[EVENT] Witch Doctor give us the magic words ▬ pv Lilinn & Warren

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I'M THE FUCKIN KING OF THE WORLD

Ah que le monde était merveilleux! Ah, que cette journée était belle! Pour être honnête il faisait froid, le ciel était gris, ses professeurs le haïssaient, il s'était cassé trois fois la gueule en fuyant Tartiflette et son lézard lui avait apporté cinq lettres de vengeance, deux de menaces et trois avertissements, ce matin il était tombé de son lit, personne ne l'avait défié, juste un A qui l'avait charcuté à coup de pouvoir, Kerstin lui avait donné une heure de colle et sa fièvre n'avait pas voulu s'activer de la journée laissant le matin comme l'après-midi banal morne et ennuyeux. Résultat il bougonnait dans son coin et jouant au football avec un caillou et un mur. Hum? Le lecteur se demande pourquoi est-ce une bonne journée? Quand ai-je dit qu'il s'agissait d'un jour heureux pour Liam? Réfléchissons un instant enfin. Si Liam boude alors Liam est plus ou moins calme et le seul à souffrir de ses conneries était un caillou. Et je crois que, malheureusement pour lui, tout le monde s'en fout. Enfin ça reste un caillou quoi. Mais ça se trouve ce caillou a une femme et deux enfants qui l'attendent ce soir. Et à force de se faire taper entre le mur et les pieds de Zidane II (en plus nul) il finirait par succomber à ses blessures et mourir. Ou alors c'est juste un caillou et les autres élèves, professeurs et honnêtes citoyens de la cité peuvent s'endormir tranquilles et l'âme en paix.

Après quatre-vingt-quinze poc-mur-poc-pied-je-suis-un-triso-délaissé-par-la-vie-et-je-tape-dans-mon-caillou-désespérément il sortit une clope de sa poche, l'alluma et la fourra dans sa bouche. Son samedi avait été totalement pourri pour l'instant mais heureusement H.E.U.R.E.U.S.E.M.E.N.T la soirée rattraperait le tout. Shu avait fait suffisamment de bruit pour que sa faible voix de sale chinoise atteigne les oreilles du tout puissant américain. Et que disait cette petite voix? L'apparition d'une sorcière porte-bonheur. Liam croyait a encore beaucoup de choses comme le père-noël en costume coca-cola ou la petite souris collectionneuse de dents, mais pas aux vieilles sorcières pustuleuses qui font cuire les petits enfants dans des marmites et qui ramassent des champignons sur leur balais. Peut-être parce qu'il était lui-même ce que l'on appelait un "sorcier" dans le temps. Il ne pensait pas non plus que cette sorcière allait lui porter chance, et puis de toute façon il était déjà béni par on-ne-sait quel dieu masochiste. En fait ce qui l'amusait le plus c'était de la chercher. Après tout quoi de plus excitant que de chercher une nuit sombre d'automne quelqu'un qui n'est peut-être même pas là? Et puis ça lui ferait une bonne excuse pour traîner Warren avec lui. Son pouvoir n'avait pas l'air très opérationnel aujourd'hui, mais tant pis, ça serait tout aussi amusant.

Il débarqua dans le cabanon, vide et silencieux. Il y avait peu de chance que son délégué soit en colle le samedi soir et il faisait trop sombre pour qu'il soit sorti tout seul dehors. Conclusion -et même Liam pouvait le faire- il s'était caché, cette histoire de sorcière errante l’inquiétante, et la présence d'un Liam rentré plus tôt dévoilait sans doute ses plans. Mais pas question de le laisser filer. Il marcha lentement dans le cabanon cherchant un indice sur la présence de la chose bleue appelée Warren.

-Sors de ta planque je sais que t'es là.

Pas de réponse. Il fronça les sourcil et reprit une bouffée de cigarette.

-Si t'es pas devant moi dans cinq minutes je suspends tes slips dans le bureau du directeur.

Toujours pas de réponse. C'était quoi le problème? La nuit? Le temps? Les ruines? La sorcière? Liam? Tous à la fois?

-Ou alors j'envoie une lettre d'amour a Prudence et je signe avec ton nom.

Et encore un silence pesant. Prudence était pourtant une menace de qualité. Il regarda les quatre coins de la pièce quand soudain un bout de chaussette avec un pied dedans dépassa d'une table. Il sourit. Le genre de grand sourire sadique qui vous glace le sang. Il s'approcha a pas de loup et d'un geste vif saisit les chevilles du pauvre agneau avec un grand rire satisfait, et mit le corps de la victi... De son acolyte sous son bras, histoire de l'empêcher de s'échapper.

-Allez allons chopper la sorcière ♪

Et il avait l'air fier de lui en plus.

