I used to be a flower on the wall in the back row Never was a homecoming queen just a shadow
- Mack !
Vous le voyez le point d’exclamation là ? Celui-ci veut dire qu’elle vient de taper du pied.
Pour tout dire, Chloé est un peu vexée et en colère contre la grande rouquine. Parce que elle, elle l’a autorisé à l’aider à se préparer pour le grand soir, mais Mackenzie Betty Turnover, elle, elle veut pas de son aide. La E invoque un trillion d’excuses -irrecevables bien entendu, mais il en va de sa dignité féminine, alors Chloé insiste encore un peu. Au moins les cheveux ? Ils doivent être si difficiles à dompter ? Mais non. Mack s’est littéralement enfuie par la fenêtre de la chambre de la B. La laissant plantée là, comme une idiote avec une tonne de protestations sur le bout de la langue, de l’incompréhension en plein coeur et presque des larmes au coin des yeux.
Toujours pas désirée. Et même pas en copine qui rend service.
Sensible petite Chloé. Peut-être aujourd’hui plus que les autres jours. Car malgré cette nuance de gris au tableau, le clou de la journée est un spectacle féerique à lui tout seul. La Jim’s. Le bal. Au-delà du fait que c'est une grande première côté soirée et tout le tralala qui va avec ; et comme se plaisait à souligner sa marraine -avec une bonne dose de sous-entendus- les raisons de son anxiété se résument en six mots : je-vais-au-bal-avec-Zephyr.
Zephyr Coltrane Reed. Mini-Reed selon une autre rouquine du pensionnat -sa marraine à lui. La nervosité est à son comble. Même les petites boutades de Thomas n’arriveraient pas à la décontracter à quelques minutes de l’arrivée du Prince de la fête. Puisque Jim en est le roi, Zeph en est un peu le prince malgré lui. Et elle s’est mise une pression de dingue, sans vraiment en identifier les raisons. Mais en tout cas, ces mystérieuses raisons font qu’elle tourne en rond dans le salon du bungalow. Des ronds de cent pas en l’attendant lui. Il a tenu à venir la chercher, en véritable gentleman. Pas comme Lukas qui a fait son dépressif en refusant même qu’ils y aillent tous ensemble. Une autre incompréhension. Une autre pointe de révolte qui ronge, mais qui se désagrège instantanément à l’entente des coups sur la porte.
Et non, ce ne sont pas encore les douze coups de minuit. Dommage. Le stress grimpe en flèche. Chaud. Froid. Elle ne sent pas très bien tout à coup. Et si lui aussi il s’enfuyait après l’avoir vu ? Ça serait terrible. Ses épaules en frissonneraient presque de peur. Crispée. Un dernier regard dans le miroir, une main sur sa joue pour y calmer le feu qui a surgit de nulle part. Chloé s’est hissée sur ses talons. Inspiration. Et la voilà qui ouvre la porte. Un gros blanc fait patatra entre eux, puis...
- T’es beau !
Ce point d’exclamation-ci, c’est son coeur qui a fait un bond en découvrant son cavalier. Tout comme ses yeux bleu qui se sont écarquillés. Puis cette main qui est venue fermer sa propre bouche, moins d’une seconde après avoir lâché ces deux mots. Et ce n’est plus un brasier qui remonte jusqu’à ses oreilles, mais un incendie. Gêne suprême. Mais elle ne peut pas s’excuser sinon il va croire qu’elle ne le pense pas, alors que bien évidemment que si. Elle lui a toujours trouvé beaucoup de style, mais alors là, c’est encore pire. Ou mieux.
Dsdfghjhg;!
Mais aujourd’hui, maintenant, sur cette île, Chloé n’est plus totalement celle qu’elle était avant. Elle n’est plus vraiment ce rien. Et elle espère avoir l’allure nécessaire pour marcher à côté de celui qui a fait piquer un sprint à ce qui pompe l'hémoglobine dans sa poitrine. Pour pallier à une timidité toute nouvelle, sur le chemin qui les menèrent jusqu’à la plage, la petite rouquine tenta tant bien que mal de battre le feu par le feu. En parlant trop. En rappelant qu'elle devra remercier Jim pour la robe -c'est lui qui a tout payé vous vous rendez compte ?! Et en essayant de savoir ce que le grand-frère de Zeph réservait à tout le pensionnat. Mais les Reed savent bien garder les secrets. Peut-être que je pourrais lui… Le regard du coin de l’oeil posé sur celui qui l’accompagne, elle s’est perdue dans ses pensées quelques secondes filantes. C’est une remarque du blond à propos d’un bateau qui la tire de ses réflexions, lui faisant réaliser qu’ils étaient enfin à bon port.
