Party Hard. [PV Jennifer]

Journée ennuyeuse, comme d'habitude. D'ordinaire, je ne suis pas à me plaindre des moments passés ici, mais cette fois, j'avais une bonne raison de le faire. Cette journée avait été réellement ennuyeuse, peut-être parce que je venais de m'y réveiller, à treize heures de l'après-midi. La raison était simple, une nuit passée à geeker ne peut vous apporter qu'un réveil tardif et une fatigue sans bornes, quoique vu l'heure où je m'étais couché, j'aurai tapé dans le dix-huit heures au niveau du réveil si je n'avais pas l'habitude.
Cette sensation aurait pu être agréable si l'odeur de la chambre ne me piquait pas le nez. Ok, je suis sûr que Liam a encore balancé ses chaussettes par terre sans les ranger. Je soupire et me redresse avec difficultés, encore un peu embrouillé par ce réveil forcé, le regard flou, le cerveau sans doute toujours dans une phase endormie. Je me grattais la tête tout en baillant, réfléchissant à ce que je devais faire, sachant pertinemment au fond que la douche m'attendait. Encore un peu légumisé, je me grattais à nouveau la tête avant de percuter que ça avait été déjà fait. D'accord, ça commençait bien : direction la douche. Un bon passage sous l'eau froide me revigorait, mais le cri de guerre que je poussais en entrant en contact avec l'eau me poussait à la chauffer un peu, finalement. Ne plus jamais avoir des idées pareilles, un réveil normal, c'est très bien.

Je sortis de la douche et me revêtis d'une simple chemise blanche et d'un short noir, histoire de jouer dans le simpliste. J'avais eu la bonne idée d'ouvrir les fenêtres pendant la douche si bien que, lorsque je sortis de la salle de bain, la chambre était de nouveau emplie d'une bonne odeur. Parfait, c'était très bien ainsi. Je soupirais et descendis rapidement pour aller manger un morceau, ayant loupé deux repas de la journée. Je parvins à dégoter quelques plats chez Lana - qu'est-ce que je l'aime des fois - et remontais dans ma chambre après une soixante-neufaine de remerciements.
La journée s'annonçait peut-être bien, finalement, ou devrais-je dire productive - au niveau des consoles, j'ai envie de dire. Certes, c'est l'été, il fait beau, c'est le temps parfait pour sortir et faire du sport... mais moi non. Tout le monde est dehors, c'est donc l'instant parfait pour jouer en paix ! Peu orthodoxe, je vous l'accorde, mais on est tranquille dans ce genre de situations. Personne pour vous empêcher de conduire Link à botter les fesses des boss et de sauver sa bien aimée. J'attrapais ma PSP sous mon coussin et souris d'un air satisfait. Je n'aimais pas vraiment y jouer quand les autres étaient là, me contentant de m'amuser sous ma couette quand les gens dormaient - même si je me doutais qu'ils avaient déjà compris ce que j'y faisais depuis un moment. Non pas de fapfap. *sort* Je regardais le jeu Zelda s'allumer en souriant, me disant que c'était mieux au fond, d'y jouer en secret.

Après tout, jouer à la PSP à 17 ans, la honte.

Ah oui, vraiment, quelle magnifique journée : commencer par passer de longues heures sur la console, quoi de mieux pour se forger l'esprit ? C'est vrai, quel intérêt à sortir par un temps si beau lorsqu'on peut rester sur sa PSP à jouer à Zelda ? Plus aucune logique dans ce pensionnat. La vérité c'est que même si j'étais persuadé de n'avoir rien à faire à l'extérieur, je me sentais un peu bête ici-bas. Seul à ne rien faire, je devais avoir l'air totalement stupide. Pourquoi fallait-il aller dans un pensionnat de toute façon ? N'y avait-il pas quelque part un marchand de glace qui se baladait pour en donner gratuitement avec deux places offertes pour un Aqualand fraîchement construit sur cette île paumée ? C'était sûrement un rêve, un simple fantasme qui le resterait à jamais. Je soupirais doucement, me redressant pour regarder ma console d'un peu plus loin, me demandant si ce jeu ne commençait pas à me prendre les nerfs.

