Quand Pingouin rencontre la fille aux cheveux couleur banquise [PV Lottie <3]

Tout avait commencé de la manière la plus banale du monde. Du moins pour ceux qui connaissent Mykos dans sa vie quotidienne. C'est-à-dire personne. Je dois donc reprendre.
Tout avait commencé de la manière la plus banale du monde. Avec un début. Tout doit commencer par un début. Mykos avait décidé de sortir pour jouer à l'avion, avec aux commandes de l'appareil le Captain Obvious. Il fonçait alors partout, en bousculant certaines personnes qui râlaient, et lui s'excusait en disant "ne pas contrôler la puissance de son engin". Ah, si Mykos avait au moins une chance d'être viril de ce côté là, j'aurais pu dire que plus tard il le dira différemment, mais bon, ce serait un mensonge, déjà que son demi frère arrive pas à lui apprendre à quoi sert Paupaul autrement qu'à pisser...
Mais passons. Ainsi donc, en imitant des bruit d'avion et en faisant planer sa machine sans la quitter des yeux, Mykos finit au planétarium, parce que bien entendu il n'avait pas fait attention où il allait. Au bout d'un moment, le petit brun se rendit compte qu'il faisait sombre, sans doute la nuit était elle tombée pendant le vol de son avion. Pourtant, il devait encore faire jour à cette heure ci. Il leva alors un instant les yeux sur ce qui l'entourait, les reposa une fraction de seconde sur son avion, puis s'arrêta immédiatement pour mieux contempler la beauté de ce qui l'entourait, émerveillé. Il baissa lentement sa main, faisant atterrir son avion on va dire, et scruta chacun des astres qui se trouvaient à la porté de sa vue. Il était donc là, planté comme un i, sans penser à rien d'autre que ce qu'il regardait, complètement fasciné. C'était la première fois qu'il voyait l'univers.

Un petit garçon rêveur, voilà à quoi ressemblait Mykos maintenant. Il se sentait comme totalement libre en regardant ces planètes artificielles, il y avait quelque chose qui battait fort en lui, et non ce n'est pas son coeur, même si accessoirement si cet organe ne battait plus Mykos serait mort, c'est aussi clair que de dire que si on se déshabille on est nu, merci Captain Obvious. Ce dont je parle est un sentiment, qui crée des frissons sur l'échine du jeune garçon. Un sentiment sur lequel il ne saura pas mettre de mot ? Pas tout à fait. Cet univers ressemblait un peu à ce qui se passait dans sa tête. Tout un monde, tout un tas de possibilités, tout un tas de vies hypothétiques dont on en ignore l'existence, et ce, lorsqu'on se retrouve en face du planétarium, ajouté à une impression de solitude apaisante, qui pour Mykos était un poids en ordinaire. Oui, Mykos avait fait de bonnes connaissances, Aria, Hope, Alice, Rafael et j'en passe, mais pour le moment il se sentait encore seul. A personne il ne parlait de ce qui se passait dans sa petite caboche, et lui même essayait de l'ignorer, parce qu'au fond de lui il savait qu'il avait en lui une boite de pandore qu'il ne voulait pas ouvrir de peur de voir ce qu'il y a dedans. Mais c'est comme tout le monde, on sait tous que quelque chose cloche chez nous ou nous rend malheureux, mais on fait comme si de rien n'était. On fait tous comme si tout allait bien, Mykos y comprit. Alors il préférait s'enfuir dans des jeux, avec des personnages que lui inventait, quitte à s'enfermer involontairement dans une solitude supplémentaire à la normale, parce que souvent un mec de 15 ans qui joue encore aux playmobiles on se dit qu'il a un problème, on le trouve sympa mais ce sera pas le type avec qui on traine tout le temps, ce sera pas le mec charismatique qui sait prendre sur ses épaules le poids de ce qu'on lui confie, car Mykos semble encore trop immature pour ça. Face à ces planètes, Mykos se sentait comprit par quelque chose de silencieux, de secret, par quelque chose qui ne répétera jamais à personne ses pensées.
Il se pensait seul, et pourtant quelque chose le sortit de sa rêverie. Une voix féminine qu'il avait déjà entendu quelque part. Cette fille lui ôtait les mots de la bouche. Il avait bien vu qu'elle tenait son avion, mais il n'y prêtait plus vraiment attention, trop fasciné par ce qu'il voyait. Il esquissa un léger sourire et reprit sa contemplation, en laissant quelques mots dépasser le seuil de ses lèvres.

