Dessine moi un mouton... [PV Andréa Lenclume]

Après avoir passé sa première nuit en compagnie de ses camarades de chambres, dont une blonde hyperactive, Mathéo avait éprouvé le besoin de se sentir tranquille et seul. Il n'était pas associable non, mais il n'avait pas eu l'habitude d'entendre autant de personne parler en même temps. Pour quelqu'un qui a passé une bonne partie de sa vie cloitré dans sa chambre à faire des dessins, c'était un grand changement, il fallait qu'il s'y fasse. Puis les personnes qui étaient avec lui n'avaient pas l'air désagréables, c'était déjà ça de prit.
Il avait voulu faire un peu le tour de l'établissement, pour prendre ses marques et non pas se perdre comme il l'avait fait avant de trouver sa chambre au bout de deux heures. Et ce qu'il avait vu ne lui déplaisait pas. En plus d'être rempli de gens comme lui, qui défient les règles de la normalité, le pensionnat était grand, ne manquant pas d'espace extérieurs, et beau avec ça. Il s'y plaisait bien.
Mathéo arriva alors en un lieu qu'il n'aurait pas cru voir dans les environs. Des ruines. Des restes d'un passé que le temps n'a pas réussi à effacer complètement... Ou le symbole d'une flemme monumental des propriétaires des lieux à rafraichir le terrain. Que ce soit une idée ou l'autre, le jeune homme apprécia tout de suite l'endroit. Il était isolé, calme, en extérieur, et il aimait bien ce paysage qui changeait des autres, pas rectiligne, laissé à l'état sauvage, rempli de questions sur le passé qui n'auront sans doute jamais de réponses. Oui, Mathéo était un poète dans l'âme, il n'écrivait pas mais il avait une grande sensibilité dans ce qui pouvait prendre une tournure lyrique.
Il était habillé d'un simple t-shirt blanc à manches longues un peu trop long pour lui et d'une chemise noire à manches courtes par dessus, d'un pantalon un peu large pour lui gris et des converses noires, le tout surmonté d'une sacoche bleue turquoise qui s'assortissait avec la couleur du lézard qui trônait fièrement sur sa tête, dans lequel il rangeait son matériel de dessin, à savoir un bloc note, un crayon et une gomme.
C'était décidé, il allait s'éclater un peu ici. Mais vu du sol, il n'allait pas pouvoir exploiter le terrain comme il le voulait. Il dessina alors une échelle qui sortit de la feuille à une taille correcte pour une échelle, et Mathéo alla la poser contre un pilier usé par le temps, et qui serait son perchoir. Il grimpa alors, s'installa, et observa son paysage environnant. Il esquissa un léger sourire, puis se mit à dessiner des mini fées habillées de couleur différentes, qui sortirent à leur tour du papier pour se mettre à voler dans les ruines, laissant derrière elles une trainée de poudre pailletée. Puis, pour donner un peu plus de vie à ces ruines, ils se mit à dessiner toutes sortes de plantes pour les envoyer à droite à gauche, pour rentre ces ruines plus naturelles et plus vertes, sans en mettre trop non plus.
Sans se rendre compte qu'il n'était pas tout à fait seul, il observa ce qu'il avait créé, se disant qu'il manquait un petit quelque chose...

Malgré la solitude qui accompagnait Mathéo dans ces lieux, lui se sentait entouré grâce à ses créations. D'un point de vu objectif, Mathéo était souvent seul, puisque ses créations venait de lui. Il ne faisait que faire sortir des part de lui, mais être accompagné de seulement soi-même revient à être l'ami de la solitude. Mais lui ne s'en rendait pas vraiment compte et donc était loin de le vivre mal. Il s'amusait et se sentait libre, ça lui suffisait à se sentir heureux.
Il se sentait alors tranquille, envahi de joie, quand quelque chose vint lui mordre le mollet. Il sursauta un peu en grimaçant légèrement et fronçant un peu les sourcils, puis bougea un peu son mollet en regardant d'où ça venait. ... Et c'était un lézard, qui semblait le prendre pour un beefsteak. Il n'était pas étonné qu'il y en ait dans les ruines, mais il ne les pensait pas si sociables pour s'attaquer directement à un humain... Puis une voix s'éleva dans les ruines, une voix féminine, qui rappela le lézard à l'ordre. Il tourna alors la tête vers la demoiselle, qui elle était rouge de honte. Ce qui pouvait se comprendre d'ailleurs. Haku, quant-à lui, s'était élevé du haut de la chevelure rose de son maitre, pour signaler à son confrère que le territoire était prit. Mais vu qu'il avait réagit après la guerre ça ne servit à rien. Il ne fit alors que guetter son autre, près à lui mettre un coup de pression si il montait à nouveau sur son maitre.

