La délicieuse odeur des biscuits fraîchement sortis du four embaumait la pièce. Dans la cuisine, le tablier attaché à ma taille, je m’affaire à remplir une assiette de la petite douceur que j’avais concoctée pour ma filleule, McKenna. J’aimais bien improviser ce genre de rencontre avec elle, de simplement faire à manger pour qu’elle puisse squatter et qu’on puisse parler d’autres choses que simplement de son parcours scolaire. J’assumerai toujours mon rôle de marraine par rapport à cet aspect de notre relation, mais il est toujours plus intéressant selon moi de sortir du cadre scolaire pour réellement créer un lien et en venir à chérir ce lien imposé par la direction.
Satisfaite du résultat, j’hume une dernière fois le parfum chocolaté des cookies, légèrement grisée par l’appel du sucre, et retire mon tablier enfariné. Je lave mes mains, les essuie et me dirige vers le salon pour attendre la D lorsque j’entends toquer à la porte. Au rythme apporté par les jointures sur le bois dur, je sais d’avance qu’il s’agit de ma filleule.
En réalité, tous ceux s’aventurant habituellement ici ont un double des clés de l’appartement sauf McKenna, du coup ça réduit pas mal mes options quant à l’identité de mon visiteur. Probablement qu’il n’y a qu’Andrew et Shannon qui pourraient encore toquer à la porte, mais il y avait peu de chances que cela se produise à cette heure, alors tout pointait vers la rouquine.
Mes pensées se confirment quand je la vois entrer, armée de sa fiole qu’elle me brandit sous le nez comme si elle cherchait à l’exhiber fièrement. Je n’ai toutefois pas l’occasion de la lui retirer des mains puisqu’elle s’affaire déjà à dépenser son énergie dans sa course aux cookies.
Je ris doucement en pensant à cet entrain infatigable qui l’animait et qui me laissait pantoise chaque fois. McKenna avait le don de me rappeler Alice plus jeune dans certaines de ses réactions, et ça ne me faisait que l’aimer davantage.
« Salut à toi aussi McKenna, je suis ravie de voir que tu as passé une belle journée toi aussi. »
Mon regard amusé prend toutefois une autre tournure quand elle manifeste son envie de consommer la potion. Mes sourcils se froncent et j’entortille une mèche de cheveux roux autour de mon doigt, réfléchissant aux risques potentiels encourus par la boisson magique. Dans les faits, les effets secondaires n’étaient jamais très fiables, et la partie rationnelle de mon cerveau habitué à toutes ces heures de biologie – si elle pouvait se manifester oralement - me dirait qu’il faudrait d’abord en faire une analyse détaillée pour être sûre qu’il s’agisse bien d’une potion de Loïs et pas que d’une attrape d’un élève. Et je n’étais pas certaine de vouloir endosser le risque qui venait nécessairement avec la fiole et sa consommation.
Je regrettais à ce moment de ne pas avoir accès à un microscope ou un truc qui pourrait nous aider. En même temps, plusieurs aspects magiques ne se découvraient pas à l’aide de la biologie, les effets de la potion ne devaient pas y faire exception finalement et je me créais sûrement des regrets en vain.
« Mais… Tu sais même pas quel effet ça va avoir, t’es sûre de vouloir courir le risque? On devrait faire des tests avant ou je sais pas… C’est peut-être des élèves qui veulent tenter d’imiter les potions de Loïs? »
Oui, la rabat-joie c’est moi.