Reflexion || PV Solveig

▬ Hummm... Voilà qui est problématique et confirmer sa mainmise sur l'équipe éducative, ou leur accord tacite. En tout cas, je n'ai pas trop d'idée, ne serait-ce que pour pousser le Ranker à la faute, ni quel genre de faute suffirait à faire bouger les adultes... Il faut dire que je suis une piètre comploteuse ! Même si on dit que j'ai parfois des idées tordues... Je préfère la franchise et la discussion. Je me demande s'il serait possible de rencontrer le Ranker et de le convaincre que ses agissements sont dommageables. Qui sait, il a peut-être mûri au cours des années et s'avérerait ouvert au dialogue... réfléchit Solveig.

Non. S'il avait muri, il aurait annoncé la fin de la guerre des classes au lieu de recruter des sbires. Il aurait abandonné. Chan secoua alors doucement la tête pour lui montrer son désaccord sans dire un seul mot, ses gestes suffisant. Les adultes ne se gênaient pas à punir les autres élèves. N'importe lequel. Sauf le Ranker. Et en réalisant cette évidence, elle ne se demanda pas comment fallait-il l'expulser ; c'était pourquoi ils semblaient si tolérants envers ses agissements. Ce ne devrait pas être très difficile de le retrouver avec de l'aide. Alors pourquoi ? Un nouveau soupçon venait de germer dans sa tête, celui qui lui disait que le personnel et le Ranker auraient conclu une sorte d'accord. Avoir le droit de provoquer des conflits en échange d'autre chose...

Suspect.

En attendant, les réactions de son interlocutrice la faisait rire, au fond d'elle.

▬ Tu feras des jalouses dans quelques années ! En attendant, méfies-toi de pédoRuthel. plaisanta Solveig.

Elle laissa échapper un petit rire amusé face à cette remarque. Elle avait appris à accepter son apparence depuis longtemps, même si au début, les quelques secondes de silence suite à la mention de son âge la vexait. Au final, elle ne put que compatir avec les autres et cessa de se prendre la tête pour ce sujet qui avait si peu d'importance. Concernant Ruthel, elle n'avait jamais pris le temps de lui parler face à face. Son opinion était fondée sur des observations, de l'espionnage, mais aucun dialogue. Alors elle ne risquait rien, selon elle. Par contre, cette histoire avec le Ranker la poussait à lui demander des explications claires et précises sur la situation. Après sa discussion avec cette fille, elle irait lui envoyer un LMS, en espérant obtenir une réponse.

▬ J'ai un avis sur tout. Un peu trop parfois, d'ailleurs... se plaignit Solveig, en marmonnant.

La Chinoise accentua un peu son sourire pour bien lui faire comprendre qu'elle n'était pas en tort, tout en continuant ses explications. Peut-être que cela ne plaisait pas à la majorité des gens autour d'elle, mais Chan pensait qu'elle savait juger ce qui était bien ou non. Son surplus de confiance en sa propre personne était ce qui la rendait fière, arrogante, un peu plus proche des A que ce qu'elle pensait.

▬ Les S ? Ils sont plusieurs avec lui ? Je croyais que c'était une légende ou quelques élèves, voire des Entropistes qui se la jouaient... Intéressant. Ou bien inquiétant. Mais s'ils sont vraiment dans une prétendue classe S et ont accès au Ranker, cela nous donne un moyen de le rencontrer... continua Solveig.

▬ Oui, car au lieu de mûrir comme tu l'as espéré, il a voulu bouger la situation en invitant des élèves d'autres classes à venir dans la sienne. Mais... accéder au Ranker... seuls les S peuvent le faire. répondit-elle un durcissant son visage.

▬ Cela veut dire qu'il faut que je bosse encore ma maitrise ? Rejoindre la classe S permettrait peut-être de comprendre ce que veut le Ranker réellement... Attends, non, c'est idiot. La classe S n'est pas officielle, non ? Elle ne doit donc pas être accessible juste avec une bonne maitrise vu que tu as dit qu'il y avait un E dedans, sinon j'imagine que les A de ta classe les plus compétitifs feraient des pieds et des mains pour y rentrer. Et ça ce saurait. reprit Solveig.

Exactement. La B avait vu juste au sujet de la classe dorée, et elle n'avait rien à redire sur l'officialité de leur groupe. Cependant, un détail fit remarquer à Chan qu'elle s'était un peu mal exprimée sur un point, le point du E.

▬ En fait, le fameux classement ne comportait que des élèves du pensionnat, sans compter les S. Donc le E dont je t'ai parlé ne fait pas partie des leurs. Elle émit un tout petit ricanement discret. Par contre, c'est vrai qu'elle n'est pas accessible pour nous. Maintenant que j'y pense... il y a sûrement un E chez les S. Hum... Je ne sais pas du tout comment il a choisi ses disciples. Elle marqua une nouvelle pause, détournant son regard. Et les A... la plupart sont amplement satisfait de leur classe, et certains pensent même qu'ils n'ont pas besoin d'aller plus loin en étant persuadés d'avoir atteint le maximum. termina-t-elle avec un ton un peu lassée.

