Mini retour en arrière pour mieux aller de l'avant. [Judith]

- Cela me ferait très plaisir ! Mais euh...

Je tourne la tête vers elle, me demandant comment elle allait continuer sa phrase. En général les "mais euh" c'est pas de très bonne augure... Et en plus elle baisse la tête, merde.

- On ne pourra pas se voir pendant les vacances...

Vacances... Deux semaines... Pas d'Arya... Pas de câlin... Pas de bisou... Pas de sortie... Putaaaaain !! D: Atta atta, ne nous emballons pas. Faut savoir la raison du pourquoi. Je la regarde les yeux grands ouverts, attendant de connaitre la raison de cette mauvaise nouvelle.

-Bah pourquoi ??

On arrive déjà vers ma chambre, en même temps on en était pas loin. Mais nan mais nan !! Enfin je sais que ça fait pas très longtemps qu'on est ensemble, tout ça, mais les vacances c'est censé libérer du temps ... !!

- Tante Ann veut que je rentre pour les vacances. Elle veut m'emmener à la montagne pour que j'apprenne à skier. Je suis désolée, ça lui a pris comme ça. Des fois, elle a des idées subites et ne s'arrête pas avant de...

Ah ouais, sa tante, je l'avais zappée. Je soupire en ouvrant la porte de mon cabanon, laissant voir quelques posters de Zack et Lightning accrochés au dessus de mon lit. C'est chiant, je vais pas pouvoir la voir de toutes les vacances...

-Rho ça fait chier... Enfin nan c'est bien pour toi, le ski c'est cool puis les montagnes enneigées c'est magnifique...

Je m'assois sur mon lit, mettant mes mains sur mes cuisses, et détourne un peu le regard. Ce que je m'apprête à dire je sais pas bien le dire en face.

-Mais tu vas me manquer quoi...

Je sais bien que je peux toujours me faire d'autres potes et passer du temps avec eux, mais Arya va me manquer ça fait chier... Pas la voir pendant deux semaines, c'est long deux semaines...

Ce fut tout ce qui sortit d'abord. Puis mon cerveau analysa le début de sa phrase. Je relevai la tête. J'avais refermé la porte derrière moi par habitude, mais je n'avait pas encore regarder la chambre de Judith qui semblait au moins aussi embêtée que moi. Assise sur son lit les mains sur les cuisses, le regard ailleurs... Est-ce qu'elle était en colère ? 

-Mais tu vas me manquer quoi... 


Après cela, non, je ne pensais pas qu'elle soit en colère, ou alors elle le cachait bien. Je vins m'asseoir à côté d'elle et posai ma tête contre son bras. 

- Tu vas me manquer aussi...

Je posai ensuite ma main sur la sienne puis laissais mon regard errer dans la chambre pour me forcer à penser à autre chose et ne pas pleurer. Est-ce que c'était bien le reflet de la personnalité de Judith ? Je souris et observais plus attentivement les posters. Mais je ne connaissais pas ceux qui y était représenté.

- Qui c'est ?

Arya me rejoint et pose sa tête sur mon bras. Mon premier réflexe est de poser ma tête sur la sienne... Mais je la veux contre moi. Alors je passe mon bras autour d'elle, de manière à que sa tête soit sur mon épaule, et pose ma main sur sa taille. Je suis bien là. Je sais que j'ai attendu des choses ou des personnes bien plus que deux semaines, mais ça me fait chier quand même.

- Tu vas me manquer aussi...

Je soupire un peu et sens sa main se poser sur la mienne. Elle est chaude... Je retourne un peu ma main pour mettre ma paume contre la sienne et entrelacer mes doigts aux siens. Ca me fait tout bizarre, je me sens encore rougir.

- Qui c'est ?
-Mh ?

Je lève le nez vers ce qu'elle me désigne. Ah, mes posters... Je ne peux m'empêcher de sourire devant ces personnages. Est-ce qu'elle veut vraiment que je me mette à en parler ? Ca va durer des heures...

-Alors lui, c'est Zack, Zack Fair, mon héros préféré de Final Fantasy, ce jeu là il est sur PSP, et... Oh j'ai tellement de trucs à dire dessus, j'ai peur de t'ennuyer~

Puis, je désigne Lightning. Ca y est, je suis en mode groupie, merde. J'ai l'air d'une enfant qui parle de ses jouets.