Invité**Invité**

Les tables étaient devenues ses amies. Comme bon nombre de meubles, et ce, tout au long de sa vie. Tantôt cachettes sûres, tantôt boucliers – bien qu’il se sentait toujours coupable de leur faire subir de pareils dégâts –, Warren les fréquentait assidument. Et cette soirée-là n’échappait pas à la règle. Voilà déjà deux heures qu’il fixait le bois sombre de sa compagne nocturne, l’air angoissé du gibier planqué au fond de son terrier sur le visage, et les petits tremblements d’anticipations de l'apparition du chasseur agitant son corps. Ce soir, la sorcière venait. Et il ne voulait surtout pas la voir. Surtout pas. Et si elle le mangeait ? Le coupait en rondelles avant de le jeter dans son chaudron avec des carottes et des oignons ? Brr. Il détestait les oignons. Puis l’eau serait insoutenable, bien trop chaude, et il cuirait lentement, dans la souffrance, et... Bref. Warren flippait. Grave. Et plus il flippait, plus, comme d’habitude, il augmentait son trouillomètre, amplifiant le potentiel de peur, dramatisant encore plus chaque nouveau mot, idée, imaginant les pires scénarios et fins possibles. Déglutissant à chaque nouvelle pensée.

Et du coup, au lieu d’aller dormir comme il l’avait d’abord prévu, et de fermer les yeux très fort en espérant que la nuit passe vite et qu’il se retrouve le lendemain en un seul morceau, ben, il avait fini sous la table. Pourtant, il avait presque atteint son lit. Presque. Puis il avait vu la table. Et son appel avait été trop fort. D’abord – environ les cinq premières minutes –, il avait maudit sa faiblesse. Pour ensuite imaginer le pire, et finir par ne pas se relever. Alors quand Liam était arrivé, forcément, il n’avait pas pu bouger. Même si ses menaces étaient terrifiantes. Très, terrifiantes. Tout cela ne faisait que faire bondir le trouillomètre vers ses sommets, et le paralyser encore plus. Les mains plaquées sur ses lèvres serrées, il essayait de pas ne couiner en pensant aux conséquences des dites menaces, si mises à exécution. Et il était concentré. Très. Tellement qu’il ne vit pas que son pied dépassait maintenant de sa cachette.

Ce qui devait arriver, arriva : son colocataire bondit sur l’occasion, et l’extirpa avec fougue de sa planque boisée. Warren hurla. Mais Liam fut impitoyable et le traîna dehors avant même qu’il ait pu s’habiller. Tout ce qu’il put attraper fut son écharpe sur le portemanteau, avant que le blond ne claque la porte de leur dortoir et ne s’enfonce dans la nuit. Et les voilà maintenant dans les Ruines. Dans le noir. Dans la fraîcheur nocturne. Exposés comme des Dindes un soir de Thanksgiving.

L’adolescent aux cheveux bleus resserra son écharpe marron autour de son cou, et y enfouit le bout de son nez. Oh, bien sûr, il avait voulu lutter contre cet enlèvement. Avec la force d’une mouche asthmatique. Mais avec conviction. Enfin. Il avait essayé, du moins. Mais c’était Liam. Il n’avait pas pu tenir longtemps – ou n’avait pas voulu ? –, et s’était rendu, attendant seulement que son camarade le pose à terre. Ce qui avait été fait dès la frontière des ruines passée. Le délégué avait apprécié que ses petons retrouvent la terre ferme. Moins, que ses chaussettes ne s’enfoncent dans la terre meuble et légèrement humide. Ou de se retrouver soudainement dans l’antre de son pire (ou plutôt actuel) cauchemar. En pleine nuit. Seulement vêtu d’un pyjama bleu à motif de moutons blancs, et armé de... rien du tout. Même pas son polochon. Oh, comme il aurait voulu pouvoir l’emporter ! Ou pouvoir mettre ses chaussures. On ne réalisait pas à quel point porter des chaussures pouvait être réconfortant. Non, vraiment, on ne se rendait pas compte de leur importance. Warren le réalisait pleinement à présent et...

Un bruit. Sur la droite. Une branche qui craque. Des feuilles qui bougent, puis qui s’écartent. Pour laisser place à un terrifiant monstre aux cheveux rouges, tout droit sorti des profondeurs de l’Enfer (d’un buisson, en réalité).

▬ Hiiiiiiih !

Fut la réaction de Warren qui bondit en arrière, et qui s’agrippa de toutes ses forces au bras de Liam.

Pitié, faites que ce monstre – qui au passage, avait étrangement forme humaine – soit en réalité végétarien.

Spoiler:

C'est l'histoire d'une rousse, d'un blond et d'un bleu en pyjama-mouton...

La Sorcière du Pensionnat. Faut croire que Shu avait bien fait son boulot. Aslinn ne pouvait plus faire un pas sans en entendre parler.

« Hey tu sais quoi ? Paraît que la sorcière arrive aujourd'hui ! »

« On m'a dit qu'elle allait dans les ruines... Peut-être qu'elle fera disparaître ces imbéciles de E ! »

« J'espère qu'elle est blonde et avec des yeux verts et si possible un accent anglais et et des doigts très fins et... Dis, mon haleine est fraîche ? »

Et ainsi de suite... Autant vous dire qu'Aslinn, bien que ne supportant absolument pas tous ces ragots inutiles et complètement irréels, se faisait une joie de partir à sa recherche. C'est vrai quoi, une sorcière, rien de mieux pour mettre un peu d'animation dans ce pensionnat !

C'est donc avec beaucoup d'impatience qu'elle attendit la fin des cours et l'arrivée du soir. Pour tout dire, en cours, il lui arrivait même de finir les phrases du prof avant même qu'il ne les termine. Sauf que les cours - particulièrement d'histoire -, ce n'était pas vraiment son truc. Alors, ça donnait ça :

« -Le roi Louis XIV est un des rois les plus connus de l'histoire de...

