une main, comme si je faisais une queue de cheval, de mon autre main j’enroulai ses cheveux en boule autour de la base de la queue de cheval, puis je plantai doucement le crayon à la base du chignon, un tour complet de crayon pour serrer un peu le tout, et une mèche pour coincer le crayon. On poke deux ou trois fois pour s’assurer que ça tienne. C’est bon. Et voilà en chignon fait en moins de vingt secondes. « Les cheveux c’est chiant quand on phase… Surtout avec l’alcool, je n’ai pas envie de t’en arracher… »
Bon… « Voilà un problème de régler… Maintenant voyons voir ce qui coince… » je passais mon index le long de la fermeture éclair, du bas vers le haut. Puis je fis phaser la phalange distale de mon index à travers la fermeture éclair, et je fis descendre mon doigt pour voir ce qui clochait. Mon index frôlait le dos de Leann, je me mis à rougir avant de le retirer sans rien dire. Je n’ai pas envie d’abîmer sa robe, je ne vais pas phaser à tout va. On va être plus intelligent que ça.

« Hmm… On va épargner ta robe et faire ça proprement hein… Ne bouge pas. » je piochais dans mon bac à linge ma chemise, le bac était vide en dehors de ce linge. Je dépliais ma chemise avant de la déposer sur les épaules de Leann. « Attache-les boutons… » je pris sa robe à travers la chemise, en phasant cela va de soi. Et je fis phaser la robe à travers ma chemise. « Je te laisse te mettre à l’aise, je vais décoincer ça dans le salon. » Oui je rougissais, et oui je n’osais pas la regarder, je me dirigeai vers la porte de ma chambre tout en essayant de décoincer sa fermeture éclair… Avant même de poser ma main sur la poignée… « Ah bah voilà c’est fait… » je me retournai par réflexe vers Leann pour lui montrer sa robe ouverte.

Plus je prenais conscience du tableau, plus je rougissais. Elle me plaisait. C’est étrange non ? Enfin je veux dire je l’ai toujours trouvée jolie, et plaisante… Il y a plein de trucs chez elle qui me rendent … étrange ? Sa petite taille la rendant encore plus adorable, quand elle venait se coller à moi me fixant droit dans les yeux avec son regard hypnotisant, en fronçant les sourcils et faisant la moue pour me montrer son mécontentement vis-à-vis de mon comportement, ou encore ses grognements ou ses petits coups de pieds en traitre dans mon mollet pour me dire que je faisais n’importe quoi pour changer.
Je fixai le sol après avoir pleinement réalisé que j’étais en train de la regarder. Elle tirait sur ma chemise, qui lui arrivait à mi-hauteur de ses cuisses. Elle était écarlate, elle se cachait derrière ses cheveux le plus discrètement possible. Ou alors elle jouait avec, ce qui, peu importe le cas, montrait sa nervosité. Elle bégayait tout en fixant le sol, deux handicapés des émotions fixant le sol dans la sol un soir de bal… ça ferait une chouette musiques.

