Virilitey is da answer [PV Sarah]

why are u so fabulous bb ?

C’est décidé. Aujourd’hui, je vais définitivement assassiner mon réveil.

Roulée en boule dans la chaleur tiède de ma couette, j’étouffe un juron alors que les premières notes de mon réveil défilent.  « One, two, three, uh! My baby don't mess around because she loves me so -» Oh fuck it plz. Qu’est ce qui m’a pris d’avoir laissé du Outkast en guise de réveil ? Grmbl.

Grmbl. Ou l’impression d’être un ours. Les poils en moins.
Grmbl. Ou l’art de stopper son réveil d’un coup horizontal de la main – le déréglant au passage. SQDQSDQSDQSXQSD.

Je fais la morte jusqu’au moment où j’entends la porte doucement se fermer. Allez, c’est le moment de te tirer de là Sarah. Action. Uuuh. Pourquoi la vie est si dure ? Je m’extirpe avec difficulté de mon cocon douillet, me trainant jusqu’à la salle de bain, prenant soin d’éviter de me regarder dans le miroir…. Merde. Trop tard. Je sursaute presque face à la vision des cernes noires de laques qui encadrent mes yeux – panda ? PANDA. Putain de merde de sa grand-mère.  Je me promènerais dans la rue en disant « Cerveau » que tout le monde irait m’exorciser sur le champ, j’en suis quasiment certaine – pauvres zombies incompris.

C’est qu’eux, à l’époque, ils ne connaissaient pas la magie de l’anti-cernes et de la bébé crème. Bref.

Je sors dans le couloir avec ma fraîcheur habituelle, me retenant au mur pour éviter de perdre l’équilibre, perchée sur mes grandes bottes cloutées à talons. J’ai mal au ventre. La tête qui tourne. L’envie féroce d’aller retourner me rouler dans ma couette. Non, vraiment. Je ne peux pas sécher ? Je veux dire, je vais déjà être en retard de toute façon alors ….
Mes scrupules me disent d’aller chercher un complice – ma Gaspy, mon Gaytier, il y aura forcément un tire au flanc dans la chambre trois.

J’entre en mode ninja dans une chambre aussi dark que Batman, accueillie par un cri de zombie en pleine agonie. Oh que oui. Ca sent la feignasse à plein nez. Je me défais rapidement de mes talons, allant sur la pointe des pieds vers le lit de mon Gaytier. Zombie et choses louches dans le noir, y’avait pas trente mille solutions.
Gaytier, mon petit Gaytier …. J’hésitais entre lui sauter dessus pour l’entendre crier comme la fillette qu’il est, ou débrancher son écran avant de disparaitre sous un lit …. Oh, et je pourrais aussi me ramener avec une taie d’oreiller sur la face, façon Slender Man ? Non non. Je veux pas qu’il salisse ses draps. Pas pour ça.
Je m’approche donc doucement, posant mes pieds sur le lit du dessous, me hissant pour passer ma tête par-dessus la rambarde de son foutu lit superposé. Ma bouche proche de son oreille, je murmure calmement.

« Bouh. »

Avant de finir de monter à la force de mes bras, me vautrant au passage sur lui, sa manette ,  - ses chips ?  - en bon gros tas que je suis. Je trouve vite une position confortable juste entre ses jambes, calée entre ses bras emprunts d’une virilité toute particulière, toute rose, toute pailletée.  Ah que je l’aime mon Gautier.

« Gaytieeeeeer mon chériiiiiiiiiiiii ! » - je ronronne,  ma tête posée contre son torse imberbe – m’enfonçant dans ses pectoraux de jeune éphèbe.  Carrément à l’aise. C’est fou ce que ses bras sont confortables, faudrait que je pense à l’engager comme nouveau canapé…. Ah Gautier, si tu écoutais ton cœur, tu aurais tellement de succès auprès des mâles …. Tiens, d’ailleurs, pendant que j’y pense … « Il parait que t’avait une robe pour Halloween ? J’ai tout entendu ♥. Tu devais être tellement fabuleuuuux ! J’aurais tellement tout donné pour voir ça ! »

Sauf qu’à Halloween, j’étais légèrement indisposée. Incapable de faire deux pas sans me briser. Incapable de parler sans fondre en larmes. Incapable d’être autre chose que mon moi sombre, brisé, et heureux de tomber en poussière. Finalement, heureusement qu’il fait noir. Ainsi il ne verra pas combien mon sourire est forcé, et combien ce masque ne demande qu’à disparaître. Je m’appuie un peu plus sur son torse , fixant la télé qui éclaire la pièce d’une lumière blafarde. On stoppe les pensées négatives Sarah, ça va pas recommencer.

