Pensif, je regardais devant moi en songeant à ce qu’il s’était passé récemment. Depuis le début de l’heure, pas moyen de me concentrer : entre tous les événements récents et mon état d’esprit plus ou moins instable, il m’était impossible d’oublier ce qu’il se passait au profit du travail. Une envie perpétuelle de changer d’occupation, une tentative désespérée et permanente de vouloir échapper à mes interrogations. Je savais qu’il n’était plus question de repousser les choses mais je continuais de me persuader comme si ça allait changer quelque chose. Ridicule. Au bout du compte, c’était de l’hypocrisie - de la même façon que celle que je reprochais aux gens. Je devais apprendre qu’une franchise exempte de gêne ne me rendait pas sans faille, et à défaut de mentir aux autres, je me mentais à moi-même.
En y repensant, ça faisait étrangement cliché, et je détestais ça.
Dans ma recherche perpétuelle d’originalité, j’en oubliais ce qu’elle représentait - et je tombais dans une monotonie absurde. Vraiment, je pensais trop. J’en étais conscient. Le truc, c’est que je n’avais rien à mon avantage si ce n’était ce caractère sociable que les années et cette école m’avaient forgé. Les gens me trouvaient amusant, stupide parfois, mais toujours divertissant. Moi, ce qui m’étonnait, c’est que je prenne le temps de me pencher sur les avis des autres - comme quoi, la solitude avait tendance à nous doter de bien étranges pensées.
La presque solitude.
Il y avait cette fille aux courts cheveux bleus, assez gigantesque, et à voir son attitude, je n’étais pas certain qu’elle ait remarqué mon arrivée. Peut-être qu’elle s’en moquait simplement. D’ordinaire, je lui aurait foutu la paix mais il n’était pas courant de voir une B en salle de retenue et je me demandais ce qu’elle avait bien pu faire pour se retrouver là. Peut-être qu’elle rattrapait simplement un devoir, mais l’absence de surveillant était étonnante.
J’étais curieux.
Je tentais de m’accrocher vaillamment à ma chaise pour ne pas céder à cette stupide envie de sociabiliser mais mon corps me traîna jusqu’à la demoiselle dont je tentais de croiser le regard. C'était, je pense, le meilleur moyen de commencer la conversation.
▬ Hey. lançais-je avec un tel naturel que mon ton me parut banal. Il n’était pas dans mes habitudes de raconter ma vie à une inconnue mais je présume qu’il y a un début à tout.
▬ C’est uh. Comment dire. Je me demandais ce qu’une B faisait en retenue. J’imagine que ça ne me regarde pas plus qu’un aveugle mais je m’emmerde alors je suis venu te poser la question.
. . . (même le narrateur ne sait quoi ajouter.)
▬ C’est carrément bizarre, je sais.
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Sujet: Re: backflip — solveig Jeu 17 Mar 2016 - 23:15
Infraction
C'était pas la journée. Parfois, il y a des jours comme ça où tout va de travers, où l'Univers et le Destin prennent un malin plaisir à prouver qu'ils vous en veulent à vous, personnellement. Premièrement, Solveig était malade. Même si l'hiver se dirigeait lentement vers le printemps, la demoiselle avait réussit à chopper une sale grippe qui lui avait gâchée son week-end. Une fois de plus. Après deux jours passés à se moucher (et à changer de couleur, merci Shun mais le comique de répétition, ça va un moment) et à glander au lit à cracher ses poumons, Solveig s'ennuyait copieusement et elle avait accueillit la reprise des cours avec joie. Même si elle n'était qu'en cours de rémission, elle s'était jugé en état de reprendre les cours sans risquer un incident avec sa magie... Après tout, après quelques mois chaotique, la B aux cheveux turquoises avait retrouvé la pleine maitrise de son don. Elle était même encore meilleure qu'avant, mais passer en A ne lui disait vraiment rien... Bref, elle allait un peu mieux (humm...), la fièvre était tombée (en grande partie) et ce n'était pas une fin de grippounette qui allait l'obliger à rester s'ennuyer un jour de plus !
Par acquit de conscience, juste avant le début des cours elle se rendit tout de même à l'infirmerie histoire de refaire le plein de médocs : elle avait épuisé tout son stock durant ce week-end merveilleux à renifler en gémissant sous la couette. Et là, forcement : fermée. Apparemment tout les infirmiers étaient occupés ailleurs et l'officine ne rouvrirait que dans l'après-midi. Génial.
Poussant un soupir las, la jeune fille s'éloigna de la porte désespérément close, sentant déjà poindre un nouveau mal de crâne. Alors, allez en cours ou pas ? Elle avait qu'un cours d'option Architecture ce matin en plus... Bon, prenons le risque, elle pourrait se reposer plus tard... Mais sa tergiversation avait désormais mit en retard la norvégienne. Enfin, si elle avait été une élève normale... Car avec les murs et les plafonds comme terrain de jeu, le fait de pouvoir chuter avec la légèreté d'une plume entre les étages (en montant ou descendant, en plus), elle disposait de moult raccourcis.
Ce que Solveig n'avait pas prévue, c'est de se retrouver nez à nez (à l'envers, certes) avec Mme. Staunton, leur nouvelle sous-directrice (ou vice-directrice, Solveig ne savait déjà plus, ça n'avait guère d'importance à ses yeux) qui arpentait les couloirs, sans doute à la recherche de fauteurs de troubles (ou alors elle se rendait juste à son bureau, allez savoir). Ah, et bien évidemment, à demi dans les vapes en s'habillant ce matin, la norvégienne avait bien sûr mit sa jolie cravate blanche. Même si elle n'était pas vraiment gréviste (tant de cours intéressant), elle soutenait ardemment le mouvement pacifiste contestataire.
Un savon et un cours gâché plus tard, la voilà qui écopait d'une retenue (en plus de devoir porter sa cravate bleue officielle, sous peine de "sanctions ultérieures", quoi que cela puisse être). Lasse, le moral en berne (elle attendait ce cours ! Et elle avait prévu de dessiner des trucs tranquillement après et au lieu de cela, elle allait devoir copier des pages et des pages de l'insipide règlement intérieur (où elle l'avait mit, d'ailleurs ?) dans cette gigantesque et glacée salle de retenue.
L'endroit était désert, évidemment : qui à part elle écoperait d'une colle dès le lundi matin ? Elle s'écroula pesamment, s'autorisant un long soupir de frustration, avant de déballer pêle-mêle ses affaires. Retrouver le carnet de correspondance où se nichait ce fichus règlement intérieur (Solveig était presque sûre de l'avoir lu, une fois) l'occupa un moment. Ainsi que le déchiffrer : visiblement à court de papier à un moment, la jeune fille aux cheveux turquoises l'avait en parti utilisé comme planche à dessins, la section sur l'uniforme scolaire étant remplit de croquis sur les drapés des statues grecques et romaines, ainsi que d'un tableau sur la dureté de différent matériaux utiliser dans le bâtiment...