Mes yeux s’écarquillèrent à sa phrase, surpris, et confus, je la regardais. « Pou…Mais pourquoi me moquerai-je ? Tu es tout sauf risible… » je m’arrêtais, habituellement incapable de dire un compliment, c’était comme pour dire que j’aimais quelqu’un, ça reste bloqué dans ma gorge, trop d’embarras, de gêne, je n’aime pas ça, et j’en suis incapable… J’avais encore un peu d’alcool dans le sang…
Leann fit une remarque étrange… « Qu’est-ce qui est bizarre ? » … je venais vraiment de poser cette question ? Je ne sais pas, aucune idée ? Leann à moitié nue, encore plus éméchée que je ne le suis, mon cœur qui s’emballe maintenant que je le remarque, nous deux planté l’un en face de l’autre.
Elle se mit à bouger, je l’observais sans vraiment osé, qu’allait-elle faire ? Elle s’approcha de mon bureau, elle se mit sur la pointe des pieds pour atteindre du bout des doigts mon étagère où sont posés les DVDs. Ma chemise devenait de plus en plus courte. Et elle plaqua le linge contre sa peau, et là… je vis sa culotte… Je crois que je n’ai jamais été aussi embarrassé de ma vie. Je culpabilisais de l’avoir vu, ce n’étais pas correcte… Mal…
Elle se retourna en coup de vent, je regardais le coffret qu’elle avait en main. Hannibal. Vraiment ? Je n’osais pas contredire son choix. « … hmm… d’accord pourquoi pas… Installe-toi sur mon lit, je vais m’occuper de tout ça. »
J’allumais mon ordinateur, je ne le transportais pas partout, c’était un 17 pouce, je fis de la place sur ma table basse, que je déplaçai de sorte à ce que ce soit plus confortable pour nous deux. Et là … le premier tiroir de ma table de chevet s’ouvrir dévoilant au grand jour ma boîte spéciale Leanny avec inscrit en calligraphie « Pelote de Laine », j’y stockais précieusement tout ce qu’elle me donnait, je refermais le tiroir espérant qu’elle n’ait rien vu.
Je ne suis pas très expressif mais quand j’aime quelqu’un que ce soit d’amitié ou d’amour… Ce n’est pas à moitié… Mais pour moi la frontière reste flou par moment… Certaines personnes me rendent confus… Je regardais Leann, perdu dans mes pensées.

Je pris mon ordinateur que je posais sur la table basse, j’entrai le mot de passe à toute vitesse sans regarder le clavier, je lançais un œil à Leann pour la taquiner du genre « tu ne le sauras jamais ♫ », un joli fond d’écran de la vue du haut de la falaise, j’avais pris cette photo avec mon téléphone lors d’une balade avec … elle. Je me retenais de faire un facepalm. C’est terriblement gênant pour moi… Je m’empressais de lancer le dvd de mettre en plein écran et de rejoindre Leann au l… je restais planté face au lit ne sachant si je pouvais m’installer contre elle ou me poser au pied du lit… J’avais envie de la rejoindre mais… Le voulait-elle ?

J'ai vu qu'elle s'est mise à sourire à la vue de mon fond d’écran, et plus rassurant, elle n’avait pas vu ma boîte spéciale Leanny. Je souriais timidement en retour. Elle était installée dans mon lit, recroquevillée sur elle-même contre le mur. Elle fixait en bas en gauche, ça signifie qu’elle se parlait à elle-même, j’ai appris ça dans mes bouquins sur le PNL… D’ailleurs j’en ai un à retourner à la bibliothèque Maija va me taper sur les doigts si je tarde trop. Ou pas… Elle a toujours été cool avec moi…

Je me demandais ce que Leann pouvait se dire…

J’étais toujours bloqué devant elle… Elle se décida de briser le silence en me proposant de m’installer à ses côtés, j’étais surpris. « Je comptais me mettre par terre et te laisser toute le lit pour toi mais d'accord… C’est juste que je pense me mettre en short… Le pantalon sous la couette c’est trop chaud pour moi… » un faux mensonge, c’était une question que je me posais mais pas la plus grosse. Je passais par-dessus le lit pour atteindre mon armoire piocher un short polaire qui s’arrêtait aux genoux. Je fis phaser mon pantalon que je pliais soigneusement avant de le lancer dans le panier à linge sale. Dans le mile. Et sans le déplier. J’avais déjà retiré mes chaussettes quand elle se changeait… Mais ça on s’en fout un peu non ?
J’enfilais mon short avant de rejoindre Leann. Elle me fuyait du regard, je lançais le DVD avant de m’asseoir à côté d’elle. Laissant une petite distance entre nous. Je regardais la série sans dire un moment mais je sentais de temps en temps de jolis petit yeux se poser discrètement sur moi. Je faisais mine de rien.