« Alors comme ça on sèche ? Je ne peux que me joindre à toi dans ce cas ♥ »

Pas le choix mon chéri, j’en ai décidé ainsi. Damon ne m’en voudra pas de sécher son cours non ? Et Mr Crane ? Oh et puis qu’importe. Les dés sont jetés. Aujourd’hui, c’est méchoui de zombie à la sauce Gautier. Je sens que je vais bien m'amuser.

La surprise mêlée de peur qui parcourt le corps de mon Gautier m’arrache un sourire satisfait. Moi sadique ? Jamais voyons.
Gautier n’a pas changé, Gautier ne changera pas.
Il me laisse tranquillement m’installer, marmottant quelques mots que je ne comprends pas – sûrement des éloges à propos de ma magnifique personne. Ca ne pouvait pas être autre chose après tout. Des objections ? Impossiiiiiiiiiiiiible, nous parlons de Gaytier – il m’adore, il m’adule, il me …
Oh allez Sarah, arrête de faire l’imbécile.

« C'était un défi »
Mais oui mais oui. C’est ce qu’ils disent tous.

« Qu’est ce que tu me marmottes là mon chou. Je ne vais pas me moquer de toi tu sais » - je lui réponds, tout sourire. Grand sourire. Exactement de ceux que l’on fait quand justement, on se moque de quelqu’un. Je rigole doucement, ajoutant un petit
« Ou pas. » tout bas.

Il fallait dire que la vision de Gaytier en robe était exquise – une vraie pépite dans ce monde désolé. Ah, qu’est ce que j’avais fait pour louper ça vraiment ! Va falloir vraiment que je demande à Blaise des photos. A moins que …
« Dis mamour, tu voudrais pas me refaire un petit défilé avec ta robe ? » - je demande au hasard, avec une petite voix suppliante au bord de l’extinction - croisant des doigts pour qu’il tombe dans le panneau. Allez regarde, je suis une pauvre petite chose abandonnée par la vie …. J’aimerai tellement qu’il cesse de se montrer si timide envers moi – qu’il arrête de faire son grincheux.

Car ça doit être ça non ? De la timidité, et rien d’autre.
« J'ai qu'une seule manette, je te préviens »

Son sourire vient directement diffuser sa chaleur dans mon corps, détendant mes muscles, et je m’enfonce un peu plus dans son étreinte lache. Voilà quand tu veux ! T’es tellement mieux souriant mon petit Gautier.

« Ca tombe bien j’avais envie de jouer. » - je réplique au quart de tour.
Avant de laisser une pose théâtrale afin qu’il puisse avoir le temps de comprendre la boutade. 1 … 2 … 3 …. Voilà, ça devrait être bon pour son cerveau. Mes mains viennent donner une petite tape amicale sur ses cuisses.

« Je rigole. Je l’ai déjà fini de toute façon. Alors soit efficace et sage, sinon je te spoile. »

Je lève ma tête vers son menton, un sourire tout à fait maléfique sur le visage – muahahahaha. Qu’est ce que j’aime être la méchiante. Méchante. Je voulais dire méchante.

« Quoi de neuf dans le pensionnat ? Toi qui sais tout ! Sauf les couples, par contre, c'est barbant. »

J’étouffe un soupir, guettant le retour de mon mal de crâne qui semblait s’être atténué en sa présence. S’il te plait mec, me parle pas de scoops. De un, je ne partage jamais les biscuits, de deux, l’évocation seule de ce don me donne l’envie de vider un boîte de doliprane …

De trois, cela fait des semaines que je vis dans monde dépourvu d’information. Trop occupée à s’occuper de moi pour aller foutre la merde chez les autres. Trop de voix déjà dans la tête. Trop de douleur, trop de dégoût. Et beaucoup de trous de mémoire – oui, je deviens sénile ces derniers temps, ça craint carrément.
J’avale doucement ma salive, attendant que les cris du zombie que Gautier est en train de massacrer en quelques coups de fusil à pompe.

« Les gens normaux demandent d’abord comment la personne va avant de s’occuper des autres mon chou. »  Rire. Et après ça se demande pourquoi c’est enfermé seul dans le noir avec pour seules amies une manette crade et une adolescente psychopathe.
« Mais … rien de neuf. J’ai eu la flemme de chercher du croustillant ces derniers-temps. »

Mon ton reste égal, toujours chantant, taquinant sur les bords. Regarde Gautier, il n’y a aucun problème, je n’en fais qu’à ma tête comme toujours. Tu n’as surtout pas à t’inquiéter … J’espère être assez convaincante.

J’espère qu’il n’est pas assez intelligent – enfin, qu’il n'aie pas tout d’un coup un éclair de génie qui lui fasse apparaître tous mes mensonges et sentiments précieusement confinés en moi. Je viens poser ma tête contre son épaule, tout doucement.
Respire Sarah, tu sais que Gaytier ne se qualifie pas d’intelligent – et c’est bien pour ça que tu l’adores, soit dit en passant. Tout ira bien, Sarah.