Prenant son courage à deux mains et essayant d'oublier la migraine qui montait, ainsi que ses reniflements peu dignes d'une demoiselle, elle s'attela à faire sa punition. Le plus vite cela serait fait, le plus vite elle pourrait s'offrir un petit sommes avant la fin libératrice de la retenue et la réouverture de l'infirmerie.
Elle ne nota donc pas l'arrivée d'un autre élève. Ce dernier fini par s'approcher de la norvégienne, qui ne remarqua toujours rien, son cerveau fiévreux en mode automatique de recopiage de lignes. "Hey." balança le nouvel arrivant, faisant sursauter Solveig.
Elle se retourna pour dévisager le nouvel arrivant. Un garçon, de son âge ou approchant, au cheveux brun en pétard, une légère cicatrice sous l'œil qui attira immédiatement le regard carmin et curieux de Solveig. Il semblait légèrement plus petit qu'elle, mais (hélas) ça devenait de plus en plus difficile de trouver même un gars qui la toisait... Allez savoir pourquoi, il lui semblait vaguement familier, pour une raison qui lui échappait pour l'instant... Et elle se demandait bien pourquoi il voulait lui parler. Les gens ne venaient pas souvent d'eux même vers la froide Solveig et sa vie inversée. Regards alentours. Peut être parce qu'ils n'étaient que deux ici...
Alors qu'elle cherchait que dire (si elle devait dire quelque-chose, mais une image mentale de Chan lui donnait un coup de pied au cul pour qu'elle ne repousse pas immédiatement toute tentative de sociabilisation, même si elle n'était guère dans son assiette), le jeune homme la devança.
"C'est uh. Comment dire. Je me demandais ce qu'une B faisait en retenue. J'imagine que ça ne me regarde pas plus qu'un aveugle mais je m'emmerde alors je suis venu te poser la question." s'expliqua-t-il, un peu à tâtons et avec d'étranges images. Il avait presque l'air aussi doué qu'elle pour entamer une conversation... Mais pourquoi pas, après tout. "C'est carrément bizarre, je sais." termina-t-il juste après.
Solveig pencha légèrement la tête de coté, intriguée. Bizarre ? Pourquoi donc ? A part le coté stéréotypique, son interrogation faisait sens et offrait une opportunité logique d'engager une conversation entre eux.
"Cela n'a rien de bizarre." affirma donc la jeune fille aux cheveux turquoises. "La question est légitime, même si le fait d'être en B n'est pas forcement synonyme de personne jamais collée." Le tout asséné avec le ton neutre mais un peu docte habituel de la jeune fille. Bon, avec en plus un petit parlé du nez traduisant son rhume. Même Solveig se rendit compte que sa réponse n'était guère... engageante et un peu impersonnelle. Elle poursuivit donc en essayant de mettre un peu plus de sentiments et de vitalité dans ses propos. N'allons pas s'aliéner son seul compagnon de cellule...
"Tu as déduit que j'étais en B à cause de ma cravate." l'informa-t-elle après un soupir. "Mais ce matin, j'en avais une blanche... Et pas de bol, j'ai croisé notre nouvelle vice-directrice, qui n'a guère aimée ça. Et en plus, j'utilisais mes pouvoirs en dehors des heures de cours... Du coup, me voilà, après qu'elle m'ai forcée à mettre une cravate de l'uniforme officiel, m'empêchant d'assister à un cours que j'attendais et avec moult lignes de règlement à recopier et à lui rapporter après. Super début de semaine."
La norvégienne se laissa aller à la renverse sur sa chaise, la mettant en équilibre sur deux pieds alors qu'elle lâchait un profond soupir las, avant de se masser les tempes. Elle avait toujours mal à la tête, mais sa concentration s'était enfuit après l'intervention du jeune homme... Et la bienséance voulait qu'elle poursuivre un brin la conversation.
"Et toi ? Tu n'as pas l'air d'être un surveillant...Ah, je suis bête, cravate rouge, un E." demanda-t-elle après un instant de réflexion et d'observation. "Même si comme tu le dis, cela me regarde pas vraiment... Si on poursuivait dans le cliché, je devrais supposer qu'à l'inverse, toi il est normal que tu sois là, ha ha ha... Oh ! Le prénom est Solveig, par ailleurs." Voilà qui devrait suffire à susciter au moins un échange de plus. Cela meublerait un peu son temps de détention. La situation la fit un peu sourire : tout ça sonnait un peu comme deux taulards échangeant leurs anecdotes crapuleuses... Et qui sait, une fois les politesses échangées, elle oserait peut être lui demander s'il avait de l'aspirine ou un truc... Son mal de crâne ne semblait pas diminuer.
HRP:
Pas encore de culbute vertigineuse, ma petite introduction s'étant avérée un poil longuette...
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Sujet: Re: backflip — solveig Ven 18 Mar 2016 - 16:30
backflip
L’avantage, c’est que tout s’était bien passé. Malgré la totale indiscrétion dont j’avais fait preuve en lui demandant tant de choses sans même avoir entendu le son de sa voix - autant dire que j’aurai fait passer les tirades de théâtre pour des onomatopées -, elle avait répondu avec une telle patience que je ne doutais pas de sa gentillesse. Ça n’avait rien de bizarre selon elle. Et elle me l’avait même dit avant toute chose, comme pour balayer toute mauvaise pensée et me rassurer. Un maigre sourire en guise de réponse silencieuse, j’écoutais la suite de son dialogue - comprenant sans grand mal qu’elle était affiliante au White Day. Oh. C’était donc ça. Une fille trop gentille, certainement, puisqu’elle prônait l’égalité au point d’en sacrifier sa propre scolarité. J’avais beau respecter ce point de vue qui, malgré l’utopie de sa cause, avait réussi à réunir beaucoup de personnes, je n’étais pas du tout d’accord avec ses principes.
C’était un point de vue personnel, aussi, je me retins bien de le lui partager - je n’étais pas là pour tenir un débat sur qui avait raison, d’autant que tant que l’égalité ne serait pas obtenue, personne ne pouvait affirmer avoir la solution. Peut-être qu’il n’y en avait pas - mais j’aimais croire que ce n’était pas le cas. Enfin, ce qui m’étonna dans tout ça, c’est la déception que je décelais dans sa voix - et l’attente sincère d’un cours, alors que, avouons-le, je n’étais pas en E pour rien : les cours avaient plus tendance à me faire fuir qu’autre chose. Bien sûr, j’en appréciais certains - le cinéma entre autres, et son enseignant aussi bizarre qu’amusant, et oui, ce narrateur est un vrai narcissique - mais je n’aurai jamais pu clamer avec de tels sentiments que j’étais déçu d’en avoir raté. À sa place, j’aurai simplement ragé contre les autres que cette retenue me faisait perdre - encore que, tout à fait honnêtement, je ne me rappelais même plus de la raison pour laquelle je m’y rendais.