Léger sursaut, Leann s’approcha de moi, le contact de sa jambe chaude me surpris, les contacts ne m'ont jamais mis à l'aise… Il m'arrive dans faire des cauchemars… Mais là c'était différent…
La chaleur de sa jambe se propagea à travers mon corps. Une chaleur agréable et apaisante. Elle prit la parole, c’était un aveu, une confession spontanée qui avait besoin de sortir… Je fixais mes mains sans dire un mot.
Elle releva la tête et me fixa. Comme avant ? Je ne pense pas que ce soit aussi facile… Je passais mon bras autour de Leann pour la serrer contre moi. Mon visage dans ses cheveux. Je lui chuchotai. « J’étais inquiet de mon côté aussi. Si tu m’avais vu, ça t’aurait fait plus de mal qu’autre chose. Tout est mieux ainsi. » je déposais un baiser sur ta tête. « Maintenant on est de nouveau ensemble et ça ne peut qu’aller mieux. »

Lui dire pourquoi j’ai été atteint par la Psychose de Nova, lui dire ce que ça a provoqué en moi… Non, il est trop tôt, moi-même je n’ai pu me résoudre à l’accepter… Je continue de le nier depuis mon retour de Londres… Je n’aurais pas su suivre les conseils de mes parents et de consulter… Même si ça expliquerait plein de choses…

Je soupirais longuement, le cœur en surcharge d’émotion, j’ouvrais la vanne pour soulager la pression…Penser à Ça me stressait.
Pendant ce temps à l’écran on voyait Will Graham se projeter dans la tête d’un tueur et de reconstruire mentalement la scène de crime, un meurtre sanglant, le tueur caché sous le lit, guette sa proie, la tire dans son antre, une flaque de sang s’étend sous le lit. Le tueur, représenté par Will qui revit la scène du point de vue du tueur, descend les marches et tire une balle dans la gorge d’une femme qui appelait les secours, elle s’étouffait dans son sang… Joyeux, je me demandais si Leann allait supporter ça longtemps, j’avais mon téléphone pour contrôler le pc, mais je l’avais laisser sur le bureau.

Je défaisais lentement mon étreinte autour de Leann. « Tu veux que je mette quelque chose de … moins sanglant ? » lui demandais-je avec un léger sourire, elle avait dû choisir ça dans la précipitation par peur que je n’en vois trop… Ce qui était raté d’ailleurs… Un sourire un peu plus taquin en coin. « Tu aurais pu prendre ton temps pour choisir le DVD… On voyait déjà ta culotte… » et c’est sur cette aveu que je laissais planté Leann toute seule dans mon lit pour aller chercher le dvd de Doctor Horrible’s Sing-Along Blog.
Je changeais le dvd, rangeait Hannibal, et j’en profitais pour prendre mon téléphone si jamais. Je retournais au lit à côté de Leann, cette fois-ci sans laisser de distance entre nous.

Mais pourquoi ai-je dis ça ?! Juste pourquoi… Un plaisir sadique ? Non je suis juste stupide. Et en plus c’est elle qui s’excusa… Quel idiot je fais. Elle s’est glissée sous mes draps pour se cacher. J’avais honte.
Elle croisait les bras, le dvd s’était lancé, nous étions sur le menu. Elle m’évitait du regard, elle s’était totalement refermée… Et elle m’expliqua qu’Hannibal ne la gênait pas. Mouais pas convaincante. Elle se redressa, elle me lançait des regards furtifs.
Je m’étais assis à côté d’elle, plutôt contre elle. Elle essaya de prononcer une phrase, ne sachant que dire elle s’interrompue. « C’est moi qui suis désolé. C’était déplacé, plus drôle dans ma tête, et je n’avais pas à regarder ce qui dépassais de la chemise. Pardon… » Et je mis de nouveau de la distance entre nous…

