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 No escape

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MessageSujet: No escape   No escape 1400359500-clockSam 13 Juil 2013 - 22:03


No escape
feat. Selwyn n'Angae

Ça aurait dû être une bonne journée. Vraiment. J'ai reçu des bonnes notes toute la journée. Au réfectoire, il y avait de la bonne viande bien saignante. On a fini les cours plus tôt que d'habitude. Bref, une journée cool. J'étais de bonne humeur, jusqu'à ce que Pyro arrive, la sacoche remplie de papiers. Intrigué, j'ai pris le premier qui venait. Et là, surprise  : un joli dessin de cow-boy. Qui est-ce qui peut m'envoyer des trucs comme ça  ? J'écarquille les yeux. Je ne connais qu'une seule personne qui aime dessiner. Avec précipitation, je lis les bouts de papier. C'est Selwyn, qui me traite encore une fois de gamin prétentieux. Je suis tellement stupéfait que je relis plusieurs fois les papiers. Je ne comprends pas. Sur un papier que je trouve par là, je lui écris quelques mots que je lui renvoie. Notre conversation a duré quelques messages. Puis plus rien. Fuis moi tant que tu peux. Demain soir, tu pourras pas.

***

Toute la journée, pendant les cours, je l'ai observé en essayant d'être le plus discret possible. Son comportement n'a pas l'air d'avoir changé. Quelques minutes avant la sonnerie, je regarde ma montre puis le dessin qu'elle m'a envoyé. Lorsque la sonnerie retentit, je suis le premier à sortir. J'attends dans le couloir, appuyé contre le mur. Selwyn n'a même pas accepté mon rendez-vous au parc. Peut-être qu'elle a autre chose à faire. Tant pis. Je l'observe sortir puis la rejoins. Je me place devant elle, de façon à ce qu'elle ne puisse pas passer. Un sourire naît sur mon visage.

«Salut.»


Je devrais pas être heureux de lui parler. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de sourire. Elle va certainement m'envoyer balader, comme elle aime le faire. Je lui montre le dessin.


«Joli dessin. Pourquoi tu voulais le brûler  ? »


Je fais le curieux. J'aime ça. Pas elle. Bizarrement, je n'attends pas forcément une réponse. C'est quasiment sûr qu'elle ne voudra pas me répondre. Alors, pourquoi je lui pose la question  ? Je ne sais pas. Avec cette fille, la plupart des choses que je fais n'a pas de sens. Elle me fait tourner en bourrique.

(c) Never-Utopia
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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockSam 13 Juil 2013 - 23:09

No escape
Benjamin Hawkins


Tu as vagabondé durant toute la soirée après votre rencontre. Ton masque d’insensibilité vissé sur le visage, on t’a entendu trainer les pieds dans la quasi-totalité des couloirs. Quand tu es rentrée, ton seul réflexe a été de prendre une feuille un peu froissée, un crayon finement taillé et d’esquisser cette image qui s’était imprégnée dans ton esprit. Certes, ton image de l’américain est légèrement stéréotypée mais personne ne peut pénétrer dans ta tête. Je crois que tu y as passé la nuit. Puis la suivante. Tu as tellement griffonné que tes doigts sont douloureux pas vrai ? Même Salam’ n’a pas réussi à te consoler. Tu t’es noyée dans ce dessin. Et maintenant qu’il est terminé, qu’est-ce que ça fait de sortir la tête de l’eau ? Pardon je retire ma question, tu as l’impression que tes poumons te brûlent. Tu ne t’es jamais dit que tu étais un poisson en fait ? un aliène ?
Sous le coup de la colère, tu l’as mis en boule et fourré dans ta poche. Tu as choppé ce lézard rouge au détour d’un chemin, tu t’es exaspéré du manque de rigueur de son propriétaire, tu as sorti de vieux post-it de ton sac, gribouillé quelques mots appuyée sur ton genou et fourré le tout dans sa sacoche. Tu lui as offert un sourire, une légère caresse et un bout de ton encas avant qu’il ne parte. Si tu n’aimes pas les gens, tu ne peux résister aux animaux. Tu les considères comme tes égaux, vous êtes semblables ; des victimes.


*(`'·.¸(`'·.¸*¤*¸.·'´)¸.·'´)
«´¨`·..¤:Antoher day¤..·´¨`»
(¸.·'´(¸.·'´*¤*`'·.¸)`'·.¸)

La première fois, Salam’ courait de droite à gauche derrière la fenêtre de la salle de mathématiques. La fois suivante, il grattait derrière la porte des toilettes. Non, il n’était pas le plus malin de tous les lézards et encore moins le plus poli et gentleman. Enfin…

On était arrivé au fameux " Mardi ". Elle avait glissé un petit miroir dans sa trousse pour finalement remarquer qu’il n'avait pas arrêté de l’observer pendant leurs cours communs. Son manque de discrétion lui’arracha un soupir silencieux. Arborant la même expression impassible, sa nervosité se traduisait par les mouvements saccadés du stylo qu’elle faisait osciller entre ses doigts. D’habitude si agile, il était tombé à plusieurs reprises et c’est la mâchoire crispée que Selwyn se baissait pour le ramasser.