"_Euh.. Je suis désolée.."

Mathéo n'était pas quelqu'un qui s'énervait pour si peu, surtout que la jeune n'y était pour rien dans ce qui venait de se passer. Puis même en dressant un lézard, on obtient pas toujours ce qu'on veut. De plus, aimant naturellement les animaux, le jeune homme ne se sentait pas du tout heurté d'avoir été mordu par le lézard de sa camarade, peut-être ne faisait-il pas ça méchamment. Il laissa alors son crayon en suspens sur sa feuille, et esquissa un petit sourire en regardant Andréa, avec un regard assez doux, qui était naturel chez lui. Il se sentait de bonne humeur aujourd'hui, sans doute allait-il faire des efforts de sociabilisation.

"-C'est pas grave... Pourtant j'ai pas enduit de nourriture sur ma jambe, je comprends pas..."

On voit que Mathéo a le sens de l'humour... Faut le pardonner, il n'est pas très à l'aise c'est pour ça. Il aurait été un dragueur invétéré, il aurait rajouté un "je suis à croquer c'pour ça~" mais il était loin de l'être, et ce genre de phrase le blasait plus qu'autre chose.
Et maintenant ? Le jeune homme se demanda ce qu'il devait faire. Continuer à dessiner ? Non, trop impoli. Il mit alors son crayon derrière son oreille pour se pencher un peu vers Andréa et lui tendre la main, avec un léger sourire un peu timide.

-"Je m'appelle Mathéo, et toi ?"

Allez, après l'avoir fait dans sa chambre, pourquoi ne pas tenter de faire aussi connaissance dans les ruines ? Et puis elle n'avait pas l'air d'être une fille piailleuse, c'était déjà un point important pour encourager Mathéo à se sociabiliser.

N'étant pas dupe, Mathéo avait bien comprit l'effort de politesse qu'avait fait Andréa pour sourire à sa réplique. Il ne se sentait pas forcément reconnaissant, après tout elle réagissait comme elle voulait, mais c'était au moins sympa de sa part. Il avait aussi remarqué qu'elle le dévisageait, mais ne pensait pas vraiment aux éventuels compliments qu'elle pouvait faire de lui dans sa tête. Sans doute trouvait elle que ses cheveux étaient étranges vu leur couleur.
Alors qu'elle prit sa main pour la lui serrer, et le jeune homme se dit qu'elle en avait des fines. Lui aussi les avait fines, mais vu qu'il était un garçon elles étaient un peu plus grandes que les siennes.

"_Moi c'est Andréa".

Mathéo se sentit un peu tirer vers elle pour lui faire la bise. Bien sûr il fut surpris, ce qui pouvait se voir sur son visage quand il haussa les sourcils, mais dans sa tête il se passa un "ah ok" et il fit donc la bise à la demoiselle. Il ne faisait d'ordinaire pas spécialement attention aux détails, mais il trouvait que cette personne émanait un parfum agréable.
Une fois la bise finie, il se redressa avec un petit sourire pour être poli aussi, vu qu'il n'était pas vraiment habitué à sourire aux étrangers, sans remarquer qu'une de ses fées était venue se poser sur l'épaule d'Andréa. Lui avait reprit la contemplation des ruines, cherchant toujours ce qui y manquait. Il fallait un petit truc en plus, mais il ignorait quoi.

