Mouais, mouais. T'as fait exprès d'être là ! | PV Ethan

Elle était en retard-et pas qu’un peu- dans son planning du temps. C’était rare, mais cela lui arrivait de temps à autre et elle détestait cela à un point où elle commençait à stresser dès qu’elle sentait juste un peu de pression se poser sur ses fines épaules. Tennessee détestait devoir remettre à demain ce qu’elle aurait pu faire aujourd’hui, même quand elle n’avait pas le choix. Là, elle n’avait pas le choix, mais elle ne pouvait techniquement pas le faire. Demain, son agenda était encore plus rempli. Devoirs, aider X ou Y à faire telle ou telle chose, nouveau lieu dont elle n’avait jamais entendu parler à visiter… Enfin, vous voyez le genre. Un agenda plein de choses utiles, mais aussi plein de choses totalement inutiles qui pourraient être rayées. Sauf que la blonde ne voulait pas annuler ces choses inutiles. Elle avait promis de le faire, donc elle le ferait. Mythomane, oui, mais elle honorait ses promesses !

Là, elle devait se rendre à l’autre bout de l’école. Elle n’avait rien de bien important à y faire, mais elle s’était promis de s’y rendre une fois où il n’y aurait personne. Les lieux sont toujours différents lorsqu’ils sont vides, même les plus banals. Ils ne dégagent pas la même ambiance que lorsqu’il y a dix milles personnes dedans. Ils ont une double personnalité, les lieux. Une personnalité poétique –lorsqu’ils sont vides- et une autre à la limite anarchique –lorsqu’ils sont plein-. Les diverses âmes errant dans un lieu à l’heure de pointe ne font qu’altérer sa personnalité tout comme une sauce tomate influence le goût du tofu. Aussi, ses explorations étaient source de planification de ses prochaines séances de voyance. Elle regardait s’il était possible d’y tourner avec quelqu’un sans se heurter à un mur (parce qu’il fallait bien des endroits divers. L’extérieur et le jardin intérieur étaient lassant à la longue). L’ambiance du couloir à l’autre bout de l’école à l’étage du rez-de-chaussée lui plaisait bien. C’était un couloir banal, comme n’importe quel couloir, mais il était bien.

Tennessee disait non à la discrimination des couloirs.

Ils avaient le droit d’être aimés aussi. Tss.

C’était la fin des cours et la miss s’était dépêchée de quitter sa classe pour ne pas être prise dans le gros trafic de la dernière heure. Les bouchons de circulation la gênaient et elle détestait avoir à pousser les gens pour passer. La blondinette avait un pas rapide et elle avançait à grandes enjambées. Le trop plein d’âmes en fuite la gênait donc dans ses élans. Quand elle partait dans ce genre «d’exploration », elle aimait être discrète.

Au cas où quelqu’un veuille voler son lieu. On ne peut faire confiance à personne dans ce bas monde !
Le truc, c’est qu’on ne peut pas être vraiment discret quand les chaussures que l’on doit porter avec un uniforme font des claquements trop bruyants lorsqu’ils touchent le sol. C’était énervant et cela faisait en sorte que Tennessee grinça sévèrement des dents, chose qu’elle détestait autant que les ongles grattés contre un tableau. La demoiselle avait le nez dans un cahier, celui où elle notait tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi. Ce petit cahier à fleurs aux couleurs chaudes était LA chose à ne pas toucher s’il venait l’occasion de fouiller dans son sac.
Blondinette avait bel et bien une réputation. Celle de la fille prudente.
…

…

Comment ça « Ahahahaha ! Non. » ? Oui, bon. Tennessee était loin d’être prudente et sa réputation était loin d’être celle-là. Elle avait celle de la fille imprudente à la limite du suicidaire, de la maladroite qui ne regardait jamais où elle allait puisque le reste était mieux que l’environnement qui l’entourait au moment précis où elle passait dans un quelconque couloir. Il y arrivait parfois qu’elle se heurtait à un type qui traînait par là au mauvais moment.

Et… C’est ce qu'il arriva. Elle avait encore le nez plongé dans son cahier, donc elle n’avait pas vu le couloir perpendiculaire qui arrivait rapidement. "BOOM !", qu’on avait pu entendre. Elle et un type inconnu venaient de se rencontrer de près. De trop près. (Une chance que Tennessee n’a pas de permis. Elle aurait perdu tous les points du dossier.). Elle releva son pas si petit nez pour zyeuter avec reproche.

« C’est pas que t’es un peu dans le chemin, mais c’est tout comme. J’suis pressée, pousses-toi.» qu’elle disait en incluant un gonflage de joues non optionnel.