Elle ne fut donc aucunement surprise quand le garçon l’aborda dans les couloirs tout de suite à la sortie des cours. Gros lourd. A qui elle avait envoyé un de ces dessins, ce qu’elle considérait pourtant comme particulièrement personnel. Et la seule chose qu’il trouva d’ailleurs à faire fut de l’afficher publiquement entre ses mains. Le cœur de la jeune fille fit un bond. Elle se rendit alors compte de l’énorme erreur qu’elle avait commise. Abandonné à son désespoir, elle s’était laissée dépasser et avait preuve de faiblesse. Pour le coup, elle se serait giflée. Et en plus, il lui posait des questions auxquelles elle ne trouvait pas de réponse. Improvise, allez improvise ! Soudain, un éclat apparu dans ses yeux.


« - Parce qu’il va te tuer. »


Ce n’était absolument pas vrai. Mais ça, il ne pouvait pas le savoir. Même si c’était lui l’origine de son inspiration, Selwyn n’avait pas fait ce dessin dans le but de nuire. Qui plus est, elle ne l’avait pas suffisamment observé pour que les traits utilisés correspondent à celui du jeune homme et qu’il en subisse les dommages physiques. Il semblait d’ailleurs aller parfaitement bien si ce n’est sa bouche, déformée en un sourire qui se faisait trop insolent.


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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockDim 14 Juil 2013 - 0:02



No escape

feat. Selwyn N'Angae


Un drôle d'éclat apparaît dans ses pupilles lorsque je lui pose la question. Comme je l'ai prévu, elle n'a pas l'air étonnée de me voir. Je suis prévisible. Peut-être un peu trop d'ailleurs. La réponse à ma question me fait sourciller. Comment un dessin peut-il tuer quelqu'un ? Pendant un moment, je la regarde avec des yeux surpris. Je comprends pas trop. Puis j'explose de rire. Peut-être qu'elle essaye de me faire peur. Peu importe, sa tentative a échoué. Selwyn veut certainement se débarrasser de moi vite fait, bien fait. J'arrête de rire mais mon sourire est plus grand. 

Je suis de bonne humeur. Avec précaution, je range le dessin dans mon sac. Je crois que je vais l'accrocher dans ma chambre. Je passe une main dans mes cheveux rebelles. Pour l'instant, tout va bien. Mais je vais sûrement très prochainement faire une gaffe qui plombera la conversation.

«En fait, ça me fait du bien de te parler. J'crois que je t'aime bien.»



Je suis sûr que pour elle, c'est le contraire. Pourtant, c'est la vérité. Lui parler, c'est… dépaysant. Je me rends compte que j'ai encore cette rage de vaincre, comme lorsque je lançais des défis à mon cousin Ruben. Je ne la laisserais pas m'attaquer avec ses paroles. Rester face à elle à la fixer intensément pour voir si elle baissera les yeux commence à devenir une habitude.

«
Maintenant que les cours sont finis, tu vas faire quoi ? Je t'accompagne.
»


Je ne lui laisse pas le choix. Pourquoi devrais-je le faire ? 
Dicte les règles, ne la laisse pas les dicter.
 Je compte bien me venger de la dernière fois. Parce qu'après tout, je ne suis qu'un gamin. Je souris, de ce sourire effronté. Voyons qui gagnera la bataille cette fois.

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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockDim 14 Juil 2013 - 20:01

No escape
Benjamin Hawkins


Il éclata de rire comme elle le pressentait. Ainsi, il ne la croyait pas ! Intérieurement, elle sourit. Elle sourit même de toutes ses dents. Elle aussi avait envie de rire et cela se traduisit par le scintillement de quelques étoiles au fond de ses yeux ; phénomène cependant trop discret pour qu’il s’en rende compte. Et vas-y que je me la joue charmeur avec mon sourire à tomber et cette main nonchalamment passée dans mes cheveux. Pathétique. Elle restait totalement stoïque face à tant d’efforts. Néanmoins… Sa présence n’était pas si déplaisante que ça. Elle dirait plutôt… divertissante. Ce n’est pas plus mal d’avoir une victime à martyriser, particulièrement quand elle vient quémander ses coups de bâton. Et qui plus est, il comptait jouer le pot de colle. Elle réfléchit un instant. Un second éclair surgit dans ses yeux. Sa première idée n’était si mal en fin de compte bien qu’elle l’ai refusé. De toute façon, après les cours, elle avait l'habitude de profiter de l'extérieur en compagnie de Salam' et d'autres lézards parfois. Mais là, elle voulait bouleverser sa petite routine et partager sa fin de journée avec un humain un peu bizarre certes mais cela s'annoncerait surement comme très intéressant.


