La timidité n'est pas toujours bonne conseillère [feat Will]

Gretel était fatiguée. Elle n'avait pas eu de chance aujourd'hui et avait presque passé toute sa journée à courir d'un endroit à un autre. Parfois, la jeune fille pouvait être vachement tête en l'air. Elle passa donc à un endroit sans trop y prêter attention et une feuille blanche attira son attention. Il s'agissait d'une demande pour un club sportif qui cherchait une sorte de secrétaire ou quelque chose dans le même style. Bien sûr, au club de sport, elle n'irait jamais s'inscrire, elle risquait trop de se blesser et de par conséquent faire du mal aux personnes, mais secrétaire, ça la branchait bien... ouais, elle aimait bien ce boulot et aider était quelque chose qu'elle trouvait quand même vachement important dans un monde maintenant où elle trouvait que c'était un peu plus « chacun pour soi ».

Malheureusement, elle était timide, très timide et avait toujours peur qu'on lui dise non, qu'on la rejette ou qu'on ne veuille pas d'elle à cause de ce fardeau qu'elle portait quotidiennement. Pas facile d'avoir le sang empoisonné. Donc il était hors de question pour elle d'aller trouver celui qui s'occupait de cela (visiblement ça devait être un garçon) pour lui demander d'être « embauchée ». Après tout, y'avait plein d'autres nenettes sans doute plus jolies et utiles qu'elle et qui plus est, ne devaient pas avoir le pouvoir du sang empoisonné.

Donc plutôt que d'aller trouver la personne qui pourrait peut-être lui faire une agréable surprise, elle avait décidé de se réfugier dans un endroit calme, peu fréquenté et ou elle ne serait embêtée par personne : les serres. Elle y était peu allée mais c'était l'occasion de découvrir cet endroit et de s'y reposer, un manga à la main.

Quelques minutes après, elle y parvenait et entra sans faire de bruit. Elle chercha puis trouva un endroit où elle pourrait s'asseoir et y posa ses fesses avant de sortir un manga. Cette histoire de recrutement lui trottait toujours dans la tête et la perturbait. Elle aurait quand même bien aimé aller voir, juste voir mais malheureusement, la timidité l'en avait empêchée. Elle ouvrit presque brusquement l'ouvrage à la page à laquelle elle avait peu avant arrêté sa lecture et s'y remit, essayant d'être la plus calme possible.

Gretel trouvait son manga intéressant, mais une autre idée lui trottait bien malgré elle dans la tête : celle précédemment nommée, avec le club proposé... franchement, à son âge, il serait peut-être temps de s'investir quelque part, de peut-être aussi se faire des amis, ou du moins essayer. Evidemment avec la peur de blesser et le poison, ce n'était pas simple, mais elle en rêvait. Parfois même la nuit, dans sa chambre, quand elle était réveillée... soyons honnête, ce genre de pensées l'animait la plupart du temps. Pas très gai en effet, mais que voulez-vous...

Elle poussa un long soupir et remit une mèche bleue derrière son oreille. Elle ne voyait plus très bien sinon, et pour lire, ce n'était pas le mieux. Soudain, le bruit des gouttes se fit entendre et elle leva les yeux vers le plafond, si on peut nommer cela comme ça de la serre. En effet, il pleuvait et ça ne lui fut que davantage confirmé quand elle vit que dehors, le temps était encore plus moche que quand elle était arrivée. Bah, c'était pas trop grave au fond, elle n'était pas pressée et elle était bien ici. Ce qui fut plus dérangeant fut le bruit d'une porte qu'on ouvrait et qu'on refermait ensuite. Elle leva les yeux immédiatement.

Un garçon, habillé de façon sportive venait d'entrer. La seconde d'après, elle avait reposé les yeux sur son manga. Discrète, elle ne voulait pas qu'on la remarque, qu'on vienne lui parler. Elle savait pourquoi le garçon était là, et ce n'était pas une raison pour lui parler. Elle déglutit donc et continua de lire, mal concentrée. Manque de pot, un bruit de tissus lui signala que l'inconnu venait de s'installer non loin d'elle et un bref regard en sa direction le lui confirma. Il se séchait en même temps les cheveux. Imperceptiblement, elle se décala sur le côté, opposé bien entendu à celui du garçon, elle n'allait pas l'approcher.

Mais il parla, à elle, bien sûr, et elle sut qu'elle devait répondre pour ne pas être malpolie. C'était la moindre des choses. Elle inspira un grand coup et lui dit à voix basse, ou presque :

« Non, j'étais là avant... »

Rien de plus, rien de moins. La stricte vérité et le strict minimum. Pas son genre de commencer une joyeuse discussion, alors si elle pouvait épargner sa salive, et son stress par la même occasion, ça lui ferait plaisir. Un peu nerveuse, comme toujours lorsqu'un humain était près d'elle, elle était tendue alors qu'elle tentait de se remettre à lire.