Ce n’était pas dans mes habitudes de me plier aux règles. Il faut croire que la raison de ma colle était juste, puisque rien d’autre n’aurait su me motiver à venir ici.
▬ Les clichés s’appliquent bien sur moi. Et le mien est Gautier., répondis-je amicalement.
J’amorçais un bref mouvement pour lui serrer la main mais jugeais que ce n’était pas une si bonne idée. Si jamais elle avait un pouvoir désastreux pour le mien, comme une transformation en félin, le contact ne serait pas agréable. Je décidais d’enchaîner avec un sourire amusé :
▬ Mais ce n’est pas tout à fait exact. La plupart des E sont en effet collés souvent mais ils ne vont pas aux retenues. En ce sens, ma présence est aussi surprenante que la tienne, mais très franchement, je ne saurai pas l’expliquer. Peut-être un élan de bonne conscience., tentais-je en haussant les épaules. Je suppose que tu sauras tout cela si tu poursuis tes actions. J’ai entendu dire que tout opposant au système se retrouvait rétrogradé chez nous.
Ça ne me plaisait pas du tout. Je l’avais déjà partagé à Ansel mais mon point de vue sur le sujet n’avait rien de charmant : notre classe n’était pas une poubelle et je ne voulais pas voir tout un ensemble de pro-A débarquer en son sein. Pour autant, j’essayais de contenir ma colère si bien qu’elle ne se ressentit même pas dans ma voix - ou très légèrement, si elle faisait vraiment attention. De toute façon, il suffisait d’observer mon expression pour comprendre que je n’étais pas enchaîné de cette nouvelle règle, et en informer les autres, et ainsi en prendre conscience, n’était pas plus agréable. Et puis, je ne comprenais pas comment on pouvait continuer à y croire.
▬ Ça vaut le coup de se battre pour les autres au dépit de sa scolarité ?
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Sujet: Re: backflip — solveig Sam 19 Mar 2016 - 16:35
Falling (without) grace
Son compagnon de détention ne sembla pas outré par sa question et sa remarque vaseuse sur les rouges, bien au contraire.
"Les clichés s'appliquent bien sur moi. Et le mien est Gautier." rétorqua cordialement le E, se présentant lui aussi. Le nom ne lui disait rien, mais Solveig ne pouvait se défaire d'une vague impression de familiarité. Peut être qu'elle avait déjà entendu parlé de lui... Si seulement elle avait été en pleine forme, ses petites cellules grises auraient sans nul doute su pourquoi.
Donc, il s'autoproclamait rebelle et délinquant, ou presque... Pourtant il semblait être un gentil garçon, d'aspect relativement inoffensif. Ce n'était peut être que quelqu'un de peu adapté à un système scolaire rigide, qui avait fini par se lasser et avait abandonné, préférant une vie plus hors-norme et mouvementé au ronronnement tranquille d'un classe, avant de finir dans une classe que personne n'aidait ou ne motivait. Ou alors, c'était juste une brute, un butor qui s'en prenait aux faibles et se fichait de tout, y comprit d'aller en cours... Mouaip, il n'en avait pas trop l'air...Une autre solution fut qu'il ai un pouvoir complexe à contrôler et qui en plus déplaisait aux professeurs de part sa dangerosité. Peut être un truc mélangeant tout ça, la réalité n'étant que rarement complètement conforme aux stéréotypes. La norvégienne fut à deux doigts de l'interroger là-dessus, avant de se raviser : ce ne serait guère poli et il venait à peine de se rencontrer. Pour l'instant son coturne de colle semblait bien disposé à son égard et faisait des efforts de sociabilité... Elle se devait de faire de même.
De son coté, Gautier sembla hésiter, comme s'il voulait lui tendre la main pour terminer officiellement les présentation, avant de se raviser. Pourquoi ? Elle n'avait rien contre serrer la main des gens (enfin, c'est pas comme si cela lui arrivait souvent). Etait-ce parce qu'elle était une fille ? Une étudiante en B ? Hmmm... Cela n'avait pas l'air de trop le gêner, vu qu'il lui avait adressé la parole le premier.
Jugeait-il ça trop osé après juste un premier échange de banalités ? C'est le genre de truc qui bloquerait bien Warren, mais ce rouge là avait un regard bien plus déterminé... Ah ! Peut être un problème avec son pouvoir. S'il était en E, il y avait de forte chance qu'il ne le maitrise pas bien et en plus si c'était un truc qui se déclenchait au contact, genre Vol de vitalité, Aurification ou Souffrance... Mais peut importe, le garçon enchainait déjà, peut être pour faire vite oublier ce moment de gêne et ce geste avorté.
"Mais ce n'est pas tout à fait exact. La plupart des E sont en effet collés souvent mais ils ne vont pas aux retenues. En ce sens, ma présence est aussi surprenante que la tienne, mais très franchement, je ne saurai pas l'expliquer. Peut-être un élan de bonne conscience. Je suppose que tu sauras tout cela si tu poursuis tes actions. J'ai entendu dire que tout opposant au système se retrouvait rétrogradé chez nous." Le concept de ne pas aller à sa retenue et de ne pas faire sa punition, alors qu'elle n'était même pas surveillée, n'avait même pas traversé l'esprit de Solveig, pourtant peu à cheval sur le règlement. Son obéissance n'était basée que sur la froide logique : esquiver une colle ne pouvait mener à terme qu'à recevoir d'autres sanctions et à la faire entrer dans une spirale infernale de répression et de fuite. Peu productif : autant se plier une fois à la correction et éviter de futurs ennuis.
L'autre information que lui livra Gautier la troubla davantage. Habituellement, elle en aurait presque rit, devant un tel illogisme, mais malgré sa migraine elle se rappelait cette histoire de sanctions ultérieures évoquées par Mme Staunton quand elle l'avait copieusement engueulée (tout ça pour une cravate et une orientation corporelle violant les lois de la physique). Du coup, ces menaces pas vraiment voilées donnaient une certaine crédibilité aux propos du E. "Illogique et absurde." pesta cependant Solveig en secouant la tête malgré son mal de crâne. "Envoyer des élèves en E comme punition n'a pas de sens. Cela violerait les seuls principes de ce système de classement par niveau de maitrise en bafouant le credo méritocratique. Cela ne pourrait mener qu'au chaos." A observer les yeux durs et la moue dubitative de Gautier, il partageait probablement cet avis ou quelque-chose d'approchant.