-...de POLOGNE, on est déjà au courant merci ! Et son vrai nom était Solène, d'où son surnom de roi Solène ! Bon, le cours est terminé j'imagine, alors adios amigas~ »

Oui, l'espagnol non plus ne faisait pas parti de ses matières de prédilection. En fait, elle n'en avait aucune. Et elle finit avec une heure de colle. Voilà un peu son état, pour vous donner une idée. Quand l'heure arriva de partir à la chasse à la sorcière, elle avait déjà un plan en tête. Enfin, un plan... Une idée de compagnons plutôt. Tout aventurier se doit d'être accompagné par un ou deux personnages secondaires, pour le côté comique, héroïque (vu que le personnage principal sauve toujours ses acolytes d'une mort certaine une fois ou deux) et aussi pour sa sécurité. C'est vrai quoi, ce sont les figurants qui meurent, pas le héros.

C'est pour cela qu'elle courut vers une cabane proche de la sienne. Elle entra, ouvrant la porte d'un grand coup sec sans même prendre la peine de toquer.

« LIAM ! »

Personne. Pas même un colocataire qui aurait pu tout aussi bien faire l'affaire pour une petite escapade dans les ruines. Aslinn pesta. Il devait bien y avoir quelqu'un, la porte n'était pas fermée à clé ! Elle inspecta le dortoir, (enfin, remarquez qu'on en a vite fait le tour) et dut se rendre à l'évidence : personne. Ils avaient juste oublié de fermer cette satanée porte. Elle réfléchit un instant, puis, résignée, décida d'aller aux ruines toute seule. Peut-être que Liam y était déjà ? Elle courut donc en direction du lieu qui était censé abriter la fameuse sorcière. Sans refermer la porte derrière elle, bien entendu. Faut pas trop lui demander, hein, déjà qu'elle n'avait pas fouillé les affaires de la cabane même si elle en mourrait d'envie... C'est vrai quoi, peut-être y avait-il des trucs d'intéressants.

Elle courait dans la forêt, sans vraiment penser à où elle devait aller, quand, droit devant elle, elle aperçut une silhouette humaine. Ah, deux. Elle s'approcha, pas vraiment discrètement, et, dès qu'elle reconnut la personne qu'elle cherchait auparavant, s'écria :

« LIAM ! CAP OU PAS CAP D'ALLER CHERCHER CETTE FOUTUE SORCIÈRE ? »

Enfin, elle connaissait déjà la réponse.

[HRP: Zyva comment tu t'rebelles trop toi attends j'vais t'frapper ça t'remettra les idées en place... /AVION/ Non je rigole aucun souci :3]

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Décidément il adorait ça, marchait dans l'obscurité le vide et l'inconnu. Parfois il aurait aimé être Idiana Boyles au lieu de superman. Comme ça il arpenterai le monde à la recherche de trésors enfouis, se ferait poursuivre par des nazi mais gagnerait toujours parce que le héros, ce serait lui, le tout avec la blonde sexy en bonus. Et il serait riche et cultivé et tout le monde clamerait son nom, il y aurait des grandes étiquettes TROUVE PAR LIAM CHRIST BOYLES sur ses trouvailles au musée et ça, ce serait vraiment la classe. Ce serait genre, écrit pour toute la vie, même après. Il serait une légende. Parce que l’éphémère ça craint. Le vrai pouvoir, c'est l'histoire. Mais être super-héros ça lui plaisait aussi, il faudrait juste s'arranger pour qu'il ai une statue à son effigie a Manhattan. Mais tout ça c'est loin. Tout ça c'est plus tard. Et actuellement la seule chose à laquelle il aurait du réfléchir, plutôt que de se faire une dissertation (pourrie) mentale sur des choix de carrière improbable, était de noter le chemin qu'il avait emprunté. Histoire de ne pas se perdre au retour. Au pire lui, il s'en moquait, mais Warren allait chopper un rhume si'l restait trop longtemps dehors, et il se sentirait coupable. Enfin, un petit peu.

Une ombre surgit d'un buisson. Zomg un loup-garou. Un suppôt de la sorcière. Ou un truc du genre. On était dans des ruines à la recherche d'une magicienne maléfique qui porte chance (cherchez l'erreur), il y avait forcément des créatures de ce genre. C'était genre. Trop bien. L'adrénaline lui monta, quoi de mieux pour sauver une journée qu'une bataille contre des démons? La légende de super-Liam commence maintenant. Il voulut lever le bras pour attaquer mais un poids s’agrippa a lui et le retint.

LIAM ! CAP OU PAS CAP D'ALLER CHERCHER CETTE FOUTUE SORCIÈRE ?

Attendez attendez. Cap ou pas cap? Liam fit la moue et grommela, déçu, comprenant que le monstre en était bien un, mais pas celui qu'il attendait.

-Ah. Ce n'est que toi.

