Il l'avait cherché, pendant longtemps... Cette raison d'exister. Il faut croire qu'au plus profond de lui, son corps gisant se détestait. Il détestait cette vie ; cette similitude parmi ses gestes, un écho profond et bruissant. Il s'était enfermé voilà des jours, n'allait plus en cours, évitait la foule. De toute façon, il n'était que le fantôme de son ombre, courant après quelque chose qu'il n'avait pas, ou alors qu'il n'était pas : normal. Depuis toujours, il rêvait de cette vie paisible et sans encombre, cette vie où il pourrait dire ; Oui, je suis heureux.
Il avait tout fait pour se faire remarquer. Se faire des amis. Il avait couru après les emmerdes, après l'amour. Le nom de ces gens si différents les uns des autres et pourtant, tous si similaires, il les ressassait en boucle, reprenant de l'ampleur dans sa posture. Lui, ce petit crapaud croassant qui enjambait les nénuphars de mauvaises augures. Il pensait pouvoir respirer normalement, c'était pour cela qu'il était venu à Prismver. Il pensait qu'avec un peu de bonne volonté, il aurait pu... mourir, le sourire béat. Ce qui lui faisait défaut en vérité, c'était ses intentions. Que voulait-il réellement ? Être populaire ? Se fondre dans la masse ? Expertiser ses connaissances ? Se faire des « amis »... Tout cela, tel un filet de pêche, le happa et le tira par le fond. Douloureusement. En direction de la salle de bain maintenant, il fit couleur l'eau du lavabo, se dévisageant dans la glace : Regarde toi... D'autres mauvaises idées en tête ? Il retira pour la toute première fois depuis son arrivée, cet air perdu et désorienté qu'il affichait en permanence. Et sourit. Son plus beau sourire. N'avais-je jamais souris auparavant ? Siffla-t-il en plaçant ses mains sous la sauce chaude qui se déversait au creux de ses paumes. Les joues gonflantes, il fuma sa dernière parole avant d'immerger la tête sous l'eau : C'est vrai que ça me va plutôt bien...
Ce fut à cet instant que déambulèrent tout ses souvenirs... Bientôt 2 ans qu'il était là. Il avait prit de l'âge ; il avait mûrit. C'était comme si une partie de son éducation s'était forgée par mi cette île, et c'était comme si elle y restera. Les noms de ses amis, connaissances, aperçus ; Sarah, Gautier, Jim, Sial, Lottie, Drew, Hiroki, Mammon, Zendaya, Lysander, Zeppelyn... Ceux à qui il n'avait adressé qu'un mince regard sous l'ombre d'un « Salut ! » : Anshu, Cale, Alessia, Warren, Victoria, Ulysse, Lenzo... Ceux qu'il s'était amusé à embêté : Nemesis, Betsabe, Damon... Et ceux qu'il ne connaissait que de noms et qu'il aurait aimé côtoyer : Mike, Morgan, Liam, Aslinn, ainsi que ces gens qu'il avait croisé sans leur adresser la moindre parole...
Toutes ces personnes constituant un ensemble de réminiscence ne seront bientôt qu'un amas de poussière englobé dans un sentiment de chaude nostalgie. Dans très peu de temps, il pourra considérer ceux-là, qui lui ont tant donné et en même temps tant apprit d'un mot qu'il ne pensait jamais prononcer. Et par mégarde, ce fut le cas, lorsqu'il extirpa sa tête hors de l'eau : Amis...
Il se dépêcha de se sécher le visage et par-dessus ce pull de coton, il enfila une des vestes qu'il s'était acheté sous les recommandations de Jim alors qu'il se rendait à une soirée. Bousculant maladroitement un ballon de foot qui avait servit à Gautier et lui de se départager lors d'un énième duel, il rangea la guitare tout juste accordée de Sial. Enfournant dans son sac son porte-feuille en forment de grenouille que Sarah s'était dépêchée de lui subtiliser à l'improviste, il laissa tomber un regard pesant sur celui-ci, et le jeta finalement sur son lit : Elle en ferra meilleur usage que moi.