« - Pour un prétendu footballeur, ça ne devrait pas être difficile de rattraper un fille ! »

Elle se rappelait qu’il faisait du basket or elle avait volontairement fait la faute. Probablement pour tenter de le blesser. Mais elle fonçait déjà comme une fusée dans les couloirs, un léger rictus accroché aux lèvres.

Elle dévalait les escaliers à toute allure, s’accrochant aux rambardes pour négocier ses virages en plein vol et ainsi gagner du terrain. Elle n’était pas spécialement rapide mais très agile et ça lui permettait de mettre un peu de distance entre eux, avantage qu’elle perdrait probablement quand elle sera dehors, sur un terrain moins escarpé. Car son objectif était de rejoindre le parc. De lui montrer ce dont elle était capable. Pour se venger de son rire moqueur et de son sourire narquois.
Rira bien qui rira le dernier, pauvre fou.



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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockDim 14 Juil 2013 - 21:14


No escape
feat. Selwyn n'Angae


Everybody needs this happy thing.

Selwyn reste de marbre lorsque je ris. Un second éclair passe dans ses yeux. Un autre défi. Je me réjouis intérieurement. Je me prépare à une éventuelle attaque. Effectivement, elle me lance un défi. Celle-ci s'élance dans les escaliers. Footballeur  ? Je suis pas footballeur. Je suis basketteur. Je pense lui avoir dit lors de notre première rencontre. Ou alors elle l'a oublié, ou alors c'est une provocation. Je penche plutôt vers la seconde option. Quoi qu'il en soit, je lui hurle d'un ton faussement vexé  :


«Je suis basketteur, pas footballeur  !»


Et je m'élance à sa poursuite. Elle s'avère être bien plus agile que moi. Peu importe, de nous deux, je suis le plus rapide. Finalement, cette fin de journée s'annonce bien. Peut-être a-t-elle changé d'avis sur moi. Les escaliers défilent avec rapidité sous mes pieds. Hors de question de la laisser s'enfuir. J'ai une idée. Avec mon cousin, on pratiquait le parkour ou art du déplacement qui vise à «  un déplacement libre et efficace dans tous types d’environnements  ». Je n'ai jamais été très fan de cette activité mais j'avais acquis quelques figures qui pourront sûrement m'aider. J'utilise mes connaissances pour diminuer la distance entre nous. Et aussi pour l'impressionner. C'est dangereux, je sais. Je m'en fiche. Pourtant, je n'aurais pas dû car en merveilleux bon à rien que je suis, je loupe une marche. La fin de la descente des escaliers se fait de manière confuse et bruyante pour moi. Je descends en roulé boulé, incapable de contrôler ma chute. Chute qui d'ailleurs se finit contre le mur, au rez-de-chaussée.

Je pousse un grognement de douleur. Je suis allongé par terre et ne bouge plus parce que j'ai affreusement mal à la tête. J'ai hont aussi. Je suis vraiment un idiot. Déjà qu'elle m'estimait pas beaucoup, alors maintenant... elle va certainement se moquer de moi jusqu'à la fin de mes jours. Pire. Devant ma tombe, elle sera toujours en train de rire. Si elle en est capable, bien sûr.


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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockDim 14 Juil 2013 - 21:55

No escape
Benjamin Hawkins


Elle l’entendait sur ses talons et particulièrement une remarque sur le sport qu’il pratiquait. Sur un ton vexé. Son cœur fit un bond. Cette course folle au milieu de tous ces visages flous enivrait la jeune népalaise. Son rythme cardiaque s’accélérait et c’était comme si ses problèmes d’habitude si proches d’elle se laissaient distancer. Elle ne songeait qu’à arriver la première. Elle se faufilait dans la foule avec habileté, sa silhouette fluette se glissant dans le moindre interstice ce qui n’était probablement pas le cas pour un gars un tant soit peu musclé.

Elle se retourna pour jauger la distance qui les séparait et le vit jaillir avec une cabriole plutôt sophistiquée. Crâneur ! Secouant la tête de gauche à droite d’exaspération, elle continua de faire défiler les marches, attentive à chacun de ses mouvements. Elle commençait à apercevoir la lumière du hall quand un vacarme assourdissant retentit derrière elle, avec quelques interjections de gens qui passaient là. Elle mit quelques mètres à s’arrêter après avoir entraperçu une sorte de boule de bowling aux teintes rosées se vautrer dans les escaliers. Le souffle court, les mains sur les cuisses, elle soupira bruyamment et fit demi-tour.