-Et elle, c'est Lightning, enfin en vrai elle s'appelle Claire Farron, mais elle se fait appeler Lightning, elle vient de Final Fantasy XIII, sorti sur Xbox 360 et PS3, et elle est trop classe, et... Et... Bon sa petite soeur elle est conne j'l'aime pas, mais elle elle pue la classe, elle est trop forte, et puis...

Je souris, un peu plus mélancolique.

-Je me sens un peu proche d'elle...

Y a pas à dire, de tout les jeux que j'ai fait, Final Fantasy XIII restera celui que je préfère.

-Quand elle découvre qu'elle est perdue sans maitre à suivre... Alors elle se bat sans relâche, le temps de trouver un but... Mais malgré sa force, c'est la première à défaillir et se trouver confrontée à son eidolon... L'eidolon c'est la créature qui est associée aux l'Cies, et Lightning en est une après avoir rencontré le Fal'Cie pour sauver sa soeur, Serah.

Je secoue la tête en soupirant, agacée cette fois.

-Et ça me dégoûte de voir ce que Tetsuya Nomura a fait d'elle pour le troisième volet de FF XIII, il l'a quasiment prostituée pour du marketing, il l'a dénaturée alors que dans le XIII elle est géniale... A la fois dure et maternelle... Et puis pas besoin de la cosplayer en chat pour faire d'elle une fille sexy enfin, c'est complètement débile !!

Je regarde à nouveau Arya, avec un sourire un peu désolé. J'aime tellement l'univers de Final Fantasy... Je vais la saouler si je continue, surtout qu'entendre parler d'un truc qu'on connait pas c'est chiant.

-Désolée, je m'étends un peu sur le sujet, mais j'adore vraiment la saga et je pourrais y passer des heures...

Je marquais une pause. Ma voix était tremblotante en parlant. Je voulus rectifier cela avant de reprendre la parole. Je parvins même à sourire.

- Tu parlais avec tant de passion, c'était beau.

Et je rougis. Est-ce que c'était quelque chose que l'on pouvais dire ? Je me crispais au niveau de la main qui tenait celle de Judith, mais je ne le fis pas exprès, les yeux rivés sur le sol, j'essayais de ne pas pleurer de ma stupidité.

Pourquoi elle a la face rouge comme ça ? J'ai fait que parler de Final Fantasy... J'me demande à quoi elle peut penser... Non j'imagine pas des trucs salaces, ça m'étonnerait venant d'Arya, quoi que on sait jamais, mais je me demande seulement quelles peuvent être ses pensées pour que ses joues soient ainsi.

- N-non... Pas de problème. C'est quelque chose que tu aimes beaucoup... C'est normal.

Sa voix est tremblotante. Quoi, je l'intimide ? Non, ça peut pas être ça... Enfin en tout cas elle semblait un peu moins timide avec moi je trouvais, ptet qu'elle revient au galop, va savoir.

- Tu parlais avec tant de passion, c'était beau.

Je la sens tendue, et ce qu'elle me dit me fait un peu rougir. Je détourne un peu le regard pour dissimuler mes rougissements, en serrant doucement sa main.

-Mh, moui, je me passionne pour Final Fantasy alors... Tu risques de m'en entendre beaucoup parler...

Je regarde Arya en coin, et voit qu'elle est vraiment tendue. J'vais pas la laisser comme ça, la pauvre... Je souris doucement et me penche pour l'embrasser sur la joue.

-Hey, ça va ?

Faut que je la pousse à me parler, au lieu qu'elle garde tout pour elle comme ça. Je sais que je peux savoir réconforter les gens, donc forcément c'est important pour moi de pouvoir être là pour Arya. Pas parce qu'elle a le statut de ma petite amie non, mais parce que c'est une personne importante pour moi, et je voudrais qu'elle se sente le mieux possible.

Je ne sais pas ce qu'il me prend. J'agis d'une façon, et l'instant d'après j'agis autrement. Je ne sais plus bien où j'en suis. C'est surtout que ce n'est pas correcte pour Judith d'^tre ainsi. C'est agaçant. Et puis être bien et l'instant d'après avoir envie de pleurer ça craint. Je ne suis pas dépressive pourtant, ni lunatique... Alors pourquoi je suis comme ça ?

