gang of sharks ▬ LOTTIE.

Tu avances avec quiétude, tes pensées formant un cumulus d’idées floues. Une grimace crispée s’étire sur tes lèvres alors que, déconnecté du monde, tu t’arrêtes ; plongeant ton visage entre tes mains. Tombant grossièrement à genoux au beau milieu d'une foule abondante, tu te permets de geindre lourdement en t'affalant de tout ton long sur un sol dallé de pierres. Barbouillant au passage tes vêtements tout juste sortis de la laverie, le soleil te monte rapidement à la tête. Il t'assène de violents coups de températures engendrant une fièvre d'une chaleur acidulée. Roulant sur le dos, puis sur le ventre,  à la manière d'un bambin ballotté d'un ennui mortel, tu piailles, apathique. Ce côté arriéré te rendant aussi risible que banal créer le doute parmi l'afflux grandissant d'habitants. « J'ai chauuuuuuuuuuud ! » Grognes-tu, implacable et béat. Jouant des mains et des jambes pour manifester ton manque d'humidité, tu te relève prestement, dépoussiérant le tissu des tes fringues, un air ahurit te défigurant.

Sobrement drapé d'un short saumon embellit d'un débardeur gris, c'est un chapeau de requin te mordillant la tête qui trône à ton chef. La pointe de ses dents descendantes sur tes mèches fluorescentes, c'est de sa nageoire dorsale relevée que tu te démarques de la populace, te frayant un chemin vers un univers de tout autre ordre. Ravalant ta fierté mal-placée, tu finis par te souscrire durement à cette bouilloire indocile, puis, reprenant ton rythme de marche habituel, tu te laisse flegmatiquement porter par le vent... Arpentant les mètres sans buts ni appréhensions des lieux, ton corps s'oublie doucement ; faisant dériver sa fatigue sur le large d'un banc de bois. Tu fais étalages de tes jambes maigrelettes.

Tantôt ayant déboursé plusieurs pièces de monnaies européennes tirée d'un porte-feuille en forme de grenouille pour une glace à la pistache, tu te délecte de la saveur sur ton palet ainsi que de la vue. Tout ce beau monde qui défilent sous tes yeux t'inspire la tranquillité. Et, alors que la fournaise lacérant ta peau et que le soleil en prise sur ton visage s'acharnaient sur ton visage, tu discernes, amalgamer entre les haillons de l'assemblée une affriolante pancarte invitant à l'Aquarium le plus proche. La sensation de fraîcheur parfaite pour toi...

[…]

Une voix aussi tranchante que froide te susurre des mots loufoques, hurlant son hystérie salement crachée à la gueule du destin. Tu poursuis sans relâche une ombre décadente dont tu penses être le possesseur. Pourtant, malgré tout ce mal que tu donnes à travers un périple sans souvenirs, tu restes de marbre, un mur de glace et de pierres grisâtres. Ces cailloux tapissant le sol d'une nuée de pois ardents figent tes pieds. Ces limbes sombres et ténébreuses raffermissent tes pensées. Elles les compressent, les étourdissent, les étrangles avant de n'en faire qu'une bouchée, te donnant ainsi un aperçu plus objectif de ce que serait une vie emplie de malheurs, une vie comme la tienne... Reprenant peu à peu tes esprits, tu détacha ta main de la vitre sur laquelle tu t'étais appuyé. Te dévisageant ; un marsouin cognant du bout de son nez contre le verre transparent. Les quelques icônes que tu y avais griffonnées à l'aide de ton doigt sur la fraîche buée disparaissaient mollement. Finalement libéré de cette effervescence accablante, tu te consacra à ta visite des fonds marins. Narguant au fil de ton avancée de singeries et mimiques enfantins la poiscaille te suivant à la nage, tu escaladas en un cyclone l'une des nombreuses butes en céramique qui se trouvaient là, customisé d'accessoires invitant à la piraterie complétant ce récif arc-en-ciel d'écailles. T'exprimant de loufoques onomatopées, tu agrippas le gouvernail en bois destiné au décor et le fit tourner de toute tes forces. « KABANNNG, SWOUSSSH !! Orientez les voiles à tribords touuuteuuh ! » L'endroit était désert. Tu avais le mérite d'avoir marcher sous un soleil de plomb une journée entière. Il fallait bien que tu trouves un moyen de t'occuper. Et, considérant cette miraculeuse excuse de victime comme valable, c'est en voulant changer de direction que tu arrachas le malencontreusement le gouvernail de son guidon. Tirant une tête  de futur condamné, tu dissimula celui-ci dans ton dos et fit demi-tour, d'emblée. Néanmoins, ce n'est pas sans tomber nez à nez avec une adolescente blondie par la lumière des hublots qui avait aperçu la quasi-totalité de la scène que tu te stoppa dans tes ardeurs... Ravalant ta salive, de honte, tu bafouillais inintelligiblement : « Euuh.. Je... C'est. Cassé ? » Tentas-tu de te justifier auprès d'elle, qui avait juste l'air de vouloir passer sa route.