Sa première pensée fut qu’il s’agissait d’une tactique pour la déconcentrer et prendre l’avantage mais face à la loque, vulgaire serpillière qu’il était, elle ne fit aucune remarque. Comme une bête blessée, il émet un grognement de douleur. Elle aurait pu partir et le laisser à son triste sort et surtout à une migraine épouvantable mais le mépris dans le regard des autres élèves fit sortir Selwyn de ses gonds.


« - Je vais te faire passer l’envie de ricaner moi !»

Ce pauvre garçon se moquait allègrement comme la plupart du comité qui avait assisté à la scène mais sa tête à lui ne revenait probablement pas à la jeune fille et il en prit violemment pour son grade. Elle était dans l’objectif que ça serve de leçon aux autres. Et ça a marché. Comme une furie, ses yeux foudroyèrent un à un chacun des garçons et filles présents qui ne lui cherchèrent pas davantage de noises. Merde. Elle détestait vraiment qu’on puisse trouver du plaisir à voir souffrir les autres.

Une fois sa colère quelque peu apaisée, elle se retourna vers la source de cette embrouille. Elle aurait pu lui hurler dessus et renforcer ainsi son mal de tête mais le sang perlant au niveau de son arcade sourcilière la fit vaciller.  Elle s’agenouilla, lui tâta le nez sans véritable douceur et lâcha un simple :

« - Bonne nouvelle, c’est pas cassé !»
accompagné d’un minuscule sourire.


Pauvre idiot, tu as fait foiré tout mon plan, pensa-t-elle avec amusement.


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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockDim 14 Juil 2013 - 22:32


No escape
feat. Selwyn n'Angae

Je ferme très fort les yeux. C'est un véritable cauchemar. Je souffre comme pas possible mais apparemment, la plupart des gens ne pensent qu'à rire de moi. J'aurais pu avoir le crâne brisé, le monde s'en foutrait. Quelle génération. J'entends la voix de Selwyn résonner par dessus la cacophonie des rires. Elle me défend  ? C'est trop gentil de sa part. Un à un, les rires se taisent. Mon mal de tête s'apaise un peu. Je rouvre les yeux. Elle est là, à côté de moi. Elle s'agenouille. Qu'est-ce qu'elle a l'intention de faire, me cogner la tête pour amplifier ma migraine  ? Sans douceur, elle tâte mon nez et me déclare que rien a cassé. Je remarque son minuscule sourire. C'est la première fois que je la vois sourire. Certes, c'est discret mais ça reste un sourire. Je me lève avec difficulté et remarque que je saigne au niveau de l'arcade sourcilière.


«Bah, on dirait que je me suis pas loupé. On devrait sortir d'ici, ça calmera peut-être mon mal de tête.
»


Je titube vers la sortie de l'établissement et manque de tomber. Le premier réflexe que j'ai est de m'accrocher à Selwyn. Je retire aussitôt ma main de son épaule afin de ne pas recevoir de réflexions. Je préfère m'appuyer contre le mur. Une fois dehors, je m'arrête pour respirer un bon coup. Ma tête me fait moins souffrir. Je ne bouge plus parce que je n'ai pas envie de m'étaler une deuxième fois par terre. Je reste un moment silencieux, les yeux fermés à savourer le bon air frais. Puis je me tourne vers elle et la regarde d'un air sincère.


«Merci.»


Peu importe ce qu'elle me dirait, je suis honnête et ça m'a fait vraiment plaisir qu'elle me défende. À moins qu'elle l'ait fait pour son propre intérêt. Mon regard se pose sur le soleil déclinant de fin d'après-midi.

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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockDim 14 Juil 2013 - 23:46

No escape
Benjamin Hawkins


Il voulait sortir. Elle aurait dû l’en empêcher, il était encore beaucoup trop sonné pour tenter le moindre mouvement brusque. Mais il était déjà debout et elle plantée comme une potiche, le regard fixé sur le flot vermillon au-dessus de ses yeux noirs. Il titube jusqu’à la porte et elle secoua la tête pour remettre ses idées en place et le suivre. C’était un véritable miracle qu’il ne se soit rien cassé au niveau des membres. Même pas une entorse. Juste ce filet de sang. Probablement quelques hématomes et un bon gros mal de crâne. Ce qui était bien suffisant d'ailleurs.