Un long soupir s'ensuivit. La plupart d'entre eux étaient connus pour leur fierté, parfois assez désagréable du point de vue de la blonde. Elle ne s'excluait pas totalement du stéréotype du A, consciente de l'attention qu'elle portait à elle-même, toutefois elle ne se considérait pas comme l'un des leurs pour autant. Elle ne se considérait pas comme rien ; les autres non plus, contrairement à certains. En résumé, elle était souvent lassé de leur comportement et regrettait la bonne humeur et la sympathie des B, dont elle faisait autrefois partie. Aucun regret malgré tout. C'était son choix de passer chez les "meilleurs." Elle devait assumer.

▬ Si on connait son prénom, voilà déjà une piste à creuser. Il doit y avoir des fichiers tout de même dans cette école... Et des Thomas, il doit pas y en avoir des centaines, surtout noté absent à chaque cours ou examen. Si on obtient son dossier, on aura son nom et peut être même son pouvoir. Et qui sait, peut-être les coordonnées de ses parents. Si ça se trouve, c'est un fils à maman, qui arrêterait ses conneries s'il se faisait engueuler. proposa Solveig.

Oui, elle avait raison, encore une fois. Cependant, pourquoi le directeur n'avait-il pas déjà prévenu sa mère, ou n'importe quoi. Aucune résistance. Juste de la tolérance envers cet élève. Trop de tolérance. Elle était de plus en plus convaincue que Monsieur Prismver cachait une certaine complicité avec le Ranker, un secret. Cette idée devenant petit à petit une certitude la faisait rager. Agacée, elle se concentra à nouveau vers la jeune fille aux cheveux verts, qui donnait l'impression de s'être plongée dans ses réflexions. La A patientait, supposant que sa camarade allait sortir une analyse intéressante dans les secondes qui suivraient.

▬ Présupposons déjà que le pouvoir du Ranker est réel et surpuissant, et non quelque vantardise. C'est logique, sinon il y a belle lurette qu'il se serait fait détrôner. Il semble par ailleurs peu démonstratif avec celui-ci et aime s'entourer de mystère... On pourrait supposer que son don est contraignant à utiliser ou trop dangereux, aussi préfère-t-il laisser son aura intimidante agir plutôt que d'en user à tout va... Tirer son pouvoir de ce qui l'entoure... Voyons, je sais qu'il existe des gens avec le don d'absorber l'énergie vitale... Non, pas suffisant, il suffirait d'un pouvoir agissant à distance pour le vaincre. Absorberait-il la magie autour de lui ? Et de tous les types ? Cela constituerait ma foi une excellente défense. On ne pourrait donc utiliser de pouvoir contre lui, il absorberait ceux-ci. Voire même notre propre énergie magique, désactivant nos dons. Humm... analysa Solveig, en enchaînant les phrases rapidement.

Un peu sceptique, elle continuait d'écouter la théorie. Elle voyait le Ranker avec une magie plus offensive qu'un simple don d'annulation comme il en existait déjà. Les annulateurs avaient un point faible flagrant. Surtout qu'elle trouvait que cette description ne correspondait pas vraiment à l'indice que le S avait donné.

▬ Non, ce ne peut pas être aussi simple. Une défense absolue n'est pas dangereuse en soit. Difficile de contraindre quelqu'un avec la menace de he ho, rien ne peut me toucher ! Il suffirait de l'ignorer. Ou plus simple encore : de s'en prendre physiquement à lui. Un E vindicatif d'1m95 et pratiquant le taekwondo lui fermerait le clapet... Tiens, ça exclut donc aussi que son pouvoir soit de type absorption et renvoi de magie : il serait toujours physiquement vulnérable... Je ne vois pas. A mon avis pour être le Ranker tel que l'imagine les gens, il faut à la fois une défense parfaite contre tous les types de magies différents, mais également une protection physique. Et la capacité d'être offensif, car ça sert à rien d'être invulnérable s'il suffit de vous ignorer pour avoir la paix... Raaah ! Je ne vois pas quel don permettrait de faire tout ça ! continua Solveig en s'enfonçant en peu, sans obtenir de conclusion.

Elle essaya d'imaginer une hypothèse elle aussi, qui pourrait éventuellement être possible. Quelque chose capable d'être parfaitement défensif et parfaitement offensif. Seulement, rien ne lui vint à l'esprit à l'instant, et elle préféra jeter un coup d'œil sur ce que faisait son amie. Celle-ci fouilla dans ses affaires pour saisir un cahier. Un cahier de notes que sa propriétaire feuilleta. Son regard se dirigea vers cet objet, curieuse, intéressée.

▬ Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en regardant Solveig.