- Ohmondieu ! Un yatch !
Deux pour le prix d’un, voici les points d’exclamation de l’excitation. Sourire franc aux lèvres alors qu’ils s’avancent parmi la foule et qu’elle s’accroche à Zephyr pour ne pas se faire happer ailleurs. De toute façon, elle ne regarde pas où elle met les pieds. Trop de jolies choses à voir. Il est cool le Neon Boy. Et Jim aussi. C’est qu’on en perdrait la tête. Il y en a des choses à faire apparemment. Des missions pour le highFIVE peut-être même !
- Mmh… Zeph’, même si ça sera sympa de s’amuser avec tout le monde. Ça serait cool aussi si on n’était pas séparés… J’veux dire tous les deux… ‘fin pas trop quoi… Parce que tu veux certainement voir tes autres potes aussi, c’est normal… Haha...
Chloé s’embrouille un peu. Ses grands yeux bleu hésitent et n’arrivent pas à se fixer dans les siens, malgré le sourire sincère au bout des lèvres qu’elle lui offre depuis qu’il est à ses côtés.
- Tiens regarde là-bas ! C’est pas ton copain Stan d’ailleurs !
Interpellation. Petite diversion. Pour que le B ne remarque pas une énième fois le pourpre de ses pommettes.
Mais cette fois, cette double exclamation n’eut pas le temps d’exprimer autre chose que cela. La fumée envahit l’air. Les Cupidons : l’espace. Séparant déjà les deux partenaires...
all pressed up in black and white and you're dressed in that dress I like ∆ zephyr & chloé
C’est le moment de prouver qu’il n’est pas qu’une réplique un peu moins aboutie, qu’il n’est pas qu’un mini-Reed, qu’on a plus le droit de le traiter comme un gamin qui n’y connait rien. Ce soir il voudrait qu’on arrête de sourire à chaque fois qu’il ouvre la bouche, qu’on arrête de s’attendrir lorsqu’il prend des initiatives. Ça serait bien que pour une fois on le regarde comme si il n’était plus le petit frère, mais qu’on le considère plutôt comme Zephyr Coltrane Reed, bientôt 17 ans qui se rend au premier bal de sa vie. Zephyr qui fait un détour pour passer chercher sa cavalière, qui fera le chemin avec elle, qui va découvrir tout ce qu’on leur réserve avec elle, qui a décidé qu’à un moment il lui prendra la main, et puis si ça ne la dérange pas il essayera plus tard de lui demander si elle veut bien danser. Zephyr qui a décidé de se comporter comme un grand, qui va garder la tête haute, qui voudrait être un véritable gentleman. La porte s’ouvre et il croise son regard.
« T’es beau ! »
Coupé dans sa réplique il sent ses joues chauffer tout à coup alors que ses sourcils se haussent légèrement. Parce qu’il s’attendait pas à ce que sa robe soit aussi jolie, ni à ce qu’elle soit aussi jolie. Et encore moins au compliment. Il s’apprête à répondre qu’elle aussi, mais il se dit que ça serait stupide de sortir ça du tac au tac, alors il s’embrouille, il lui dit qu’il aime bien ses chaussures alors que c’est idiot c’est pas ce qu’on est sensé regarder en premier, et puis sa robe aussi il la trouve très belle, et que ce soir elle est joliment coiffée, enfin pas que d’habitude elle l’est pas mh..