Soudain, je sens quelque chose de chaud et légèrement humide sur ma joue. c'est Judith qui vient de m'embrasser sur la joue. Je rougis un peu plus en baissant le regard.

-Hey, ça va ?


Que répondre ? Oui ? Non ? Je n'en savais rien. J'étais perturbée de l'intérieur cela était certain, mais la raison m'échappait. 


- Je...


Je me recroquevillais sur son lit, lui lâchant la main pour enserrer mes genoux. Et sans m'en rendre compte je commençais à me balancer d'avant en arrière. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Mon cerveau lança une analyse rapide et la solution m'apparut : j'avais peur. Mais peu de quoi ? Je n'avais rien à craindre. N'est-ce pas ? Je n'avais pas peur de Judith quand même ? Non c'était stupide, idiot, complètement...
Je sentis des larmes couler. Oh ! Vraiment ! C'était le pompom ! J'étais vraimet pitoyable.

- Je...

Oulà oulà, elle va pas bien là, pas bien du tout. Elle se balance, recroquevillée, y a un truc qui la tourmente c'est clair, mais quoi ? Tout de suite je me rapproche d'elle, pas trop brusquement non plus, et me mets à genoux pour la prendre tout doucement dans mes bras, en murmurant.

-Oulà... Ben alors... Qu'est-ce qui va pas...?

Je vais ptet pas trop la poutouter sinon ça va faire sangsue qui sait pas gérer son envie de faire des bisous alors que la concernée ne va pas bien. Je sais pas trop quoi penser, je sais pas si j'ai fait une bêtise, si c'est lié à Final Fantasy, ça m'étonnerait quand même... Quoi qu'il en soit faut que je sache ce qui ne va pas. Bon, je vais essayer un truc le temps de la calmer, je sais c'est pas bien de chercher à atteindre le fonctionnement des gens mais là c'est juste pour deux minutes. Je vais glisser ma main dans ses cheveux, sur le côté droit de sa tête, et use un peu de mon pouvoir pour simuler doucement ce côté de son cortex. Il parait que c'est celui de l'optimisme. C'est juste le temps de rééquilibrer, du moins si j'y arrive, mais je sens un petit flux d'énergie circuler dans mes mains donc ça devrait aller. Je caresse doucement cette partie, en berçant doucement Arya.

-A quoi tu penses...?

Gentille Judith qui s'occupe de moi. Me prend dans ses bras doucement. Alors que moi... alors que je...


Je ne pensais pas, tout simplement. J'étais en train de dérailler, c'est cela. Je déraille complètement... ça bougeait dans mon ventre. Pas comme quand on est malade non, plutôt comme... une fusion ? Une fusion ! Non !  Il ne fallait pas ! Pas maintenant ! Surtout pas tout de suite ! 
Judith posa sa main sur ma tête et je sentis qu'elle utilisait son pouvoir sur moi. Cela me crispa et mon corps réagit mal. La fusion s'accéléra et l'instant d'après, j'était un gros caillou sur le lit de Judith. Pas très romantique.

Je regarde le caillou qu'est devenu Arya en me mordant un peu les lèvres, tout à fait calme. Bon, bah ça a raté. Je reste un peu sans bouger, en observant cette pierre qui à priori est ma petite amie. Et maintenant ?

-Bon, j'imagine que la communication comme ça ça va être un peu compliqué 'u'

Je souris un peu. Je sais que les fusions pour Arya c'est pas un don, mais moi ça me dérange pas. Je prends alors le caillou qu'est Arya et lutte un peu avant de le poser sur mes genoux, en posant ma main dessus, au niveau de son dos. Puis, je me mets à rire en imaginant ce qu'on pourrait penser de l'extérieur.

-Décidément, je dois être drôle à voir à parler avec un caillou~ Hihi~

Eh c'est pas sympa là, elle va se sentir encore plus mal ! Je secoue la tête en souriant, et regarde Arya avec une forme de douceur.

-Excuse moi, je relativise pas toujours de manière correcte. Enfin.