Sans même regarder mon téléphone que j’avais posé sous mon oreiller, je mis le dvd sur pause. Et je me retournais vers Leann. « Je sais que ça te chiffonne. Je sais que tu te demandes si mes élans d’affections ont un sens pour moi ou s’ils sont justes normaux. Monnaie courante. »
Je détournais le regard de Leann avant de prendre une profonde inspiration. « La dernière personne à avoir dormi avec moi c’est Sonera. Il lui arrive de faire des cauchemars où elle se noie et elle se trouve une place dans mon lit même si je dors pour finir sa nuit sans angoisser. » je soupirais longuement, ça c’était dit. Ensuite… je n’aime pas parler de tout ça. Mais je le lui dois bien…
Mais ce n’est vraiment pas facile… Je fermais les yeux, fallait y aller comme avec un pansement bien adhésif, d’un coup sec. « Je ne supporte pas le contact, ça provoque chez moi un fort sentiment de malaise, que ce soit sur le moment, ou après, la mémoire de cette chaleur désagréable contre ma peau, j’ai beau frotter cette sensation ne s’en va pas, elle reste collée contre moi. J’en fais des cauchemars. » Sans même reprendre ma respiration je continuais à m’expliquer. « Le fait que j’arrive à te prendre dans mes bras, et à te dérober des baisers n’est pas quelque chose de courant pour moi, je ne le fais pas au premier passant, c’est une marque d’affection forte… » et le moment final prêt à m’achever d’un coup. « Si j’y arrive avec toi c’est parce que tu m’es réellement précieuse. »

D’un coup je me retournais vers mon pc, la distance entre nous est restée inchangée, toujours sans regarder mon téléphone je relançais le dvd. N’osant pas même la regarder ne serait-ce qu’un dixième de seconde.

Elle soupirait à ma déclaration. Un pincement au cœur. Plus j’avançais dans ma déclaration, et plus elle semblait se refermer sur elle-même. C’était l’opposé total de la réaction voulue… Pourquoi mon cœur me faisait aussi mal ?
Sa première réaction eut l’effet dans un coup de poing d’Ekaterina dans le ventre. Je ne savais quoi répondre. Je la fixais restant comme choqué qu’elle puisse penser ça, blessé. Je venais de m’ouvrir à elle pour finalement me faire repousser comme un vulgaire insecte volant trop près de son oreille. Un simple revers de main. L’estomac plié, la gorge nouée, une douleur dans ma poitrine, comme si mon cœur venait de se fendre. Surprise face à sa réaction. Incompréhension face à la mienne. Ne surtout pas laisser place à la colère. Je mis sur muet cette merde que je connaissais par cœur et que j’adorais. Ne surtout pas laisser place à la colère.

Tout en la fixant, je m’éloignais, me glissant hors du lit. Elle remit le couvert, “ peut-être que des mots “ ?! As-tu au moins écouté ce que j’avais à te dire ? Elle s’approchait, alors que je n’avais qu’une envie prendre mes jambes à mon cou et m’en aller loin. Elle posa sa tête sur mon épaule.  
J’avais déjà un pied à terre prêt à m’en aller. « Me servir de toi pour alléger ma conscience. Vraiment ? C’est tout ce que tu penses de moi ? » Ne surtout pas laisser place à la colère. « Déjà ça irait contre toutes mes règles. Et ça n’allégerait en rien ma conscience. Je voulais juste répondre à tes questions, celles que tu n’oses pas me poser. Et toi, comme toujours, tu refuses de voir la vérité en face. Tu veux quoi ? Des putains de néons qui clignotent quand je dis la vérité ? Parce que c’est vrai, maintenant que j’y pense, je suis un redoutable menteur et manipulateur. » ma voix était étonnamment calme, basse, en contraste le plus total avec mes paroles.
« Confidence pour confidence. Tu viens de me faire mal… Ou alors c’est encore un mensonge pour alléger ma conscience. Que croire puisqu’on dirait je mens comme je respire. » je passais ma main dans ses cheveux tout en lui caressant la tête, encore quelque chose en total contradiction avec mes paroles « Tu sais, l’honnêteté ce n’est pas dire tout ce qu’on pense, mais penser tout ce qu’on dit. Et je pense pouvoir me définir comme étant quelqu’un d’honnête. »

Je soupirais avant de me réinstaller dans le lit. « Tout ça pour dire que ce ne sont pas que des mots. Et ça ne disparaitra pas demain matin. », je pris une profonde inspiration avant de soupirer de nouveau et je pris Leann dans mes bras. « There’s nothing wrong in what we are doing… » je posais ma tête contre la sienne.