Elle sursauta légèrement lorsqu’elle sentit le poids du jeune homme peser sur son épaule. Sensation qui ne dura quelques secondes mais qui provoqua un remous de tristesse dans le cœur de glace de la brune. Ainsi, il croyait qu’elle allait le mordre même dans un si piteux état ? Selwyn savait qu’elle était méchante mais elle avait des valeurs. Elle savait éprouver de la compassion. Et un minimum d’humanité - du moins - envers ceux dans le besoin. Ses lèvres se pincèrent.

Il s’appuya contre le mur et prit une profonde inspiration. Elle l’imita, le cœur lourd. Du coin de l’œil, elle l’observa en train de la remercier. Ainsi la pauvre fille de la classe B, livide comme le marbre, aux antipodes de la majorité des gens, acariâtre et méprisante recevait une marque de reconnaissance. Celle-ci paressait semblable à la caresse de la brise un matin d’été ; douce, chaude, vivifiante.

Les yeux mi-clos, elle se laissa glisser le long du mur jusqu’à ce que ces fesses touchent le sol. Elle farfouilla dans son sac, sortant vieux crayons mâchouillés, boulettes de papier, dessins entamés et autres trucs farfelus qu’on ne peut trouver que dans le sac d’une fille avant de mettre la main sur ce qui l’intéressait ; un mouchoir en tissu. Étoffe qu’elle ne tarda pas à lui tendre sans un mot et sans même lui accorder un regard. Elle supposait que son geste parlait de lui-même.


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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockLun 15 Juil 2013 - 5:11



No escape

feat. Selwyn N'Angae


La douleur de ma tête se fait de moins en moins lancinante. C'est une bonne nouvelle. Je tâte ma tête à la recherche d'une éventuelle blessure. Je n'ai rien, à part cette petite plaie près de l'arcade sourcilière. Ce truc n'a pas arrêté de saigner. J'hésite à passer ma main desuus. Je ne voudrais pas avoir les doigts tachés de sang après. Je reste là les bras ballants, ne sachant que faire. J'observe Selwyn s'assoir et farfouiller son sac. Qu'est-ce qu'elle cherche ? Elle me tend un mouchoir. Je l'accepte en la remerciant de nouveau. Avec le morceau d'étoffe, j'essuie rapidement le sang et appuie sur la blessure avec pour stopper l'écoulement. Ça fait un peu mal mais ce sera mieux que de finir le visage ensanglanté.

Selwyn est silencieuse depuis un moment. A-t-elle été vexée que j'ai retiré ma main, tout à l'heure ? Ce n'était pas mon intention. Je fais quelques pas et je me rends compte que je boite. Et là, ce n'est pas dû à mon mal de tête. Ça me fait mal. Pas grave, demain, je galoperai comme une gazelle. Je me racle la gorge.

«
Si tu veux, on peut aller s'assoir sur un banc au parc.
»



Je tends une main pour l'aider à se relever. Si elle la refuse, je ne serai pas blessé. Maintenant que je ne suis plus trop sonné, je peux faire ça. Le parc n'est pas trop loin mais je sens déjà que ça va être une véritable torture pour mes pieds.

«
Par contre, j'aurais besoin d'un peu d'aide pour marcher, s'il te plait. Acceptes-tu de porter le fardeau qu'est mon beau corps musclé ?
»


La question, je la pose en riant légèrement. J'essaye de détendre l'atmosphère et j'espère que ça va marcher. Son silence me gêne un peu. Je préfère l'entendre me traiter de tous les noms que d'entendre son silence. C'est comme si elle était… malheureuse. Si elle accepte de m'aider, je m'appuierai sur elle pour le court trajet. Sinon… je me débrouillerai bien tout seul. Enfin, j'espère.

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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockLun 15 Juil 2013 - 11:05

No escape
Benjamin Hawkins



Selwyn revient sur ses conclusions : il avait probablement une entorse. Et il voulait aller au parc ? C’était inconscient de sa part. Peut-être avait-il proposé ça dans le but de lui faire plaisir. Le fait est qu’il restait un gamin capricieux. Elle regarda sa main tendue, hésitante. Avec un grognement, elle se remit sur pied sans son aide. Dans l’histoire, ce n’était pas elle l’impotente.

Dans un rire, il réclama son soutien. Elle leva un sourcil. Beau, corps et musclé. Elle n’aurait pas associer ses trois mots dans ce contexte. Plutôt… faible, serpillière et ensanglanté. C'est uniquement à cause de ces trois raisons qu'elle le soutiendrai. Pitié oblige. Mais par bonté, elle se tut et répliqua sur un ton sec :

« - Arrête un peu de jouer les héros. Si je t’accompagne, c’est jusqu’à ton lit. Sinon, tu te débrouilles. »

Elle croisa ses bras d’un air sévère, observant cet idiot de la tête couverte de sang au pied qu’il s’était probablement tordu. Elle ne plaisantait pas. Et elle pensait bien que Benjamin ne doutait de ses menaces. Elle l’avait peut-être défendu devant la bande d’abrutis mais il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. Elle ne pouvait rien faire s’il se mettait soudainement dans la tête de jouer les effrontés et le capricieux. À part le battre ? On parle bien d’âne bâté. Elle ne savait pas trop ce que ça signifiait en réalité mais c’était l’image d’un âne et d’un fouet qui lui venait à l’esprit. Image qui en imposa une autre, légèrement plus orangée : une carotte au bout d’un bâton.

