Sujet: welcome to the island of misfit toys •• gaulympe Lun 1 Déc 2014 - 2:44
Dernier coup de main dans ma tignasse d’obsidienne, sourire crispé devant ce miroir qui ne me servait jamais et j’étais prêt à y aller. Longue inspiration et, tendu, je sors de la pièce, presque étonné de cette sensation de légèreté. Pas étonnant, ces derniers jours, je trimballais toujours mon sac ou mon ordinateur portable, il faut dire que j’ai renoncé à tous mes combats pour profiter d’une vie simple que j’arrive à n’apprécier qu’à moitié. Un quotidien qui me parait fade, vieux, habituel, comme si ma joie de vivre avait été happée ou transformée en un plaisir masochiste qui m’avait nourrit pendant des mois de combat acharné.
Solitude. C’était indéniable, cette façon dont je m’isolais, cet éloignement qui naissait entre mes proches et moi. Situation cruelle, on m’avait longtemps critiqué pour mes agissements en tant que rouge, et on me voyait comme traître à présent que je décrochais. Frustration, le point qui se serre sous la colère impulsive que je sens monter. Calme-toi Gau’, tu vas pas gâcher cette soirée pour laquelle t’as tellement donné. Costard soigneusement préparé et maintes fois essayé, les retrouvailles longtemps travaillées dans ma tête, tant et si bien que j’avais sûrement visualisé toutes les façons possibles de l’aborder.
Olympe. Même en essayant, c’aurait sûrement été impossible de décrire ce lien qui se créait entre nous, ou encore d’utiliser un mot pour la qualifier. Indéniablement, elle prenait une place dans ma vie au point de m’en faire négliger les autres, dans un besoin de m’isoler. Loin de tous, tenu à distance par ma peur de blesser, et pourtant, elle avait franchi ce rempart que je m’efforçais de créer. Une aide mutuelle, un attachement impossible à qualifier - c’était sans doute de là qu’était venue mon idée de l’inviter. Sortons de l’ombre Olympe, affrontons ce monde qui n’en finira jamais de nous étouffer.
Sept heures tapantes et me voilà déjà prêt, costume enfilé, absolument pas accordé aux seules chaussures dont je disposais. Les baskets bleues pas du tout en harmonie (love) avec le costume que j’avais décidé de porter, j’avais sifflé mes économies dans le cadeau offert à Heath, me forçant à prendre un boulot à mi-temps pour le rembourser. Pas question de demander à nouveau une avance à Sony, j’avais ma fierté malgré tout ce que j’étais capable de faire pour m’efforcer d’être parfait. Des efforts aveugles, à peine remarqués, mais c’est tout un assemblement de petites choses dans lesquelles je m’étais démené pour cette soirée.
Sourire à la vue de ma cavalière, un simple « Hey » marmonné d’une voix hachée par la timidité - ça a beau faire un petit moment, c’est tout autre chose de la voir dans une tenue de soirée. Une tenue de femme. Parce que ça a jamais été qu’Olympe, ça a toujours été une relation trop spéciale pour que j’arrive à la qualifier par autre chose que le prénom qu’elle portait. La voir ainsi me gratifiait d’un papillonnement au ventre, le coeur serré par tous les efforts qu’elle avait dû faire pour se préparer. Surpris sans doute, de voir que je suis pas le seul à avoir assuré.
Mais le pire reste à passer. Je la connais, la personne qui se cache derrière cette apparence si travaillée, je la connais, celle qui aura du mal à supporter toute la foule que l’on s’apprête à retrouver. Pas vraiment d’échanges pendant la longue marche jusqu’à la plage gelée, c’est peut-être une relation spéciale mais on a jamais été du genre à parler pour échanger. Des gestes, des regards, des similitudes qu’on remarquait, un lien du coeur qu’aucune discussion ne saurait égaler. On marche, silencieux, situation à laquelle je suis presque habitué. Le long moment de blanc me laisse le temps de me détendre, m’habituer à cette adrénaline que j’avais presque oublié.