▬ Ah, voilà... Monomageia ou plus communément sorciers à pouvoir unique. Je me souviens avoir trouvé cette description étrange. Pourquoi une terminologie si précise ? Cela semble indiquer qu'il existe des... multimageaia ? Des sorciers aux pouvoirs multiples. Voilà qui rendrait le Ranker réellement terrifiant et digne de son titre ! expliqua Solveig assez enthousiaste.

Des sorciers aux dons multiples. Existaient-ils vraiment ? D'une certaine façon, elle désirait y croire sincèrement et penser que c'était la réponse à son long questionnement ; au lieu de réfuter cette possibilité, elle laissa la conversation aller dans cette voie, et voir ce qu'elle pourrait en tirer.

▬ Un multi...mageia ? murmura-t-elle lentement.

▬ Et cela pourrait cadrer avec son indice : il tirerait son pouvoir de nous, qui avons tous un don différent. Une sorte de pouvoir de type Copieur, comme il en existe déjà, mais non limité, capable de répliquer tous les dons, plusieurs à la fois au besoin. conclut Solveig.

Intéressant. Et Chan ne put s'empêcher de penser qu'elle avait toujours eu un grand intérêt pour les copieurs, ainsi que les annulateurs. Leur capacité magique, à eux en particulier, avait développé une autre interrogation parmi les autres chez la jeune fille :

D'où vient la magie ?

Elle avait beau observé comment fonctionnait un grand nombre de différents pouvoirs, son intérêt ne se résumait pas à voir ce qu'un petit coup de baguette magique pouvait faire. Non. Elle souhaitait retracer l'histoire, les origines, les explications, les définitions de la magie en elle-même.

▬ Désolée, je m'emporte encore et je pars dans des délires rocambolesques ! Je n'ai aucune idée si mes hypothèses farfelues ont le moindre sens, mais c'est rigolo de réfléchir à de tels problèmes ! C'est bien beau de raisonner et de théoriser... C'est passer à l'action qui est plus problématique... sourit Solveig, l'air un peu désolée.

▬ Je pense que passer à l'action ne sera pas trop difficile si nous parvenons à cerner le Ranker. répliqua-t-elle sans prêter attention à l'excuse.

Elle usa ensuite de la télékinésie pour prendre le cahier de note et le placer devant elle, afin de lire son contenu. Quelques phrases étaient inscrits sur les pages blanches, ressemblant énormément aux théories des cours de maîtrise de pouvoir. Oui. Elle avait déjà entendu le terme "monomageia," mais aucun professeur n'avait parlé de multimageia. Jamais. Chan releva la tête et posa le cahier devant elle, en cessant de le faire voler grâce à sa force mentale.

▬ Parce qu'il y a une question que je me pose : pourquoi le Ranker cache-t-il l'identité de son don ? Elle mit sa main devant elle, fermé, en levant juste deux doigts. Soit, il veut faire de lui-même quelqu'un de mystérieux pour se rendre intimidant. Ou soit, il ne veut pas que l'on connaisse son point faible. Il aurait peur que des gens l'analysent et finissent par trouver une faille dans sa maîtrise parfaite. Je ne doute pas que sa puissance soit extraordinaire, mais elle n'est certainement pas invincible ; il reste humain. Ou alors... les deux. expliqua-t-elle à son tour.

Elle fit une courte pause, le temps de bien reprendre sa respiration, avant de continuer dans sa lancée.

▬ Pour son don, il y a aussi plusieurs possibilités. Soit, il serait doté de plusieurs dons, et serait donc un multimageia — comme tu le dis. Les professeurs n'ont jamais parlé d'eux, mais ça ne veut pas dire qu'ils n'existent pas. commença-t-elle, en ayant un ton plus dur sur la dernière phrase.

Si les professeurs protégeaient vraiment le Ranker, raison pour laquelle il n'avait jamais été puni, cela expliquerait pourquoi elle ignorait l'existence de tels magiciens.

▬ Ou alors, il a le don de copie, un don assez banal que quelques élèves possèdent, mais il a dépassé le stade de simple maîtrise "excellente" et peut effectivement en utiliser plusieurs en même temps, et sans aucun contact physique. Il pourrait copier instantanément le don de n'importe quel pensionnaire présent ici. continua-t-elle de plus en plus rapidement.

Il s'agissait d'un don que quelques adolescents possédaient, après tout, mais que personne ne trouvait extraordinaire. Mais, si cette hypothèse s'avérait exacte et que le Ranker avait donc un seul don banal, elle opterait pour la Copie sans hésiter.

▬ Ou alors... il a un don que personne ne connaît. Et je ne sais pas si je vais dire n'importe quoi... mais il est possible que le sien soit de "créer" de la magie. On ne sait pas d'où vient la magie. Nous sommes des descendants des sorcières — si j'ai bien lu l'un des livres de la bibliothèque qui retraçait l'histoire de Prismver. Ça veut dire que la magie est génétique, qu'elle est présente dans notre ADN ou quelque chose comme ça ? Ou est-elle formée à partir d'une énergie environnante que nous avons la possibilité de maîtriser ? Une énergie qui serait présente partout autour de nous, et que le Ranker peut utiliser à sa guise pour former n'importe quel don ? Pause. Que désactivent les annulateurs ? Qu'enferment les créateurs d'objets magiques dans des objets ? Que copient les Copieurs ? De la magie ! Mais sous quelle forme se présente-t-elle ? finit-elle, à fond dans son raisonnement.