« Tu fais adulte.. ça te va bien. »
Le tout ponctué d’un sourire timide mais sincère. Il se dit que ça va aller, qu’il a réussi à se rattraper mais qu’il a intérêt à se tenir un peu désormais, s’accablant de reproches silencieuses alors qu’ils se mettent en route. Il se sent un peu bête parce que Chloé a tout plein de chose à dire et lui il est là à pas savoir quoi répondre, il est là encore en train de se dire que sa robe était jolie comme tout mais que ça servirait à rien de le répéter. Il se sent encore plus bête lorsqu’elle lui parle de Jim et qu’il tente tant bien que mal de dire qu’il fallait pas se sentir aussi gêné quand le grand frère Reed vous fait des cadeaux et que non il ne sait rien sur ce qui les attend. Et il est aussi surpris qu’elle lorsqu’ils s’arrêtent sur la plage et qu’il voit le bateau immense amarré pour l’occasion. Comme ça s’appelle déjà ces bateaux immenses et hors de prix ?
« Ohmondieu ! Un yatch ! »
Ah, voilà. Et si seulement il ne piquait pas un autre fard alors qu’il sent Chloé s’accrocher à son bras, arrête Zeph’ putain t’es ridicule. Il fait pas attention au buffet aux invités aux lumières à la musique, il essaye juste de marcher droit devant lui sans trop regarder ses pieds pour pas avoir l’air trop stupide, il évite de regarder Chloé trop souvent. Enfin quand elle lui parle il est bien obligé, alors cette fois ci il fait de son mieux pour ne pas ciller.
« Mmh… Zeph’, même si ça sera sympa de s’amuser avec tout le monde. Ça serait cool aussi si on n’était pas séparés… J’veux dire tous les deux… ‘fin pas trop quoi… Parce que tu veux certainement voir tes autres potes aussi, c’est normal… Haha… »
Il a fait quelque chose qui allait pas ? Alors Zephyr il s’arrête, il reporte aussitôt toute son attention sur une Chloé qui évite de son mieux son regard insistant.
« Nan ! Mff.. Tu sais moi c’est avec toi que j’voulais venir pour qu’on passe la soirée ensemble. ‘Fin parce qu’en général on est avec les autres. Et c’est super cool hin ! Mais du coup on est jamais vraiment tous les deux. Et ça pourrait être bien aussi. » Il y arrive pas, il arrivera jamais à exprimer clairement sa pensée sans la diluer dans tout un tas de mots inutiles. « J’veux dire. Les autres j’aurais d’autres occasions de les voir. Alors que peut-être que toi ça sera la seule fois où ‘fin.. » « Tiens regarde là-bas ! C’est pas ton copain Stan d’ailleurs ! »
Distrait, son regard quitte le sien qu’il ne parvient pas à trouver pour se reporter sur la personne qu’on lui désigne. C’est pas important, c’est pas ça le plus important, il a pas envie d’aller à la rencontre de Stan et de se faire happer, il a pas envie de voir tous ces gens maintenant, plus tard peut-être mais pas maintenant. Tout ce dont il a envie c’est de découvrir cet endroit sorti de ses rêves les plus fous avec Chloé, et enfin commencer à s’amuser. Il voudrait lui prendre la main là tout de suite et l’entraîner vers toutes ces lumières et toute cette effervescence. Sauf que ses doigts se referment sur une volute de fumée et il est loin de tout ça Zephyr.
Y a plus le bruit de la foule qui se hâte, plus d’exclamations impatientes, rien que la musique qui lui semble plus loin que lorsqu’il était sur la place, comme étouffée. Il reconnait le pont avant du bateau alors que son regard balaie les alentours. Quelques personnes désorientées comme lui.
Stupide Zephyr, pâle copie de celui que tout le monde aime, qui n’a même pas réussi à lui prendre la main. Soupir qui se condense devant son visage pour s’évaporer dans l’air un peu frais. Il pige pas ce qui cloche chez lui, Zephyr. Peut-être que c’est mieux qu’il attende un peu avant d’essayer de trouver Chloé. Peut-être qu’elle va trouver des gens avec qui s’amuser, avec qui elle sera pas mal à l’aise. Elle dansera avec Lukas, ou Thomas. Peut-être même qu’elle croisera Etienne et qu’elle dansera avec lui. Elle a l’air de beaucoup l’aimer Etienne. Elle serait beaucoup plus jolie si elle dansait avec lui plutôt.