-Magnifique...

Il ne ressemblait plus vraiment au pingouin niais et débile que Lottie avait pu voir à la fête de Jim, mais presque à un garçon normal qui se retrouve confronté à la réalité de toute une existence objective. Une réalité douce, mais qui renferme ses secrets, ses nuances, ses atrocités, son éphémérité, mais surtout sa beauté.

Aie. La question qui tue. La question que tout le monde veut éviter. Cette question qu'une personne pose en mettant le doigt sur un point sensible, un point qu'on chatouille sadiquement pour le faire éclore. Mykos tressaillit, avant de ne plus bouger. Bordel, qui était cette fille, pourquoi elle lui demandait ça, pourquoi ?? Avouer directement que oui, il se sentait seul ? Que le fait que ses parents l'aient rejetés pour son pouvoir a fait qu'il a voulu se rejeter lui même en s'abandonnant dans des mondes différents et ne pas pouvoir être lui parce qu'il ignorait la personne qu'il était parce qu'il ne s'autorisait pas à être ? L'avouer comme ça, d'un coup ?? Mais pourquoi elle venait lui demander ça ??
Mykos baissa un peu la tête, les rétines un peu vides tout à coup. Il ne cherchait plus à être un petit garçon. Là, il avait l'air d'un jeune homme de 15 ans. Il ne voulait pas mentir, il savait que ce n'était pas bien. Mais dire la vérité, vraiment ? Il pensa à tout ceux qu'il avait connu jusque là.

-Un peu comme tout le monde je pense...

Il releva son regard vers les planètes, un peu mélancolique. Il allait tenir un discours enfantin, mais sa voix montrait bien qu'il était conscient de certaines choses.

-Et puis je suis pas tout seul, j'ai Papillote...

Oui, Papillote c'est son jouet T-rex. Paye ton best friend.

Comment, et surtout pourquoi. Pourquoi cette fille lisait en lui de cette façon. Pourquoi elle lui portait de l'intérêt. Pourquoi maintenant. Et pourtant, dans ce qu'elle disait, elle avait bien raison. Il baissa les yeux, sachant quoi répondre, le regard vide. Et puis, comme ces mots étaient les seuls qu'il trouvait, il les dit.

-Papillote c'est mon T-rex...

Il avait dit ça en murmurant, comme si quelque chose pesait dans sa gorge. Il fuyait son regard aussi. C'est marrant, mais depuis qu'il était à Prismver, grâce à Aria, il avait apprit à ne plus fuir les regards hostiles. Mais les regards bienveillants, comme celui de Lottie, il ne savait pas les affronter. Il savait que les gens dans le fond n'étaient pas aussi méchants qu'il n'avait l'air de le penser. Mais au fond, qui fuie l'autre ? Sont-ce vraiment les autres qui évitent Mykos parce qu'il est un peu différent, ou est-ce Mykos qui se rend de la sorte pour pas qu'on l'approche ? Est-ce que c'est pas sa façon à lui de choisir sa solitude ?
Lui, il n'en savait rien, et il n'avait pas envie de savoir. Comme si il se rendait lui même amnésique. Et pourtant au fond il avait conscience de tout ça. Mykos n'était pas aussi bête.
Il fallait qu'il réponde quelque chose d'un peu plus dans le sujet à Lottie. Mais quoi, en sachant qu'il se retenait déjà de pleurer. Se retenir parce qu'il était la honte du village à cause de son pouvoir, se retenir parce que même ses géniteurs ont préféré se séparer de lui, se retenir parce qu'où qu'il aille il avait peur de trouver sa place et la perdre, que c'est pour ça qu'il feignait de ne pas la trouver ailleurs que dans sa bulle, se retenir parce que les objectifs qu'il s'était fixé pour l'entrainement d'Aria n'allaient pas avec sa propre perception de lui même. Il voulait protéger les autres, mais comment peut-on protéger quelqu'un sans conviction ? Sans savoir se protéger soi-même ? De la putain de faiblesse. Il se sentait putain de faible. Il déglutit alors, prenant sur lui pour ne pas pleurer de tant de vérités en même temps. Pourquoi elle faisait ça cette fille ? Etait-elle narquoise à ce point ? Non... De ce que Mykos avait vu à la soirée, Lottie n'était pas comme ça, c'était elle qui l'avait invité à se joindre aux autres. Pour souhaiter à ce point le bonheur des autres et veiller à leur bien-être et leur intégration, cette fille ne pouvait être qu'un ange.