Elle se laissa bercer dans mes bras. C’était agréable. Elle brisa le silence, pour s’excuser… bien que je savais pertinemment que son avis n’avait pas changé, je lui chuchotais, ma tête toujours collée contre la sienne. « Shush, ce n’est pas grave Pelote… » Je continuais de lui caresser la tête.
Elle relevait les yeux pour m’observer, j’étais légèrement rouge. Mon cœur battait lentement et régulièrement mais je ressentais chaque coup dans ma poitrine, un afflux de chaleur me montait à la tête causant ce teint rosé.
Nous étions quasiment nez-à-nez, je me surpris à loucher sur ses lèvres, et ce mouvement je le connaissais… Signe d’une irrépressible envie d’embrasser la propriétaire de ces lèvres… Il y avait certaines choses que je ne pouvais plus nier, ou faire semblant de ne pas comprendre…
Je ne bougeais pas, n’osant pas coller mes lèvres contre les siennes. Je n’ai pas le droit de lui faire ça. Elle ne sait pas tout. Je serais un fardeau pour elle. Je n’ai pas le droit de l’aimer… C’est pour ça que je ne l’aime pas. … Enfin que j’espère ne pas l’aimer…

Soudainement elle tourna la tête, les joues écarlates, s’excusant de nouveau. Je souriais, tristement, mais je souriais. Je pris une profonde inspiration avant de soupirer en silence comme pour diminuer la pression dans ma cage thoracique.
« Je veux dire… Tu reconnaîtras tout de même que ce n’est pas… habituel ? … Enfin, d’habitude je… je ferais pas ça avec tout le monde, tu vois ? » je finissais sa phrase avec elle. « pas ça avec tout le monde ? », je lui souriais « Je le sais, c’est exactement ce que j’essaie de te faire comprendre depuis quelques minutes. » lui dis-je calmement.

Je pensais à Londres, cette phrase, je l’avais prononcé mot pour mot à ma mère il y a quelques semaines lors de mon passage chez moi… Après l’épisode de la psychose, mon père m’a forcé à aller voir un psychiatre et… Quand j’ai essayé d’expliquer à ma mère ce qu’on en avait conclu avec le docteur… J’ai dû… A chaque fois que j’essaie d’y repenser… Je… Merde…
Stress, la nausée, la gorgée nouée, le cœur qui s’emballe, son schéma n’a aucun sens, je vois les veines de ma rétine pulser sous le joug de mon cœur. Je tentais de prendre de profondes inspirations en fermant les yeux.
A vrai dire je n’avais pas encore tout à fait accepté la situation. Je visualisai tous les bouquins, et documents que j’ai pu lire sur Ça, et je repris mon calme. Je me parlais à moi-même sans réaliser que je pensais à voix basse. « Peut-être qu’en lui… elle compr… » je venais de réaliser… Trop tard…

« … » je la regardais sans savoir quoi dire… Ni par où commencer… « On dirait bien que je dois me confier sur quelque chose… »
Mon regard tentait de s’accrocher à quelque chose, mais il ne faisait que rebondir sur tous les objets de ma chambre. Comment faire… J’ai besoin d’en parler, personne ne le sait en dehors de mes parents et du psy… Putain. « Quand je suis rentré à Londres, je n’ai pas fait que voir ma famille ou travailler pour me ressourcer après l’épisode de … enfin tu sais… quoi… » je regrettais déjà de m’être engagé sur cette pente glissante, j’ai atteint le point de non-retour… « Ce que je vais te dire va sûrement changer la manière dont tu me vois… Et te fera peut-être fuir en courant… » je fixais le sol, nerveux à l’idée de lui dévoiler ce que j’avais à lui dire… Et malheureux à l’idée de la voir partir. Je n’irai pas jusqu’à dire que les larmes me montaient aux yeux… Mais c’est assez émotionnellement compliqué, là, tout de suite…

