De la verdure, de la verdure et un étang

Eté. Bel été. TROP bel été.
Dans son cabanon, la tête dans une main et son stylo dans l’autre, Selphie peinait à finir ses devoirs, faute à la chaleur qui l’accablait ; elle avait pourtant tout fait pour être le plus au frais possible : fenêtre fermée pour éviter de rentrer de l’air chaud dans la pièce déjà assez étouffante, un simple débardeur et une jupe courte sur elle, elle bénissait même son handicap pour lui permettre d’être pieds nus sans que ça ne choque particulièrement qui que ce soit ! Après avoir mis le point final à sa rédaction d’allemand – Monsieur Hartmann si vous m’entendez, je vous aime mais vous êtes un tyran, sérieux ! – elle rangea ses affaires et poussa un soupir, passant en revue les lieux dans lesquels elle pourrait avoir moins chaud.

Après quelque instants de réflexion, elle jeta son dévolu sur le parc ; passa rapidement dans la salle de bain se jeter de l’eau fraiche sur le visage, jura après la serviette trop haute qu’elle galéra à attraper, puis sorti du cabanon. La chaleur ambiante lui tomba dessus et elle gémit de désespoir puis se hâta de rejoindre le parc en espérant de pas s’être trompée et que l’air y serait un peu plus respirable qu’ici.

« Gud tack ... »

Heureusement pour elle ce fut bien le cas et elle soupira de soulagement avant de s’enfoncer un peu plus sous les arbres qui la protégeait du soleil ; alors qu’elle s’approchait d’un étang, où elle savait qu’il ferait d’autant plus frais grâce à la proximité de l’eau, elle entendit une explosion qui la fit sursauter légèrement et accélérer ses mouvements. Près de l’étang se trouvait un jeune garçon vit elle alors qu’elle s’approchait, trop doucement à son goûts ; elle activa de fait son don et pu apercevoir le visage légèrement brûlé du jeune homme, ce qui eut pour effet de la faire aller encore plus vite pour le rejoindre afin de s’assurer que tout allait bien. Sa voix inquiète s’éleva finalement dans le silence alors qu’elle s’approchait enfin de lui.

« Eh ! Tout va bien ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pas trop mal ? Tu t’es salement brûlé quand-même … »

Elle tendit le bras vers lui et l’attira à elle pour l’examiner de plus près, utiliser son don trop longtemps ayant pour effet de lui causer de sacrées migraines, ça ne la tentait pas particulièrement. Elle effleura très doucement la brûlure et fit la moue, ce n’était pas tout à fait beau à voir. Ce qui était dommage soit dit en passant, le jeune garçon ayant l’air particulièrement adorable, blessures mises à part. Tournant doucement la tête, qu’elle tenait toujours dans sa main, vers la gauche, elle marmonna pour elle.

« Jag undrar om det är nödvändigt att ta honom till sjukstugan ... Hm, nej, det är inte vacker, men det är inte att se så allvarligt ...»

Elle le regarda de nouveau et le lâcha avant de secouer la tête, se traitant intérieurement d’idiote. Elle s’était jetée sur lui sans même se présenter !

« Oh, je suis désolée ! Je m’appelle Selphie, je suis en B. J’aurais dû me présenter plus tôt mais avec l’explosion je me suis inquiétée et … Bref, enchantée ! »

Le jeune garçon se laissait complètement faire, tandis qu’elle manipulait son visage le plus précautionneusement possible afin d’éviter au maximum de lui faire mal ; elle ne savait pas si il était naturellement confiant ou si c’était juste qu’elle puisse inspirer ce sentiment – le côté féminin, le naturel calme et le fauteuil roulant qui, mine de rien, a toujours cette tendance à faire penser aux gens qu’elle est inoffensive. Impression qu’elle ne peut pas totalement réfuter d’ailleurs. – mais toujours est-il que c’était bien plus pratique pour qu’elle puisse vérifier qu’il n’y avait rien de trop grave et c’est ainsi plus apaisée qu’elle le lâcha et se présenta.

« C’est pas grave ! Moi je m’appelle Evans. Evans Landway. Enchanté ! »

Elle sentit sa main se faire envelopper par celle du dénommé Evans et lui rendit l’immense sourire qui venait d’apparaitre sur ses lèvres. Il respirait l’innocence, la joie de vivre, c’était tellement apaisant ! La demoiselle appréciait d’autant plus la présence des gens quand elle trouvait celle-ci agréable et si son instinct était juste, ce serait le cas avec le blondinet qui lui faisait face.

Fraicheur. Innocence. Joie. Enfance.
Elle éclata de rire, suivant celui du garçon, quand il enchaina en lui disant qu’il avait l’habitude de s’exploser au visage ; la phrase en elle-même était assez drôle, le rire d’Evans était communicatif et elle se sentait bien, il ne lui en fallait pas plus pour laisser aller le fou-rire qui commençait à naître au sein d’elle. A aucun moment elle ne cherchait à retirer du cocon formé par les mains du blond, celle des siennes qu’il tenait et lorsqu’elle eut enfin calmé son hilarité elle lui adressa un sourire doux en continuant à le regarder.

« Donc, c’est un effet de ton don je suppose ? »

Elle ne voyait pas trop d’autres explication à sa phrase à vrai dire, à part la pyromanie, mais il n’en avait pas franchement l’air, alors sa question était presque rhétorique. Plus un prétexte pour engager la conversation qu’autre chose, Selphie espérait qu’il ne se contenterait pas d’une confirmation ou d’une négation ; quoiqu’il n’y avait pas trop à s’inquiéter à priori, Evans semblait être une personne plutôt ouverte à la conversation, amicale, et pour la demoiselle qui ne demandait qu’à connaitre et se lier d’amitié avec les autres élèves du pensionnat, c’était une bonne chose.

Elle attendit donc sagement la réponse du garçon, un sourire toujours accroché aux lèvres, sa main toujours immobile, profitant de la légère brise qui vint caresser son visage et soulever ses cheveux, lui faisant se dire qu’elle avait eu doublement raison de venir ici : elle aurait rencontré quelqu’un et la proximité de l’étang avait bel et bien l’effet escompté, à savoir faire du lieu un endroit bien plus frais que son cabanon.