Il l'a surpris par une question s'éloignant (à peine) du sujet, réorientant subtilement (ou pas) la conversation vers son engagement dans le White Day et WIP. "Ça vaut le coup de se battre pour les autres au dépit de sa scolarité ?" demanda-t-il, un poil brutalement. La question semblait de fait biaisée de part son formulation et son vocabulaire : apparemment, le jeune homme n'y croyait pas, lui. Peut être parce qu'en dépit des bonnes volontés de WIP, des B qui avaient pour un temps accueillit les E dans leurs classes et partagés leurs cours, des manifestions et autre mouvement anti-Guerre des Classes, rien n'avait jamais vraiment changé pour les rouges. .. Il était logique qu'ils ressentent une certaine lassitude et/ou en soient aigris. Solveig pencha la tête sur le coté, comme à son habitude pour réfléchir et peser sa réponse.
"Question difficile... D'autant que je ne suis pas la plus fervente des militantes." fini par répondre la norvégienne, étouffant un reniflement qui aurait gâché la crédibilité de son discours. "Déjà, personnellement, je ne sacrifie pas grand chose de ma scolarité. Je pourrais toujours rattraper les cours manqués et tutorer des élèves maintien mon niveau. En plus, j'aime réparer et construire, aussi rebâtir ou rafraichir une salle de classe ne me dérange pas, bien au contraire. C'est vrai que ça m'agace de manquer les cours qui m'intéressent - j'y vais parfois quand même, en bonne social-traitresse que je suis - et de manquer de respect aux professeurs qui les donnent. Mais même si jusqu'à présent, nos récriminations et nos actions n'ont pas apportés l'égalité ou étouffées les tensions entre les classes, j'estime que c'est important. Pour l'exemple. Pour montrer qu'on se soucie non seulement de notre avenir, mais aussi de celui des autres. Et la Théorie des Jeux a montré que la coopération permet des gains partagés..."
La norvégienne s'était un peu enflammée dans son explication et s'apprêtait à poursuivre, mais son nez plein la grattait trop. Elle s'excusa d'un geste de la main envers Gautier et s'interrompit pour se moucher bruyamment et longuement. Classe. Une fois cette si joyeuse tâche terminée, elle s'excusa d'un sourire auprès du E, s'apprêtant à continuer la conversation. C'était plus amusant que de copier des lignes et avoir les opinions d'un E "cliché" pourrait s'avérer très intéressant. Solveig croyait au débat, à la discussion. Pour une asociale vivant la tête en bas, elle pouvait se montrer très prolixe une fois lancée et quand elle arrivait à dépasser sa légère timidité naturelle.
Mais alors qu'elle cherchait ses mots et classait mentalement ses arguments, cette fois-ci elle fut prise d'un crise de violent éternuements. "Décidemment..." s'excusa-t-elle entre deux atchoum, en ressortant un mouchoir, tout en ressentant un étrange vertige. Et vint un éternuement colossal, un spasme monumental et bruyant qui résonna lourdement dans la pièce gigantesque. Et le monde changea. A l'instant où Solveig enfouissait son nez et sa bouche dans son mouchoir, la pièce pivota complètement pour ses occupants. Le plafond devint un nouveau sol vers lequel elle, Gautier et l'ensemble des bureaux et des chaises de la salle se mirent à tomber lentement et avec grâce, tels d'étranges flocons de neige...
La gravité venait de s'inverser. Dans l'ensemble de la salle, ce qui dépassait le fonctionnement normal du pouvoir de la norvégienne, preuve (outre le fait qu'elle avait rien demandé) d'un dérapage de son don. Habituée aux changements d'orientation, la jeune fille aux cheveux turquoise se repositionna aisément et analysa la situation. Ok, ils tombaient mais très lentement. Donc gravité très faible, peu de risque de se faire mal, même si le plafond/sol était très haut dans salle de retenue de la tour. Elle avait donc le temps d'agir et de corriger ça...
La norvégienne se concentra, essayant d'accéder aux paramètres mentaux de son pouvoir, pour reprendre le contrôle de la zone de gravité inversée. Sa seule récompense fut un mal de tête si fulgurant qu'elle lâcha un petit cri. "Merde." grommela-t-elle avec un rictus, tout en rougissant, à la fois vexée et en colère contre elle même et son pouvoir. Elle n'arrivait pas à reprendre le contrôle, ni à déployer une zone secondaire pour contrebalancer celle-là. Bref, un dérapage majeur, incontrôlable... Cela ne lui était pas arrivé depuis l'incident de l'infirmerie... Et dire qu'elle croyait avoir réussie à obtenir la maitrise totale de son don !
Et en plus, elle n'était pas seule. Elle se retourna enfin vers Gautier qui chutait toujours non loin, désormais plus qu'à mi-chemin du nouveau "sol". Il fallait qu'elle s'explique et qu'elle rassure le E. Bon sang, faites qu'il ne vomisse pas, ça arrivait à certains quand il se trouvait dans des gravités différentes, ou qu'il n'est pas de problème cardiaque...
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Sujet: Re: backflip — solveig Jeu 2 Juin 2016 - 14:52
backflip
Je cligne des yeux, surpris. Cette fille ne manque pas de surprise. J’essaie de me remémorer la dernière fois que j’ai connu une discussion avec autant de réflexions et d’arguments un minimum approfondis - et étant donné mon caractère, la recherche est plutôt difficile. Elle n’est pas comme les autres. Elle n’agit pas sous le joug d’une spontanéïté idiote, se laissant guider par des principes moraux un peu trop héroïques pour un cadre scolaire. Elle y a vraiment pensé. Je me laisse une seconde pour réfléchir à tout ça : si quelqu’un doit faire preuve d’un vrai raisonnement entre nous, c’est bien elle. Durant toute mon expérience scolaire, je n’ai jamais agit qu’avec instinct et par impulsivité - ce n’est pas moins méritant qu’une personne qui se repose sur sa logique, mais sûrement bien moins productif. Je n’ai jamais vraiment eu d’argument pertinent, un point de vue posé à la hauteur de ma volonté. Jamais. Tout a toujours été brutal, inexplicable, guidé par une volonté vague et un but commun. Depuis que la vice-directrice était arrivée, je m’étais dit que l’administration était devenue un peu plus idiote - mais continuait dans la régularité de ses bêtises. La vérité, c’est qu’elle était sortie hors du cadre de ses normes habituelles et allait à l’encontre du système qu’elle avait mis en place. Solveig m’avait fait comprendre ça en me répondant. Il y a de ces personnes qui peuvent vous calmer par l’observation de leur mode de fonctionnement qui inspire au calme, et elle en fait parti.
Je ne sais pas comment t’expliquer ça. C’est arrivé, simplement, et je ne peux qu’écouter son discours. Seulement, je ne suis pas d’accord - ça devait arriver, j’en étais parfaitement conscient, mais c’est difficile, après un tel discours, de faire part de mon opposition. Face à une telle logique, il me paraît presque idiot de ne pas partager son point de vue - et je prends le temps de réfléchir à ma réponse. Solveig n’a peut-être pas d’effet bénéfique sur moi au point de me faire changer mon point de vue mais je sais que je n’aurai jamais fait preuve d’autant de patience vis-à-vis de quelqu’un d’autre. L’intelligence m’est apaisante. C’est ce genre de personnes qui m’aide à garder les... pieds sur... terre.