"-Attends, mais c'est toi qui as fais tout ça ? Mais c'est trop beau ! Excuse moi de te demander ça mais tu veux bien me montrer ? "

Il tourna son regard rosé vers Andréa sans expression particulière, puis dès que cerveau finit de décoder sa phrase, il esquissa un petit sourire, très loin d'être prétentieux. Il haussa un peu les épaules, se disant que pourquoi pas après tout, dessiner ne le gênait pas, et puis il fallait bien qu'il rajoute quelque chose.

"-Si tu veux."

Il regarda à nouveau les ruines, récupérant le stylo caché derrière son oreille, et lorsqu'il s'apprêta à dessiner, il remarqua un truc turquoise qui pendait à son crayon. Il haussa un sourcil en reconnaissant Haku, qui avait lâché la surveillance de son territoire capillaire... Par flemme sans doute.

"C'est malin, t'as pas trouvé mieux à faire ...?"

Il récupéra le petit reptile dans sa main avant de le remettre dans ses cheveux, puis eut enfin l'idée de ce qui manquait. Merci Haku. Alors que le petit lézard disparaissait dans les cheveux de Mathéo, ce dernier entreprit la création d'un dessin, et en très peu de temps, un jet d'eau sortit de sa feuille pour aller se mettre en face du jeune homme et Andréa, pour devenir une fontaine qui s'accordait parfaitement à l'ambiance des ruines, les cliquetis de l'eau donnant une ambiance apaisante au paysage qui l'était déjà par lui même. La verdure des plantes, le discret et délicat bruit des ailes de ses fées et la poudre qu'elles drainaient derrière elle, et les sons réguliers et tranquillisants que faisaient les écoulements d'eau rendaient Mathéo particulièrement calme et serein. Il regarda sa feuille trempée en la levant devant ses yeux comme le ferait L pour tenir une feuille.

"-... Bon, ben elle est fichue."

Il regarda quelques secondes sa fontaine, puis tourna son regard vers Andréa avec un léger sourire, complètement paisible. Si pour certains leur pouvoir était une corvée, pour Mathéo le sien était un don. Il pouvait créer comme il le voulait son propre monde, et il en faisait ce qu'il voulait. Il pouvait l'embellir, le détruire, et tout ça sans déranger personne.

"-Et voilà."

Mathéo, trop occupé à chercher un endroit où il pourrait mettre sa feuille trempée et maintenant inutilisable, n'eut pas la chance de voir le sourire admiratif que lui décochais Andréa.

"Mouais.. le détail est pas terrible"

Là, étonné d'entendre ça, Mathéo écarquilla les yeux pour regarder sa fontaine, vraiment intrigué. Son regard était devenu directement plus vif, curieux de savoir ce qui manquait.

-"Sérieux ??"

Mathéo, même si son niveau en dessin était excellent, était loin d'être quelqu'un de prétentieux, il cherchait toujours un moyen de s'améliorer, et là il trouvait justement qu'il stagnait un peu, donc si cette jeune fille pouvait lui dire ce qui manquait à ses dessins pour qu'il s'améliore il en serait plus heureux qu'autre chose. Puis, en tournant son visage vers Andréa avec un air super intéressé de ce qu'elle pourrait rajouter, il comprit qu'il s'était fait troller. Par chance, la tronche qu'il tira en comprenant qu'il s'était fait eu comme un débutant par une phrase plus qu'ironique ne put être vue par Andréa, qui était occupée à toucher l'eau.

"C'est vraiment du beau travail."