Il soupira, évidemment qu'il allait la chercher sa sorcière. Sinon pourquoi il serait là. Néanmoins, faute d'avoir un ennemi à combattre il était content d'acquérir un nouvel allié. Maintenant leur petit groupe ressemblait à une équipe dans les jeux vidéos d'Heather. Le héros, américain, blond, fort, beau, bref parfait. Le gros bourrin barbare qui mange plus qu'une vache affamée, et la princesse boulet qui passe son temps a flipper. Il manquait plus qu'une super arme légendaire et il allaient pouvoir tuer le boss.

-Hé hé hé, c'est même plus un challenge pour moi. Surtout que j'ai l'arme de destruction massive humaine avec moi.

Il décrocha la glue de son bras, prit Warren par les deux épaules et le poussa vers la rousse. Ce serait toujours plus amusant si Aslinn pensait que Warren n'était pas une princesse mais un super sorcier destructeur.

-Aslinn, je te présente Warren.

Invité**Invité**

▬ W-w-wa-war... Warren ! finit par réussir à balbutier l’adolescent, les yeux écarquillés, collé au maximum contre son colocataire (même si ce dernier le poussait en avant).

Et voilà, sous le coup du stress, Warren était passé en mode Pokemon. Incapable de produire autre chose que de petits couinements, ou son propre nom. Ce qui était d’ailleurs inutile, vu que Liam l’avait présenté juste avant. Puis c’était pas très poli, aussi. Normalement, il fallait dire enchanté, ou au moins bonjour, quand on rencontrait une nouvelle personne. Bien qu’Aslinn ne soit pas tout à fait nouvelle à ses yeux. Il l’avait déjà vue plusieurs fois en compagnie de son camarade blond. Puis l’avait de nouveau croisée, il n’y pas si longtemps, en salle commune, avant de fuir très loin de la fille tueuse de télévision. Mais en tout cas, malgré cette dernière rencontre en coup de vent et ses observations lointaines et brèves, il connaissait au moins son nom. Et venait de se montrer très grossier, alors qu'il lui faisait enfin face convenablement. Hélas - ou heureusement -, ses neurones ne s’en rendaient pas compte. Bien trop bloqués sur la peur que leur possesseur ressentait en ce moment. Ou qu’il avait ressenti il y a quelques secondes, plutôt, quand la jeune rousse avait jailli du buisson. La peur de sa vie. Vraiment. Ou plutôt de la semaine, soyons généreux.

But, là, tout de suite, ça semblait réellement être la pire peur du monde. Quoique. Il sentait quelque chose ramper sur ses chaussettes, il y avait une pleine lune dans le ciel, et les branches d’un arbre pas loin avaient l’air de bouger. La main sur son cœur et plus angoissé que jamais, Warren fit quelques pas sur le côté, se détachant enfin de son rempart blond. Néanmoins, ce mouvement courageux ne dura pas, ou fut amoindri, vu qu’il resta obstinément dans l’alentour (très) proche du dit blond. Au moins, il n’était pas dans son dos, et ne lacérait plus son bras. On progressait. Une brise sifflante traversa alors les vestiges de la rue dans laquelle ils se trouvaient, et le délégué, en réponse, tremblota sur place. Faut dire que le vent avait fait un bruit horrible en se faufilant entre les ruines des vieilles bâtisses.

Et qu’il faisait un peu beaucoup froid. Et qu’il était en pyjamas. Et qu’il se retenait de se planquer derrière Liam ou de s’accrocher à son bras, et que donc, il n’avait aucune protection face au danger ambiant. Car tous les terminaux d’alertes de Warren étaient grands ouverts, et le volume de leurs alarmes poussé à fond. Quelque chose surgirait d’entre les ténèbres ce soir, c’était une certitude. Glups. Avec l’expression et l’attitude d’un condamné allant à l’échafaud, le délégué fit l’incroyable geste, que dis-je, l’initiative, de faire un pas en avant.

▬ Je. Heu. On y va ? murmura-t-il timidement, sans même se retourner, bien plus préoccupé par ce qui était devant lui, que par ce qui était derrière lui.

Il s’excuserait plus tard. Là, son regard ne devait pas quitter cet inquiétant chemin, mi-terre mi-reliques d’un temps perdu, dalles incertaines et craquelées qui l’auraient certainement fait trébucher tout le temps, s’il n’était pas juste en chaussettes. Déglutissant mais décidé, Warren fit un nouveau pas. Puis un autre, et encore un autre, ouvrant la marche. Complètement sourd au monde extérieur. Enfin. Jusqu’à qu’un lapin jaillisse d’un fourré et qu’il hurle devant cette terrifiante apparition, fasse un bond de côté pour la fuir, et traverse le mur qu’il longeait un peu plus tôt. Pour se retrouver ensuite, seul, au milieu de l’obscurité et de la poussière, et avec surtout, une cuisante douleur au postérieur. Parce que oui, il avait fallu qu’il atterrisse sur les reins, et que la douleur irradie tout son arrière-train. Le délégué poussa un profond gémissement. Les choses pouvaient-elles vraiment empirer plus que ça ?

« Oui », lui souffla alors, impitoyable, son instinct.

Spoiler:

« Ah. Ce n'est que toi. »

Que ? Comment ça que ? Ce n'est pas comme si Aslinn était un truc sans importance ! Bon, c'est vrai qu'il y a des choses plus intéressantes qu'elle, comme les mikados ou cette fichue sorcière. Mais quand même. C'était vexant, surtout de la part d'un type comme Liam. En fait, de la part d'un type tout court. Bref.