Mais pas au sens propre, visiblement. Je retiens un haut-le-coeur, surpris par la prestation inattendue de Solveig. J’allais lui adresser un sourire de sympathie en réponse à son éternuement mais il semblerait que son pouvoir ait décidé de mettre fin au calme de cette discussion. En voyant la lenteur de notre déplacement, je comprends, malgré la hauteur qui ne me rassure pas, que le danger n’est pas imminent. Nous avons le temps. J’observe rapidement la B qui ne semble pas en état d’agir pour arranger les choses - et je comprends qu’elle ne sera pas d’une grande aide. Mon pouvoir non plus. J’essaie de brasser l’air pour trouver une position plus confortable et me remettre la tête en haut, mais c’est plus diffiicile qu’il n’y paraît. Je m’arrête en plein effort et me tourne vers elle pour lui répondre.
▬ J’imagine que tu as raison. Mais, tu vois, je ne peux pas faire preuve du même respect à l’égard de tous les professeurs. Ceux qui ne viennent pas faire cours aux E ne le méritent pas. Visiblement, ton prof de pouvoir en fait parti., lançais-je avec humour.
Je n’étais pas certain qu’elle le prenne bien, mais le ton léger et le sourire que je lui adressais devaient y aider. Je ne lui en veux pas. Quand bien même, j’ai l’habitude des dérapages de pouvoir dans la classe des E, et l’habitude m’empêche d’avoir peur - ce qui, par enchaînement d’émotions, m’empêche de m’emporter. De toute façon, il est difficile d’en vouloir à une fille aux cheveux bleus qui active son pouvoir par éternuement. Je crois que cet événement fait parti des déclenchements de magie les moins menaçants que j’ai pu voir de ma vie.
▬ C’est la première fois que je vois quelqu’un faire preuve d’une vraie logique dans ses arguments, tu sais. Même les “leaders”, dis-je en mimant les guillements avec mes doigts, ont toujours présenté leurs arguments avec mensonge ou colère. Quelque part, si tu n’envoyais pas tes auditeurs dans les airs, tu pourrais faire un très bon ambassadeur de la paix.
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Sujet: Re: backflip — solveig Sam 11 Juin 2016 - 21:46
Crash-test cliché
Et voilà, elle avait recommencé. Et dire qu'elle avait désormais quasiment une maitrise absolue de son don... Tant qu'elle n'était pas malade. Vraiment, c'était une journée où Solveig aurait dû rester couchée. Quelques coups d'oeil alentour l'informèrent que Gautier ne semblait pas trop paniqué par le situation. Était-ce parce qu'il était en E ? C'était cliché, mais il avait dû y assister à moult "dérapages" de pouvoirs...
Ses observations, outre un nouveau mal de crâne, lui apprirent que bien évidemment son don c'était déclenché à portée maximum : les deux élèves chutaient (certes lentement) vers le plafond, entourés d'une grande majorité des chaises et des tables de la salle. Youpi, elle allait surement encore casser du matériel... Parfois, Solveig se demandait si ce n'était pas elle qui alimentait une grande partie du travail de WIP.
Poussant un soupir profond et se massant ses tempes douloureuses, la jeune fille aux cheveux turquoise se tourna vers Gautier qui lui répondait, visiblement un poil amusé par la situation (ce qui était bien mieux qu'une panique totale ou des haut-le-cœur vomitifs).
"J'imagine que tu as raison. Mais, tu vois, je ne peux pas faire preuve du même respect à l'égard de tous les professeurs. Ceux qui ne viennent pas faire cours aux E ne le méritent pas. Visiblement, ton prof de pouvoir en fait parti." plaisanta au final le rouge. Plaisanterie qui passa bien évidement complètement au dessus de Solveig, un peu assommée par sa maladie.
Abandonnant pour l'instant l'idée de reprendre le contrôle de sa magie, la norvégienne décida de poursuivre la discussion. Cela la distrairait de son mal de tête et la calmerait peut être. Et malgré l'incongruité de la situation, c'était une manière comme un autre de passer le temps. Et puis, elle aimait les débats, chose curieuse vu sa manière de se réfugier dans sa tour d'ivoire inversée.
"Désolé pour ça, ce genre de chose n'arrive pas d'habitude, mais mon don devient instable quand je suis grippée..." maugréa-t-elle avant de prendre un ton docte. "Pour le respect, c'est vrai qu'il est sensé être mutuel... Mais il faut bien que l'une des parties fasse un premier pas vers la réconciliation à un moment ou un autre. Normalement, cela devrait être les adultes, des professionnel qui plus est... J'ignore pourquoi on en est arrivé à cette situation ou comment briser ce cercle vicieux. J'ai du mal à comprendre les motivations des autres, parfois..."
La norvégienne se tut, au moins un instant : sa gorge commençait à lui faire un peu mal. Elle se contorsionna dans le vide pour attraper ses affaires. Ah, parfait : elle avait pris quelques bonbons au miel, ça la soulagerait un peu... Hum... Mais d'un autre coté, cela fournirait encore plus d'énergie pour alimenter son don en folie. Elle pesa un instant le pour et le contre, avant de céder à l'appel de la gourmandise et de la promesse de la douceur.
Curieusement, Gautier s'étonna des propos précédents de la bleue. "C'est la première fois que je vois quelqu'un faire preuve d'une vraie logique dans ses arguments, tu sais. Même les "leaders" ont toujours présenté leurs arguments avec mensonge ou colère. Quelque part, si tu n'envoyais pas tes auditeurs dans les airs, tu pourrais faire un très bon ambassadeur de la paix." déclara le E.
Solveig eut un sourire doux-amer. Qu'il était étrange que quelqu'un n'ai jamais rencontré une chose aussi fondamentale (pour elle) que la logique dans ses interactions avec autrui ! Mais la jeune fille solitaire était arrivée à la conclusion que la plupart des gens (elle y compris, elle n'était pas une machine froide et inhumaine) se laissaient plutôt gouverner par leurs sentiments et leurs passions.
"C'est à cause de mes cheveux, que tu me prends pour une casque-bleu ? Mais c'est pas totalement faux : je suis membre de WIP, je participe - un peu - au White Day et j'ai déjà essayé de me présenter comme déléguée, espérant répandre un peu de bon sens dans cet antre de fous." plaisanta-t-elle à son tour.
Mais bien vite, son esprit analytique (quoique présentement enfiévré) redevint sérieux et réfléchit aux propos du jeune homme. "Outre le fait que les sentiments influent, souvent bien trop, sur la raison, ceux que tu appelles les leaders ou décideurs le sont parce qu'ils tentent généralement d'imposer leurs vues. De fait, même s'ils peuvent se servir de la logique, elle est biaisée : ils veulent obtenir un résultat. Ils ont donc déjà atteint une conclusion - potentiellement erronée - et tordent donc les faits et leurs propos pour influencer autrui et les faire arriver à cette même conclusion, qui n'est en fait que leur opinion."
