it's complicated

Ils avaient ce genre de relation difficile à qualifier. Ce genre de relation étrange que bon nombre de jeunes entretiennent. Ils n’étaient pas ensembles, mais ne pouvaient se considérer comme de simples amis. Ils en avaient fait des choses ensembles, oui, beaucoup de choses. Et malgré tout ça, malgré tout ces moments passés tous les deux, jamais ils ne se sont mis en couple. Tous les deux s’étaient mis d’accord là-dessus, sans penser que leurs sentiments auraient pu évoluer au fil du temps. C’était son cas, en tout cas. Joach Nils Källström, certains le connaissaient en tant que “Sex Friend” d’une certaine jeune fille très convoitée. Sex Friend, parce qu’ils s’obstinaient à n’avoir que des relations charnelles en tentant de développer une amitié tout à fait normale à côté. Mauvaise idée. Parce que c’est rapidement devenu addictif pour Joach avant qu’il ne finisse par se demander si quelque chose de plus sérieux était possible entre eux. Et puis un jour, ils s’étaient pris la tête, il ne se souvenait plus exactement pourquoi, mais les deux jeunes gens ne s’étaient plus reparlés depuis.

On lui avait maintes fois que ce n’était qu’un fantasme, qu’il devait déjà s’estimer heureux de pouvoir partager son lit quelques heures ou même toute une nuit. Mais on lui avait aussi fait remarqué qu’ils étaient bien trop proches pour être de simples amis, que Joach la regardait d’une drôle de manière alors qu’il s’efforçait de répéter à tout le monde qu’il n’y avait rien de bien romantique entre eux. Pourtant, personne ne savait ce qu’il se passait vraiment lorsqu’ils se retrouvaient tous les deux seuls à se faire plaisir. Joach connaissait tous ses points faibles, tout ce qu’elle adorait qu’on lui fasse, ce qui la faisait craquer. Il la connaissait si bien, il savait pourquoi, mais il ne le disait à personne. Pas même Anarchy, la principale concernée. Pourtant, le jeune homme était presque sûr qu’elle devait se douter de quelque chose. Rien qu’un peu.

Aujourd’hui, il était là, l’observant de loin tout en se rongeant l’ongle. Anarchy avait été invité à cette fête, lui aussi. Au départ, il avait pensé que le mieux serait de ne pas s’y rendre, mais il avait craqué au dernier moment. Cela faisait bien trop longtemps qu’ils ne s’étaient pas parlé. Ça le stressait. Et la voir flirter avec un gars - qui avait tout pour lui en plus, great - lui donnait des envies de meurtres. « Putain, je suis sûr qu’elle fait exprès... » Et ça l’énerve parce que Joach sait qu’il n’a aucunement le droit de se plaindre quand elle drague ou se fait draguer. Bah oui après tout, ils sont juste amis. « C’est pas possible d’être jaloux à ce point mec, redescends sur terre c’est même pas ta copine. Puis si ça te dérange tant que ça, t’as cas aller la voir, merde! » Ce gars était chiant, plus encore en sachant qu’il n’avait pas tort. Putain, il le détestait vraiment quand il avait raison.

Joach était tout de même resté là, à l’observer une ou deux minutes de plus, réfléchissant à la meilleure manière de l’aborder. En espérant éviter qu’elle ne l’envoie littéralement chier, qu’elle lui en colle une ou pire encore, qu’elle le snobe avec beauté. Bref. En gros, il avait peur de tout foirer. Mais il allait tout de même saisir sa chance, agir sur un coup de tête sans doute. Sans penser aux conséquences. Il progressait d’un pas sûr, alors que son coeur manquait d’exploser dans sa poitrine. Merde, c’est tellement stressant. Cela ne voulait pas non plus dire qu’il allait s’arrêter en si bon chemin. Non on, il était bien décidé, tentant de se convaincre que tout allait bien se passer. Zen. Alors le suédois s’interpose entre elle et le gars avec qui elle flirtait depuis plusieurs minutes. Il avait à peine pris le temps de s’excuser avant de se concentrer sur elle, uniquement elle. Puis finalement, Joach avait embrassé Anarchy, comme il ne l’avait jamais fait auparavant.