C’est pas le moment de se sentir minable, Zeph, relève un peu le menton et bouge. T’as pas envie que ça se passe comme ça alors agit.
Il se redresse et quitte le pont pour tenter de rejoindre la salle principale. Y a tellement de monde, et c’est tellement grand ici, il la retrouvera jamais, surtout que tout le monde a le visage masqué et il sait pas à qui s’adresser, à qui demander sa route. Finalement il arrive dans une gigantesque salle de bal complètement bondée et noire de monde, et pourtant il ne reconnait aucune rouquine masquée dans l’assemblée.
« Chloé ! »
Comme si sa voix pouvait se fait entendre dans le brouhaha ambiant. Et putain les Cupidons auraient pas pu choisir un autre moment, sérieux..?
fringues ➤ ça + une veste ajustée noire par dessus pour faire un peu habillé chronologie de la soirée ➤ arrivée à la Jim's avec Chloé
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Elle a pas eu le temps de lui dire. De lui dire “d’accord, on reste ensemble ! Moi aussi je veux !” Être juste tous les deux, rien que tous les deux. C’est égoïste vu tout le monde qu’il y a autour d'eux, mais c’est pas grave puisqu’il en a envie aussi. C’est incroyable. Elle aurait jamais cru qu’il dirait ça. Que quiconque dirait un jour ça, alors si en plus c’est Zephyr qui le dit, c’est… Elle a failli perdre la maigre force qui la faisait tenir sur ses deux jambes cotonneuses. Mais prise dans son élan, pour l’obliger à rien, rester cool, pas qu’il se sente prisonnier ou quoi ou qu’est-ce, bah elle avait pas pu lui dire que ce qu’il venait de dire lui faisait plaisir. Des papillons dans le ventre et dans le coeur.
Comme un sentiment de légèreté. Mais voilà, cette sensation, d’autres en ont profité pour l’emporter. Méchants Cupidons. Ils ont peu-être l’air beau, mais ils sont traitres. On peut pas compter dessus. Et elle s’en mord les doigts, de pas avoir résisté. Ils ne sont déjà plus ensemble. Déjà séparés. Maintenant, elle ne se sent plus légère comme une plume, mais seule. Toute seule au milieu des autres. Des autres qu’elle ne connaît pas et qu’elle ne veut pas connaître. C’est horrible. À l’intérieur d’elle, c’est confus, ça se bat. Entre panique, colère et l’envie de pleurer.
- Zephyr...
Un murmure. Parce que sur ce pont de yatch, elle ne le voit pas. Elle le sent, il n’est pas là. Mais où ? Il peut être n’importe où. Et à cette idée, son souffle s’enfuit alors que son regard et son visage balaie les yeux. Elle a envie d’hurler son nom, que la musique cesse une seconde pour qu’il l’entende peut-être de là où il est. Les doigts cramponnés au tissu fluide de sa robe, elle se décide enfin à bouger, un peu tremblante. Et elle fait tout le tour du bateau quand c’est possible. Fait deux ponts, se faisant refouler en voulant accéder au troisième. Chloé perd patience. Grand blond. Veste noir. Masque bleu. Il est où le masque bleu... “Okay” “Okay”. C’est ce qu’elle cherche à lire. Elle dévisage les gens. Les tire même pour voir mieux. Chloé se perd, se prend quelques insultes, mais ne s’excuse pas pour autant.. Il y a de plus en plus de monde. Elle a même du mal à se faire une place, à se frayer un chemin parmi le reste du monde. Comme d’habitude. Poussez-vous. Dégagez de mon chemin. La colère grommelle.
