On ne peut jamais être tranquille. [PV Noëlle]

Mammon semble en colère après toi, à cause de ton comportement enfantin et agaçant. Mais tu ne sembles pas le remarquer, tu penses surtout que c'est son expression naturelle d'avoir l'air fâchée comme ça. Mais il n'en est rien, dommage que tu sois incapable de le voir. Non, tu continues d'attendre sa réponse avec des étoiles dans les yeux en espérant qu'elle accepte. Mais au lieu de ça, ton interlocutrice te repousse légèrement et se tourne vers toi, te regardant avec des yeux te foudroyant du regard.

- Cela suffit ! Pourrais-tu te taire ? Tu me déranges et à ce que je sache je fais encore ce que je veux. Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'une enfant et encore moins d'une fillette provenant de la classe C. Maintenant, va-t'en ! Va donc enquiquiner d'autres élèves qui sont eux ignares et cela, dans le silence ! rugit Mammon.

Ton sourire s'efface légèrement à ces paroles. Mammon est de mauvaise humeur et cela se remarque facilement en écoutant ce qu'elle dit. En tout cas, ton plan "rendre le sourire à Mammon" est mal parti. D'un autre côté tu ne l'as jamais vu contente ou sourire aux gens - raison pour laquelle tu veux l'amuser. Tout ce que tu as compris dans ce qu'elle venait de dire est qu'elle n'a pas envie de jouer avec les gens en bas. Elle est peut-être plus timide que prévu finalement, et ça risque de te compliquer la tâche. Tu la regardes, muette - pour une fois -, un doigt poser sur tes lèvres, et elle finit par se se retourner à nouveaux vers les élèves jouant en bas. Toujours incapable de dire quoi que ce soit, tu te tournes aussi pour observer les élèves se trouvant en bas. A cette hauteur, ils sont aussi petits que des insectes. Ça te rend ton sourire de les voir si petits, alors que normalement, ils sont tous plus grands que toi.

- Eh bien vu que cet endroit n'est plus assez calme à mon goût je préfère aller me promener ailleurs. Je te préviens petite, ne me suis pas sinon gare aux représailles. déclare Mammon.

- Hein ? murmures-tu.

Tu la vois s'en aller sans te regarder. Tu restes là à la regarder, surprise par sa décision et hésitant à l'accompagner. Comment est-ce possible qu'après ses menaces tu veuilles la suivre ? Eh bien le petit problème c'est que son langage distingué l'a faite utiliser le mot "représailles", un terme qui t'est inconnu malgré que tu ne sois pas si stupide. De ce fait tu te poses la question sur le sens de la phrase entière. Le mot t'empêches de comprendre ce qu'elle voulait dire.

*Représailles ? C'est quoi ? Elle dit qu'il faut en faire attention. Donc c'est un animal dangereux ? Oui ça veut dire qu'elle va se promener dans un endroit avec des animaux dangereux et que je dois pas la suivre parce que... ils vont être méchants avec moi ? C'est certainement ça ! Mais ça veut aussi dire que Mammon est en danger.* penses-tu.

Cela te ferait du bien tout de même de prendre du temps parfois de lire le dictionnaire au lieu de jouer à la dînette, parce que la réflexion que tu viens d'avoir est absolument ridicule et absurde. Tu te diriges donc vers la jeune A pour lui attraper sa jupe avec tes petits doigts et l'arrêter brusquement. Tes yeux rouges la regardent et ton inquiétude se ressent à travers ton regard.

- Mais non Mammon, pourquoi tu y vas ? Tu sais qu'il y a les méchants représailles qui vont t'attaquer alors pourquoi tu y vas quand même ? demandes-tu avec un regard de chien battu.

Tu lâches son habit et utilise ta main pour mieux saisir ton ourson en peluche et le tendre un peu vers elle. Un rire s'échappe à travers tes lèvres tout en gardant tes bras tendus.

- Si tu veux pas jouer avec les gens en bas, Mammon, tu peux jouer avec lui et moi, il est gentil, pas comme les représailles hein ! D'ailleurs ça ressemble à quoi les représailles ? j'en ai jamais vu ni entendu parler... interroges-tu en penchant légèrement ton ours en peluche.

Mammon va très certainement te trouver incroyablement stupide et ne rien comprendre à ce que tu dis. C'est étrange effectivement, tu es stupide mais tu es aussi intelligente pourtant.