Je reprends un visage plus sérieux. Il faut que je lui parle pour la calmer, et je crois que je vais éviter d'user de mon pouvoir sur elle. Je la calmerai uniquement par mes propres moyens la prochaine fois. Je passe doucement ma main sur le caillou, puis, me souvenant que sa fusion peut s'arrêter à n'importe quel moment et qu'elle sera théoriquement à poil, je tire un peu sur ma couverture pour envelopper doucement son corps et éviter qu'elle se retrouve complètement nue contre moi. J'ai une approche plutôt neutre du corps humain nu mais là il s'agit quand même de ma copine et puis même elle serait gênée, donc autant prendre les devant et limiter le plus de dégâts possible.

-Tu sais Arya... Je te demanderai pas de me dire tout ce qui se passe dans ta tête parce que ce serait peut-être un peu étrange, mais quand des trucs vont pas, même si tu sais pas mettre de mots dessus, tu peux m'en parler, t'enfermes pas dans le silence comme ça...

Je réfléchis quelques secondes, puis baisse les yeux, les rétines légèrement vides. Pardon Arya, mais pour moi ça semble tellement plus simple de parler à un caillou, comme si j'étais seule avec moi même. Mais au moins, ce sont des choses que tu sauras.

-... C'est pas des trucs à faire... Y a rien de plus blessant que le silence ou le vide complet... Je te parle pas de ton silence qui me blesse non, mais de celui qui risque de te blesser toi... J'ai pas envie que tu sois blessée...

J'esquisse un léger sourire, en regardant vers mon poster de Lightning. Un sourire mélancolique. Parler de soi pour rendre les autres à l'aise, les toucher à travers sa personne... Et puis, parler de moi, ça fait du bien aussi.

-C'est trop difficile de tout taire à tout le monde. Une fois, c'est ce que j'ai fait. Je continue toujours malgré moi, à taire certaines choses. Et je sais combien le faire de se taire peut être une torture...

Je regarde alors Arya, une boule dans la gorge, en me souvenant de certaines parties de ma vie, de certains soirs à pleurer à en avoir des crampes au ventre tant j'avais mal.

-Alors n'hésite pas à m'en parler, tu ne m'embêteras pas, je t'assure... Au contraire... J'aime bien écouter les gens parler d'eux...

Je n'aimais pas ma fusion Terre, j'avais vraiment l'impression de devenir inutile en plus de devenir réellement pesante. Mais je n'en perdais pas mes capacités mentales ni mes perceptions. Je sentis Judith me soulever et me poser sur elle.
Elle était complètement folle ! J'allais lui faire mal ! Et ce n'étais pas mon intention ! Et puis déclencher une fusion pour si peu, c'était ridicule ! Je ne sais même plus ce qui m'a déranger ! Oh ! Judith... Pardonne-moi... C'est à moi de m'excuser, pas à toi. Tu es toujours là pour moi, je ne suis qu'un poids inutile... Et non fictif. Je n'aurais pas été de pierre j'aurais sangloté.

J'entends les paroles de Judith... Ma Juju... Ma petite-copine... mon amoureuse... Je la sens, je sens son contact... Je sais qu'elle est en train de s'inquiéter pour moi... Elle s'occupe de moi... Et moi je suis... une erreur de la nature... Je ferai mieux de demeurer un caillou jusqu'à la fin de ma vie ! Je pourrais au moins servir de décoration. Hein ! Judith ! Que dirais-tu de moi si je te servais de nichoir à oiseau dans ton futur jardin ?

Un caillou ne parle pas... Je ne sais pas si c'est un avantage, mais je me mis à sérieusement écouter ce qu'elle me dit - au lieu de pleurer intérieurement sur mon sort- quand je sentis que sa voix avait changer d'intonation.

-Tu sais Arya... Je te demanderai pas de me dire tout ce qui se passe dans ta tête parce que ce serait peut-être un peu étrange, mais quand des trucs vont pas, même si tu sais pas mettre de mots dessus, tu peux m'en parler, t'enfermes pas dans le silence comme ça... C'est pas des trucs à faire... Y a rien de plus blessant que le silence ou le vide complet... 


 Hein ? Quoi ? Comment ? Pourquoi elle me dis ça comme ça maintenant ? Surtout que... J'ai vécu dans le silence de mes douleurs pendant deux années... alors parler maintenant...m'ouvrir... Non ! Je ne peux pas... Je ne dois pas peser sur les gens, leur déverser mes problèmes... Je ne peux pas...