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Elle l’avait attendu. Combien de temps? Un, deux, trois jours? Pour lui, ça se rapprochait d’une éternité. Parce qu’il avait perdu cette habitude de ne pas la voir tous les jours, avec ces nombreux moments intimes qu’ils partageaient. Parce qu’elle était devenue comme indispensable, comme une addiction, une drogue. Et c’était malsain oui, délicieusement malsain. Joach ne cherchait pas à s’en passer, il ne cherchera pas à le faire au contraire il s’y accroche, comme il s’accroche aux lèvres de la jeune fille. Ces lèvres qu’il laisse glisser à contre coeur alors qu’il affiche pourtant un grand sourire. Il savait que c’était loin d’être fini et putain ce qu’il avait hâte de la suite, ce qu’il avait hâte de revivre ce dont il a été privé plusieurs jours durant à cause d’une dispute sans intérêt. « Tu t’y attendais pas, avoue. » Il est mignon avec ce petit air de fierté sur son visage, fier d’avoir agréablement surpris Anarchy, fier d’avoir réussi son coup, fier de ne pas s’être défilé.

Et il se laisse entraîné, enivré par sa simple présence. Le coeur qui bat, le corps chaud et ce sourire qui ne voulait pas s’en aller. Et il la dévore du regard, il ne s’intéresse à personne d’autre qu’à elle, se rend à peine compte qu’ils se trouvent désormais au bar. « Pas sûr que les gens aient envie de nous voir nous sauter dessus… Surtout ton pote, là-bas. » Et il pointe l’ancien compagnon de celle-ci qui semble sur les nerfs. Mais il s’en fiche Joach, ça le fait sourire, ça lui fait plaisir car il a pu montrer qu’il n’y avait personne d’autre que lui. Horriblement possessif, il n’y pouvait rien, c’était plus fort que lui. Le jeune homme approche ses lèvres d’une oreille de la jeune fille, les frôle, sourit et dit dans un murmure : « Allons ailleurs.. On a énormément de choses à se dire... » Ils devaient entre autre mettre les choses au clair concernant leurs sentiments respectifs. S’ils devaient continué ainsi, si cette relation était néfaste pour l’un comme pour l’autre.

Mais Joach ne pense pas à cette possibilité, pour lui tout allait bien, tout était parfait et espérait bien qu’ils pourraient continuer sur cette lancée. Au fond, il espérait être aussi indispensable pour Anarchy qu’elle ne l’était pour lui. Oui au fond, il espérait bien plus qu’une forte amitié avec quelques bonus. Parce que c’est ainsi que certaines personnes qualifiaient leur relation. Et ne sachant comme expliquer le lien qui les unissait, ne voulant pas se faire d’idées ou dire n’importe quoi, le suédois répondait simplement : “C’est compliqué”. Et oui, ça l’était vraiment. Tout simplement parce qu’ils avaient peur. Oui, mais peur de quoi exactement? Que tout se passe mal? Que cela ne fonctionne pas et que plus rien ne soit jamais comme avant? Peut-être. Sans doute. Va savoir. Pourtant Joach ne semblait pas se prendre la tête à ce sujet, avec son éternel sourire. Puis il soulève Anarchy, posant cette dernière sur son épaule. Naturellement, sans gêne. « Petite et en plus poids plume. » Et il la taquine, tapote son fessier, amusé par son propre comportement, amusé par la réaction de sa victime.

Une complicité naturelle aux yeux du jeune homme, peut-être un peu trop évidente aux yeux de certains qui se retournaient sur leur passage. Mais Joach n’en avait que faire, transportant Anarchy sur son épaule, cherchant un lieu isolé, n’importe lequel tant qu’ils pouvaient être seuls. Rien que tout les deux. Et il finit par ouvrir une porte, sans faire attention. Parce qu’il s’en fiche, parce qu’il veut absolument un tête avec elle, chose qu’il n’a pas eu l’occasion de faire ces derniers jours. Bien sûr, le suédois comptait bien rattraper le temps perdu. Dans un rire léger, il la dépose sur une table quelconque et approche son visage du sien, jouant, taquinant ses lèvres, glissant une main sur ses hanches. C’est ce qu’il attendait, c’est ce genre de moment, cette proximité qui l’avait tant manqué.

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