Et il y a cet instant, où elle croise la route d’un Cupidon. C’est lui. C’est de sa faute. En fait non, peut-être pas. Elle en sait rien. Mais c’est pas grave. Elle se plante quand même devant lui. Et paf. Le coup de pied dans le tibia, il y a droit. Petite vengeance pour avoir gâché son moment. Non mais ! Puis elle se tire en galopant vers des escaliers dont elle ignore la destination. La musique y est différente. La lumière aussi. Il y a un de ces gigantesques lustres en cristal. Il fait plus chaud ici. Et c’est ici que tout se joue on dirait. Les gens dansent déjà. Et ça lui coupe le peu d’oxygène restant. Elle se fige quelques instants et c’est quelqu’un qui la pousse qui lui fait reprendre ses esprits. Un autre lui marche sur les pieds. Aïch ! Elle se fait emporter dans la marée humaine. Chloé se dit qu’elle pourrait bien y passer, mais hors de question. J’ai même pas dansé avec Zephyr. Alors qu’elle s’est entrainée avec Thomas qui lui a donné des cours particuliers. Alors quand elle peut, elle renvoie la balle. Le talon dans le pied, un petit coup de coude par-ci. Mais ça leur fait pas grand chose apparemment. Et elle finit par s’extirper de la foule à bout de souffle en manquant de trébucher. Les cheveux en vrac très certainement. Elle réalise qu’elle a tâché sa robe, ça se voit pas trop, c’est perdu dans les plis de sa robe, mais quand même. C’est déjà fichu.
Ah. Ça y est. Les épaules tremblent à nouveau. Elle va pleurer. C’est nul. Soit elle le trouve maintenant. Soit elle rentre dans sa cabane.
- Chloé !
Sursaut. Il est pas loin.
- Zephyr !
Pas de larmes. Son sourire revient. Et les battements de son coeur repartent à vive allure. Il est là. Il l’a entendu. Normal, c’est Zephyr. Et quand elle arrive à pas pressés vers lui, elle ne voit pas le grand type qui a bien failli la faire tomber en reculant dans un mouvement brusque. Mais son cavalier la rattrape d’un bras, écartant l’autre type de l’autre. Classe. Cool. Héroïque. Oui, il lui en faut peu. Et alors ? C’est Zephyr. Et c’est Chloé. Ils sont jeunes. Ils ont le droit. De voir ce qu’ils veulent. De désirer tout ce qu’ils veulent. Ils ont tous les droits !
- J’ai bien cru qu’on allait pas se retrouver. J’ai eu peur. Soulagée, les tremblements nerveux cessent enfin alors qu’elle le regarde avec des yeux pétillants. Le rire gêné au bord des lèvres. Et pis d’un coup, ses mains se plaquent sur les bras de son cavalier. Elle va lui dire. Elle va se rattraper. On reste tous les deux ! Je te laisse pas. Tu me laisses pas.
Qu’est-ce tu racontes comme connerie sous l’émotion ?! Elle s’en rend compte. Et se fige dans le silence en devant rouge cerise. Elle le lâche. Recule d’un pas en balbutiant un “’fin si tu veux toujours hein… Parce que j’dois plus ressembler à rien...”
Elle montre sa robe tâchée alors qu’elle aurait pu rien dire. Elle tente de se recoiffer un peu. Elle a même pas pensé à “se refaire une beauté” comme les grandes disent. “Se repoudrer le nez” après avoir couru. Remettre un peu de givre sur ses lèvres.
- Pfff… C’est dur de faire comme si j’étais une princesse digne de ce nom. J’en suis pas une, t’as vu ? Elle essaye de se moquer d’elle-même. Elle rit doucement en relevant le nez vers Zephyr. C’est mon premier bal en plus. C’est stressant., ajoute-t-elle en se mordillant la lèvre.
Et maintenant qu’on est dans la grande salle de bal, on est censés faire quoi ? Il le sait lui ?