-Mais tu as peut-être raison...

Non, elle avait raison et il le savait bien.

De longues secondes qui défilent, un peu comme le temps sous les pieds de Mykos. Hier encore, il n'était un gamin à qui personne n'en voulait d'avoir tant d'imagination dans ses jeux. Aujourd'hui, il a déjà 15 ans, et tout ce qu'il a fuit durant ces années, il se le mange en pleine face comme une énorme gifle, maintenant. Il a pourtant voulu apprendre à grandir par l'entrainement d'Aria, ou avec les discussion avec Rafael. Mais grandir, c'est quelque chose qu'on fait seul. On peut prendre exemple sur des gens qu'on connait, mais quand on est encore si influençable, prendre tout ce qu'on voit c'est tout sauf une bonne idée. Alors oui, dans sa tête, Mykos était paumé. Il n'avait pas grande valeur à ses yeux, et le fait d'avoir pu se battre contre Shery ou avoir défendu Alice, dans le fond, ça ne le faisait pas remonter dans son estime. Quoi qu'il essaye de faire, malgré toute la bonne volonté qu'il voulait mettre, il lui manquait encore quelque chose. Quoi de plus normal, quand on vit, de ne pas se rendre compte de ce qu'on fait si on ne se sent pas exister. Alors oui, il avait fait des rencontres, mais il se sentait toujours extérieur à la situation, comme si il voulait faire ce qu'on attendait de lui, sans vraiment savoir ce que lui veut. Il sentit une odeur étrange, et tourna la tête vers Lottie, et regarda ce qu'elle tenait entre ses doigts. Il n'avait jamais vu cette espèce de cigarette.

"Tu vois, cette clope magique ? ça à la même valeur que Papillote. ça m'épaule, ça m'écoute et ça ne dit rien. C'est comme si ça me comprenait. Mais... Mais ça n'est rien de tout ça. ça ne vaut pas l'ami qui te relèvera et séchera tes larmes. Qui t'écouteras et te conseillera. Non ça ne fait rien de tout ça, c'est juste nous qui nous disons ça. "

A ces paroles, Mykos entrouvrit légèrement les lèvres en regardant Lottie. Alors elle aussi elle se sentait seule ? Dans sa tête, c'était limite "tu es seule, je suis seul, on est fait pour être amis" en moins foutiste. Il ne comprenait juste pas. Elle semblait si populaire, si aimée... Et malgré ça elle se sentait seule ? Eh oui, même si les gens entretiennent leur sens social, ils ne se sentent pas moins seuls pour autant. C'est là toute une nuance que Mykos n'avait pas encore cerné. Connaitre des gens, ce n'est pas se faire des amis. Mais alors à partir de quand on est vraiment ami avec quelqu'un ? Il baissa un peu la tête, plus pensif. Ca l'embêtait de se dire que cette fille se sentait aussi seule que lui. Et pourtant il n'osait pas lui proposer son amitié. Quelque chose lui disait que ça ne se donnait pas comme un type vend ses pastèques au marché. Il leva alors les yeux vers sa camarade aux cheveux couleur neige, son éternelle innocence dans le regard.

-Pourquoi, si dans le fond les gens se savent seuls, ils ne vont pas plus vers les autres ? Je veux dire... A la soirée, vous sembliez tous si liés, et pourtant, chaque personne que j'ai rencontré m'a semblé seule...

Et si le soucis ne venait pas que de lui ? Et si tout le monde au fond agissait comme lui ? Il baissa un instant les yeux, les sourcils un peu froncés, puis les releva vers Lottie.

-Je ne comprends pas. Y a des gens qui se font des copains facilement et pourtant ils se sentent seuls... Enfin je...

Il soupira, de peur de dire de grosses bêtises. Mais ce qu'il avait en tête lui semblait trop important pour ne pas le demander. Il aurait des regrets sinon.

-Tu sais... Je ne suis pas très malin, mais si tu veux on peut essayer de devenir amis...

Il avait rougi en disant ça, parce que Lottie l'impressionnait malgré la gentillesse qu'elle émanait. Si il avait peur de se faire recaler ? Oui un peu, mais au pire tant pi.