C'était un de ses Vendredis matin rafraîchi par une brise de vent où il n'y avait pas foule avant le week-end, un de ces jours où la nature s'était arrêtée de tourner comme pour inciter le monde à prendre repos, un de ces moments où l'on peut se sentir fier d'avoir passé une semaine forte en émotion ; pour lui, ce fut le jour de son départ. Il marchait à pas distinguer. De la même manière où il posa pied pour la première fois sur ce sol dallé, sortant de la gare. Cette fois, il s'y rendait. Sinistrement d'ailleurs. Valises en main, sac à dos, bandoulière attachée, Floyd contempla l'arrivée d'un train majestueux, les freins crissant, le vent se figeant autour de lui. Ils n'étaient pas nombreux à descendre ; des nouveaux, comme tout les mois. Ils étaient repêchés par la qualité de leur pouvoir et de leur personnalité. Ils ne s'attendent Ô grand pas à ce qu'il les attend... Du bonheur. Pour lui, ce ne fut qu'une expérience à vivre. Il était vivement temps de disparaître. Floyd fut l'un des rares à monter dans le train. Il ne savait pas où il allait. Si en réalité : loin, très loin. Il partait à la recherche d'une vie paisible, il s'exilait... Départ dans 10 minutes. Ce fut les plus longues minutes de sa triste vie. Un bandeau de lumière cachant le haut de son visage ; la rosée matinale bercée par d'assaillant rayons du soleil s'éveillait sur le pensionnat Prismver qui, n'était qu'un petit point de sa position. Départ dans 3 minutes. Ça y est. Le renouveau approchait à pas de géant. Il comptait tout reprendre à zéro ; sa vie, ses relations, sa personnalité, son futur. Il voulait les façonner à sa manière en oubliant son passé. En oubliant qui il fut, Floyd comptait se baser sur qui il voudrait être ; un homme libre... Et il en avait le temps, sa régénération constante lui octroyait tout le temps nécessaire, elle le rendait immortel... Départ dans 10 secondes. Le moteur se mit à gronder ; train à vapeur ? Songea-t-il ? Il entendant le sifflet de fumée ravager les tympans des arrivants. Ils se pressèrent tous, s'entassant chacun leur tour en direction d'une destination qui leur était connu. L’intrus de cette aventure ? Floyd. Il en avait eût assez. Une expérience humaine. C'est ce que fut ces 2 ans passées au sein de ce pensionnat. J'ai ris, fait rire, mais jamais je n'ai souffert... J'aurais des souvenirs d'eux, car je les connaissais, c'était comme si... ils faisaient tous partis de la famille. Mais ils n'en auront aucun de moi. Qui leur dira que je suis parti ? Personne. Lâche que je suis, je disparais comme l'un de ces spectres. Au final c'est ce que je n'ai cessé d'être depuis mon débarquement ici... Un fantôme. Mais maintenant je peux me dévoiler, je peux retirer ce couvre-chef ridicule, je peux dire pour la première fois de ma vie que... J'ai été heureux.
Le train démarre. Dans la foulée, les rails défilent. Floyd tourne la tête et regarde sur le quais. La surface ronde en cuir s'envole dans le ciel dès le démarrage du véhicule, se dirigeant vers la ville, loin de lui. A-t-il bien fait de le laisser ? Son chapeau grenouille. Maintenant qu'il se retrouve tête dénudée, il lui manque déjà...
8 ans plus tard ▬
Et si un enfant rêvait de devenir autre chose que ce à quoi la société le destinait ? Et si un enfant aspirait à quelque chose de plus grand... Ce garçon était l'un des rares persuadé qu'il fut né pour un but quelconque. Et il passa huit ans de sa vie à découvrir quel était ce but, effaçant ses traces à chaque passages... La plupart l'ont vu comme un ange gardien, d'autre, comme un ectoplasme, toujours un peu à l'écart... Personne ne sait ce qu'il est réellement advenu de Floyd Roméo Abernathy. Certains se souviennent de lui comme d'un ami, un être de passage, un type à l'allure loufoque faisant rire sans le vouloir. Entre-temps, il a décidé de mettre son don à profit. Il s'est engagé à aider le Monde, considérant que son pouvoir ne lui été remit que dans l'optique de faire bouger les choses... Il parcouru la planète, non pas à la recherche de la raison de son existence, mais à la quête d'un devoir... Elle a grandit, la petite grenouille qui jadis, se noyait dans les marécages du désespoir. Le fait qu'il ait changé est indéniable. Ce qui restera gardé sous secret seront ses agissements ; il a servit une communauté de héros. Une sorte de ligue dont il était le leader et qu'il a fondé de sa propre volonté... Beaucoup l'ont considéré comme un paria. Voulant le tuer. Comment ? Certains n'ont jamais réussi... Il fut perçut comme un être différent ; une abomination pour d'autres, et aujourd'hui, accompagné du vent qui souffle sur ses mèches, il peut demeuré fier ses accomplissements, n'ayant jamais réellement oublié qui il était. N'ayant jamais réellement oublié qui fut ses amis...