J’en viens presque à espérer qu’il se passe quelque chose de ouf pour ressentir à nouveau cette sensation de danger. Pensée brève, rapidement balayée par mon désir de passer une bonne soirée. C’est pas beaucoup demandé, pour une fête prévue dans l’espoir que tout soit parfait. Cette idée est soutenue par la vue de Jim, de retour après deux mois d’absence, peut-être que c’était sa présence qui manquait. Un sourire se dessine sur mes lèvres, bien vite effacé par l’épais nuage blanche qui s’étend autour de nous, les cupidons qui débarquent, bousculent, séparent Olympe de moi, alors que l’on était si près.
Panique. Et sans attendre le nuage qui dépaissit, je bouscule les gens, la cherche au travers de la foule. Je sais bien ce qu’elle pense de l’événement, je comptais ne pas la lâcher - unique raison pour laquelle je m’étais autorisé à l’inviter. Seulement voilà, il a suffit que de quelques secondes, et cette culpabilité rajoute de la colère à mes gestes, un brain d’impulsivité par lequel je n’hésitais pas à écarter les personnes de ma route. Plus assez lucide pour raisonner logiquement, pris de court et agacé au point d’en arriver à vouloir trouver un coupable - et la colère monte envers l’organisateur, un instant, sentiment que je m’efforce bien vite à refouler.
L’idée est bête, tout comme cette réaction, mais personne ne pouvait deviner. Je reviens sur mes pas, me remémore le choc du cupidon, sa direction, vers où Olympe a pu être repoussée. Je marche rapidement, déjà plus calme, mais toujours agité par un terrible sentiment d’anxiété. La coiffure déjà gâchée, le costume un peu en vrac, mais j’arrive quand même à la retrouver, un peu à l’écart de la foule qu’elle a sans doute fait au mieux pour éviter. Décontenancé autant qu’elle doit l’être, je lui tends la main, trop effrayé à l’idée de nous voir de nouveau séparés.
« C’est le bordel d’emblée, apparemment. On va sur le yatch ? Y’aura sûrement moins de foule. Puis, si t’as envie de danser... »
Sujet: Re: welcome to the island of misfit toys •• gaulympe Dim 7 Déc 2014 - 0:47
Welcometo the island of misfit toys
Tous les ans il y avait une boite. Cette année, il y en avait deux. Cette année. Elle avait osé les ouvrir. Et ne pas les jeter.
Elle peut pas s’empêcher d’avoir les mains qui tremblent un peu. C’est les doigts emmêlé dans ce tissu étiqueté fille qui pose problème. La boite annuelle. L’espoir constant. Le retour qu’on souhaite sans trop y croire pourtant. Elle avait eut du mal sa mère, a avouer. Avouer Spencer. Rayer de sa vie Olympe. Parce que c’est pas si simple d’accepté. C’est pas si simple d’avouer la perte de quelqu’un, malgré une présence disparu seulement à moitié. Dire adieu à la petite fille presque parfaite. La petite fierté.
Elle sait Olympe, que sa mère n’a jamais vraiment put s’y faire. Que les sourires ont toujours été légèrement teintés de tristesse depuis cette décision. Parce que c’est des désolé arrivé trop tard. Désolé de ne pas avoir vu Olympe. Désolé de ne pas t’avoir cru. Désolé de ne pas avoir vu tes genoux écorchés. Désolé de ne pas avoir vu tes cahiers trempé. Ta langue nouée. Désolé, désolé. Désolé d’avoir fait de toi ce petit homme que tu n’aurais jamais du être. Désolé, désolé. Elle a été forcée sa mère, à formuler les adieux. Il a pas laissé le choix Spencer. Il est venu et il a fait une croix. Il a choisi sa vie. Tout abandonné pour espérer s’en sortir.
C’est comme avoir sous le nez un échec cuisant. Comme devoir affronté jour après jour les dégâts que l’on a causé sur une personne a qui l’ont tiens. Elle l’a vu évolué, Spencer. Elle l’a vu si vulgaire. Elle l’a connu à problème. Elle a fait ses visites chez le directeur pour se justifier. Votre fils est mal élevé, madame. Je sais, je sais. C’est de ma faute. Je sais, je sais. Et pourtant si vous saviez comme il est doué, et pourtant si vous saviez comme elle est forte. Si vous saviez comme elle me manque.