Et Liam lui parla d'un truc bizarre. Une arme de destruction massive ? Où ça ? Aslinn ne voyait qu'un pauvre type aux cheveux bleus en pyjama. Qu'elle connaissait déjà, d'ailleurs. De vue, du moins. Et on peut dire que leur semi-rencontre n'avait pas été très glorieuse. Mais peut-être qu'il cachait tout simplement son jeu ? Peut-être maîtrisait-il en fait parfaitement son pouvoir ? Peut-être pourrait-il trouver la sorcière en moins de trois secondes grâce à son pouvoir super-puissant ? (même s'il faudra m'expliquer comment un don de passe-muraille peut aider à trouver quelque chose)

Sauf que. La rousse se mit à douter dès que l'autre ouvrit la bouche. Quelle arme de destruction massive balbutierait pitoyablement son nom de cette manière ? Alors d'accord, Aslinn peut faire peur des fois. Surtout quand elle a faim. Mais quand même ! Elle n'était pas si imposante que ça.

Le truc dénommé "arme de destruction massive" se décida enfin à lâcher Liam. Il ressemblait plus à une princesse en détresse qu'autre chose. Il fit quelques pas hésitants et bredouilla :

« Je. Heu. On y va ? »

Bah un peu oui. Ils allaient pas rester vingt ans plantés là non plus. La princesse bleue -la princesse des schtroumpfs sûrement- n'avait vraiment pas l'air rassurée. Et, tout d'un coup, un lapin surgit des fourrés. La catastrophe. L'autre, de surprise -ou avait-il peur de simples lapins ?- était tombé à la renverse. Aslinn ne peut s'empêcher de chuchoter à Liam :

« Ce... C'est vraiment lui, ton arme de destruction massive ? »

Puis elle s'approcha de Warren, dans le but de voir s'il était entier. Parce que quand même, le blond ne devait pas l'avoir amené juste pour la décoration ! Peut-être jouait-il la comédie ? Ça paraissait vraiment improbable. Il devait avoir pris des cours de théâtre. Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever.

« Encore entier ? Bon. On y va oui ou no- »

Et là, elle s'aperçut d'une chose. Warren. Son pyjama. Les motifs. Des moutons. Aaaargh.

Son visage se tordit en une expression d'horreur. Mais vraiment d'horreur hein. Comme si elle se retrouvait soudainement devant une armée de démons assoiffés de sang prête à envahir le monde. Sauf que là, elle était juste devant un garçon en pyjama bleu avec des motifs de mouton. Elle retira d'un geste brusque sa main, et, fixant Warren, recula vivement. Recula. Recula. Et recula. Jusqu'à percuter un arbre. Elle pointa l'objet maléfique du doigt et balbutia :

« Moumoumou mou-AAAAAAAAAAARGH »

Et se cacha la tête entre les mains.

Décidément, ce délégué cachait vraiment bien son jeu. Il avait découvert son point faible avant même de la connaître.

Les moutons, son pire cauchemar.

Invité**Invité**

[première apparition de Loïïïïïïs]

Rien n'avait vraiment changé ici. Lorsqu'elle était arrivée sur l'île, après avoir pris ce moyen de transport inconfortable appelé "train" elle avait été effrayée par le monde, les boutiques, la modernité du lieu. Comme les rues désertes lui manquait ! Comme le souvenir la brume qui entourait jadis l'île la rendait nostalgique. Combien d'années étaient passés ? Elle ne les comptait plus. Elle se contentait de ruminer de ville en ville dans ses longs habits noirs, son chapeau sur la tête, attirants l'oeil curieux des gens nocturnes, s'attendant a quelque fête déguisée, quelque spectacle amusant. Hélas elle était une personne bien ennuyeuse, son expression était neutre depuis des années, même petite son frère lui reprochait son manque d'expressivité.

Les ruines avaient ce quelque chose de magique la nuit, elles étaient si riches en histoire, une histoire qu'elle-même n'avait pas connue. Mais le lieu semblait agité. Elle croisait sans cesse des groupuscules d'élèves, et s'acharnait à les éviter en sillonnant entre les pierres. Elle étendu un cri. Quelqu'un semblait avoir aperçu un moumouargh, une créature probablement terrifiante qu'elle ne connaissait pas. Elle s'approcha de l'arbre où la jeune fille était, ses compagnons de route la regardant d'un air perplexe. L'envie était trop forte.

Elle fit dépasser lentement ses deux bras des côtés opposés de l'arbre, puis plaquant ses doigts froids sur la bouche de la rouquine, elle susurra à son oreille:

- Meurs.

Et s'échappa dans l'obscurité.

Le membre 'Loïs Prismver' a effectué l'action suivante : EVENT.

'Objet de la sorciere' :
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Résultat :
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VSHFDKGLDHSJDFL, en gros.

Liam soupira. En trente secondes Warren avait complètement ruiné son mensonge. Pourquoi il criait son nom comme un crétin ? Il pensait faire comme dans yu-gi-yoh et se retrouver 10 centimètres plus grand, les sourcils froncés, la voix plus grave et une attitude super confiante ? Peu probable que ça arrive en vrai, en tout cas. Quoique il avait jamais essayé. Il le nota dans sa -longue- liste des choses à faire de sa tête quand, ô créature maléfique, un lapin surgit d'un fourré, et ô vaillance et courage, son délégué frissonna sauta tomba. Il se retint de ne pas facepalmer.