Elle baissa doucement les yeux, cherchant encore quelque chose pour illustrer ses propos.

▬ Il paraît qu'un élève a la capacité de changer le don des autres. Donc ça veut dire qu'on ne naîtrait pas avec notre pouvoir dans nos gènes mais la capacité de simplement maîtriser la magie... rajouta-t-elle, marquant une pause un peu hésitant entre chaque phrase.

Elle se demandait si elle avait réussi à exprimer son hypothèse de la bonne manière, ou si elle avait simplement embrouillé son raisonnement pour finalement ne rien dire de sensé.

▬ Raah... je ne sais pas si tu comprends... ou si je dis absolument n'importe quoi... soupira-t-elle.

▬ Probablement les deux. Enfin, c'est ce que je ferais à sa place, pour m'assurer un avantage psychologique supplémentaire. indiqua Solveig.

En effet, les deux possibilités mises ensemble formaient la possibilité la plus plausible, et aussi la plus intelligente. Chan la garda alors dans un coin de son esprit, car l'idée d'ensuite noter les conclusions de cette discussion venait de germer. Il serait plus facile de faire le point là-dessus — elle avait une bonne mémoire, mais il y avait une limite à tout. Avoir l'avis de sa nouvelle amie sur ses théories lui serait très utile. Alors, elle attendait le prochain avis.

▬ Peut-être pas instantanément, d'ailleurs. Il  pourrait s'agir d'un processus qui prend du temps... Ce qui pourrait expliquer plusieurs choses : pourquoi il agit peu et se cache, et pourquoi il reste ici : pour avoir une sorte de vivier de dons et de magie... Cela pourrait aussi être ce qui se cache réellement derrière ces histoires de classement et de guerre des classes : cette compétition absurde force intrinsèquement les gens à utiliser plus leurs dons et, pour les plus compétitifs ou vindicatifs, à en accroitre leur maîtrise. corrigea Solveig.

Elle se dit que cette supposition pouvait être possible, comme les autres. Un copieur devait, en temps normal, être à proximité du détenteur du don qu'il voulait pour le copier correctement. Mais, elle ignorait encore si le don copié était ensuite contrôlé selon la maîtrise du copieur ou du détenteur initial ; cette information lui permettrait de savoir s'il copiait de manière instantanée ou non. Cependant, l'autre hypothèse lui plaisait tout autant, et elle la trouvait très cohérente, bien qu'elle ignorait l'origine et même la forme de la magie. Elle trouvait juste dommage d'être incapable de l'expliquer.

▬ Ma grand-mère a un pouvoir elle aussi, elle maîtrise le Vol. Avec des ailes, comme j'en ai vu chez certains élèves. Et apparemment, on avait un ancêtre acrobate qui avait le même don que moi, à peu près... rajouta Solveig.

Le don pouvait donc changer de générations en générations ; et ce fait confirmait un peu plus les hypothèses de la Chinoise, même si elle connaissait déjà des frères et sœurs qui possédaient des pouvoirs différents. Cet aspect était logique pour expliquer toute l'étendue de dons existant à ce jour. Parfait. Chaque élément la menait vers une voie qui la mènerait à une conclusion, à la fin. La verte lui dévoilait à quel point elle pouvait être une véritable perle, mais si elle était incapable de bien se faire comprendre à celle-ci, elle ne pourrait pas bénéficier de ses réflexions.

▬ Je crois avoir saisi tes idées et beaucoup se tiennent. Mais de là à savoir si elles sont vraies... Et quant à tes interrogations, j'avoue ne pas être médecin, chercheuse ou spécialiste ès Art Magica... Qui sait, peut-être dans quelques années ! Enfin, je vise plutôt l'architecture, mais bon, construire un bâtiment ou l'ADN d'un Mage, les deux me semblent bien passionnants ! réfléchit Solveig.

Suite à ce soulagement, Chan ricana en compagnie de Solveig, bien qu'elle ignorait encore ce qu'elle ferait quand elle serait grande, préférant tout d'abord terminer ses études à Prismver ; et pour terminer ses études en paix, elle devait se débarrasser du Ranker assez vite. En résumé, on pouvait dire que voir la fin d'Entropy et de la guerre des classes faisaient plus partie de ses priorités que son propre avenir. Étrange, de sa part.

▬ Tiens, cela me donne une idée. Il semble malgré tout qu'il y ait une composante génétique à la magie, avec probablement une sorte de prédispositions à un certain type de pouvoir, qui nous viendrait plus naturellement. Ensuite, peut-être qu'avec des efforts ou à l'aide de la magie de cet élève mystère ou du Ranker, on pourrait changer de prédisposition et employer notre magie intrinsèque à autre chose... proposa Solveig.

▬ Hum... Le don que l'on développe doit dépendre de quelque chose qui nous est propre dans ce cas, comme la personnalité ou les sentiments que l'on ressent le plus. Mais si c'est déjà personnalisé, je ne sais pas ce que ça donnerait d'employer notre magie à autre chose, comme tu le dis. se questionna-t-elle, toujours en avançant dans ses hypothèses.

Elle, qui adorait réfléchir et se remuer les méninges, avait acquis la force spirituelle ; Anarchy avait l'empathie, elle qui était attentive envers son entourage ; Estefan donnait vie aux histoires, tant il était passionné par les livres ; Prudence contrôlait le sang des gens, ayant cette envie de contrôler les autres ; Francesca volait, comme elle avait besoin d'être libre comme l'air. Et pour les gens dont l'explication n'était pas tout à fait claire, la raison devait être plus profonde, mieux enfouie au fond de la personne en question. Dans ce sens, la magie toucherait même la philosophie d'un individu. La B esquissa ensuite un sourire plutôt spécial, tandis que la blonde réfléchissait, sautant un peu du coq à l'âne sans s'en rendre compte.

▬ Et maintenant, basculons dans la théorie du complot et revenons à notre cher Directeur... Voilà pourquoi il laisse le Ranker libre : il l'étudie et... tente de le reproduire. J'ai employé le terme de vivier, tout à l'heure. C'est ce que nous serions : un réservoir génétique, un cheptel de mage. Si je me souviens bien, Ruthel à le don de l'immortalité : il peut donc être très, très patient et chercher à produire un multi-magea. Après tout, c'est quand même étonnant que des adolescents bourrés d'hormones en folie soient non seulement autorisés, mais obligés de vivre dans à plusieurs dans des logements mixtes. Si tu vois ce que je veux dire... supposa Solveig, d'un air sérieux.

Ses yeux bridés devinrent ronds comme des billes, lui donnant une expression plutôt comique à l'instant. Elle ne savait littéralement pas quoi dire. L'idée que Ruthel fût aussi machiavélique et manipulateur était quelque chose d'absurde ; et même si la justification de la B se tenait, elle n'arrivait pas à croire quelque chose d'aussi aberrant. Sa camarade explosa se rire.

▬ Désolée, désolée ! Imaginer Ruthel en sombre comploteur, murissant un plan d'hybridation plus ou moins aléatoire de magiciens, mon cerveau tordu a peut-être poussé le bouchon un peu loin ! Surtout qu'on parlait de trucs sérieux... s'excusa Solveig, tout en pleurant de rire.

Chan soupira un bon coup par la suite, rassurée  de ne pas être la seule à trouver que quelque chose clochait.

▬ Je me disais aussi... Parce que si ta théorie était vraie, ça voudrait dire que Ruthel joue l'hypocrite en nous étouffant d'amour et de cookies. Même si ce n'est pas impossible, ça me paraît... tiré par les cheveux... dit Chan, en montrant son peu de conviction.

Le directeur ressemblait à un imbécile heureux plutôt qu'à un manipulateur hypocrite selon elle. Pendant ce temps, la fille aux cheveux verts sortit un sac rempli de différents fruits secs et d'autres aliments, tels que les cacahuètes et les amandes. Avant d'en proposer à la A, elle en prit une grosse poignée avant de mettre le tout dans sa bouche. La Chinoise en saisit quelques uns, un sourire reconnaissant au coin des lèvres avant de murmurer un "merci." Elle posa sa prise dans la paume de sa main, pour en saisir un après l'autre ; ses fins doigts agrippèrent avec délicatesse une amande, qu'ils dirigèrent vers sa bouche entrouverte.

▬ Mon complot génétique mis à part, je trouve qu'on a déjà pas mal d'hypothèses sur le Ranker, et si je me trompe pas, une volonté de le vaincre ou de l'écarter toutes les deux... Comme quoi, la légende qui veut que cette pièce révèle la vraie personnalité des gens n'est peut-être pas fausse. Inutile même de chercher un miroir magique dans le labyrinthe... continua Solveig.

Elle s'arrêta quelques instants, comme si cette remarque était une sorte de révélation. Oui. Elle avait déjà entendu quelques rumeurs sur cette salle dans le passé, mais jamais elle n'y avait cru, même si les autres salles magiques avaient prouvé leur potentiel, elle ne croyait pas grand chose que se regarder dans un miroir dévoilerait sa véritable personnalité. Quelle mauvaise idée de sous-estimer la richesse de cette pièce.

▬ J'avais oublié cette rumeur. murmura-t-elle d'une voix douce, en esquissant un petit sourire, adorable.

Une fois ceci dit, elle mangea enfin l'amande qu'elle tenait depuis tout à l'heure dans ses doigts.

▬ Je pense que la suite logique est d'essayer de prouver nos hypothèses. Pour ça, faut soit rencontrer le Ranker, soit le voir utiliser son don. Après les théories viennent les expériences ! Par contre, je n'ai pas vraiment d'idée pour réaliser ça... Il faudrait se renseigner pour voir comment rejoindre la classe S, même si j'aime pas ça. Ou alors, il faudrait soit défier nous même le Ranker, quitte à se faire botter les fesses au nom de la Science ou de la Magie, soit inciter quelqu'un à le faire pour nous, pendant que nous observerions tout ça... Mouaip, j'aime pas trop non plus, je suis pas vraiment suicidaire, ni manipulatrice... complota Solveig, peu convaincue.

▬ Plus difficile qu'à faire. Elle grimaça. Je n'ai pas trop envie de me risquer, ou de risquer quelqu'un d'autre. Même si j'ai envie de savoir ce dont le Ranker est capable, c'est stupide de le défier sans plan. Selon son don, ce serait dangereux et même inutile. soupira-t-elle, déçue.

Une simple allusion au contrôle de la mémoire, si leur adversaire était capable de le copier ou de le générer. Elles percevraient le mystère, et l'oublieraient par la suite. Plongée dans ses pensées, Chan sentit un étrange malaise grandir, comme si sa tête perdait petit à petit sa capacité de réfléchir correctement. Sa vision devenait floue, de moins en moins nette. Elle posa sa main sur un coin de son crâne tout en le baissant.

Qu'est-ce qu'il se passait ?

Un tournis insupportable s'empara d'elle tout entière ; son corps se réchauffait, et se refroidissait de manière brusque. Pourquoi ? Elle n'avait pas bu d'alcool, ni rien mangé d'avarié. Son souffle se faisait entendre un peu plus fort, et à l'intérieur d'elle, elle paniquait. Elle ne se rendit même pas compte qu'elle avait lâché ses fruits secs qui cliquetaient au sol — plafond.

▬ Attends... il y a quelque chose qui va pas... Elle fit une pause avant de s'expliquer. J'ai la tête qui tourne... avoua-t-elle, d'une voix un peu rauque.

Le lourd silence persista quelques secondes, alors qu'elle baissa un peu plus son regard et eut une sorte d'illumination en voyant le décor du plafond.

▬ Dis-moi Solveig, la première fois que tu as utilisé ton don pour aller au plafond... Tu n'as pas ressenti de malaise ? demanda-t-elle difficilement.

De toute façon, il était très probable que ce fût le problème ; le corps de la jeune fille était fragile, et peut-être que la gravité terrestre, malgré les explications de son amie, agissait toujours sur l'Asiatique. Son sang avait peut-être tourné, trop faible, ou manque d'habitude.

▬ Non, passer la désorientation consécutive au changement de point de vue, je n'ai jamais eu de problème. dit Solveig, avec la même voix que lors des différentes analyses précédentes.

Une énorme déception pour la A, qui souhaitait tant que la réponse fût si simple, si évidente pour s'en débarrasser aussitôt. Il y avait donc autre chose. Non. Elle était persuadée que ce malaise était lié au changement de gravité, et que retrouver le sol terrestre mettrait fin à sa souffrance. La B n'avait jamais enduré ce genre de chose, mais d'un autre côté, elle était plus grande que la petite Asiatique, et semblait moins fragile en corpulence. Plus forte. Une rage intérieure se fit ressentir lorsqu'elle réalisa qu'elle était faible ; cette faiblesse la gênerait peut-être à l'avenir, un fardeau qui l'empêcherait de mener à bien ses expériences, comme celle qu'elle faisait en ce moment. Pour le moment elle se sentait affreusement faible, à jeter un regard de supplice à la spectatrice tout en gémissant. Ainsi, elle se sentit moins lourde, et une longue expiration s'ensuivit. Le malaise était-il passé ? Non. Il persistait. Ce devait être l'atmosphère qui perdait en intensité grâce à celle qui manipulait la gravité, à son grand bonheur. Libérée d'un poids. Un faible sourire apparut sur ses lèvres pour la remercier, tandis que cette dernière se dirigeait vers elle.

▬ Si la gravité est un problème... réglons ça. On va faire ça en douceur... conclut Solveig.

La Norvégienne atteignit sa hauteur et la prit dans ses bras, afin de la transporter avec elle. Sous l'élévation, Chan écarquilla les yeux de surprise, incapable de prédire une telle action. Cette adolescente de 15 ans devait être très musclée, ou alors elle-même était très légère.

▬ En route princesse. J'peux pas sauter pour te ramener au sol sans bobo, alors on va faire le tour. déclara Solveig, son visage affichant une grimace.

Le surnom de princesse fit rougit ses joues pâles, habituellement sans couleur. Gênée, ses iris fixèrent le visage de l'Européenne.

▬ Tu es... sûre que ça va aller ? balbutia-t-elle.

Et vu que Solveig marcha en direction du mur, elle prit ce déplacement pour un oui. Ses doigts agrippèrent les vêtements de sa porteuse, pour se tenir d'une façon correcte et pour ainsi éviter de tomber. Elle tourna légèrement la tête pour regarder l'avant, et suivre chaque mouvement que la B exécutait devant ses yeux pour changer de sol. Celle-ci modifiait la gravité avec aisance et facilité, et la Chinoise se demanda comment cette fille pouvait avoir peur de sortir à l'extérieur. Oui, on le lui avait expliqué, mais les prouesses qu'elle venait de voir remettait tout en question une seconde fois ; son amie donnait l'impression d'avancer sur les différentes parois comme si elle ne contrôlait pas la gravité, mais plutôt comme si elle avait des chaussures équipées de ventouses. Naturelle. Impressionnée, elle ne réalisa même pas qu'elles venaient de retrouver le plancher des vaches en un rien de temps. Elle fut ensuite déposée par terre, délicatement.

▬ Est-ce que ça va... mieux ? demanda Solveig.

▬ Oui, un peu, je commence à retrouver une atmosphère qui m'est familière. répondit-t-elle, ayant à nouveau la capacité de parler avec une voix normale.

Sa crise s'était enfin calmée, laissant derrière elle un mal de tête épouvantable. La sensation de vertige s'était aussi dissipée, lui permettant de réfléchir sans avoir l'impression de tomber dans les pommes dans les secondes qui suivraient. Ses yeux se dirigèrent vers les miroirs par réflexe, pour vérifier à quoi elle pouvait bien ressembler ; elle se vit recouverte de sueur bien visible. Soupir. Sa main se posa sous sa frange, pour balayer les gouttes perlant sur son front.

▬ Dis-moi...

▬ Oui ? murmura-t-elle.

▬ Par hasard... Tu ne serais pas allergique aux noix ou aux fruits à coques ? demanda Solveig, inquiète.

Elle n'avait pas pensé à cette éventualité, bien que possible si elle passait en revue chaque symptôme. Sa respiration. Son mal de tête. Son vertige. Dans le passé, l'un de ses camarades de classe, au Japon, avait eu à peu près une crise similaire à la sienne, car il ne supportait pas les fraises. Un souvenir bien enfoui dans le crâne de la blonde, assez bien pour qu'elle ne s'en souvînt qu'après quelques réflexions. Elle baissa la tête.

▬ Pas à ma connaissance, sinon je ne t'en aurais pas pris. répondit-elle naturellement.

D'un autre côté, elle n'était pas habituée à en consommer, et une allergie avait pu naître en elle sans en avoir conscience. Une mauvaise surprise.

▬ Mais j'avoue que je n'en mange pas beaucoup. Ça fait un bon moment que j'en ai pas pris. continua-t-elle en diminuant le volume de sa voix.

La gravité ainsi que les fruits secs pouvaient être deux facteurs ayant généré le malaise, en même temps. Sa santé la préoccupa beaucoup, sur le moment, elle qui souhaitait à tout prix se tenir à l'écart de ce qui serait néfaste pour sa personne, aussi bien mentalement que physiquement. Elle s'approcha d'un miroir, pour détailler son visage. Comme elle avait un très léger maquillage, elle pouvait détecter sans peine d'éventuelle trace qu'aurait provoqué l'allergie. Aucune trace. Aucun bouton. Aucune plaque rouge. Contrairement à son camarade japonais, ce fameux jour.

▬ En tout cas, il n'y a pas de trace d'une forte allergie. Si c'est ça. constata-t-elle, un peu rassurée.

Elle passa un petit moment à se regarder, mais le tracas refit surface. Elle se tourna vers Solveig, son inquiétude se devinant à travers son regard d'émeraude.

▬ Je n'ai pratiquement jamais eu besoin d'aller chez l'infirmière — deux, trois fois pour prendre un médicament contre une petite maladie. Tu crois qu'elle pourrait détecter ce que j'ai eu ? demanda-t-elle, un ton presque paniquée se faisant percevoir.

▬ Atmosphère...Atmosphère... Oui... J'aurais dû y penser. Sur les planètes à faible gravité, l'atmosphère est de fait moins dense. Il doit s'établir un lent échange entre ma zone et le reste, et la pression doit descendre. Du coup, c'est peut-être une sorte de mal aigu des montagnes, lié à la raréfaction de l'air et à la baisse de pression. Moi, j'aurais l'habitude, comme un sherpa vivant en haute altitude... Mais les autres... Chan... pensa Solveig à voix haute.

Rien n'était certain. Rien n'était clair. Rien n'était prouvé. Et Chan n'avait rien répondu pour cette raison, bien qu'elle aimât les hypothèses. Un professeur de physique serait le bienvenue pour donner une explication scientifique à ce problème. Un problème d'oxygène ? Un problème de pression ? Un problème de double gravité ? Ces interrogations quittèrent son esprit aussi rapidement qu'elles étaient venues, pas assez importantes pour persister quelques minutes de plus et lui torturer les méninges. Une autre préoccupation l'en empêchait. Elle était beaucoup trop concentrée sur son bien-être, au point de ne pas entendre les reniflements de tristesse de la B, ni même le silencieux fracas des crayons, du carnet, du sac et du reste des affaires tombés du plafond jusqu'au sol.

▬ L'adrénaline est quand même quelque chose d'étonnant. Je crois que vais avoir de belles courbatures demain. Cela m'apprendra à paniquer au moindre problème... J'aurais dû réduire la gravité au maximum et la diriger vers le bas directement... Tu ne te serais pas portée plus mal pour le peu de temps que ça aurait pris et ça aurait été plus sûr... se plaignit Solveig.

Elle ne comprenait pas pourquoi la fille aux cheveux verts s'en voulait d'avoir utilisé telle ou telle méthode pour regagner le plancher. Le but avait été atteint. Il n'y avait pas à culpabiliser alors que tout allait bien. Elles avaient quitté le lieu, cause du malaise, grâce à l'initiative de Solveig. Même si elle demeurait inquiète pour elle-même, elle était incapable d'en vouloir à la Norvégienne, surtout qu'elle n'en était pas responsable. Sa fragilité était la seule coupable.

▬ Je ne sais pas, mais cela vaut le coup d'aller demander. De toute manière, j'ai comme qui dirait une sorte d'abonnement là-bas. Mais donne-moi un instant... dit Solveig.

La Chinoise fronça les sourcils, affichant sur son doux visage une touche d'interrogation. Pour quelle raison pouvait-elle bien avoir un abonnement là-bas ? Avait-elle une santé fragile sous cet air robuste ? Chan ne parvenait pas à le deviner, trouvant cette seule supposition très peu plausible pour une fille qui passait ses journées collée au plafond. Cette dernière détenait à présent une trousse, d'où elle sortit un petit tube de crème. La blonde ne comprit pas tout de suite, elle ne comprit rien avant de voir deux bras tremblants de faiblesse appliquer la pommade sur une cheville un peu gonflée. Un choc très rude se fit sentir, une déplaisante surprise. Elle posa une main sur ses lèvres.

▬ Attends... tu...

▬ ...Voilà. De toute manière, il va falloir que je fasse examiner cette cheville, même si ça m'a pas l'air grave. Mon don m'a exposée souvent à des bleus et de jolies chutes, même si ma maîtrise s'est beaucoup améliorée depuis le début... continua Solveig.

Habituée ? Quelle triste affirmation. Mais d'une certaine manière, au fond d'elle-même, cette affirmation avait agi telle un soulagement ; elle n'était pas coupable de l'actuelle blessure. La blessée ne venait pas de subir une foulure exceptionnelle, simplement une parmi tant d'autres. Peut-être était-ce pour cette raison que l'élève en B bénéficiait d'une grande résistance et robustesse ? Ce corps s'était montré moins sensible à la douleur au fur et à mesure de ses nombreuses chutes, lui faisant au final bénéficier d'une défense efficace. La A en était persuadée.

▬ Et... Désolé pour tout ça. J'aurais dû plus réfléchir avant de t'inviter là-haut. C'est... c'est la première fois que j'amène quelqu'un avec moi... pendant autant de temps. s'excusa Solveig.

▬ C'est moi qui voulais venir. répliqua-t-elle aussitôt.

Elle avait désiré tester les effets de ce don, son fonctionnement, ses capacités, voir le monde d'en haut sous un autre point de vue, et avait rejoint le plafond sans une once d'hésitation. Elle avait sauté sur l'occasion impulsivement, trop enjouée à l'idée de découvrir ; puis elle refusait de partir lors de leur discussion, sans réfléchir aux conséquences que la gravité inversée produirait.

▬ Surtout que tu avais dit que la seule gravité qui s'exerçait sur nous était la tienne. Maintenant on sait que la Terre a toujours de l'effet, pour la prochaine fois. continua-t-elle, dans le but d'alléger le cœur de son amie.

Elle considérait cette mauvaise expérience comme bénéfique à une découverte. Et pour accompagner sa future conclusion, elle orna ses lèvres d'un sourire sincère.

▬ Quand j'aurai un corps plus musclé, je reviendrai. De toute façon, j'avais prévu de faire de la musculation juste pour rendre ma télékinésie plus efficace et plus utile. finit-elle en regardant sa fine et petite silhouette dans un miroir.

Un but fixé depuis longtemps, qu'elle n'avait étonnement jamais mis en pratique. Peut-être attendait-elle le déclic pour s'y mettre, et que ce déclic fût Solveig. Le sourire toujours présent, elle soupira.

▬ Bien. En attendant, tu veux m'accompagner à l'infirmerie ? On doit toutes les deux y aller. proposa-t-elle.