Tout dans les expressions de Lottie poussaient Mykos à parler. Parler comme il ne l'avait jamais fait, parce qu'il ignore la puissance des mots, ces assemblages de lettres qui ne servent pas qu'à noircir du papier. Les mots, qui traduisent au mieux la pensée même si elle ne sera jamais vraiment comprise à cause des filtres subjectifs de son interlocuteur, et qui montrent qui il est. Enfin les mots... Ce qui constitue le langage, les muets aussi ont leur dialecte. Mais Mykos lui, ne traduisait jamais le fond de ses pensées, et pourtant il en a à dire, sans qu'il ne s'en rende compte.

“Justement, ce ne sont que des copains. ça ne remplace pas le vide qu’il y a dans leurs cœurs, tu comprends ? C’est difficile de se sentir entouré, la vie est faite pour être seul... Malheureusement d’ailleurs. C’est la société qui veut ça, même si elle crie à tue tête “ensemble.”

Alors elle aussi, elle était seule. Des copains... Des vides que l'on comble... Alors, elle aussi se sentait vide ? En ignorant la cigarette qu'elle lui avait tendu, Mykos considéra un moment la jeune fille. Elle lui semblait tellement adorable, tellement humaine, tellement compréhensive, si douce... Un ange. C'est la qu'il comprit que chaque personnalité, même différente, avait son charme. Le côté brutal mais attentionné dans le silence d'Aria, le côté mélancolique de Hope dissimulé sous son prétendu sadisme, et aussi ce côté esseulé qu'avait Rafael malgré ses airs de Don Juan. Là, il voyait le visage d'une jeune fille qui se fondait dans la masse en ayant connaissance de sa propre solitude, et qui cherchait à porter d'autres fardeaux que les siens pour alléger les autres... Pourquoi elle faisait ça ?
Lorsqu'on a un entourage, on a tendance à vouloir prendre ce qu'on aime d'eux, calquer une partie de leur personne au fond de nous. En voyant Lottie, Mykos eut la vague envie de devenir comme elle, quelqu'un qui en impose mais qui sait tendre la main aux autres par pure gentillesse. Ouais, un modèle entre Aria et Lottie serait cool. Il était perdu dans ses pensées quand Lottie souleva délicatement sa tête, en causant un peu plus de rougeur sur ses joues. Il n'était vraiment pas habitué à ce genre de contact délicat et doux.

“Relève ta tête de prince. Personne n’est malin ou pas malin. Tout est relatif. T’es quelqu’un de bien ok ? J’accepte avec plaisir.”

Malgré son manque total de confiance en lui, Mykos osa plonger son regard empreint d'innocence dans celui de Lottie. Il y avait une chose avec laquelle il n'était pas d'accord, une idée qui lui déplaisait fortement. L'idée que Lottie soit la seule à l'aider. Mais dire comme ça qu'on fera de son mieux pour être un ami sur qui elle peut s'appuyer ça n'a pas de sens, ce sont des mots jetés au gré du vent. Non, lui il voulait adopter une attitude qui se rapprocherait de celle d'Aria, ne rien dire, mais montrer. Il voulait devenir fort pour les autres, pour aider lui aussi, et Lottie faisait maintenant partie des gens qu'il veut prendre sous son aile quand il sera assez grand pour voler, comme elle le fait actuellement pour lui. Il doit alors se dépêcher de grandir, et prendre plus d'assurance. Il ne savait pas trop pourquoi, mais il sentait bien que Lottie serait capable d'accepter un lien mais comme si elle se disait que dans le fond l'aide et le soutien n'irait que dans un seul sens, et ça c'était inacceptable pour Mykos. Il esquissa alors un simple sourire, à la fois timide et rassurant, presque doux, en la regardant bien dans les yeux.

-Tu es quelqu'un de bien Lottie. J'espère que toi aussi tu trouveras quelqu'un de très fort pour te faire supporter la solitude qu'on connait tous, enfin... Je sais qu'on ne se connait pas beaucoup mais si je n'arrive pas être un ami assez bien pour toi, j'espère vraiment que tu trouveras une personne sur laquelle tu peux t'appuyer.

Il baissa immédiatement les yeux, les joues rouges d'avoir déballé tant de choses de ce genre, intimidé. Il avait envie de lui dire quelque chose de gentil et de sincère, et dans sa maladresse c'était ça qui était sorti. Il se racla un peu la gorge, légèrement mal à l'aise. En effet, ça ne lui arrive pas très souvent de dire des choses gentilles, pas parce qu'il n'aime pas ça, mais parce qu'il n'en a pas souvent l'occasion, surtout de parler à coeur ouvert comme ça.

-En tout cas, merci...