Même si c'était un compliment, quelque chose se tordit en Mathéo. Oui, c'était du beau travail, objectivement parlant. Mais il lui manquait quelque chose qu'il ne savait pas identifier. Il savait pourtant que chacun voyait ce qu'il voulait, c'est pour ça qu'il se sentait toujours un peu seul quand il regardait ses dessin, parce qu'il n'y avait que lui qui pouvait voir ce qu'il voyait, ou ce qu'il sentait. Il la regardait faire, sans penser grand chose, juste parce qu'elle était une véritable vie dans son paysage. Il remarqua alors qu'elle le contemplait, puis, il se dit qu'il ne connaissait pas son pouvoir, même si il ne comptait pas forcément poser cette question qu'on devait entendre mille fois par jour ici, et qui devait être lassante à force. Le jeune homme se demanda ce qu'ils allaient bien pouvoir faire ou dire, mais Andréa eu la bonté de déclencher une action pour bouger l'ambiance. Tomber le cul dans la flotte. Mathéo eut un mouvement d'avance par réflexe comme si il voulait faire quelque chose, mais il était trop tard pour l'empêcher de tomber. Il vit un truc arriver droit vers lui puis sentit un machin bouger dans ses cheveux. Il frissonna en sentant 8 pattes sur sa tête, en sentant bien le mécontentement de Haku qui fonça vers son ennemi pour le baffer d'avoir souillé son territoire de ses pattes pleines de doigts inconnus.
Andréa, sans faire sa fille empotée qui a besoin qu'on l'aide à se relever comme une assistée, s'était redressée directement. Ainsi elle ne perdait pas trop de points de dignité même si elle était trempée jusqu'aux os. Elle grelottait, et Mathéo ne put s'empêcher de s'inquiéter pour sa santé.

"-Ca va ?"
"-Dit le dessinateur, tu voudrais pas nous dessiner un abri, avant la tempête ?"

Mathéo leva les yeux vers le ciel, et effectivement il se reçu une goutte dans l'oeil, ce qui fit cligner sa paupière et il baissa la tête pour ne pas se reprendre une goutte sur la rétine.

"-Bonne idée."

Il regarda sa feuille, réfléchissant rapidement. Il avait quatre options en tête. Soit il faisait une maison, ce qui serait assez stupide dans des ruines et ça fait trop foyer familial, soit il dessinait un simple abri miteux comme ceux sous lesquels on attend le bus, soit il dessinait une fine pellicule qui recouvrirait les ruines, mais ça gâcherait la beauté du paysage sous la pluie. Il opta alors pour la dernière solution, qui était de dessiner une tente. C'était simple et rapide à faire. D'après ce qu'il avait vu dans le ciel, il y aurait sûrement une grosse pluie, mais pas beaucoup de vent. Il s'empressa alors de dessiner une tente, le genre un peu Queshua qui se démonte en une seconde, puis il fit un mouvement comme si il voulait balancer sa feuille. Une tente en ressortit pour aller se cogner contre un mur des ruines, puis se déplia pour se mettre sur le sol. La tente était arrondie et assez spacieuse pour deux personnes. Il descendit de son perchoir et ouvrit la fermeture pour s'installer dans la tente, qui était évidemment vide. Il sortit un peu sa tête pour regarder Andréa.

"-Bon, je serai d'accord avec toi si tu me dis que le design n'est pas très classe mais j'ai fait au plus simple pour qu'on se prenne pas une saucée sur le coin du nez.

Puis, il la fixa de la tête au pied, en la détaillant du regard. Non pas pour la mater, mais pour voir ses mensurations. D'ailleurs, son regard n'avait absolument rien de celui d'un pervers. Il rebaissa la tête sur sa feuille redevenue blanche, puis se mit à esquisser quelques coups de crayon, de manière assez rapide, puis tira sur son dessin pour en sortir un manteau assez simple, mais plutôt féminin et pas trop moche. Puis il le tendit à Andréa, l'air de rien.

-Tiens, je sais pas si il te plait mais il t'évitera au moins de chopper la crève.