Ca répare pas les larmes. Olympe le sait. Spencer aussi maintenant. C’est des choses que l’on apprend trop tard. Qu’une fois seulement les fragments restants. On répare pas, Maman. Et pourtant, c’est toujours la même boite pour les fêtes de fin d’année. Le même mot, le même ruban La même détresse dans les lignes tremblantes. Le même papier trempé. Toujours cette appelle a Olympe camouflés sous la prise de nouvelle destiné a Spencer. Comment vas-tu ? Reviens . Tu manges à ta faim ? Je m’inquiète . Tu me manque Spencer. Tu me manque Olympe. Prend soin de toi. Moi je n’y arrive pas.
Toujours une robe, chaque année. C’était la seule façon qu’elle avait de vouloir te ramener. Elle n’en parler pas d’Olympe, elle n’en parler plus. Elle gardait silencieusement ses envies de voir sa fille un jour s’épanouir. Trop coupable. Mais cette année, elle était la Olympe. Cette année c’était ce reflet amer dans le miroir. Cette année, c’était la fin des mensonges. Et c’était douloureux d’arrêter de mentir. De s’affronter. De s’accepter. Alors elle avait éteint les lumières pour ne pas voir le corps Olympe, et elle avait enfilé le tissu, les mains crispées sur la fermeture. Puis elle avait rallumé la lumière, et les ongles s’étaient enfoncés dans les bras face a cette vu la. Face a cette femme la qu’elle ne connait pas. Qu’elle ne connait plus. Bon retour, Olympe. On croyait t’avoir perdu. Elle pleurerait de joie, ta mère, ente voyant ainsi. Toi c’est pas des larmes de bonheur que t’as envie de verser présentement.
Ridicule. Tu te trouves tellement ridicule. Comme un gosse qui joue aux grands. Comme une gamine qui pique les talons de sa mère. Comme une enfant qui déborderait avec le rouge a lèvre de maman. T’as les mains sur ton cou et qui essaye de calmer la respiration. Pas maintenant Olympe. Pas maintenant.
Il t’attend.
C’est cette pensé qui force tes mains à se desserrer. Tas respiration à se calmer. Il t’attend Olympe. Alors calme-toi s’il te plait. C’est pour lui, les efforts. C’est pour lui que tu ne veux pas tout gâcher, que tu te forces à ne pas abandonner. Tu comprends pas ce qu’il fait avec toi, pourquoi il a toujours ce sourire la. Pourquoi il te soutient. Tu le comprends pas. T’arrive pas à comprendre. Mais t’as tellement peur qu’il arrête. T’as tellement peur qu’il se lasse. T’as peur qu’il ne revienne plus un jour. Qu’il arrête ses gestes vers toi. Ces attentions pour toi. T’as peur d’être perdu sans lui. Parce que t’as plus que lui. Parce que ça semble plus simple quand il est la.
T’as légèrement coiffé tes cheveux de garçon pour avoir l’air un peu plus fille. Un peu plus vrai. T’as fouillé dans la deuxième boite avec ce sourire un peu trop triste. Ce merci sur les lèvres qui ne pourra pas trouver de destinataire. Et puis t’as attaché le ruban autour de ton poignet. Fait surement plus de nœud qu’il n’en faut pour le savoir attacher.
Hey. Hey
Merci serait plus approprier. Emporte la Gau. Lève le voile de ses jolis yeux.
Tu sais, elle est contente Olympe, que tu n’es pas complimenté sa robe. Elle est heureuse que tu n’ai rien soulevé de ce combat contre elle-même qu’elle vient de livrer. Parce qu’elle ne veut pas être une femme Olympe. Et elle ne veut plus être un homme. Elle n’est plus grand-chose au fond. Mais sous tes yeux, elle est heureuse de voir qu’être Olympe, c’est amplement suffisant.
Oui, emporte-la. Parce que tu es surement le seul à pouvoir le faire.
Elle s’est promis de faire des efforts pour ne pas trop être dans tes pas, Gautier. Seulement c’est la fumée qui vous séparé dés votre arrivé. C’est son cœur qui s’agite. Qui se serre. La peur qui la bouffe. La respiration qui se coupe. Reviens Gau, reviens. S’il te plait. Me laisse pas, me laisse pas.
Et c’est la main que l’on te tends et c’est la promesse que tu avais doucement formulé qui se fait la mal. Reste la Gautier. Reste avec moi. J’ai peur des démons que je pourrais trouver. J’ai peur de ce reflet que je ne peux affronter.
