like a hobo - CYR&ANDREAH

Comme d’habitude, tu oublies. Tu oublies et tu lui pardonne le moindre de ses excès. Fixant le visage chiffonné de l’Irakien à en avoir mal aux yeux, tu lui offre tout le soutien possible. Et une fois de plus, il rejette l’intégralité de ses responsabilités sur toi.
Peu t’importe. Du moins est-ce qu’il te semble. Petite somme de frustrations qui alimentent un malaise constant dont tu ne peux même plus situer l’origine. Dépression chronique.

-« Pardon, pardon… »

Les mots t’ont échappés, presque à l’encontre de ta volonté. Reflétant une habitude, certainement ; tu es une victime, de celles qui présentent leurs excuses au mur lorsqu’elles rentrent dans celui-ci. Et finalement, tu te rends compte de l’absurdité de la situation, de ces deux mots qui n’ont aucune raison d’être prononcés de ta bouche dans un tel contexte. Comme pour te punir, tu te mords les lèvres, marmonne un « oublie » d’un ton plat de désintéressé notoire, un mot aussi inutile que tous les autres parce que personne ne l’écoutera, puis lève vers les étoiles des yeux qui commencent à fatiguer.

Et Cyr est lourd, affreusement lourd, dans tous les sens du terme. Des babillages incessants, des promesses creuses ; vous le savez tous les deux, qu’il ne s’arrêtera jamais, n’est-ce pas ? Alors dis-moi, Andreah, dis-moi, pourquoi souris-tu bêtement en acquiesçant ? Pourquoi, tandis que Christopher soupir d’un air las, agacé par tant de mensonges, tu te prends à espérer ?

Tu es stupide. Tout simplement.

-« Y’a pas 237 cabanons ici. Nous, on est au numéro 34. »

Inutile de lui donner un numéro qu’il aura oublié dans quelques secondes à peine ; un nouvel automatisme. Quoique, quitte à être prit pour un idiot, autant rendre la pareille.

-« Tren-teuh-qua-treuh. Un trois et un quatre. Trente-quatre. »

Appuyant chaque syllabe d’un sourire hautain, probablement raté par manque d’exercice. Tu es pitoyable, même lorsque tu tente de faire croire le contraire. Tant pis pour toi. Tu dois le sentir, car il retombe aussi sec. Et monsieur Kingston te parle de fatigue, de dormir ; et toi alors ? Tu es fatigué aussi. Sauf que c’est lui qui s’est mit dans cet état-là. Tu as vaguement envie de hurler. Les mots de l’Irakien ont déjà presque disparus de ton esprit ; ne restent que quelques réminiscences floues et la douleur d’une blessure de plus, une blessure sur le champ de bataille déjà dévasté de ton égo.

-« Si tu veux dormir, attends qu’on soit arrivés. J’m’en fous, j’te laisserais là, et toutes les fangirls te trouveront demain. Le beau Cyr Kingston au réveil, gueule de bois à l’appui. Elles ne vont pas être déçues du voyage. »

Un petit instant de réflexion.

-« Remarque, tu pourras toujours leur aurarifier un truc pour qu’elles oublient. »

Et tu ne te rends même pas compte que le mot que tu utilise est incorrect. Tout ce que tu sais, c’est que jamais rien n’entachera la réputation de sa majesté ; rien que tu ne puisses imaginer, en tout cas.  Après tout Le pensionnat tout entier le connait, et mieux, le reconnait.
Il règne avec facilité sur son petit royaume ; du moins est-ce ainsi que tu le vois. Et tu t’avères être le plus asservi de ses sujets.