La norvégienne soupira, regardant un instant le plafond se rapprocher. Bientôt ils toucheraient ce nouveau "sol". Elle fit un vague geste d'excuses de la main vers Gautier avant de poursuivre. "Désolé, j'suis pas sûre d'être super cohérente actuellement... Y'a pas que les opinions préconçue qui influe sur la logique. Le fait que j'ai l'impression qu'on me martèle le crâne aussi, et je pense que sa risque de nuire à ma cohérence..." précisa-t-elle avant d'enchainer. "J'ajouterais aussi qu'il ne faut pas que dénigrer ou se méfier des "leaders" : ils sont nécessaires, aussi. Il faut que des gens prennent des décisions, même à partir de données incomplètes, d'instinct ou de passion. Sinon, avec des gens comme moi, on ne ferait jamais rien avant d'être sûr et certain... Pas sûr que l'humanité avance bien vite comme ça..."
Après son petit exposé, Solveig s'enfourna quelques bonbons aux miels dans la bouche, tendant par réflexe le paquet à Gautier. C'était bon et cela avait aussi un mérite : la bouche pleine, elle parlait moins. L'adolescente aux cheveux turquoises s'était (finalement) rendue compte que parfois ses logorrhées mettaient mal à l'aise ses (rares) interlocuteurs. Passer de la jeune fille asociale et timide à un moulin à parole une fois qu'elle était en confiance ou qu'un sujet l'intéressait s'avérait troublant. Encore plus sans doute quand elle vous mettez la tête sans dessus-dessous.
Les petites sucreries lui firent du bien, aussi la B se sentit à même d'essayer de reprendre le contrôle de sa magie. Mal lui en prit. Au lieu d'inverser la gravité pour les ramener au sol, la tentative de Solveig empira brutalement la situation : elle l'amplifia et les deux élèves furent brutalement projetés au plafond, accompagnés du bruit tonitruant des tables et des chaises qui s'abattirent en cascade autour d'eux.
Par chance, cette glorieuse tentative pour les tuer eut lieu alors qu'ils étaient déjà fort près du plafond. La chute brutale fut désagréable et surprenante, mais pas (trop) douloureuse. Surtout pour Solveig : la norvégienne avait réussit à s'écraser carrément sur Gautier. "Évidement..." maugréa-t-elle, avachie sur le jeune homme. "Parfait exemple d'initiative débile dictée par l'instinct plutôt que la raison. On me remercie tous pour la démonstration. C'est pas deux bonbons qui m'auraient soigné et rendus ma maitrise..."
Ses yeux rouges croisèrent ceux dû E coincé sous elle (il avait une taille voisine de la sienne, nota son cerveau, un poil optimiste), se rendant soudain compte que leur proximité n'était pas propice à l'analyse et à la discussion. Grognant, Solveig roula sur elle-même pour le libérer, se retrouvant sur le dos à contemplant le sol bien au dessus d'eux. Cette salle était vraiment haute de plafond... Une chance qu'elle avait pas fait dès le départ sa petite foirade gravitique à pleine intensité. Il faudrait qu'elle pense à revenir la dessiner. Mais est-ce qu'il faudrait impérativement se refaire coller pour ça ? Hmmm...
"Mes excuses à nouveau... Rien de cassé ?" pesta-t-elle, avant d'ajouter un poil d'humour acide dans son ton. "Il fallait ajouter un petit cliché de plus à cette journée pourrie : la chute de la jeune fille en détresse dans les bras du bad-boy au cœur d'or. T'as bien un cœur d'or ? En tout cas, on a réussit à éviter les poncifs qu'y'a dans les mangas comme le baiser par inadvertance ou pire, des mains baladeuses sur ma poitrine. Pas qu'y'ai grand chose à palper d'toute manière... Mais qu'est-ce que je raconte !?! Oublie ça. T'aurais pas une aspirine sur toi ? J'ai mal au crâne et ça tourne un peu..."
Visiblement, Solveig avait du mal à rester cohérente. Sa grippe lui picorait le cerveau, elle sentait le sang battre douloureusement contre ses tempes. Heureusement, le plafond était froid, caresse bienvenue sur son corps enfiévré. Elle plissa alors les yeux, troublée, observant le sol au dessus d'eux, puis les débris de tables et de chaises qui s'étaient abattus autour d'eux. Quelque-chose n'allait pas. Quelque-chose d'autre. Elle avait la nausée, mais ce n'était pas dû à son état de santé actuel. Et cela faisait des années qu'elle n'était plus dérangée par les changements d'intensité et d'orientation de la gravité dus à son don. Le mal des transport, très peu pour elle !
"C'est moi qui me suis cognée le crâne ou ça tangue ?" demanda-t-elle à haute voix. Une voix un peu inquiète : les deux hypothèses qui lui venaient à l'esprit étaient également angoissantes. La jeune fille aux cheveux turquoises n'attendit pas la réponse du E pour vérifier : elle lâcha un de ses sucreries mielleuse sur le sol. Enfin le plafond. Enfin, là où était posé son fessier. Le petit bonbon roula, d'abord en avant, puis en arrière, puis un peu sur le coté. Il oscillait en un lent petit huit, ou un symbole de l'infini. Ok, c'était pas son crâne...
"Génial... Le centre de gravité n'est pas stable." maugréa-t-elle, levant les yeux au ciel d'agacement. "Encore une fois... Désolé pour ça. J'ai un peu l'habitude, mais ça doit être super désagréable pour toi." Ils étaient donc coincé au plafond, mais un plafond qui semblait dodeliner légèrement, comme un bateau sur une mer un peu agité. Pas la tempête, non, mais juste assez pour rendre l'expérience encore plus désagréable. Ou vomitive. Fallait espérait que Gautier n'était pas sujet au mal de mer... Journée de merde.
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Sujet: Re: backflip — solveig Dim 19 Juin 2016 - 11:54
backflip
D’habitude, je n’aurai pas hésité à rire un bon coup et à balancer une vanne sur la gravité pour détendre l’atmosphère (non, ça n’en était pas une) ett faire comprendre à Solveig qu’elle n’avait pas besoin de s’excuser de ce genre de choses auprès de moi - parce que j’étais sympa, pas parce que j’avais été un connard violent pendant que mon pouvoir m’échappait, je veux dire. J’ai beau être parfois narcissique, je ne ramène pas tout à des instants de ma vie - même si le propos n’aurait pas été erronné. Enfin, peu importe - le problème, au-delà de mes envies de pardon, c’est que même si je n’avais pas d’intolérance à la gravité inversée, tous ces mouvements gravitationnels commençaient à agir sur mon estomac. Fier et déterminé à convaincre Solveig que je n’étais pas sensible à son instant de faiblesse (dit comme ça, ça fait bizarre, mais peu importe), j’inspirais silencieusement et entrepris de ne pas laisser voir la moindre trace de mon état actuel. Je n’avais pas envie qu’elle décide de s’y attarder - cette discussion était bien trop intéressante pour que j’accepte de la remettre à plus tard.