Espérons qu’elle n’ait pas à en arriver là.


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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockLun 15 Juil 2013 - 18:42


No escape
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La situation n'a pas l'air de faire rire Selwyn. Au contraire, elle semble plutôt exaspérée. Elle me réprimande d'un ton sec et je ne peux m'empêcher de penser à ma mère. La népalaise ne veut m'accompagner qu'à une seule condition  : que ce soit jusqu'à mon lit. Je suis tenté de lui dire que ce n'est rien, que je peux marcher sans problèmes. Mais ce serait un mensonge et mentir est quelque chose que je fais très mal. D'un autre côté, je n'ai aucunement envie d'aller au lit maintenant. Pourtant, il n'y a que ça à faire. Si je continue à faire l'abruti, je risque de le regretter. Avec un soupir, je ravale ma fierté. Là, c'est moi qui ai besoin d'aide. Peut-être aussi d'un séjour à l'infirmerie.


«Bon, d'accord, j'arrête de jouer les héros, mademoiselle.»


Avec prudence, je m'approche d'elle et m'appuie sur son épaule. La douleur revient et j'ai l'impression d'avoir le pied gonflé dans ma chaussure. Je prends une mine boudeuse. Gamin. En silence, je lui indique la direction de ma cabane d'une main molle. Je crois que tout cela m'a épuisé. Au moins, si demain ça me fait encore mal, j'ai une bonne excuse pour ne pas aller en cours. Je suis légèrement déçu. Sans tout ça, j'aurais pu l'emmener au parc. On aurait pu discuter comme deux personnes civilisées font. Au lieu de ça, elle est obligé de faire la baby-sitter avec le gamin que je suis. Au moins, ce n'est pas désagréable. Enfin, pour moi.

Le trajet jusque ma cabane se fait avec lenteur. Plusieurs fois, je suis obligé de m'arrêter pour calmer la douleur. Je souffre beaucoup mais je ne veux pas le montrer. Malgré ça, de temps en temps, une grimace de douleur apparaît sur mon visage que je m'efforce toujours d'effacer. Quand enfin la porte de ma cabane apparaît, je ne peux n’empêcher de soupirer de soulagement. Je lâche Selwyn pour ouvrir la porte et me retourne vers elle. Je suis pas sûr que les filles sont acceptées dans les cabanes des gars. Pourtant, en garçon poli que je suis, je lui propose de rentrer dans la cabane.


«T'en as peut-être pas envie, mais... tu veux renter  ? Ça me dérange pas si tu veux pas.»


Je suis légèrement gêné de lui proposer un truc comme ça. J'espère qu'elle va pas s'imaginer des choses. J'attends sur le seuil qu'elle prenne une décision.


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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockLun 15 Juil 2013 - 20:52

No escape
Benjamin Hawkins



Sa main posée sur son épaule donna des frissons à la jeune fille. Elle n’avait plus l’habitude qu’on la touche et encore moins dans un but qui n’était pas violent. Elle l’aida donc à mettre un pied devant l’autre jusqu’à sa cabane. Leur progression se fit lentement mais surement. Elle ravala son impatience et avança à son rythme, respectant chacune des pauses qu’il faisait pour soulager sa douleur. Mais à chaque fois qu’il fallait repartir, le cœur de la brune se serrait douloureusement en le voyant grimacer. Elle hésita à diminuer l’influx nerveux qui arrivait dans la zone endolorie mais elle craignait de le priver de sensibilité à tout jamais. Ses expériences sur des cobayes humains étaient plus qu’infimes et même pendant les entrainements, elle visait plus la neutralisation que le soulagement de la douleur de son adversaire. Alors elle chargeait sur ses épaules toute sa culpabilité et son impuissance face à cette situation, en espérant que son soutien le soulagerait quelque peu.

Puis sans avoir échangé le moindre mot, ils arrivèrent devant la porte qu’il ouvrit. Face à son invitation, elle se sentit terriblement bête. Ses joues s’empourprèrent légèrement de gêne mais ne voulant rien laisser paraitre, elle répondit d’une voix forte.