- Je te parle pas de ton silence qui me blesse non, mais de celui qui risque de te blesser toi... J'ai pas envie que tu sois blessée... C'est trop difficile de tout taire à tout le monde. Une fois, c'est ce que j'ai fait. Je continue toujours malgré moi, à taire certaines choses. Et je sais combien le faire de se taire peut être une torture... 


Une torture ! Laisse-moi rien ! C'est mon quotidien... Je passerais donc mon temps à me torturer ? C'est si triste...mais si vrai... Et pauvre Judith... ça doit lui faire mal de me dire tout ça, sa voix est vraiment bizarre... Est-ce qu'elle va pleurer ? Est-ce à cause de moi qu'elle va pleurer ? Je refuse. Je ne veux pas lui faire de mal. J'avais promis de ne plus lui faire de mal. Je suis vraiment une fille horrible ! Il faut que j'inverse la fusion, pour partir, lui retirer le poids de ma présence...


-Alors n'hésite pas à m'en parler, tu ne m'embêteras pas, je t'assure... Au contraire... J'aime bien écouter les gens parler d'eux... 


J'avais tant envie de pleurer. Mais une statue de pierre ne pleure pas... Mais je ne suis pas une vraie statue et de l'eau se mis à couler de mes yeux figés. Les chrétiens crieraient au miracle... Voyez donc une statue qui pleure... C'est si triste... Mais je me sens si mal d'avoir fait du mal à Judith...


Je commençais à me sentir bizarre... Quand je compris ce qu'il m'arrivait je me retrouvai de nouveau humaine et me pendis au cou de Judith en pleurant.


- Je suis désolée... Je suis si égoïste... Tu ne mérite pas ça...

Bon, après quelques temps où elle commençait vraiment à me peser sur les genoux, enfin Arya redevient humaine. Bon, le petit malaise c'est qu'elle est un peu à poil sur moi, mais ça va j'avais prévu le coup j'avais mit la couverture sur elle donc je vois rien. Oui parce que bon okay j'ai une libido un peu inexistante en général mais quand même, on sait jamais. Et voilà qu'elle se colle à moi... Bon OUI je sais c'est pour pleurer et je suis horrible de pas du tout être sur la même longueur d'onde qu'elle mais je peux pas m'empêcher de rougir.

- Je suis désolée... Je suis si égoïste... Tu ne mérite pas ça...

Je passe mes bras autour d'Arya pour la serrer doucement contre moi. Je sais pas vraiment pourquoi j'enfouis mon visage dans son cou, j'hume son odeur ça me détend. Je me sens un peu triste, mélancolique... Et Arya n'a pas l'air d'entendre ce que je cherche à lui transmettre, même si je sais que ce problème de confiance en soi ne se règle pas en trois jours, je le sais très bien. Je la serre un peu plus fort, posant mon front contre son épaule dénudée. Qu'est-ce que tu veux que j'réponde à ça, alors que j'me trouve moi même en faiblesse mentale pour une raison que j'ignore. Sans doute y a-t-il des choses que j'enfouis au fond de moi pour me faire croire que le problème est réglé. Et pourtant non, y a tellement de choses en moi qui sont en fouillis, c'est affreux je sais même pas comment m'y prendre pour me sauver. Je fais les choses qui me semblent bonnes, mais les effets bénéfiques sont tellement temporaires... Je lâche un léger soupire et embrasse le cou d'Arya avant de redresser ma tête pour lui sourire doucement et passer ma main dans ses cheveux.

-Hey... Regarde moi...

Je lève tout doucement le menton d'Arya du bout de mes doigts (et bordel nan là j'avoue sentir la chaleur de son corps contre le mien là je deviens de moins en moins à l'aise), en feignant de ne pas être gênée de sa nudité, et lève sa tête vers la mienne en posant mon front contre le sien.

-T'es pas égoiste Arya... Ta réaction elle est normale... Si t'as été habituée à être toujours toute seule c'est normal qu'au début tu aies du mal à t'ouvrir, je t'en veux pas je comprends, et je te lâcherai pas. Donc tout ce que tu as sur le coeur tu peux le dire si tu en as envie...