Apparemment, le manteau plaisait à la jeune fille. Tant mieux, parce que même si Mathéo avait un coup de crayon de ouf, il n'avait jamais envisagé de faire couturier, car il dessinait rarement des fringues, sauf quand il manquait de slip alors il portait un dessin en attendant de faire une lessive. En plus d'avoir le sens pratique, Mathéo savait se servir d'une machine à laver, il est exceptionnel ! Bref...
Andréa lui demanda de se retourner, mais il avait la flemme, donc il tourna simplement la tête en cachant son visage avec sa main, pas vraiment intéressé par l'opportunité de voir une partie de la peau dénudée d'Andréa. Il n'était pas pervers, et mater les filles sans raison c'était pas son truc. Puis, une fois qu'elle eut fini, elle vint se mettre près de lui dans la tente, mais genre très près. Contre lui en fait. Il la regarda un instant, puis regarda les pauvres affaires de la demoiselle qui étaient restées dehors, en ignorant Ezio qui lui grognait dessus de jalousie. Forcément, il se sentait pas concerné, il pensait qu'il grognait sur Haku qui l'avait viré. Il soupira en regardant les affaires d'Andréa, se disant que c'était pas une très bonne idée de les laisser moisir dehors. Pour le coup il ne trouvait vraiment pas ça malin, d'autant plus que si ses vêtements étaient là, elle n'avait rien à part ses sous vêtements sous le manteau qu'il lui avait dessiné. Encore ça ça passait, vu que sinon elle aurait vraiment chopé la crève, mais de là a les laisser dehors... Ce n'était pas ses affaires, mais quand même. N'étant pas un grand bavard, il se contenta juste de tendre le bras pour récupérer les habits d'Andréa, puis se mit à dessiner un étendoir après avoir fermé la tente pour les protéger de la pluie, sur lequel il étendit les vêtements d'Andréa à l'arrache. Oui quand même, il n'était pas nurse.
Après ça il tourna la tête pour voir Andréa, qui était en train de lui parler, et plongea son regard dans le sien. Jusque là il avait simplement répondu par des haussements d'épaules.

"Au fait tu étais là juste pour dessiner, ou tu avais une autre raison de te trouver dans un endroit aussi.. bizarre.. ?"

Il se perdit un court instant dans son regard. Il n'était pas un grand amateur de la couleur verte, mais cette fille avait des yeux vraiment beaux et profonds. Il pensa un court instant que tout de même, elle n'était pas très prudente, de se mettre contre un mec qu'elle ne connaissait pas avec juste des sous vêtement sous un manteau éphémère. Si il s'éloigne de trop, ce manteau disparaitra, et elle se retrouvera en soutif culotte. C'est aussi en partie pour ça que Mathéo avait ramassé les affaires d'Andréa.
Haku, qui sentait que sa propriété était foulée (oui il croit ce qui se passe en sens inverse le brave lézard, mais bon Mathéo lui il s'en fout) vint lui aussi sur l'épaule de Mathéo, en fusillant son confrère du regard, et observa Andréa avant de commencer à mâchouiller une mèche brune qui trainait.

"-Je venais surtout pour être tranquille à la base, dans ma chambre y a deux filles, dont une qui n'arrête pas de parler... Donc je me retirais un peu de la foule, voilà... Et toi ?"

Dis comme ça, on aurait pu croire que la présence d'Andréa embêtait Mathéo, alors que non, il la trouvait plutôt calme, même si elle semblait un peu tête en l'air. Il accrochait plutôt bien avec elle en fait.

Pendant qu'il parlait, Mathéo sentait qu'Andréa avait glissé sa main dans ses cheveux. Drôle de fille. Il se laissait faire parce qu'il ne savait pas comment réagir autrement, en se demandant si c'était normal, ou si cette fille avait un sens tactile un peu trop développé, si elle était comme ça avec tout le monde ou non, et ce qu'il devait faire. Il trouvait ça chelou en tout cas. Vu la réaction qu'elle eut, c'est-à-dire se reculer brusquement à l'autre bout de la tente en rougissant, elle ne l'avait pas fait exprès. Soit, peut-être qu'elle avait besoin de faire quelque chose de ses mains et qu'inconsciemment c'était sur ses cheveux que ces mimines avaient trouvé une occupation.

"-Ben, un peu pareil.. j'en avais marre de tout ça et je suis venu pour dessiner.. Mais je dessine mal en tout cas beaucoup moins bien que toi.."

Mathéo s'apprêta à répondre quand les couinements d'Haku attirèrent son attention. Il était en train de se faire bousiller par l'autre lézard. Andréa s'empressa de récupérer Ezio, que Mathéo se retenait furieusement de mordre. Il avait aussi envie de lui envoyer un alligator dessus. Il détestait qu'on fasse du mal à son lézard de compagnie. D'ailleurs, il ne put s'empêcher de lancer un regard noir à Ezio le temps d'un court instant, pour regarder Haku et le prendre doucement dans ses mains.

"-Attends attends, on va soigner ça..."