« - ce n’est que l’entrée de ta cabane ici, que je sache. »

Elle aurait mérité une seconde gifle. Timbre de voix pas du tout naturel, la peau en feux, les mains moites, autant de signes qui traduisaient son malaise. Une chose de plus à ajouter sur les choses qu’elle déteste : la trahison de ses émotions par son corps. Il est vraiment difficile de garder le contrôle sur ce genre de choses. D’habitude elle y parvient – du moins sur son visage - puisqu’elle avait perfectionné sa technique de longues années. Or à cet instant précis, elle n’avait jamais eu à affronter une situation aussi complexe et la panique commençait à la submerger. Pas parce que c’était un garçon, une chambre de garçon probablement désertée à une heure pareille, un garçon à qui elle plaisait mais bon, dans un sal état quand même, non c’était surtout parce que l’inconnu la stressait et que la maitrise de son corps se faisait la malle.

Cependant, par fierté, pour ne pas paraître plus ridicule qu’elle ne l’était déjà et surtout pour éviter de piétiner ses paroles précédentes, elle entra dans cette chambre de garçons en effet désertée à cette heure où une légère odeur nauséabonde s’élevait d’un tas de linge sale sur le sol lui-même parsemé de consoles vidéos et d’autres trucs. Elle fit volte-face et le regarda, la tête légèrement penchée sur le côté, la question « c'est lequel ton lit dans ce foutoir mignon tout plein ? » brillant dans ses yeux.


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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockLun 15 Juil 2013 - 22:31


No escape
feat. Selwyn n'Angae

Face à mon invitation, Selwyn semble perdre ses moyens. Ça la dérange autant que ça de rentrer dans ma cabane  ? Ses joues s'empourprent et d'autres petits signes montrent son malaise. De plus, ses propos n'ont aucune cohérence. Bien sûr que c'est ici, ma cabane. J'y vis depuis deux ans, je sais bien où c'est. Je la regarde comme si elle est folle. Elle se décide à rentrer. Je ferme la porte derrière nous. Immédiatement, je reconnais l'odeur familière des vêtements sales. D'ailleurs, il y en a un tas au milieu de la chambre. Gêné de montrer un tel désordre, je range rapidement le bazar. En passant, je retrouve ma PSP ainsi que quelques jeux que je mets sur mon bureau. Selwyn me regarde l'air de demander lequel est mon lit dans ce joyeux foutoir.

Je m'écrase littéralement sur mon lit. C'est celui à peu près bien fait. Je pousse un grognement de douleur lorsque mon pied heurte le lit avec brusquerie. J'en ai presque les larmes aux yeux. Je sais que je ne pourrais pas enlever mes chaussures. Tant pis, je dormirais avec. Je me retourne de façon à ce que je sois sur le dos et fixe le plafond. J'ai vachement mal. C'est certainement à cause du trajet. Je tourne la tête vers Selwyn et dit avec un faible sourire.


«Désolé pour le bordel.»


Maintenant que j'ai accepté d'aller dans mon lit, je me demande ce qu'elle va faire. Elle va sûrement partir. Je n'en ai pas envie. J'aimerais qu'elle reste mais je pense avoir fait assez de caprices pour la soirée. Pourtant, je ne peux m'empêcher de tourner vers elle des yeux suppliants. Ne pars pas. Je me mets en position assise avec précaution et tente d'enlever mes chaussures. Mon pied douloureux m'en empêche. Je me rallonge avec un soupir résigné. Je vais être obligé de dormir habillé si cela continue. Je mets mes mains devant mes yeux et commence à marmonner dans ma barbe. La douleur va me rendre fou. Je marmonne tout ce qui me passe par la tête. On dirait un dément. C'est bien ce que je suis en train de devenir.

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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockLun 15 Juil 2013 - 23:35

No escape
Benjamin Hawkins



Probablement gêné de montrer à une dame un tel désordre, Benjamin se précipita de gauche à droite pour ramasser le fourbi et le déplacer à un autre endroit. Super utile! Selwyn avait longuement entendu parler du mythe des hommes, pour les pires sales et bordelistes mais en voir un en plein action lui offrait un spectacle plutôt plaisant. Et c’est comme un idiot qu’il se jeta sur son matelas et qu’un fracas qui donna un haut le cœur à la jeune fille retentit. Si ce n’était, il y a quelques secondes, qu’une fêlure du tibia (imaginons) pour le coup, ça avait dû virer à la fracture aggravée.