J’ai peur Gautier. Tellement peur de tout ça. Tellement peur de voir que je ne ressemble à rien ainsi. J’ai peur du regard des gens sur moi. J’ai peur que l’on critique ce choix. Que l’on critique cette moi. Que l’on se moque de Spencer. Que l’on se moque d’Olympe. J’ai peur Gau, tellement peur, qu’on ne me laisse plus être personne. Gau j’ai peur, tellement peur que cette vie me bouffe. Qu’il n’y est plus de place pour moi.
Alors elle serre Olympe. Elle serre un peu trop fort la main. Comme un point de repère que l’on serre trop fort, par peur de le voir s’effacer.
Pars pas. J’peux pas affronter le monde sans toi.
Elle fait des efforts Olympe. Pour ne pas être dépendante. Pour te laisser avoir ta liberté. Pour pas te faire sombrer avec elle. Elle veut pas causer ta chute Gautier…Mais c’est difficile tu sais. Alors encore un peu, laisse la marcher a tes cotés. Encore un peu, tant que tu le peux. Encore un peu …. Juste un peu. Avec toi elle pense moi à s’en aller. C’est le voile noir qui semble légèrement se dissiper. Elle entend moins s’en envie d’en finir lui murmurer de toute arrêter.
« Je te suis…. »
Elle est hésitante Olympe. Elle a peur de gêner. Elle a peur d’être en trop. Peur de faire un pas de travers et que tu finisses toi aussi par la laisser.
« J’crois pas trop pouvoir danser avec ce truc la…. Manque d’habitude. »
Temps d’adaptation.
Elle a déjà du mal à pas sombrer. Elle a pas la démarche de ses jolies filles qui s’assument Olympe lorsqu’elle te laisse l’emmener a l’intérieur. Elle marche même pas très droit. Et pourtant elle a pas de talon. Elle a ses converses de Spencer. Pas de jolies chaussures pour être parfaite à cette soirée. Pas assez jolie oui, mais assez user pour faire tache. Assez pour se faire remarquer. Assez pour baisser la tête lorsque que les regards sont sur elle braquer. Elle entend les murmures, et même ceux qui ne sont pas formuler. Elle veut pas lâcher la main. Elle te suit de trop prêt. N’ecoute pas Olympe. N’ecoute pas.
« J’sais qu’on vient d’arriver. Mais tu crois qu’on peut aller s’assoir ? S’il te plait. »
Soit le rempare Gautier. Entre elle est ce monde qui ne sait l’accepter aussi bien que tu es capables de le faire.
Sujet: Re: welcome to the island of misfit toys •• gaulympe Dim 7 Déc 2014 - 1:41
La panique s’estompe, laisse place au soulagement - bouffée d’air, sourire qui s’inscrit sur mon visage duquel la peur disparaît. Il n’a suffit que d’un écran de fumée, quelques secondes de séparation pour une telle réaction - c’est dans ces moments, le coeur serré, que je comprends comme elle compte. Si peu de temps, deux identités mélangées, des doutes balayés par un pouvoir sur lequel je n’avais pu compter que pendant un jour - et pourtant, c’est à partir de là que tout avait commencé. L’empathie parfaite, le partage de ce sentiment d’être rejeté et isolé. Je comprends Olympe, je sais ce que ça fait. Le monde nous rejette, à nous de nous en extirper.
Le choix était pas difficile au fond. J’ai toujours été là depuis ce jour, je vois pas ce qu’une fête y changerait. C’était comme une évidence, une réflexion rapidement transformée en pensée pour toi. Qui inviter, la question se pose même pas, le bal j’y vais avec toi ou je m’y pointe même pas. J’ai toujours peur tu sais, peur qu’on soit séparés, peur de moi. C’est dur de continuer d’y croire avec ce que j’ai fait, mais ta présence est comme ce regain d’espoir que j’avais arrêté de chercher.
Suis-moi Olympe, suis-moi pour l’éternité. Le souhait formulé dans ce sourire que j’arrive à lui adresser.