Il ne tombait pas. Oh. Au grand malheur de Tennessee, qui avait bien une petite envie de rire en ce moment. Quand quelqu’un tombait, la blondinette s’imaginait de grandes chutes dramatiques, celles au ralentit à la façon « OMG, OMG JE FAIS UN FILM D’ACTION, IL FAUT DES SCÈNES AU RALENTIIIIT ! ». Les mêmes qui faisaient en sorte que la miss éclatait de rire au milieu du cinéma ou devant la télévision, même si quelque chose d’HYPER dramatique venait de se passer, genre la mort de Super Caleçon. Habitude qui lui valait tous les regards interloqués ou remplis de reproches des spectateurs ou des gens avec qui elle regardait un film. Tennessee aimait les regards, donc dans le fond, ça ne la dérangeait pas. Même qu’elle faisait parfois exprès de crier des choses inutiles genre « OH, LUI IL A UN TRUC COINCÉ ENTRE LE NEZ ET LA JOUE. ». Parce qu’on ne pouvait pas être calme 24h/24h, 7 jours / 7 jours, c’était bien trop compliqué.

« Bah bien-sûr que j’ai les moyens ! »

Tennessee fronça les sourcils, puis le front. Oui, elle sera probablement ridée avant le temps, mais ce n’était actuellement même pas le benjamin de ses soucis. Il y avait bien plus grave dans la vie, genre la mort des fourmis sous les semelles compensées des fashonistas, la mèche qui sortait de nulle part quand elle se réveillait le matin, l’étrange tache d’encre sur le mur de sa classe. Bref, des trucs pas si importants que cela, mais qui démontraient bien que la miss vivait approximativement dans le moment présent et que le future ne l’inquiétait pas plus que cela, maintenant qu’elle avait vu qu’il y avait des gens qui avaient probablement un avenir encore pire que le siens. Ce n’est pas deux ou trois rides à quarante ans qui la tueront. Elle survivra. Revenons à nos moutons, ils commencent à ce sentir seuls ! La demoiselle se demandait si le type disait cela d’une façon sexiste ou bien parce qu’elle avait l’air faible ou un truc du genre. Elle était déterminée à lui démontrer qu’elle n’était pas si faible qu’elle le paraissait ! Peut-être pas physiquement, mais mentalement.

«Hein… !? Mais pour--»

Elle n’avait pas eût le temps de répondre qu’elle était déjà en train de tourner sur elle-même. La blonde aurait voulu s’arrêter immédiatement et sans attendre. Elle n’aimait pas tourner toute seule, elle n’aimait que cela lorsqu’elle était avec quelqu’un et surtout pour pratiquer son don. Tennessee tenta de toutes ses forces –qui pour le moment étaient bien faibles vu sa stupéfaction- de s’arrêter. Du moins, d’ordonner à son corps de s’excuser. Ça marchait autant qu’un pc brisé. Chaque fois qu’elle avait la « chance » de se retrouver face à Ethan, elle lui adressait des regards mauvais accompagnés de sourcils un peu trop froncés.

« Je suis désolée pour mon impolitesse, j’aurais dû me montrer plus polie face à cette personne qui est sortie d’approximativement nulle part à la croisées des chemins et dans laquelle j’ai foncée sans en accepter la responsabilité. »

Et voilà qu’elle parlait sans vraiment le vouloir ! C’était horrible, jamais elle n’aurait parlé ainsi à quelqu’un autre qu’un professeur ou un supérieur quelconque. Or, il ne ressemblait pas à un professeur. Peut-être qu’il était en A, par contre, mais elle n’en savait rien donc ça ne comptait pas. Elle se mordit la lèvre inférieure en espérant qu’elle n’aurait pas à blablater un autre truc qu’elle ne voulait pas formuler. La miss gigota des bras, ce qui lui donnait un petit air d’hélicoptère.

Hello, je m’appelle Tennessee et je tourne sans le vouloir, en plus je bas des bras. À la limite je m’envole. Si elle n’était pas à Prismver, elle aurait pensé tout haut –ou tout bas- un truc du genre « WITCHCRAFT », sauf que vu où elle se trouvait cela aurait été beaucoup illogique. Elle ne connaissait pas le don du damoiseau, mais il lui faisait un peu penser au pouvoir du type dans l’épisode « Simon said » de Supernatural. Bref, une chance que ce n’était pas le même type. Elle n’avait pas encore fait son testament. De toute façon, elle n’avait rien à donner.