Je le lui avais dit, Solveig était sûrement la première personne à se montrer aussi réfléchie lors d’une discussion sur ce sujet-là. La plupart des gens, et c’était bien naturel, s’agaçaient en se morfondant dans leur propre avis - et c’est ce qu’elle venait de soulever. Les leaders, bien sûr, n’étaient pas objectifs. J’avais toujours vu le point de vue de RED comme étant le bon parce que je le partageais - et nos actions comme une marque de justice et d’égalité au sein de l’école. Je n’avais jamais réfléchi à l’éventualité que les gens se sentent forcés et pensent sincèrement que notre idée était mauvaise. Pourtant, malgré mes convictions, je me rendais compte de la façon dont nous avons pu être perçus. Pour autant, je n’acceptais pas le fait que l’on ait été aussi maltraités - un désaccord ne justifiait pas de telles extrémités. Mais je n’avais pas agit d’une meilleure façon, ça aussi, j’en étais conscient. Je clignais des yeux pour réadapter ma vision à la situation actuelle, secouais légèrement la tête pour retrouver la réalité et me tournais vers la demoiselle. Elle m’avait peut-être écrasé lors d’une chute quelques instants plus tôt, mais j’avais vécu bien pire et j’avais du mal à voir ça comme un sous-entendu - cette fille semblait bien trop logique pour se laisser emporter par d’éventuelles envies.
Je préférais rester assis malgré tout, n’éprouvant qu’une part de confiance en ce centre de gravité temporaire.
▬ Je regarde suffisamment de mangas pour voir de quoi tu parles. répondis-je avec un sourire simple et amusé. Malheureusement, je n’ai ni coeur d’or ni aspirine.
Un bref haussement d’épaules pour lui signaler mon impuissance totale face à la demoiselle en détresse, et je ramenais bien vite mes mains en appui sur le sol pour éviter de trébucher sur ce sol instable.
▬ Je pense que cette école est comme cette gravité. C’est instable, ça te donne parfois une légère envie de vomir que tu refoules mais au final tu t’y habitues. Et je suis sûr qu’un jour, elle s’arrangera.
C’était à la fois un point de vue que je partageais mais aussi un encouragement que je lui adressais quant à sa maîtrise de pouvoir. Je ne lui en voulais pas ; quand il s’agissait de problèmes de pouvoir, mon passé me rendait rarement rancunier envers les autres.
▬ ...Du coup le silence est gênant parce que je comptais sortir après cette super punchline histoire d'avoir l'air classe, mais à cause de ton pouvoir, c’est pas possible.
Autant être honnête. Elle a gâché mon effet de style, quand même. Je m’approchais du mur afin de trouver un point d’accroche en cas de nouveaux problèmes de centre de gravité.
▬ Si tout le monde a son avis différent et qu’une révolution imposerait un avis, ça signifie qu’il n’y a rien à faire et qu’il faut s’en remettre au système présent. Ce n’est pas une mauvaise idée en soi. Je me tourne vers elle. Imagine que tout le monde ait cette prise de conscience, ça signifie la fin de tout conflit à ce sujet. Quelle utopie.
Et bien sûr, là, on atteignait la limite des arguments logiques, parce qu’on atteignait la limite du possible. Je me fondis en un léger soupir, signe de résolution. Si seulement les gens avaient ce qu’ils méritaient, le monde serait bien plus simple.
▬ En tout cas, je suis content d’avoir pu rencontrer quelqu’un d’aussi réfléchi que toi. Je pense vraiment qu’il manque ce genre de mentalités par ici.
Visiblement, Gautier ne sembla pas en vouloir à la norvégienne pour lui être tomber dans les bras, l'écrasant au passage, et l'avoir cloué au plafond. Hélas, s'il n'était pas gêné par le fait de recevoir sur la figure une donzelle enfiévrée (dans la réalité, cela ne se passait pas vraiment comme dans les manga : on avait mal et on jurait/s'excusait), il n'avait évidement pas d'aspirine sur lui. Solveig devrait donc continuer à subir son lancinant mal de tête, auquel s'ajoutait une légère nausée due à la gravité oscillante.
Après un échange de regards désolés, elle resta au sol (enfin, plafond. Peu importe la dénomination : c'était frais et apaisant) alors que le rouge s'écartait à quatre pattes (glorieux moment de part et d'autre).
En tout cas, il avait beau nier avoir un cœur d'or, il ne s'était pas énervé, ne lui avait pas crié dessus alors qu'elle l'avait balancé en l'air au milieu d'une lente et majestueuse pluie de bureaux et de fournitures scolaires avant d'abattre toute sa propre masse sur le garçon. Peut être était-ce le fait d'être en E qui le rendait plus tolérant, voire blasé devant une perte de contrôle magique catastrophique ? A part Warren, la seule élève de la classe rouge qui avait subit un petit soucis à cause de son don lui avait quasiment pété la gueule. En tout cas, il continua à discuter presque nonchalamment avec la jeune fille au cheveux turquoise.
"Je pense que cette école est comme cette gravité. C'est instable, ça te donne parfois une légère envie de vomir que tu refoules mais au final tu t'y habitues. Et je suis sûr qu'un jour, elle s'arrangera." affirma-t-il en reprenant leur discussion sur Prismver et ses travers, tout en essayant en douce de lui remonter le moral. Alors qu'elle réfléchissait, le jeune homme poursuivit. "...Du coup le silence est gênant parce que je comptais sortir après cette super punchline histoire d'avoir l'air classe, mais à cause de ton pouvoir, c'est pas possible." avoua-t-il, amenant un léger sourire sur le visage fatigué de la norvégienne.
"Désolé d'avoir couper tes effets." ricana la B, mais d'un ton amical. "Même si jamais trop compris l'intérêt des gens à vouloir justement caser des punchline plutôt qu'un argumentaire construit. Pourquoi vouloir avoir l'air classe, plutôt qu'essayer de parfaire son point de vue ? Pourquoi toujours vouloir avoir le dernier mots, non pas par des propos concluant mais par un jeu de mots ou une phrase grandiloquente ?" C'était réellement quelque-chose qui perturbait la logique Solveig : elle ne jugeait que sur l'argumentaire, le contenu, pas l'aspect ou la rhétorique.
Alors que Gautier se déplaçait pour s'appuyer contre un mur salvateur, point fixe de leur monde tanguant et inversé, Solveig songeait à une chose qu'avait dit le garçon.