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« J’ai bien cru qu’on allait pas se retrouver. J’ai eu peur. »
Oh il a eu peur aussi, Zephyr, il était déjà en train de s’assaillir de doutes et d’inquiétudes stupides, il était déjà en train d’imaginer le pire, d’imaginer Chloé ailleurs, loin. Alors quand il a entendu sa voix, quand il l’a vu parmi la foule, quand il sent ses mains se poser sur son bras il en revient pas. Idiot de Zephyr qui reste hébété quelques secondes, clignant des yeux, en train de sourire légèrement sans même s’en rendre compte. « On reste tous les deux ! Je te laisse pas. Tu me laisses pas. »
« Ah mh.. » Ça y est, ses joues un peu trop pâles virent tout à coup au carmin, au vermeil, passent par tout un camaïeu de couleur. Et il toussote alors que le visage de Chloé est tout aussi assorti et dans les même teintes, il détourne le regard, fronce les sourcils lorsqu’elle quitte la zone awkward pour poser une distance de sécurité entre eux. « ’Fin si tu veux toujours hein… Parce que j’dois plus ressembler à rien… » « De quoi tu.. » Il s’arrête en plein milieu de son interrogation, constate l’état de la robe, s’apprête à répliquer qu’on s’en fiche. Sauf que non on s’en fiche pas, Zeph’. Les filles qui se rendent au bal elles veulent que tout soit parfait, alors non elles s’en fichent pas. Elle voudrait qu’il n’y est pas pas de tâches pas d’imprévus, tu comprends ça ? Il relève les yeux vers elle alors qu’elle enchaîne, elle parle elle parle, comme tout à l’heure quand il se rendait à la plage pour assister à l’ouverture de la Jim’s.
« Pfff… C’est dur de faire comme si j’étais une princesse digne de ce nom. J’en suis pas une, t’as vu ? C’est mon premier bal en plus. C’est stressant. »
Oui voilà, une soirée tout droit sortie des contes de fée, c’est ça qu’elle voudrait. Il formule des résolutions silencieuses, Zephyr, se dit qu’il ferait son possible pour que ça se passe comme elle le souhaite, que ça soit inoubliable et que ça leur fasse plaisir d’y repenser dans une semaine un mois un an plus encore. Qu’elle ne se souvienne pas du tour des Cupidons et de sa robe un peu salie mais de tout un tas d’autres choses. De l’ouverture, des retrouvailles dans les foules. Du moment où il osera l’entraîner, lui demander si elle veut danser.
« Mh bah c’est vrai que les princesses sont rarement aussi maladroites. Sourire un peu amusé. Il reporte ensuite son attention sur ce qui avait l’air de contrarier Chloé. Mais j’t’assure si tu me l’avais pas dit j’aurais même pas vu que t’avais tâché ta robe, on voit pratiquement rien t'es toujours aussi bien, t’angoisse pas pour ça. Ses épaules se haussent. Et puis arrête de faire comme si, t’as pas besoin. Mmh de quoi Zephyr qu’est-ce que t’essayes de dire là ? ’Fin j’veux dire.. T’es vraie, t’es toi, c’est beaucoup mieux comme ça, j’pense.. »
Les commissures de ses lèvres se soulèvent pour former un sourire furtif avant qu’il ne détourne le regard, comme si ça ne lui faisait rien d’avouer ce genre de chose avec un air aussi désinvolte, comme si ce n’était pas le chaos derrière ce masque qui se veut calme. Il fait comme si il enchaînait, adopte la même stratégie que Chloé tout à l’heure et lui laisse à peine le temps de répondre, appréhendant un peu trop sa réaction.
« Mmais ouais c’est mon premier bal aussi ! Enfin ce genre de bal un peu old school avec les tenues de soirée les masques tout ça.. »
Silence. Plantés là, à éviter le regard de l’autre de peur d’y lire quelque chose qui dérange peut-être. C’est le cas de Zephyr en tout cas. Il veut pas se précipiter ni se montrer trop maniaque, il veut que les choses se fassent toutes seules comme il en a l’habitude mais c’est comme ça avec Chloé, ça prend toujours un peu de temps à se mettre en route malgré le fait qu’ils soient super complices. Parce que Zeph’ voudrait vraiment, mais alors vraiment que ça se passe bien, alors il a tendance à forcer. Mais ça va aller. Il faut qu’il commence à se détendre, à dire ce qu’il lui passe par la tête pour mettre sa cavalière à l’aise, et puis tout ira bien.