« Ce... C'est vraiment lui, ton arme de destruction massive ?

Non. Bien sûr que non.Les armes de destruction massives n'ont pas peur des lapins. Des sorcières ok, de l'obscurité ok, mais pas d'un putain de lapin de merde.

- Il est pas très en forme

C'était vaguement pourri comme excuse mais c'était le mieux qu'il pouvait faire. Il regarda Aslinn venir en aide à son ami et en profita pour regarder l'heure sur son portable. Le couvre-feu était largement passé. Et si Kerstin rôdait dans les bois ? Vu tout le bruit qu'ils faisait ils se feraient vite repérer et ils auraient bien le droit à cinq jour de travaux forcés. Ou bien faire un massage de pied au directeur. Ou décrotter les griffes de Tartiflette. Argh et si Tartiflette rôdait en ce moment ? Si il y avait bien une chose qui faisait peur à Liam c'était le Tartiflosaure. Rester au même endroit n'était pas prudent. Il s'apprêtait à suggérer de continuer leur route quand la rouquine commença à reculer, loin et crier moumoumoumouargh. Mou ? Il regarda successivement Warren puis Aslinn. Mouchoir ? Moutarde ? Mou.. Mou.. Moustique ? Non si c'était un moustique sa super arme de destruction qui n'en est pas une serait sûrement recroquevillé en pleurant, ou en train de lui couper la circulation sanguine au niveau du bras. Mouton ? Naan. Lilinn se moquerait de Warren qui a peur des lapin et elle aurait peur des moutons ? Impossible. Franchement n'importe quoi. Aucune chance. Il s'en voulu d'y avoir pensé. C'était pas sympa pour sa pote. Les moutons quand même. Pff. Il n'eût même pas le temps de demander pourquoi elle criait comme un tapette un mot indéfinissable qu'une autre personne intervint. Impossible de vraiment la distinguer dans l'obscurité elle surgit de derrière un arbre, ombre menaçante et grand chapeau noir, cheveux qui flottent et juste un mot avant de disparaître. Meurs. C'est mauvais ça, non ?

Il y eut un blanc, qui dura environs dix secondes, le blanc du il-vient-de-se-passer-quoi-là-au-fait. Qu'est-ce-que vous voulez, nos trois héros (kof kof) sont loin d'être des lumières. Et puis Liam se mit à sourire niaisement, à prendre Warren par les épaules et montrer du doigt de toutes les manières possibles sa tête puis l'endroit où était arrivée la soi-disante sorcière, en passant les bras au-dessus de la tête, en les croisant, avec un seul puis, deux, excité comme un gosse qui a reçu une DS le jour de noël. Puis il se leva, passa en mode strip-tease de la joie et enleva sa veste, la tenant comme un étendard de la victoire, et se mit à courir comme un trisomique vers ladite direction, en poussant un tas de cri qui ne veulent absolument rien dire et qui ont si peu d’intérêt qu'on ne les écrira pas en couleur avec un tiret devant. Le problème c'est qu'on y voyait vraiment pas grand chose, qu'il courrait trop vite pour son cerveau et que les lunettes de soleil n'arrangeaient rien. Alors il fonça dans un rocher, dans un mur, dans un autre rocher et dans un arbre, sans trop savoir où il allait, sans s'arrêter, jusqu'à ce qu'il y voie encore moins bien et qu'il se rende compte qu'il était en train de saigner du front à force de se cogner, et que ça dégoulinait jusqu'au menton. Zut il allait salir ses lunettes. Il les rangea et, ayant alors une meilleure vision, aperçut un merveilleux tronc d'arbre creux, gisant sur le sol, tronc d'arbre qui ne demandait qu'à être visité par un grand blond un peu débile. Et d'un coup rentrer dans ce tronc devint un devoir capital, retrouver la sorcière n'était plus qu'une tâche insignifiante, d'ailleurs, il l'avait déjà oubliée. L'euphorie du moment sûrement.

Il rentra la tête, plus difficilement les épaules, réussit à se glisser jusqu'à apercevoir la sortie de l'autre bout du tunnel, et sortit sa tignasse blonde, puis tout son visage. Puis les ép... Euh. Les ép... Non toujours pas. Je disais donc il sortit les épaules et non il y arrive pas il est coincé ce con. Allez un petit effort Liam, un bras, deux bras. Oui voilà c'est bien. Aller le torse, t'es en train de tuer ta chemise mais c'est pas grave, c'est mieux que de rester dans un tronc. Torse ok. Maintenant il était à peine enfoui dans le tronc jusqu'au nombril. Il continua a forcer le passage jusqu'aux hanches. Mais celles-ci refusèrent catégoriquement de sortir, malgré tous ses efforts.