J'esquisse un petit sourire, m'apprêtant à sortir une phrase qu'une amie jadis m'avait appris. Ma première véritable amie, celle qui m'a ouverte au monde, alors que je n'étais rien d'autre qu'un déchet, une épave que la société portait en son sein.

-Les amis servent déjà à ça... Si moi en tant que petite amie je peux pas t'aider et t'épauler je vais servir à quoi...?

Ah, ce texte d'Annah Harendt qui me revient, l'histoire de la société de consommation qui se demande sans cesse à quoi peut bien servir telle chose... Un objet d'usage. Oui, c'est comme ça que je me perçois. Un objet qui a pour fin de pousser les autres vers le haut, dans la mesure du possible. Ma perception de moi même n'est pas des plus glorieuses en effet. Mais bon, je n'y peux pas grand chose pour le moment... Avoir Arya près de moi déjà me permettra moi aussi de m'épanouir, sans effort. Ah mais j'y pense ! Y a un truc chez l'humain qui est vachement pratique ! Si je lui parle de moi, à force elle me parlera d'elle, enfin en général ça marche, c'est de l'alchimie on va dire, l'échange équivalent, tout ça... Merci Edward Elric. Je l'embrasse doucement et brièvement (Arya hein, pas Edward, manquerait plus que ça) et sourit.

-Et puis je mérite pas ça... Arya, tu te rends pas compte du bien que ta présence me fait.

Bon okay, pour elle c'est peut-être bien que je m'ouvre, mais là en fait j'me sens tout sauf à l'aise. Ouvrir un point important de moi, comme ça ? Putain paye ton risque, à trop m'ouvrir si ça marche pas entre nous j'vais être boiteuse... M'enfin, on a qu'une seule vie, je prends le risque, et au pire je me relèverai.
Je déglutis et baisse les yeux, vraiment gênée de ma vulnérabilité prochaine, je crois même que je tremble un peu, manque d'habitude de parler je pense.

-Tu sais... J'ai toujours cherché à m'observer moi même, comprendre mon fonctionnement, essayer de m'améliorer, sans cesse... Mais tu vois, au bout d'un moment on atteint ses limites, l'horloge ne tourne plus bien rond, les rouages commencent à se rouiller, et la clé qui sert aux réparation a de fortes chances de se briser... Moi je savais pas trop quoi faire, comment faire en sorte que mon horloge se remette à fonctionner, j'perdais tout mes repères que j'avais déjà eu tant de mal à fixer... Et toi Arya, tu fais un peu l'effet d'huile sur mes rouages... Il m'a toujours manqué quelque chose pour vraiment être bien et bah... Je l'ai trouvé... Tu penses que je te soutiens, tu me soutiens toi aussi... Ca me semble égal...

Bon, j'ai répondu à la question en ajoutant des paroles réconfortantes. Cool. J'ai les joues chaudes maintenant. Je n'aime pas ma façon de penser. Je me sens manipulatrice... Lui offrir une part de moi pour qu'elle m'offre une part d'elle, comme si les relations humaines n'étaient rien d'autre qu'une simple équation. Et j'ai aussi peur de ma conception de l'amour. Pauvre Arya, si seulement elle savait tout ce que contient ma caboche... Je pense qu'il faut être perché pour sortir avec moi, quand on me connait vraiment. Je ne vais pas mentir, j'ai un peu peur pour le moment, d'être une plateforme évolutive pour Arya. Souvent les histoires d'amour commencent comme ça. J'ai peur de la mienne. Oui, toujours ce même mot qui revient. La peur.

Mon cerveau analysa son argumentation... Cela prit du temps... Il y eut un gros blanc dans la conversation, si peu qu'un monologue de sa part puisse être appelé une conversation, mais je finis par rougir pour de bon. C'était si... Oh ! Je ne saurais même pas le décrire... Réaliste, et abstrait à la fois, romantique et sceptique... Tout ce que je puis lui répondre, fus en l'étreignant dans mes bras, un "Merci" ému murmuré au creux de l'oreille. Les cordes vocales de répondaient plus... Mayday ! Mayday ! Et mon coeur qui s'est mis à battre plus vite... Et cette chose dans mon ventre qui remut... Je finis par gigoter contre Judith avant de me décider à me lever en entrainant la couverture avec moi, pour me rhabiller avec les vêtements tombés à côté. Les joues rouges et l'esprit confus...