"Pour ta comparaison entre Prism' et ma gravité foireuse... Je crois que tu as mis le doigts sur un des problèmes qui bloquent la situation : on s'habitue. Comme rien ne bouge apparemment malgré nos efforts ou les drames, comme le monde continue de tourner sur lui même, aussi indifférent et inaltérable que la gravité, on fini par hausser les épaules et laisser tomber. L'habituation, l'accoutumance à une situation pourtant anormale... Voilà le plus grand ennemis de ce qui veulent un Prismver plus juste."
Le jeune homme à la cravate rouge poursuivit son argumentaire, semblant un rien désabusé. Il était difficile pour Solveig de concevoir exactement ce que pouvait être la vie d'un élève de la classe délaissée de Prismver. Elle avait beau apporter son aide dans la mesure du possible, essayer de comprendre, d'encourager, de donner des cours de rattrapage ou des conseils, ce n'étaient que des actions de quelqu'un d'extérieur. Jamais elle n'avait souffert de discrimination, de réelles brimades ou même simplement d'une éducation à l'abandon...
"Si tout le monde a son avis différent et qu'une révolution imposerait un avis, ça signifie qu'il n'y a rien à faire et qu'il faut s'en remettre au système présent. Ce n'est pas une mauvaise idée en soi. Imagine que tout le monde ait cette prise de conscience, ça signifie la fin de tout conflit à ce sujet. Quelle utopie." affirma Gautier.
Et comme il lui demandait, elle essaya de l'imaginer. Elle n'était pas vraiment d'accord. Loin d'une utopie, la situation qu'il décrivait la mettait mal à l'aise. Peut être parce que son esprit analytique et enfiévré lui susurrait soudain tout un tas de dons et pouvoirs magiques qui permettrait d'imposer à tous un avis, une opinion... Qu'elle aurait choisit. Pour le bien de tous. Elle frissonna, et pas à cause de sa fièvre : ce genre de choses étaient dangereuses.
"En tout cas, je suis content d'avoir pu rencontrer quelqu'un d'aussi réfléchi que toi. Je pense vraiment qu'il manque ce genre de mentalités par ici." termina le jeune homme, chassant par son compliment les sombres réflexions de la B.
Solveig ne lui répondit d'abord que par un reniflement. Non pas méprisant : c'est juste qu'elle était malade. "Et moi, je suis contente d'être tombée, ou plutôt montée, avec quelqu'un d'aussi patient que toi... Quant à savoir s'il faut plus de logique et moins de passion ici, j'aurais tendance à dire oui, même si tu me places peut être sur un piédestal... Je pense qu'il faut les deux. Les gens comme moi sont souvent vu comme froid ou distant. Pas les plus à même de changer le monde..."
C'était tellement vrai dans son cas. Solveig avait peu d'amis. Elle se maintenait, lâchement, à distance, fuyant le conflit direct au lieu d'imposer ses vues mollement pacifistes et égalitaristes. Elle réalisait soudain que malgré toute sa logique et sa raison, elle n'était qu'une hypocrite qui sombrait dans le consensus mou qu'elle méprisait.
"J'ai tenté une fois d'être déléguée de ma classe, plus jeune. Cela n'a pas marché. Je ne suis pas... à l'aise avec les autres. Malgré mes beaux discours, mes arguments savamment construit, je ne suis pas vraiment une révolutionnaire crédible. Je manque de... passion. Et du coup, je fais comme les autres : rien ou presque. Je suis membre de WIP, mais ce n'est qu'une façon de se placer en dehors du conflit. Je soutiens le White day, mais mollement, me permettant hypocritement d'aller à certain cours qui me passionnent..." soupira-t-elle tristement. "Je crois que je ne suis pas du genre leader et même si je raisonne bien et pourrait peut être convaincre des gens... Encore faut-il qu'ils m'écoutent."
Solveig resta silencieuse un petit moment après cette explication/confession, plongée dans des pensées un poil moroses. Son inaction, ses incertitudes et son manque d'implication lui pesait. Mais elle ne voyait pas que faire d'autre : elle était trop calme et timorée pour faire réellement une bonne militante... Mais ne voulant pas se morfondre inutilement et plomber encore plus l'ambiance après avoir "gâché" la retenue de Gautier et l'avoir clouer au plafond, elle décida de poursuivre d'un ton plus léger.
La norvégienne fit ensuite un vague geste désignant le tas de chaises et de bureau de la salle de retenue qu'elle avait envoyé valdingué au plafond et qui s'étaient écrasé en tas autour d'eux. "Délicieusement ironique, n'est-ce pas ?" ricana-t-elle d'une voix enrouée mais amusée. "La pacifiste autoproclamée, l'élève pondérée et sage à la maitrise qui normalement la ferait passer en A a réussit, une fois de plus, à faire plus de dégâts que les fameux voyous de E..."
Après un petit rire cassé, la jeune fille au cheveux turquoises se rapprocha à son tour du mur pour s'y adosser. Elle avait beau être habituée aux changements d'orientation et de gravité, mais quand on est malade, ça devient saoulant. Au sens qui donne envie de vomir et la demoiselle inversée voulait quand même conserver un minimum de décence et de crédibilité.
"Au fait, tu as eu malgré toi une superbe démonstration du contrôle fin et raffiné de mon pouvoir de B... Mais c'est quoi, le tiens ? Dois-je m'attendre à ce que tu te métamorphose en démon, que tu fasses tomber la pluie dans cette salle ou que tu m'électrocutes ?" demanda-t-elle amicalement pour changer un peu des sujets graves, tendant au passage quelques bonbons au miel (elle en avait toujours sur elle, en bonne gourmande prévoyante. Pour l'énergie, bien sûr). Parler lui faisait un peu mal à la gorge, mais elle avait l'impression que cela chassait son mal de crâne et la honte d'avoir une fois de plus dérapée avec sa magie.
Après un petit moment passé les yeux fermés et à se concentrer sur les paroles de Gautier pour ne pas dégobiller, Solveig se rendit compte que les oscillations du centre de gravité se faisaient de plus en plus lentes et de plus en plus rares.
"Oh, on dirait que ça se termine..." informa-t-elle le E. "Ma bulle foireuse de gravité inversée ne devrait plus tarder à se dissiper... Ce qui veut dire qu'on va retomber au sol, avec tous les bureaux en plus. Génial, je sens que les surveillants et la vice-directrice vont adorer..." Après un petit instant d'hésitation, la norvégienne décida de prendre l'avis de Gautier avant de tenter quoi que ce soit et d'empirer encore la situation.
"Hum...Euh... Je peux peut être mitiger notre chute avec mon pouvoir...Au risque de foirer à nouveau complètement et de nous envoyer contre un mur ou encore plus brutalement au sol. Ou alors, je laisse faire mère Gaïa et on tombe naturellement. Le plafond est haut, la réception sera rude mais elle ne devrait pas nous blesser si on s'y prend bien. Ton avis ?"