« On devrait boire. » Ok nan manqué. « J’veux dire.. Encore en train de se rattraper. Pas se mettre la tête ni rien haha.. Mais pour commencer, tu vois ? J’crois avoir repéré le bar tout à l’heure, à l’opposé de la scène. Il se redresse un peu pour tenter de le retrouver parmi la foule, alors qu’il fait mine de saisir distraitement la main de Chloé, sans vraiment regarder ce qu’il faisait. Distraitement, vraiment ? Pas le temps d’hésiter il se met en route, l’entraîne à sa suite, tout enthousiaste. Faut plus que tu penses à ta robe, faut qu’on commence à s’amuser ! »
fringues ➤ ça + une veste ajustée noire par dessus pour faire un peu habillé chronologie de la soirée ➤ arrivée à la Jim's avec Chloé
- Mh bah c’est vrai que les princesses sont rarement aussi maladroites. Sa mâchoire se décroche un peu, un tantinet chiffonnée à cause de sa fierté, mais cela reste très furtif. Parce qu’il sourit. Et alors que sa susceptibilité lui joue d’habitude des tours, lorsque c’est Zephyr qui s’en amuse, ça passe comme un léger ronronnement. Elle ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez, ne se pose aucune question, ne se dit pas qu’il faudrait peut-être se méfier de ce magicien qui sait modeler et adoucir ses défauts. Chloé se laisse faire.
Même si la suite pourrait presque la paralyser. Et plus particulièrement ce que son cerveau et son coeur ont parfaitement enregistré malgré le brouhaha ambiant : “t'es toujours aussi bien” ; “T’es vraie, t’es toi, c’est beaucoup mieux comme ça, j’pense...”
C’est la cavalcade dans sa cage thoracique. Elle se demande si la chaleur qui s’enroule autour de ses maigres épaules dénudées ne se voit pas à travers sa peau. Faites que je ne ressemble pas à une tomate phosphorescente. Elle s’est crispée pour retenir son corps de trahir un peu plus son trouble. Et là maintenant elle se demande comment il a pu dire si facilement des choses pareilles. Depuis quand il est aussi sûr de lui ? Elle commence à prendre un peu plus conscience de Zephyr. Pas de Zephyr l’ami et camarade de classe. Mais de Zephyr le garçon. Celui qui vient de la complimenter ouvertement et de liquéfier ce qui lui sert de palpitant juste en prononçant quelques phrases.
Ils ont détourné le regard en même temps, dans une synchronisation parfaite. C’est qu’ils deviennent doués à ce jeu-là. Mais il y a un petit poids qui vient peser dans son ventre… À cause de cette histoire d’être vraie, d’être elle. Est-ce qu’elle l’est vraiment, là, à cet instant, avec lui ? Diablement oui. C’est certain. Même si elle le voulait, elle serait bien incapable de retenir ces bouffées de chaleur de lui rôtir les joues. Et encore moins de retenir la course de ses mots balbutiants. Elle ne contrôle pas grand chose là qu’ils ne sont que tous les deux. Sans le reste du highFIVE pour graviter, faire du bruit, les occuper. Ça commence à lui faire peur tout à coup. Et si par mégarde, elle redevenait un peu trop la Chloé de Paris qui n’intéressait personne pas même sa famille ? Zephyr partirait tout de suite s’amuser avec quelqu’un d’autre. C’est clair.
Son être s’est un peu recroquevillé sur lui-même en pensant à tout ça alors que son cavalier lui dit que c’est aussi sa première fois à un bal comme celui-là. Elle écoute distraitement, peut-être plus fragilisée par les doutes soudains qui l’étreignent vivement. Pas à cause de lui. Mais d’elle et de ses récentes “rencontres” avec Alaska qui la terrorisent.
- On devrait boire. Elle relève le visage vers lui, encore un peu ailleurs. Dans ses limbes. Mais c’est définitivement la main de Zephyr dans la sienne qui la ramène sur terre. … Voire peut-être même un peu plus haut.
- Faut plus que tu penses à ta robe, faut qu’on commence à s’amuser ! - Ouais !
C’est sorti tout seul, avec un naturel décoiffant pour répondre à l’enthousiasme du blondinet. Lorsqu’ils traversent la foule, Chloé ne regarde pas autour d’elle, ni réellement où elle va. Ses iris sont posés sur leurs mains l’une dans l’autre. Étrange sensation qui hache sa respiration avec un délice tout nouveau. Au moment où ils sont bousculés, sa main resserre celle de Zephyr. Ne me lâche pas ou je vais me perdre. C’est loin d’être un euphémisme. Elle-même ne mesure pas à quel point elle le pense vraiment.