Bien sûr, il ne pouvait pas faire apparaitre de désinfectant, mais en revanche il avait des mouchoirs. A la base, ils étaient là pour travailler les ombres, mais là l'usage serait différent. Il en sortit un de sa poche pour tamponner tout doucement la blessure d'Haku qui se laissait docilement faire, ayant confiance en son maitre. Pendant qu'il soignait son lézard, il soupira et indiqua d'un mouvement de tête son calepin et son crayon, posé tout près de lui.

"-Tu veux bien me montrer comment tu dessines ?"

Il tourna un peu la tête vers Andréa, qui semblait... Attristée par les évènements. Il n'était pas du genre à prendre directement une fille dans ses bras, mais pour essayer de la rassurer il esquissa un petit sourire.

"-Ne pleure pas, c'est pas de ta faute"

Mathéo avait un peu haussé les sourcils en voyant Andréa essuyer son regard mouillé avec un air ferme. "Je pleure pas" qu'elle avait dit. Ouais... Mathéo n'y croyait pas vraiment, mais au moins il avait l'impression qu'en face de lui il n'avait pas une de ces gonzesses nécessiteuses à la peau de pêche qui n'ont rien dans le ciboulot et qui ne demandent que de l'affection. Elle avait ensuite prit le calepin de Mathéo ainsi que son crayon, tandis que Haku, un peu effrayé par le mouvement d'Andréa alors qu'il se laissait docilement faire par son maitre, repartit se planquer dans les cheveux du jeune homme. Il la regarda faire, un peu étonné, mais il la comprenait en même temps. Il avait horreur d'avoir quelqu'un au dessus de son épaule quand il dessinait, ça le déconcentrait. Donc il la laissait faire, en regardant parfois Ezio. Autant il n'avait rien contre la maitresse, qui lui semblait un peu tête en l'air mais sympathique, mais par contre lui et le lézard ça allait pas le faire. N'étant pas rancunier quand c'était lui qui était touché, il l'était en revanche si on approchait son lézard, parce qu'il y était attaché. Il attendit alors patiemment qu'Andréa finisse son dessin, en se laissant observer, ayant comprit qu'il servait de modèle.
Une fois fini, la jeune femme retourna le dessin face à Mathéo. Andréa avant l'air d'aller un peu mieux, le jeune homme le voyait dans son champ de vision. Mais son regard était plus posé sur le dessin qu'il détaillait avec attention. Rencontrer une personne avec un si bon coup de crayon c'était plutôt rare pour lui, et il était plutôt content d'être tombé sur Andréa. Bien qu'étant plus expressive que lui, elle avait l'air de lui ressembler un peu sur certains points.

"-Bon c'est pas aussi bien que toi, mais voila .."

Mathéo se pencha d'avantage, se mettant un peu à quatre pattes pour regarder en fait, détaillant chaque trait du regard. Ce qu'il regardait, ce n'était pas vraiment l'image qu'elle avait de lui ou même l'idée de l'avoir dessiné, ou encore le sous entendu qu'il y avait dans la phrase qui lui disait que la jeune femme en face de lui le trouvait plutôt mignon, mais vraiment les traits dans leur précision. Après quelques secondes de silence, il leva les yeux vers Andréa, l'air très sérieux.

"-Tu n'es pas si en dessous de mon niveau que tu me le disais, t'en es même très proche... Le seul petit hic, c'est la façon dont tu fais tes ombres je crois."

Il regarda à nouveau le dessin, en s'y voyant. Il se détailla lui même, n'ayant pas l'habitude de passer beaucoup de temps devant un miroir. C'est vrai qu'il n'était pas vraiment laid, mais ça il se le disait vaguement. Puis il observa le graphisme en lui même.

"-... Au passage j'aime beaucoup ton style de dessin..."

Bon, certes, là pour le moment Mathéo ne semble pas être quelqu'un de très souriant. Faut juste lui laisser un peu de temps, celui qu'il s'habitue à la présence d'Andréa... Ensuite il pourrait s'avérer... Surprenant.