Je me levais, chopais rapidement un médicament pour la tête qui commençait à me faire un peu mal et l'avalais avec un verre d'eau. Heureusement j'avais eu le bon sens de sauvegarder avant et retournais en toute tranquillité près de ma console : cette fois-là, ce boss allait avoir ce qu'il mérite. Je lui collerai une telle branlée qu'il s'en souviendrait dans toutes les autres cartouches. J'allais l'atomiser, sans perdre un seul coeur et sauver cette foutue princesse qui n'a cesse de se faire kidnapper à chaque fois, c'est à s'en demander si elle ne prend pas plaisir à tout ça, enfin sans ça j'aurai pas de jeux auxquels jouer, alors autant défoncer ce boss et réfléchir ensuite.
Tout du moins c'est ce que je croyais, car une demoiselle m'aborda alors que j'allais reprendre. Je crus que j'allais faire un malaise quand je la vis dans l'encadrement de la porte. Cette fille, elle était... en fait là, je pourrais pas trouver un adjectif pour la décrire. Je lâchais ma console tellement j'étais surpris d'une telle venue : une personne pareille à l'entrée de ma chambre alors que je jouais à The Legend of Zelda sur une PSP, affalé sur mon lit même pas fait dans une tenue improvisée après avoir avalé un médoc. Allez trouver plus ridicule que ça. Vraiment, la classe. Je mis quelques secondes à me rappeler de la question qu'elle venait de me poser et visiblement elle aussi vu qu'elle se mordit la lèvre et semblait réfléchir. Elle demandait aux gens s'ils connaissaient une personne sans rien savoir dessus, avec le nombre de tarés dans cet endroit autant chercher un défaut sur mon corps de dieu.

Bon d'accord c'était une comparaison pourrie et absolument pas réaliste donc je tentais de pas bégayer comme un débile devant le sien - non, pas de défaut - et lui répondis en espérant ne pas trop la vexer.

« J'en connais des bruns oui, mais je pense pas pouvoir t'aider sans avoir son nom... »

Keep calm, tout va bien. C'est tellement stressant de parler avec une fille aussi jolie. Ne pas prêter attention à son look, regarder son jeu d'un autre nonchalant et badass parce que c'est tellement classe /SBAFF/. Pitié que quelqu'un me sorte d'une situation aussi embarrassante. Même ce plan semblait déplacé, comment pouvais-je me conduire d'une façon pareille en face d'elle. Je ramassais la console avant de l'éteindre et la posais sur mon bureau avec délicatesse. Que j'aimerais être comme cet abruti de Cale quelques fois, aussi ouvert avec les gens. Non vraiment, la sociabilité c'est pas pour moi.
Enfin bref, maintenant qu'on est dans la merde autant y rester ! Elle n'a pas l'air plus à l'aise que moi, peut-être se sent-elle bête à venir déranger quelqu'un et finalement avoir oublié la personne qu'elle recherche. Je lui jetais un coup d'oeil, pas trop long pour éviter d'être trop mal à l'aise et remarquais le livre de français entre ses mains. Cherchait-elle un camarade pour un devoir de groupe ? Coup de chance, j'étais assez bon en français. Allez, se jeter à l'eau.

« Je... Je suis pas mauvais en français, si jamais tu as besoin de. Enfin si tu as besoin d'aide. »

Oui, un E qui propose son aide pour les devoirs. Bon, c'est vrai que j'étais dans la pire classe possible mais je m'étais endormi aux examens, ça n'avait donc rien à voir avec mon niveau d'études ! Bon d'accord je suis pas du tout crédible, mais j'ai un bon niveau d'orthographe de base et aucune vraie difficulté dans cette matière : pour avoir toujours gardé une bonne moyenne sans bosser, j'étais assez fier de ce talent inné inutile. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle ne me rembarre pas...

Spoiler: