Avec un peu de recul, je commence à trouver cette guerre des classes franchement agaçante. Pas au point de devenir un pacifiste de WIP, non. Dans quelques années, il faudra que je reprenne les affaires de mon père et cette guerre compromet sérieusement mes études. Comment étudier alors que des élèves s'affrontent à côté ? Il faut stopper tout ça. Puisqu'il est impossible de trouver un terrain d'entente pour les différents mouvements, il faut remonter à la source de tous les maux : les pouvoirs. Depuis mon arrivée, il y a quelques mois, j'étudie l'Esprit. Sans grands succès. Mais depuis quelques temps, ces recherches ont pris ont grande importance pour moi. Si j'arrive à mettre au point un sérum faisant disparaître les pouvoirs définitivement, je me l'injecterai. Alors ma scolarité à Prismver n'aura plus de sens et je pourrais retourner chez moi étudier tranquillement en attendant de reprendre les affaires de mon père.
Dis comme ça, tout a l'air si simple.
Seul, il me faudra du temps pour arriver au résultat. J'ai beau être un génie, il m'est impossible de trouver rapidement la solution sans aide. Alors je me suis renseigné. J'ai rapidement appris que le professeur Clayton s'est lui aussi penché sur la question. Il acceptera certainement mon aide. C'est dans notre intérêt à tous les deux, après tout.
Les cours de la journée sont finis. Ordinateur sous le bras, vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon sombre, je me dirige vers le laboratoire du professeur Clayton. Tous mes travaux sont consignés sur mon disque dur, cryptés par un mot de passe haute sécurité. je n'ai pas envie qu'un pirate informatique accède à mes recherches. J'arrive devant la salle, hésite devant la porte. Est-ce vraiment une bonne chose ? Il a encore un mois, je pensais que la solution à la guerre des classes était d'écraser les E. Désormais, je pense que c'est carrément d'éradiquer les pouvoirs. Dans un mois, qu'est-ce que je penserai ? Je secoue la tête. Il faut que je sois sûr de moi. Je toque doucement à la porte. « Professeur Clayton ? C'est Scott Newton, en 6ème année A. » Après un instant de patience, j'entre dans la pièce. J'effectue un léger hochement de tête en le saluant poliment. J'ai toujours apprécié le professeur. C'est un enseignant sympa. « J'ai entendu dire que vous faisiez des recherches sur un sérum qui pouvant faire disparaître définitivement les dons. Je… j'aimerais vous aider. » Je me racle la gorge et remet en place mon nœud papillon. Je garde un air sérieux. Il faut se comporter en scientifique. Je m'approche et pose l'ordinateur portable sur son bureau. Les mains appuyées sur la table, je le fixe. « Depuis que je suis arrivé au pensionnat, j'étudie l'Esprit. J'ai pensé que mes travaux pourraient vous intéresser. » À lui de voir s'il souhaite jeter un coup d'œil. J'ai l'impression de proposer l'ouverture de la boîte de pandore.
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Sujet: Re: Eurêka [Terry] Mar 7 Oct 2014 - 1:40
the scientist
Les jours comme les nuits s’étaient noyées dans son obsession. Son utopie. Les jours passent, et le temps glissent entre ses doigts alors que la guerre des classes s’intensifie. Se catégorise. Terry, tu prends trop de temps - tu n’arriveras pas à les sauver. Terry, quoique tu fasses, tu n’arriveras à rien. Terry, tu as beau tout essayer, t’es rien pour le Monde, t’es rien pour ce monde.
Et pourtant, il continue, Terry, à trimer comme un fou, à prendre chacune des minutes disponibles entre ses cours et son petit boulot, entre toute la merde qu’Arsène lui met sur le dos, entre ses sorties et ses conseils. Il repousse les limites de la physique - de son physique. Alors c’est pour ça que même lorsque la journée se termine, il reste emprisonné dans son laboratoire si blanc et si froid pour griffonner des formules, des idées qu’il tente en vain d’assembler. Il a l’écriture frénétique, passionnée et tremblante. Il a les longs moments de consternation où il vient passer une main dans ses cheveux. Soupirer. Comme un prodige de la musique qui joue sans jamais arriver au résultat rêvé, il s’enfonce dans cette mer d’insatisfaction qui lui fait oublier tout le reste.
Oublier le jour qui décroit. Oublier la fatigue qui le plombe.
On le dit faible, Terry. On le dit lâche. Pourtant il est tout le temps là à se relever de ses échecs sans fin, toujours là à s’accrocher pour votre bien. Le découragement lui souffle chaque minute de doux mots à l’oreille. Après tout, comment pourrait-il expliquer quelque chose de magique ? C’était insensé. Impossible.
Mais l’impossible n’existe pas, pour Terry. L’impossible est juste ce que personne n’a encore fait. Et pour cette fois-ci, ce personne, ce sera lui. Deux coups à la porte le tirent de sa bulle, et il autorise la voix masculine à entrer, posant son crayon à la mine brisée - et taillée - re-brisée - et re-taillée. Du bout d’un doigts, il remonte la lourde monture de ses lunettes sur son nez, et observe le jeune homme qui se présente sous ses yeux. Sourire aimable. Oui, il te connaît Scott. En fait, il se souvient de tous les noms de ses élèves - chose qu’il ne dit jamais, toujours trop modeste.
« J'ai entendu dire que vous faisiez des recherches sur un sérum qui pouvant faire disparaître définitivement les dons. Je… j'aimerais vous aider. »
Il a comme un blanc, Terry. Il cligne des yeux. Une fois, deux fois. Comment cela s’était-il su ? Est-ce que les rumeurs se répandaient donc t-elles si facilement à Prismver ? Bien sûr. Bien sûr qu’elles l’étaient, qu’elles l’avaient toujours été. Lui même en avait fait les frais, à l’époque. Rendu muet par les rumeurs et les rires. Il penche la tête sur le côté, et regarde droit dans les yeux ce petit bout d’homme qui vient lui proposer son aide. Il était nerveux lui aussi ? Pourtant, Terry n’était pas du genre à impressionner quiconque. Son sourire s’étend un peu plus, et il expire doucement. La solution, il voulait la trouver seule, pour prouver à son monde qu’il n’est plus inutile. Mais c’était bien trop égoïste. Rassurante, posée, sa voix s’élève dans la classe. « Bien sûr. Assied toi je t’en prie. » Il a l’oreille tendue, Terry, et la curiosité qui pétille dans ses yeux azurés.
L’Esprit. Le mystère de l’homme. La magie de la pensée. « Ca m’a l’air intéressant. Je peux ? » Il est admiratif Terry, et si heureux de pouvoir voir tant de génie, de créativité naitre autour de lui. Il effleure le PC de Scott, en ouvre l’écran. Ses notes à lui sont tout d’abord sur papier avant d’être retranscrites à la maison sur son ordinateur. Des notes griffonnées, penchées, tordues. Des hiéroglyphes.
En cet instant, il ne voit pas Scott comme un élève, comme son élève. Mais comme un scientifique. Comme un homme de sa trempe. Alors il tend le carnet de hiéroglyphes à Scott. Ce carnet pour lequel il a passé des mois à travailler, jusqu’à en perdre du poids. Tendu ainsi au premier venu. Ta confiance te tueras un jour, Terry.
« Il y a sûrement des choses que tu ne pourras pas lire ou comprendre, mais je pense que si c’est toi t-tu pourras capter l’essentiel. » Il est prêt à offrir tout ce qu’il a, Terry, pour le bonheur de ses élèves qui se mettent à feu et à sang. Absolument tout.
Something's here I'm not quite getting Though I try, I keep forgetting Like a memory long since past Here in an instant, gone in a flash What does it mean? What does it mean? - Jack's Obsession
« Bien sûr. Assied toi je t’en prie. » Je fais un léger hochement de tête pour le remercier de me laisser l'aider et prends place sur une chaise. La curiosité fait briller les yeux de Clayton. Je lui adresse un sourire légèrement embarrassé. En fait, j'ai un peu peur de le décevoir. « Ça m’a l’air intéressant. Je peux ? » « Bien sûr. » Je lui donne mon ordinateur portable. Ce n'est pas énorme. C'est quoi, quatre-cinq mois de travail ? Bon d'accord, ça commence à s'accumuler. Mais lui doit sûrement travailler sur l'Esprit depuis plus longtemps. La professeur Clayton me tend un carnet. C'est le cahier où il consigne toutes ses recherches. Je le prends dans mes mains, en effleure la couverture. Une demande et j'ai accès à ce sur quoi il met tous ses espoirs d'arrêter cette guerre des classes. Il doit m'accorder pas mal de confiance.
« Il y a sûrement des choses que tu ne pourras pas lire ou comprendre, mais je pense que si c’est toi t-tu pourras capter l’essentiel. » Je relève la tête. Ses paroles m'ont sorti de mes pensées. Je hoche la tête pour appuyer ses dires. C'est sûr, je n'ai pas toutes les connaissances nécessaires pour comprendre entièrement ses recherches. Je remarque qu'il a bégayé légèrement. Je ne fais pas attention. J'ouvre le carnet, commence à lire ses notes. En tous cas, s'il a du mal à s'exprimer à l'oral, ce n'est pas le cas de l'écrit. Mes doigts suivent la trajectoire de ma lecture. Pattes de mouche. J'arrive à tout lire mais il a raison, je ne comprends pas tout. J'arrive à retrouver quelques similitudes avec mon travail. Au fur et à mesure que je lis, mes yeux s'écarquillent. C'est d'un génie… Comment a-t-il fait pour trouver tout ça ? Mon regard quitte son carnet pour observer sa silhouette. Silhouette penchée sur mon ordinateur qui cherche sûrement ce qu'il ne trouve pas dans ses notes. Je me rends compte qu'il a maigri. Combien d'heures a-t-il passé là-dessus ? Des tonnes, certainement. Je ne peux m'empêcher de l'admirer. On m'a souvent dit qu'il était un prof mal assuré du fait de ses bégaiement. Mais moi je sais que c'est faux. Il a une telle volonté qu'il m'éblouit.
Mon regard s'arrête sur une ligne. Je la relis plusieurs fois avant de comprendre qu'il a fait une erreur. Peut-être la raison pour laquelle le sérum ne fonctionne pas. Je me rapproche de lui et pointe du doigt son erreur. « Regardez ici. » Je mets en parallèle mes travaux, plaçant le carnet à côté de l'écran de l'ordinateur portable. « Je pense qu'il est plus correct de mettre ça. » Supposition. Je lui explique ce que je sais, pourquoi j'ai mis ça comme ça. On se met d'accord puis je reprends la lecture de ses notes. Elles sont longues et très complètes. Ça n'empêche pas qu'il y est des interrogations sans réponses. « Vous faites ça pour vos élèves, n'est-ce pas ? » Question rhétorique. Le professeur Clayton est un homme bien.
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Sujet: Re: Eurêka [Terry] Mar 11 Nov 2014 - 17:13
the scientist
Ses yeux courent le long des lettres et des chiffres, tandis que sa main sur la molette fait lentement descendre la page. Il y a de ces personnes capables de faire abstraction de tout le temps d’une lecture - se foutant du reste l’espace de quelques minutes. Concentration absolue. Le front plissé, il absorbe ces mots collés à l’écran, il les dévore - il les digère. A moins que ce ne soit lui qui se fasse digérer.
Il est impressionné, Terry, par ce travail qui n’est pas le sien. Admiratif, presque fier. Si seulement le concept de fierté ne lui était pas si peu …. naturel. Tiré de sa méditation par Scott, il l‘écoute, les yeux brillants de curiosité, hochant la tête en guise d’affirmation.
« Vous faites ça pour vos élèves, n'est-ce pas ? » Silence. Son sourire n’a pas bougé de ses lèvres. Il passe une main dans ses cheveux, la laissant échouer sur sa nuque - comme d’habitude lorsqu’il est gêné. « Je ne suis pas si altruiste … je fais ça pour moi, aussi. » Pour le pauvre petit Terry. Il y a bien une part de lui qui est convaincue que oui, que tout ses efforts ne sont que pour le bonheur des autres, de ses élèves. Mais au fond il y a cette voix qui lui dit que cette recherche est pour lui. Pour laisser une trace de sa présence dans ce pensionnat - dans ce monde. Cette voix égoïste, qui lui chuchote que s’il arrive à trouver une solution, on le reconnaîtra peut être. On le remerciera peut être.
Il serait si heureux qu’on le remercie. Qu’on le comprenne. Râclement de gorge entendu, il remet en place une énième fois ses lunettes avant de continuer à lire. La flamme brûlant dans ses yeux se transformant peu à peu en brasier.
La réponse. Il pense avoir trouvé la réponse.
Et c’est avec l’excitation d’un gosse qu’il relit une dernière fois la phrase, avant de se saisir d’un crayon et d’écrire à tout vitesse sur un bout de papier quelconque - dans un moment de frénésie. Le crayon de papier glisse sur la feuille avant de se faire envoyer dans la trousse. Un rire léger sort de sa gorge - un de ces rires si rares - et sa voix se gonfle d’espoir - « Ca pourrait marcher. » Il a du mal à y croire lui même, si habitué aux échecs et aux déceptions. Combien de fois avait-il essayé sans que cela ne produise aucun résultat ? Combien de fois sa Science adorée avait piétiné ses espoirs ? Mais cette fois-ci, il y avait quelque chose de différent. Et la conviction prend peu à peu sa place - écrasant tout les restes de ce jeune homme hésitant, asservi par l’incertitude. D’un mouvement rapide, il tend sa feuille à Scott. Cette élève qui l’aura vraiment vu, lui le passionné, le grand gamin noyé de beaux rêves.
Les étoiles dans les yeux - là où il ne les voit jamais. Les étoiles à portée de main.
Something's here I'm not quite getting Though I try, I keep forgetting Like a memory long since past Here in an instant, gone in a flash What does it mean? What does it mean? - Jack's Obsession