Objectif cookie.« Si vous travaillez bien, j’amènerais des cookies au prochain cours. »Les mots de la prof de maths tournaient dans l’esprit d’Alec. Des cookies. Il adorait les cookies. Et le sous-entendu du « si vous travaillez bien » était plus qu’évidemment le « si vous êtes les meilleurs », étant donné que dans la classe A, ils travaillaient TOUS bien. Ce n’était pas de la vantardise, c’était une caractéristique intrinsèque à leur classe.
Ce qui était beaucoup plus subjectif, c’était le point de vue que possédait le jeune homme sur le sujet. Il était le meilleur. Mais il faudrait attendre que la prof en juge de même, en faisant quand même un effort pour regarder ce que les autres accomplissaient, et pour trouver de quel moyen leur annoncer sa supériorité écrasante tout en ménageant leurs sensibilités.
Il ne faisait que prendre immédiatement, donc un petit peu plus tôt que prévu, ce qui lui revenait de droit. Quelque part, il rendait même service à son enseignante.
Bon, il doutait qu’elle partage son point de vue, et il avait donc soigneusement calculé son coup. Il finissait sa journée une demi-heure plus tôt qu’elle. Oui, la pauvre en avait encore pour trente minutes avec la classe E. LA CLASSE E. Alec la plaignait sincèrement. Tous des cas sociaux sans le moindre intérêt, par là-bas. Même si pour l’instant, leur existence l’arrangeait, parce qu’il pouvait s’introduire subrepticement dans le studio de la prof, à la conquête des gâteaux dont elle leur avait parlé.
Ouais, c’était là. Le studio 2. Il avait mis un peu plus de temps que prévu à le trouver, mais il avait encore du temps devant lui. Il toqua de manière à être parfaitement sûr que, qui que se trouve à l’intérieur, il puisse l’entendre frapper contre le bois de la porte, et attendit de longues secondes, avant de réitérer son geste.
Toujours pas de réponse. Parfait. Les lieux étaient fort probablement vides.
Forcer une serrure avec des épingles à cheveux piquées à sa colocataire, ca ne fonctionne que dans les films. Que dans les films, et quand c’est Alec Wellsenstein, quatre heures d’entraînement sur le verrou de sa propre chambre cette nuit, qui s’y colle. Avec un petit cliquetis fort agréable, et après de nombreux essais infructueux, la porte s’ouvrit. Le jeune homme en aurait, pour un peu, ricané de contentement. S’il n’avait, premièrement, agi dans l’illégalité la plus totale, et s’il ne sentait pas, secondement, désagréablement observé. Il se retourna pour scruter les alentours durant de longues secondes, mais ne vit rien de suspect, et se permit donc de pénétrer dans le studio qu’il venait d’ouvrir.
Wahou. A quand remontait leur dernier grand rangement ? Il y avait un de ses bazars là-dedans, c’était incroyable. Alec faillit en tourner de l’œil. Maniaque, lui ? Pas du tout.
Tentant tant bien que mal de faire abstraction, il inspecta rapidement les lieux, avant de conclure que sa cible se trouvait plus que probablement planquée dans la chambre de sa prof de maths un nom imprononçable, et se mit donc à la recherche de celle-ci le plus discrètement possible.
Ce fut à ce moment-là qu’il crut entendre un petit couinement, comme celui que font les jouets pour chiens lorsqu’on marche dessus, mais il ne vit trace ni d’un intrus autre que lui, ni d’un de ces quelconques accessoires, et se convainquit donc qu’il avait rêvé ce bruit.
'' Go, La Chose ! ''Le jeune homme fouillait, depuis quelques instants, avec application dans la chambre qu’il avait déterminée comme étant celle de son enseignante –la présence abondante de la couleur rose étant un indice non négligeable- lorsqu’il sentit un poids soudain s’abattre sur son épaule. Il se figea brusquement, se rendant compte qu’il s’agissait d’une main.
Se sentant soudain anxieux, il chercha à déterminer à qui elle appartenait mais… Il n’y avait plus rien après le poignet.
-« Holy shit!!» glapit Alec de manière élégante et distinguée.
Il bondit de manière convulsive, avant d’ôter frénétiquement sa veste, de la ramasser en boule autour de ce… de cette… De cette horreur, et de la balancer à l’autre bout de la pièce. Il avait pâli d’une manière spectaculaire, horrifié. C’était encore pire que si une limace visqueuse était venue se poser sur son uniforme. Est-ce qu’il n’avait pas juste halluciné, au moins ?
C’est alors qu’il avisa une petite brune qui le fixait avec un grand sourire moqueur, et se remémora les trois mots qu’il n’avait qu’à peine entendu avant d’être victime de cette attaque sournoise.
-« Qu’est-ce que t’as cru être en train de faire, dresseuse Pokemon au rabais ? Et puis, c’était quoi ce truc ? » siffla-t-il d’un air franchement mauvais.