C’est la main qui se serre, la complicité qui s’installe, mon regard cherche le sien, bourré d’inquiétude. Je la connais mieux depuis, les doutes qui la ronge, les efforts qu’elle a fait pour m’accompagner. Il y avait du supplice dans cette demande, un besoin qu’elle connaissait. Je veux y aller, je veux pas louper la fête. Viens avec moi Olympe, sans toi je sens que je pourrai pas y arriver. Et puis, elle avait dit oui. Elle s’était ramenée avec sa robe et son visage fermé. Te force pas Olympe, reste ce que tu es. J’ai pas besoin de te voir essayer, simplement de toi à mes côtés.
Danse pas, c’est pas grave, je t’ai jamais demandé. Au fond, je suis juste venu pour voir, revoir cette lumière. Jim, le grand-frère, les sourires qui m’ont manqué. Regarde Olympe, c’est quelqu’un à qui je tiens. C’est quelqu’un de plus qui ne peut pas me sauver. Il est incapable de comprendre comme les autres, c’est pour ça que j’ose à peine le regarder. Désolé d’être aussi renfermé, désolé d’être aussi dangereux. J’ai jamais demandé à changer, la solitude du début me convenait très bien - au moins j’entretenais encore l’espoir de pouvoir changer. C’est trop tard maintenant que tout est enclenché, mais pense pas que je regrette. T’es avec moi et ça me suffit à me rappeler - être utile à quelqu’un, la meilleure façon de se sentir exister.
« J’crois pas pouvoir danser tout court. Manque de… cooltitude. »
Je t’en veux pas tu sais, pas pour ce genre de choses. J’ai juste voulu quelqu’un pour revoir la lumière, partager avec toi l’oeuvre de celui qui m’avait longtemps fait espérer. C’est dur à revoir mais je le voulais - observer une dernière fois ce monde dans lequel on ne reviendra jamais. On est pas à notre place ici, mais pour l’espace d’une nuit je voulais l’oublier.
Au fond, je sais bien que c’est pas possible. Je vois bien tous ces regards braqués, ce jugement auquel on ne pourra jamais échapper. Regardez-le, le type dangereux duquel Shu parlait. Regarde l’ancien de RED qui nous a trahis. L’hypocrisie, les mauvais regards accentués par tout l’alcool qui coule, je les vois s’écarter, j’entends les ricanements résonner. Ca m’est égal, j’ai longtemps encaissé et j’ai appris à faire abstraction - mais je sais bien que tu as moins de facilités à tout surmonter. Murmure au milieu de cet océan de mots tranchants - je fronce les sourcils, affronte sans problèmes les regards braqués. Hochement de tête à son égard, je la guide un peu plus loin vers un canapé.
Ce serait tellement simple de s’énerver, se donner une excuse pour se venger de tout ça - mais au fond je sais que ça n’y changerait rien, tout lâcher pour remettre l’affrontement à plus tard. Il est là mon combat, affronter cette haine en refoulant la mienne pour mieux m’accepter. Pourtant, ça semble bien loin tout ça, elle semble bien loin cette peur de moi. C’est l’envie, le soulagement d’avoir cette force pour pouvoir me venger quand je le voudrais. Parce qu’en cet instant, rien ne compte. Parce que dans ces moments, j’oublie cette peur envers ma personne - craignez-moi, détestez-moi ; agissez comme vous voulez, mais laissez-la respirer.
« Si tu veux rentrer, ça me dérange pas. Je viens avec toi, on passera la soirée dans ma cabane. C’est vide, on sera tranquilles. »
Peut-être que je regrette, au final. Désolé de t’avoir embarqué dans ce monde qui me manque. Désolé de te forcer à regarder, toucher du bout des doigts ce qu’on ne pourra jamais avoir. C’était égoïste, je connaissais les contraintes d’emblée, tes peur que je partageais - croyant bêtement pouvoir te les faire oublier. Désolé pour tout ça, c’est pas ce que je voulais - désolé de t’imposer ces regards qui ne nous quittent pas.
« J'comprends que vous vouliez pas voir les sales gueules de vos partenaires, mais vous êtes pas forcés de regarder par là. »
Désolé d’en attirer encore davantage - mais je ne peux pas supporter ça. Je peux pas supporter de voir ces gens nous piétiner. Je m'assois sur le canapé vide, et la voix se fait tout de suite plus douce, le regard apaisé.