La demoiselle s'était remise à dessiner, et Mathéo, près d'Andréa maintenant, se permit de regarder ce qu'elle faisait. C'était cool pour lui de regarder une autre personne que lui dessiner. Elle commença le dessin d'une Harley Davidson, le prenant en duel. Ah ça oui, elle dessinerait sans doute mieux que lui, il ne s'intéressait pas le moins du monde aux motos, donc pour la façon dont elle sera fichue et les détails, il est sûr de rater. Toutefois, ne pas répondre à un duel de dessin qui était très proche de son niveau n'était pas son genre. Il n'avait pas pour habitude de répondre à la provocation, mais là c'était plus ludique qu'autre chose, donc il prit un autre crayon (il en a toujours un de rechange, se méfiant de Haku et de ses coups de folie) ainsi qu'une feuille, cherchant ce qui pourrait bien répondre à ce duel, autre qu'une moto. Il lui fallait quelque chose d'aussi dur à dessiner, avec beaucoup de détails. Il fronça un peu les sourcils sur sa feuille, en pleine réflexion, quand un papillon vint se poser sur son nez. Il ne l'avait pas dessiné et la tente était fermé, et puis... Ce style... Il loucha dessus comme un idiot, les yeux écarquillés, plus surpris que jamais. Alors elle aussi ?? Il leva de grands yeux vers Andréa, plongeant ses mirettes roses dans celles de la jeune femme. Là, il réalisait qu'il n'était pas le seul à pouvoir bâtir un monde par les traits qu'il esquissait. Il aurait pu la voir comme une rivale qui osait empiéter sur son terrain de jeu qu'est le monde lui même, mais au lieu de ça il vit en elle une personne avec qui il allait pouvoir voir les choses de manière différente, et sans doute bâtir un nouveau monde, faire des duels, créer des tas d'univers différents, comme si enfin une camarade de jeux comme il aime était présentée à lui. Pas une fois l'idée qu'elle s'était un peu foutue de lui ne lui effleura l'esprit, plus heureux qu'autre chose. Il esquissa un sourire assez complice malgré lui à Andréa, encore plus motivé à relever son duel, et entama un crayonné rapide, levant assez souvent les yeux vers Andréa, comme si son regard pouvait la transpercer. Sur sa feuille, il était en train de la dessiner, toute entière et non pas seulement son visage, essayant de reproduire un univers vestimentaire qui pourrait s'allier à celui de la Harley Davidson qu'elle était en train de dessiner, un sourire aux lèvres. Un sourire qu'on avait jamais vu se dessiner sur son visage. Il leva son regard vers la jeune femme pour lui parler cette fois, le regard malicieux et pétillant.

-N'oublie pas de mettre le contact sur ta Harley, elle va en avoir besoin~

En ce qui concerne les vêtements de la Andréa qu'il dessinait, il s'agissait d'une combinaison noire un peu moulante, mais n'ayant pas vraiment détaillé son corps il avait caché ses lacunes concernant la connaissance de mensurations de la jeune femme qui se tenait devant lui en ajoutant une veste en cuir plutôt classe, et avec ça des longues bottes qui lui arrivaient à la moitié de la jambe, ainsi que des mitaines en cuir. Un fois fini, il prit le bras de sa Andréa qui n'était pas ratée du tout, pas aussi jolie que le modèle mais qui s'en rapprochait, pour la sortir de sa feuille. Une fois sortie, le clone de la jeune femme se tourna vers elle avec un regard malicieux, et brandit face à Andréa ce que Mathéo lui avait dessiné en plus en les faisant tournoyer joyeusement dans l'air. Des clés. Cette fois ci, le regard de Mathéo était particulièrement vif, imaginant toutes les choses qu'ils pourraient faire ensemble en jouant de leur pouvoir. Il attendait aussi la réaction d'Andréa, savoir si oui ou non elle allait faire sortir sa moto pour faire connaitre son premier, unique et dernier voyage en moto à son clone. Pourquoi Mathéo avait dessiné Andréa et non pas un autre personnage fictif pour chevaucher sa moto ? Parce que pour lui elle était la seule à en avoir le droit, vu que lui n'avait répondu qu'à moitié au défi. Mais au lieu de ça en un défi ils avaient la possibilité d'allier leur deux dessins.