Elle me fixait sans comprendre, j’avais cru y lire de la peur, mais j’ai sûrement mal interprété… Elle se posa face à moi, assise sur les genoux, elle attrapa mes mains et brisa le silence que j’avais installé. Elle demanda si j’étais sérieux. Elle me rappela l’épisode du clocher, qui nous a mené à cet instant précis, je n’en étais pas très fier… Mais pour lui faire entendre raison il fallait être assez brutal avec elle…
Je baissais les yeux à l’évocation de ce moment pas très glorieux, mes ancêtres gentlemen devaient avoir honte de moi…

Vu comme ça, mes craintes pouvaient sembler infondées… Mais elles étaient réelles… Ses doigts filèrent d’entre les miens, et elle s’approcha de moi, ses bras s’enroulèrent autour de mon cou, elle se colla contre moi, la pression qu’elle exerçait sur moi eut pour effet de réguler mon rythme cardiaque… Et elle m’avoua que quoiqu’il arrive elle sera toujours là… Vous vous souvenez quand je vous ai dit que je n’avais pas les larmes aux yeux mais que voilà… ? Bah voilà.
Si je lui répondais, ma voix me trahirait. Je me contentais de l’enlacer et de la serrer encore plus fort contre moi, cachant mon visage dans son cou. C’était peut-être évident pour vous, mais pour moi, non, sa déclaration venait de me toucher bien plus qu’elle ne pouvait le penser.
Je lui chuchotais d’une voix tremblante. « Merci… », je venais de réaliser j’étais en train de m’agripper à elle. Ma chemise prenait cher…
« Quand j’ai été à Londres, mon père a appris pour mon passage en S et pour Nova… et… » il était temps de larguer la bombe… Elle ne me fuira pas… C’est la personne à qui je faisais le plus confiance, c’est ma meilleure amie, et … je l’aime… Je n’arrive toujours pas à déterminer comment… Mais je l’aime. Elle m’aidera à porter ce fardeau…

Mais je ne peux pas le lui imposer comme ça… Je n’avais pas le droit de lui jeter ce poids à la tronche… Mais je pense qu’elle m’a fait comprendre qu’elle le voulait, j’ai même l’impression qu’elle a toujours attendu ça. « Mon père m’a forcé à voir un psychiatre qu’il connaissait et qui était à Prismver avec lui. » repris-je d’une voix un peu moins vibrante. « Psychose a amplifié certains traits de ma personnalité qui lui ont permis de me diagnostiquer. » je pris une profonde inspiration en repensant à ces mots, que ce n’était pas une maladie et ce n’est pas toujours synonyme de handicap. « J’ai le syndrome d’Asperger. » je soupirais, ça expliquait tant de chose, ma passion pour des sujets précis toujours poussée au maximum, mon attention aux détails, ma routine, ma mémoire, mon aversion pour le contact … Oui, mais avec elle… C’est différent…  Et surtout… Ce Décalage avec mon entourage… Cette absence de compréhension de certains rites sociaux. « Ce n’est pas la mort… Mais il faut l’accepter… » ce qui n’était pas encore le cas, j’ai tout fait pour maintenir mes pensées loin de ça. Mais elle m’aidera… L’admettre, puis comprendre que tout cette anxiété, cette mise à l’écart, ce Décalage est causé par ça et non moi… Tout finira par s’imbriquer et je pourrais enfin comprendre qui je suis.

Je n’avais toujours pas relâché Leann… J’avais envie de lui dire que je l’aimais énormément, et que moi aussi je resterai là pour elle… Et que j’avais envie de l’embrasser.
Sans pour autant me défaire de son étreinte je posais mon front contre le sien. « Être Aspie explique tellement de chose au final… Je comprends un peu mieux le pourquoi de mes réactions, mes angoisses et mes peurs… Et aussi mes sentiments… »