Les yeux mouillés, il regarda Selwyn et le malaise de celle-ci s’amplifia. Malgré la douleur, il lui souriait encore. Il tentait désespérément de retirer ses chaussures mais il en était incapable et cette détresse donnait à la népalaise la nausée. Au milieu de son visage livide, ses lèvres se pincèrent. Elle se devait d’agir, elle ne supporterait pas davantage la souffrance qui se jouait bien de l'Américain. Il délirait, débitant un flot de paroles incompréhensibles et elle, elle étouffait. Les perles de sueurs naissaient dans son dos et coulaient jusqu’à ses reins. Le souffle court, elle craignait de craquer devant ce garçon qui croyait la connaitre mais qui ne savait absolument rien. Elle voulait faire taire ce compte à rebours qui bourdonnait vers ses oreilles et le seul moyen était qu’il soit en sécurité afin qu'elle puisse partir sans inquiétudes.

Elle expira longuement puis s’approcha lentement. Elle savait pertinemment qu’elle allait regretter son geste mais la douleur sourde qu’elle éprouvait face à lui la rendait folle. Elle s’agenouilla dans un petit coin pas trop saccagé et replaça correctement sa jupe puis le regarda avec autant d'incertitude et de doutes. Finalement, elle saisit ses poignets et les posa sur le lit. Elle posa alors une main sur sa joue afin qu’il la regarde dans les yeux et saisisse bien le sens de ses paroles.

« - Écoute… Je peux faire en sorte de t’endormir. En quelques minutes à peine et tu ne sentiras plus la douleur jusqu’à demain matin. » dit-elle d'une voix douce et compatissante.

Elle hésita à lui proposer de l’assommer cependant elle ne se sentait pas encore assez à l'aise pour se permettre ce genre de blague.
De plus, en réalité, elle ne pouvait pas endormir les gens. Sa tactique était la suivante: pomper ses forces jusqu’à son évanouissement. Mais ça revenait à peu près au même, il ne sentirait plus rien et son corps entamerait sa réparation jusqu’au lendemain. Un bon sommeil réparateur en somme, bien que légèrement forcé. Elle n’avait jamais essayé en fait mais il fallait un début à tout. Puis elle était en classe B, elle savait parfaitement doser cette facette de son pouvoir. Les professeurs ne la laissait simplement pas passer en A parce qu’elle n’arrivait pas encore à restituer les forces qu’elle absorbait. Mais à vrai dire, elle s’en foutait un peu de son grade. Elle était juste bien contente de ne plus être parmi les E, c’était bien trop chaotique.



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MessageSujet: Re: No escape   No escape 1400359500-clockMar 16 Juil 2013 - 11:58


No escape
feat. Selwyn n'Angae

J'ai l'étrange impression de perdre l'esprit. La réalité s'éloigne de moi et un grain de folie se déploit en moi. Ma bouche s'anime d'elle-même et des paroles incompréhensibles en sortent. Au bout d'un moment, même moi je ne comprends pas ce que je raconte. Je m'arrête que lorsque je sens quelque chose contre ma joue. Une main. Celle de Selwyn. J'ouvre des yeux larmoyants. Son image est trouble mais le contact de nos peaux est bien clair pour moi. Étrangement, cela m'apaise. Elle me parle d'une voix douce et compatissante. Elle a pitié de moi parce que je souffre. Elle me fait une proposition : elle peut m’endormir jusqu'à demain matin. Si je n'étais pas aussi mal en point, j'aurais ouvert des yeux étonnés ; tout ce que j'arrive à faire est de grimacer. Je tente de répondre avec lucidité mais tout ce qui sort de ma bouche est confus.

«M'en… M'endormir ? Je… Euh… veux bien.»


Je referme les yeux et une larme coule le long de ma joue. Larme que je m'empresse d'essuyer. Elle a dit que ça prendrait quelques minutes. Je peux pas attendre. Alors je me remets à parler en attendant de sentir le sommeil me gagner.


«Ça aurait pu être une chouette fin de journée. J'ai tout gâché. Je suis un bon à rien. T'sais, y a plein de trucs que j'aimerais. Comme comprendre pourquoi t'es une fille aussi complexe. Avoir ta confiance. Avoir ton affection. Plein, plein de trucs. Tiens, je vois plein d'étoiles maintenant.»


Je délire. C'est pas bon, ça. Je secoue vaguement la tête et repense à mon arcade sourcilière. J'aurais une joli marque. Je ferme les yeux mais des mots continuent de sortir de ma bouche. Je parle de tout et n'importe quoi. Mon cousin Ruben qui a disparu. Mes parents qui détestent la couleur de mes cheveux. Moi. Ce que je pense d'elle, c'est-à-dire que je suis convaincu qu'en réalité elle doit être sympathique et amicale. Que je la trouve mignonne. Tout ce que je dis semble n'avoir ni queue, ni tête. Dans un éclair de lucidité, je me tais parce que sinon, je risque de devenir agaçant. Je dodeline doucement de la tête de droite à gauche en souriant bêtement. Le sommeil ne tarderait pas à m'assaillir, si ce qu'elle dit est vrai. Enfin, j'espère.

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