De l'admiration, oui c'est de l'admiration que tu ressens envers l'attitude si calme et posée de la jeune élève de la classe A. Comment est-elle capable de ne pas parler aussi longtemps ? Une question qui te retient tout de même. De ton côté, tu sais très bien que si vous ne jouiez pas, tu serais totalement incapable de rester silencieuse aussi longtemps qu'elle. Au bout d'un moment tu en aurais marre et tu serais mise à parler avec ton ami imaginaire, Amy. Oui Amy, quand tu es seule dans les couloirs - ou même quand tu es avec des gens en fait - tu lui parles. Ce n'est pas vraiment quelqu'un que tu considères comme un "bouche-trou", non, c'est vraiment ton ami. Mais par contre, bien évidement les gens croient que tu parles toute seule alors qu'en fait tu t'adresses à cet ami que tu n'as jamais vu. C'est donc face à cette fille si calme que tu attends avec les bras tendus et un paquet de bonbons dans les mains. Pendant un moment, elle a soupiré maintes et maintes fois au point où tu n'as pas eu le courage de compter. Bien entendu, les soupires ne comptent pas dans le jeu, elle n'a pas perdu. Ce serait comme lui interdire de respirer alors que le but du jeu est simplement de ne pas prononcer un seul mot. Le jeu continue.

Elle se tourne vers toi pour regarder le paquet de bonbons, et tend la main pour piocher un bonbons du sachet. Tu es déjà contente qu'elle ait accepté l'offre que tu lui as faite, froide comme elle est, elle aurait pu refuser, et pourtant elle accepte sans que tu n'aies besoin d'insister. Il est possible que sa mauvaise humeur soit passée et qu'elle soit d'une humeur joyeuse à présent. En tout cas, elle penche légèrement sa tête sur un côté et sourit, signe d'un remerciement. Eh là, tu regrettes presque de jouer à son jeu ; tu aurais tant envie de complimenter son sourire qui est vraiment magnifique, mais tu ne peux pas, tu perdrais le jeu sinon, le jeu qu'elle a proposé. Tu te sens obligée de te taire un petit moment pour que Mammon soit heureuse. Et tu la vois, se retourner vers toi et épousseter sa jupe. Tu souris un peu en piochant à ton tour une sucrerie dans le paquet - tu as un petit creux toi aussi - et tu remarques qu'elle entrouvre ses lèvres. La question suivante te traverse l'esprit une fraction de seconde après : Va-t-elle parler ou simplement soupirer ? Mais avant que tu n'aies le temps de réfléchir à être interrogation, la réponse vient.

- Je te félicite Noëlle, tu as gagné cette partie du Roi du Silence, tu peux désormais parler. finit par dire Mammon.

- D'accord ! exclames-tu juste une seconde après la phrase de Mammon.

Tu ne te demandes même pas pourquoi elle a brisé le silence pour te laisser gagner. Peut-être qu'elle trouvait que c'était admirable d'avoir été si sage durant quelques minutes ? Car oui, il n'y a pas vraiment besoin de beaucoup te connaître pour savoir que tu parles tout le temps, et souvent pour dire des choses inutiles. Peu importe, tu n'as pas vraiment envie de savoir. Ce dont tu as envie, ce qui te tient à cœur, c'est de lui faire part de ton avis sur son sourire. On peut presque croire que les te démange, cette envie. Tu ranges ton paquet de bonbons dans ta poche et tu la regardes en souriant.

- Il est super joli ton sourire ! J'suis sûre que tout le monde pense la même chose. Si tu souriais plus t'aurais plein de compliments ! complimentes-tu en souriant.

Certainement, Mammon est une fille magnifique, il faut l'avouer. Même sans sourire, elle est déjà très jolie, alors avec, elle serait capable d'être splendide comme ce n'est pas possible de nos jours. Mais ce n'est pas vraiment à toi d'en juger, petite fillette hétéro et innocente. Juger la beauté des gens, ce n'est pas ton fort et ce n'est pas très important pour la petite insouciante que tu es. Malgré tout, tu la trouves belle. Mais passons, autre chose t'intéresse maintenant qu'elle a perdu : le gage qu'elle a proposé. Elle a dit que si tu perdais, elle te jetterait du toit. Ce que tu as compris, c'était que le perdant devra se faire jeter du toit et voler, mais encore une fois, c'est ce que tu as compris de sa phrase. Donc oui maintenant elle devra te dévoiler sa méthode pour voler...

- Puisque t'as perdu, c'est toi qui va devoir sauter du toit et me montrer comment tu fais pour voler ~ dis-tu en levant les bras.