-noooooooooon

Oui tu peux le dire crétin. Il n'avait pus qu'une solution, retourner quelques mètres en arrière et demander à ses compagnons de l'aider à se tirer de là. Bonjour je m'appelle Liam je suis coincé dans un tronc trololol. Bonjour la honte. Heureusement qu'il était habitué à se taper l'affiche. Alors il rampa. Littéralement. Imaginez un gros ver, humain jusqu'au postérieur, arbre du reste, avancer par des soulèvement de bassin. Ridicule. Et épuisant. Alors il roula. Après quelques tours il arriva enfin à ses camarades. Droit comme un piquet, l'expression du regard figée, coincée entre l'excitation et la désespérance, la tête pleine de sang...

... You're next.

Spoiler:

Invité**Invité**

Vous voyez la jolie fille un peu cruche mais bien foutue des films d’horreur ? Qui entend un bruit louche à sa cave et qui s’y précipite avec joie en très petite tenue ? Alors que, normalement, toute personne sensée aurait appelé la police, ou au moins, chopé une batte de baseball ? Puis, qui une fois en bas, se dit « oups », c’était pas une bonne idée en fait, mais qui a pas le temps de faire demi-tour que le psychopathe ou l’alien ou le monstre la zigouille, ou la bouffe toute crue ? Ben, là, tout de suite, Warren se sentait très en communion avec elle. Seul et coincé dans la cave, heu, la forêt, enfin les ruines, sans armes, et avec comme protection qu’une fine couche de tissu. Plus une écharpe en laine. Il ne manquait plus que le...

« Meurs. »

Oh mon dieu. Oh mon dieu. Oh mon dieu.

Des bras pâles, fantomatiques, avaient jailli de derrière un arbre pour emprisonner Aslinn. Gentille, adorable Aslinn, qui avait voulu l’aider un peu plus tôt. Puis qui avait soudainement pris peur. Warren ne savait pas pourquoi, mais il compatissait. Oh oui, il compatissait. Comment ne pas avoir peur, ici, au milieu de la nuit, du froid, et sous cette inquiétante pleine lune ? Comme le délégué se sentait plus proche de l’adolescente, soudainement ! Comme il avait eu envie de se rapprocher d’elle et de lui proposer de se cacher dans un coin et de laisser Liam chercher la sorcière. Comme il restait maintenant figé avec horreur et regardait l’arbre comme s’il allait les charger puis les avaler tout rond. Comme il avait la trouille, là, tout de suite. Comme il se sentait sur le point de s’évan... Wait. C’était déjà fait.

Liam l’avait pris par les épaules, lui montrant plusieurs endroits avec excitation, avant de se dénuder comme un guerrier barbare et de partir conquérir d’autres terres. Il l’avait regardé faire, sans vraiment voir ce qu’il montrait ou ce qu’il faisait, puis était resté planté là. Encore. Et finalement, entendant le hululement de chouette de trop, avait cédé. Boum, son corps avait chuté, et le côté de son visage s’était enfoncé dans une terre humide et froide. Mais il n’avait rien senti. Juste un agréable néant. Qui venait de se briser. Parce qu’une chose râpeuse et gluante s’était introduite dans son oreille.

▬ Hiiiiiiiih ! fut le cri strident que poussa le délégué en se réveillant et roulant avec frénésie loin du lieu de l’attaque.

Les yeux comme deux billes, il fixait désormais l’ignoble monstre responsable. Herb. Son lézard. Qui le regardait actuellement d’un air blasé. Si un lézard pouvait avoir l’air blasé ? Certainement. Ou en tout cas, Herb en était très proche, et faisait très bien ressentir ce qu’il pensait. Et, oh, il avait quelque chose dans la bouche. Un gant ? Un gant noir ? Un peu embrouillé, Warren rampa jusqu’à lui et ramassa le fin accessoire. Le tissu était doux, et plein de dentelles. C’était agréable. Il s’assit en repliant ses jambes et le posa sur ses genoux. Il resta ainsi une poignée de temps. Combien, il ne savait pas. Comme il ne savait pas si son évanouissement avait duré longtemps. Mais Aslinn était là. Et Liam venait de revenir. Pas longtemps, donc... ? Warren cligna soudainement des yeux. Liam. Tronc d’arbre. OH MON DIEU. LIAM SE FAISAIT MANGER PAR UN TRONC D’ARBRE !

▬ Hiiiiiiiih ! Liam tu te fais manger par un tronc d’arbre !

Y a pas dire, en tant que compagnon d’épique quête, Warren faisait preuve d’une redoutable efficacité. Herb sembla facepalmer dans son coin, avant d’aller trottiner vers Aslinn puis de grimper sur sa tête. Il colora son corps en rouge et se nicha avec satisfaction entre les mèches rebelles. Visiblement, cette flamboyante chevelure lui plaisait beaucoup. Et pendant ce temps, son maître paniquait. Il s’était relevé, et courait en rond. Le gant toujours entre les mains. Jusqu’à qu’il réalise que les deux bras fantomatiques de tout à l’heure possédaient les mêmes. Là, il hurla (encore), et au bord de l’apoplexie, envoya le gant dans les airs comme s’il était en feu. Le gant atterrit sur la tête d’Aslinn. Et donc sur Herb. Qui grogna avant de se secouer pour faire tomber l’impudent. Puis d’aller donner un coup de boule à son propriétaire aux cheveux bleus. Parce qu’il était grognon le caméléon. Et qu’il aurait bien voulu dormir. Et que la tronche du blond, là, lui revenait pas. Ou alors c’était ses cheveux. Quoi qu’il en soit, ce type ne lui revenait pas.