Le bar est enfin trouvé, ils se font difficilement une place au comptoir, mais la petite rouquine a eu le temps de retrouver un peu sa tête. Elle a repéré dans la foule la marraine de Lukas danser avec un garçon qu’elle ne connaît pas et tout ce qu’elle s’est dit, c’est qu’il y a eu arnaque sur la leçon de danse. Thomas ne lui a jamais montré ça. Elle ne va pas savoir danser comme ça. Mondieu, je vais être horriblement ridicule et nous faire honte. Boire n’a plus rien de si déplaisant tout compte fait. Mais là encore, elle n’y connaît pas grand chose alors que Zephyr a tout de suite su ce qu’il voulait. Chloé hésite jusqu’à ce qu’elle voit un peu plus loin un barman déposer un cocktail rouge avec deux cerises au fond du verre triangulaire.
- J’veux ça !, lâcha-t-elle en pointant la boisson du doigt. Le barman s’échappa en rétorquant “et un Cosmo, un !”. Intérieurement, elle note le nom de son cocktail tandis que celui de Zephyr arrive près du jeune homme. Ça n’a pas l’air d’être un cocktail d’ailleurs.
- Ça a l’air fort… Je peux goûter ? Et c’est à cet instant, quand il lui tend son verre et qu’elle lève les mains pour s’en emparer qu’elle réalise une chose : ils se tenaient toujours par la main. Ni l’un ni l’autre n’avait bougé. Trop à l’aise l’un près de l’autre ? Heureusement qu’il y a ces masques pour dissimuler une partie des visages, n’est-ce pas ? Sinon c’était repartie pour un tour côté palette de couleurs peintes sur leurs visages.
Le liquide brûle sa gorge, mais pas forcément plus que son sang dans ses veines à ce moment précis. Elle cille donc à peine. Toutefois, elle confirme quand même que c’est pas une boisson de princesse comme celle qui arrive à cet instant pour elle. Évidemment, c’est un peu plus sucré quoique étonnamment citronné. Elle est presque un peu déçue, se demandant si elle ne préférerait pas boire la même chose que lui.
- Tu veux goûter ?, demanda-t-elle innocemment en se rapprochant de Zeph après avoir sorti le cure-dents orné de deux cerises.
L’une d’elle fila dans sa bouche dans le même temps, puis elle tendit le petit bout de bois entre eux.
- Tiens...
Vu comment il les regarde, il a l’air d’aimer les cerises. C’est marrant, j’aurais pas cru. En tout cas, c’est quand même vachement bon l’alcool. Elle a déjà presque fini son verre et s’en lécherait presque les babines. Elle hésite à reprendre la même chose ou tester autre chose. Mais il paraît que les mélanges c’est pas très bon. Et oui, c’est qu’elle écoute ce qu’on lui dit de temps en temps. Alors elle reprend un autre verre, un autre Cosmo, aussi simplement que ça. Et surtout un peu plus assurée que tout à l’heure.
Ho faut pas s’inquiéter, la maladresse dans ses gestes et dans ses mots n’est pas prête de s’échapper comme ça quand la principale cause de tout cela est si près d’elle, à quelques centimètres de sa poitrine. Mais Chloé se détend un peu, retrouve un peu plus son sourire.
Une autre cerise imbibée de vodka glisse entre ses lèvres. Elle hisse ses grands yeux clairs pétillants dans ceux de Zephyr.
- Mmh... Elle termine de mâcher précipitamment. Je vais être honnête… Je danse très mal, je vais te marcher sur les pieds. ...’fin c’était pour que tu le saches, si jamais tu envisageais de m’inviter à danser.
Et elle aussi elle fait mine de rien en détournant légèrement le regard sur les élèves qui dansent. Un sourire timide s’étirant sur son visage, elle finit par reprendre un peu d’alcool, juste y tremper ses lèvres. Ouais, elle contrôle vraiment pas grand chose ce soir. Et il fait drôlement chaud aussi. Mais c’est pas si grave. Ce soir, il ne faut pas penser, il faut s’amuser. Il a raison Zephyr. I'm in !