Non, fort heureusement d'ailleurs, tu ne vas pas la pousser. Ce n'est pas que tu n'as pas envie de la forcer, mais peut-être qu'elle aurait besoin d'élan et la pousser l'empêcherait de s'envoler. L'idée t'as juste traverser l'esprit mais aussitôt disparue après réflexion.. Tu recules juste d'un pas, pour lui donner de la place. Tu replies tes bras et tes mains sont à la hauteur de ton cou, coinçant ton ourson dans ton coude, poings serrés. Ton regard s'illumine et ton sourire niais apparaît. En fait, tu montres juste que tu attends de la voir s'envoler devant toi, tel un oiseau gracieux. Tu as déjà vu Flinn voler devant toi, ce ne sera pas quelque chose de nouveau pour toi. Mais ce n'est pas très important, Mammon, elle, tu l'as jamais vu le faire.

Légèrement surprise par ce que tu viens de dire, Mammon reste là, à te regarder au lieu de s'élancer. De ton côté, tu attends avec ce sourire et ces yeux étincelants le moment où elle ferait le saut. Cette croyance de pouvoir voler, ce ne sont pas tes défunts parents qui te l'ont gravée dans la tête pour une fois ; mais seulement toi et ta naïveté légendaire, attitude qui n'a pas changé depuis que tu as 7 ans, ou même depuis tes 5 ans en y réfléchissant bien. Mais Mammon va faire de son mieux pour t'expliquer certaines choses essentielles de la vie. Même si quelques personnes adorent cette innocence si pure, cela te ferait du bien de grandir un peu. Tu ne vas tout de même pas rester comme ça quand tu auras 30 ans, n'est-ce pas ?

- Écoutes-moi bien Noëlle, il m'est tout bonnement impossible de me jeter du toit afin de voler car aucun être humain sur cette planète n'en a la capacité. Sauf ce Flinn dont tu m'as auparavant parlé. Pourquoi ? Eh bien si nous sommes dans cette école c'est pour une simple et unique raison ; nous possédons tous un don. Tu en possèdes un et j'en possède également un et ce Flinn, lui, doit avoir la capacité de pouvoir voler ainsi il ne craint rien s'il se jette d'un immeuble par exemple. En revanche, nous, nous serions soit grièvement blessées soit tuées. Est-ce que tu comprends ? explique-t-elle.

A chacune de ses phrases, tu hoches légèrement la tête pour bien montrer que tu l'écoutes attentivement. Bien entendu, certaines choses qu'elle a dites sont loin d'être de nouvelles informations pour toi ; tu sais très bien que l'école a été bâtie pour les magiciens - comme tu les surnommes. La lettre d'invitation le disait de toute manière.

- Oui oui je sais que c'est une école de magiciens ! Et je sais qu'on est des magiciens. exclames-tu contente.

Sortant de ta bouche, le terme Magicien sonne plus enfantin, comme si tu parlais des magiciens dans les contes ou même à la limite des Magical Girls. Le monde est loin d'être tout rose, tu sais Noëlle. Mais ce n'est pas très important. Par contre, les trois dernières phrases de ce qu'elle a dit te sonnent comme "étranges" dans ton esprit. Tu sens qu'il y a une sorte d'incohérence dans l'histoire. Jamais tu n'aurais renié le fait que Flinn possédait un don, mais tu ignorais jusqu'à maintenant que son pouvoir consistait à voler. Jamais la question sur son don ne t'a traversé l'espri. Tu penches la tête sur un côté et remets un doigt sur tes lèvres, l'autre bras servant à tenir la peluche. Le silence t'a emparée durant vingt secondes, le temps que tu comprennes.

- Donc on peut pas voler et Flinn il peut ? questionnes-tu.

Tu clignes des yeux quelques fois, restant silencieuse un instant ou deux. La petite enfant que tu es restée n'arrive toujours pas à comprendre quelque chose ; même si un riche français t'avais adopté et faisait de son mieux pour te payer tes professeurs, l'absence de cours de science t'a totalement empêché de grandir d'une certaine façon. Tu ignores ce qui est évident aux autres, et cela te fait souvent passer pour une imbécile, comme maintenant en fait.

- Mais pourquoi les oiseaux ils peuvent alors ? Ça devient pas logique...! demandes-tu, complètement perdue.

Ces animaux, tu les as observés de si longs moments dans le passé et au Pensionnat. En les regardant, tu t'es mise en tête que si tu agitais les bras assez vite, tu t'envolerais comme eux, tu les rejoindrais dans le vaste ciel. Pour toi c'est dommage que Mammon n'ait pas cette capacité. Jamais tu ne t'es posée certaines questions comme "Pourquoi j'ai jamais vu un autre humain que Flinn dans le ciel si c'est possible". Mais bon,  tu es trop insouciante pour te préoccuper avec ça.