Alors, il alla foutre un coup de langue dans l'oreille de Liam. Et satisfait, repartit se recoucher sur la tête d’Aslinn, indifférent au chaos ambiant, laissant tomber de son petit sac à dos une note indiquant qu’un trop gros nombre de E se trouvaient actuellement dans les ruines, et que c’était pas bon signe. Mais après tout, son « maître » n’avait pas l’air de pouvoir s’en préoccuper, trop occupé à paniquer et à courir en rond autour de son colocataire, comme s’il voulait invoquer la pluie.

Manquerait plus que ça, tiens.

Imaginez. Vous êtes dans une forêt, au milieu de nulle part. Cette forêt, vous ne pouvez en sortir. Ne me demandez pas pourquoi, j'en sais rien ! Cette forêt, vous y vivez. Vous voyez la cabane, là, au milieu de la clairière ? Oui, le truc un peu en ruine, avec des trous dans le toit. Bah ça, c'est votre maison. Tout autour, des arbres. Un pas, un arbre. Un autre pas, un autre arbre. Partout. Maintenant, remplacez les arbres par des moutons, la cabane par une ferme, pas spécialement en meilleur état. Voilà, vous vivez en direct l'enfance d'Aslinn. Des moutons, des moutons, des moutons. Oh, une plaine. Et des moutons, des moutons, et des moutons. Même dans les grandes villes, y'en avait encore. Oui oui, je vous jure. Surtout dans les boutiques souvenirs. Et à Noël. Ah, Noël d'il y a six ans. Le merveilleux cadeau qu'elle avait eu. Un rubik's cube. Avec des moutons. Et son frère, tout fier, convaincu que ça lui plairait. Il avait vite déchanté.

Enfin bref. Les moutons, elle n'en pouvait plus.

Et c'est dans cet état de choc que la sorcière décida de faire son apparition. Bon, les bras de la sorcière. Ou même rien du tout pour Aslinn, car elle ne vit rien. Elle sentit juste le désagréable contact des doigts de Loïs sur sa bouche. L'ajout de "Meurs" ne fit qu'accentuer sa panique. Elle était figée, n'osait plus bouger. En fait, elle n'y pensait même pas. On aurait dit une sculpture, tellement qu'elle était immobile. Même la sorcière partie, elle n'arrivait même pas à cligner des yeux. Moutons, sorcière, moutons, meurs. C'était trop pour son pauvre cerveau.

Heureusement (?), notre très cher Liam (?), débordant d'intelligence (?), la tira de sa léthargie. Faut dire qu'avec le raffut qu'il faisait, c'était difficile de ne pas y faire attention, même si la rousse était habituée aux bizarreries de son camarade. Mais bon, là, c'est vrai que c'était assez spécial tout de même. Sérieusement, enlever sa chemise, courir partout comme sa petite soeur le jour de la tonte des ~~Moumouargh~~ moutons (elle aime beaucoup y participer), et enfin se euh coincer dans un tronc d'arbre, c'était vraiment nécessaire ?

Aslinn reprit donc ses esprits. Enfin, plus ou moins. Et tout de suite, elle eut honte. C'est vrai quoi, elle, avoir peur de simples moutons ? Non, même pas. De dessins de moutons ? Warren. Ce type est diabolique.

D'ailleurs, tandis que Liam faisait mumuse avec son tronc d'arbre, le délégué aussi semblait redevenir plus ou moins fonctionnel. Son lézard, enfin sûrement, apparu de nulle part, et, après que mouton-man se soit saisi de l'objet qu'il tenait, se dirigea vers elle. Monta sur sa tête. Et se coucha dans ses cheveux.

« ... »

Quelle chance pour lui, elle était encore trop sous le choc pour réagir. En temps normal, l'imprudent lézard aurait déjà finit dans la mer (elle est très douée en matière de lancer de reptile), à glouglouter avec les poissons. Les poissons font pas glouglou ? Tant pis.

Oh, un gant. Il pleut des gants, maintenant. Génial. Oh, le lézard revient à la charge. Oh, un mot. Cool, d'autres E sont partis à la chasse à la sorcière. Ou autre chose. Mais quel intérêt ? Oh, voilà justement Warren qui court comme un dératé autour de Liam, coincé dans son tronc d'arbre.

Et là, elle remonta à la surface. Totalement. Cette situation était juste ridicule. Aucun héros digne de ce nom ne finirait dans cet état-là ! Avec un homme-tronc et un invocateur de gant, en plus. Elle explosa.

« ÇA SUFFIT ! »

Elle se leva d'un bond, ignorant le lézard toujours sur sa tête, et se dirigea vivement vers ses compagnons.

« C'EST QUOI CE BORDEL LA ? ON SE CROIRAIT DANS UNE CRÈCHE ! »

Elle attrapa Warren par le col pour le planter à côté de Liam. On aurait dit une maîtresse qui grondait les enfants dont elle avait la charge. En beaucoup plus violent.

« TOI ARRÊTE DE GIGOTER ! ET TOI, SORS DE CE TRONC TOUT DE SUITE ! »

Enfin, bien sûr, elle avait oublié un détail. Il n'y arrivait juste pas.

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