Veiller avec toi, c'est pas si difficile que ça [Pv. Kamyl]

L'air restait lourd de chaleur. La venue de la nuit n'a en rien apporté la fraicheur tant attendue. Tant désirée. Pour palier à ce désagrément, Kamyl a ouvert toutes les fenêtres de la cabane pour espérer obtenir un courant d'air salvateur. Pauvre garçon. Sachant pertinemment que ça ne sert à rien d'attendre un signe de mère nature, autre que les moustiques et autres insectes qui viennent l'envahir. Il s'est donc tout simplement déssapé. Ne portant qu'un boxer noir, simple. Se balader à poil n'est pas une option sachant qu'on entre chez lui comme dans un moulin. Ce qu'il cherche désespérément à bannir. Ou alors trouver une solution qui résiste plus de cinq secondes à l'acharnement du microbe. Ou à la générosité de ses colocataires. Qui ouvrent à tout et n'importe qui. Sinon, il serait clairement à poil, couché sur le carrelage, pour avoir un peu de frais. Quitte à changer de position toutes les dix minutes pour migrer vers une autre zone non-contaminée par la chaleur.

Pour ne pas subir plus de piqûres et autres joyeusetés de la part de ses nouveaux amis les suceurs de sang, Kam n'a pas allumé la télévision. Ce qui fait qu'il est juste posé sur son canapé. À attendre le courant d'air frais tant désiré. C'est légèrement flippant, mais comme il est actuellement seul à la maison. Il s'en contrefout. Quoiqu'il y ait eu quelqu'un, ça n'aurait rien changé. Il hésite à prendre une douche bien froide. Néanmoins, il sait pertinemment que ça ne le soulagera que momentanément et que dès qu'il quittera la douche, il aura de nouveau terriblement chaud. En soi, ce n'est même pas le soleil qui le dérange, juste la lourdeur de l'air. C'est irrespirable. Il faudrait réquisitionner un gars qui contrôle la météo pour faire tomber un orage. Histoire de soulager un peu tout le monde.

À un moment donné de sa pseudo-réflexion, le brun entendit frapper à la porte. Qui donc pouvait venir ici à une heure pareille ? Un insomniaque qui n'arrive pas à dormir, à n'en pas douter. Ou le microbe. Il préfère nettement l'idée de l'insomniaque. Atteindre la porte fut long. Se lever fut le plus dur. Une fois devant l'ouverture, la poignée baissée et la porte ouverte, il tombe sur Aiata. « Yo. » Kamyl la voit se pencher pour jeter un coup d'œil derrière lui. Il a la confirmation de se qu'il pense avec l'affirmation suivante. « Non, j'suis tout seul c'soir. » Ce qui ne le dérange absolument pas, au contraire. Du calme, moins de chaleur, pas d'odeur de transpiration. Le pied. Face à la question, Kam se contente d'ouvrir plus grand la porte. Invitant implicitement sa marraine à prendre place dans son humble demeure. « Fais comme chez toi. » Lui hésite entre laisser la porte ouverte pour espérer avoir un courant d'air ou à tout de même la fermer. Finalement, son auto-préservation prend le pas et il clôt la porte. Suite à ça, il se laisse tomber sur le canapé. « Si t'veux un truc, tu t'sers. » Indiquant vaguement l'habitation. Kamyl n'est absolument pas en condition pour être un hôte digne de ce nom. « C'était urgent c'que t'voulais lui dire à Tua ? J'suis pas sûr qu'il rentre avant d'main. »

Le brun se contente de hausser des épaules face à la raison de la venue de sa marraine. Bien, au moins ça ne semblait pas urgent au point de le forcer à retourner tout le pensionnat pour trouver le roux en question. Il n'en aurait clairement pas la force ce soir. Pas sûr qu'il en aurait la motivation en temps normal. La flemme, un fléau.

Le langage des fleurs, Kamyl n'y connaît rien. Et ça ne l'intéresse pas vraiment non plus. Néanmoins, il ne peut que confirmer. « J'pensais qu'on perdait des neurones pas des calories. » Même si l'information en soit, ne vaut pas grand chose, il se demande tout de même comment il a réussi à l'obtenir. Comment il peut juger d'une perte de calories dans ces conditions ? Ce n'est même pas le fait que ta marraine l'air retenu qui te surprend le plus.

Voir les boutons d'autrui, n'est pas ce qui passionne le plus le E, cependant, il regarde tout de même le résultat de la recette de grand-mère. « Merci du conseil. J'ferai ça en m'couchant. » Ce qui équivaut clairement à bien plus tard dans la nuit. Et il va sentir le dentifrice à quinze kilomètres à la ronde. « C'un répulsif aussi ? » Genre si c'est double action, c'est tout bénéf'. S'il avait pris la peine de s'acheter un tube de crème apaisante, ça lui aurait éviter de se gratter comme un chien infesté de puces. Bien que la comparaison ne soit pas très flatteuse.

L'idée de génie d'Aiata n'en restait pas moins qu'une idée. Il y avait déjà pensé, seulement pour se rendre en ville, il faut y aller pendant la journée. Et ça, ce n'est clairement pas possible avec une telle canicule. Il aurait fallu anticiper et prévoir. Ce qui n'est malheureusement pas une des qualités de Kamyl. Pourtant, avec ses origines, il devrait pouvoir supporter un peu de soleil. Mais la flemme joue encore un rôle là-dedans. « T'sais pas s'ils livrent ici par hasard ? Genre, j'commande à distance. » Par LMS ou même par téléphone, il n'est plus à ça près. « Ou alors t'as pitié d'moi et tu partages le tien. » Un éclair de malice traverse rapidement son regard. « Paraît qu'ça rend malade de s'exposer trop longtemps. » Ce qui serait un comble. Malade par une telle chaleur.