every story's a waiting game { candice

Liam se lécha les doigts et replaça une mèche rebelle en arrière parmi ses semblables, droites comme un paquet de spaghetti. Il n'avait jamais compris pourquoi les gens dans les films utilisaient leur salive pour se recoiffer mais ses instincts refoulés de mouton et ses références télé étaient bien trop ancrées dans son quotidien lui donnait cet automatisme de faire ce geste, aussi ne doutait-il pas des propriétés collantes de la salive pour faire office de gel du pauvre. Après tout on collait les timbres en les léchant pas vrai? Ce genre de réflexions éphémères traversaient parfois son esprit et puis il les chassaient dans la fosses des pensées inutiles et inutilisées avec ses théories sur la naissance de l'univers et la couleur de ses chaussettes.

  Bungalow 6 bungalow 6 bungalow 6. Il répéta ses deux mots en boucle dans sa tête. Il ne fallait pas oublier. Bungalow 6. Le bungalow de Candice. Liam était rarement invité par les autres. Par principe c'était plutôt lui qui s'invitait, qui toquait à votre porte à minuit trempé jusqu'aux os en souriant niaisement, c'était lui qui s'asseyait à votre table à la cafétéria et finissait vos frites à votre place en blaguant sur les S. Liam, quand on le voyait, on se disait que c'était un électron libre, qu'il allait où il voulait quand il voulait, comme une étincelle indomptable. En réalité il n'avait aucune idée d'où il allait. Il n'avait aucun sens. Il agissait, tout simplement, et errait dans sa bulle jusqu'à ce qu'on lui dise où aller. Bungalow 6, c'est là où il devait aller.

Candice était ce genre de personne qui s'était mise à le suivre et à se servir de lui comme peluche portative un peu malgré lui -pas que ça lui déplaisait, loin de là, mais Liam avait plus l'habitude d'être un chasseur de câlin qu'une proie. Et Candice donnait des sacrés câlins. De dix secondes. Parce qu'après elle s'enfumait et s'envolait dans un coup de vent. C'était assez bizarre comme situation avec du recul. Mais il aimait bien. Briser la routine, c'était toujours une bonne chose.

Il traversa l'allée des dortoirs dans une marche pressée semi-assurée semi-sautillée, ce qui le faisait ressembler à un canard boiteux sous exctasy. Candice lui avait demandé de venir à son bungalow. Il considéra les différentes possibilités.
Possibilité numéro une : besoin de réconfort. C'était le genre de possibilité qui lui faisait perdre son sourire. Liam fonctionnait simplement. Si les gens autour de lui, et plus encore ses amis et les petites oiseaux étaient tristes, il était triste. Et il ferait tout ce qu'il peut pour lui redonner le sourire en faisant des grimaces, en lui coiffant les cheveux et en lui racontant des vieilles histoires qu'elle a déjà écouté mille fois jusqu'à ce qu'elle les oublie à nouveau.
Possibilité numéro deux : y avait-t-il vraiment besoin de nommer la possibilité numéro deux? La possibilité numéro deux étaient juste de faire ce qu'il faisaient habituellement. A savoir avoir l'air vaguement stupide ensemble.

  Bungalow numéro 6. Il fit face à la porte, les mains sur les hanches comme si il s'apprêtait à accomplir une action formidable et pria intérieurement pour la possibilité numéro deux. Il prit quelques secondes à réfléchir comment il aller entrer, car tourner la poignée et faire un pas à l'intérieur c'était clairement une technique de tapette et donna un grand coup de pied à la porte, fit une galipette avant et se releva en position flamant rose, les bras en l'air une jambe tendue et l'autre en l'air, le regard absolument sérieux. Et puis il vu Candice et ouvrit grand les bras les yeux rondes, le sourire ingénu

▬ CANDYYYYYYYYYYYYY

Et sur cette exclamation il se jeta sur elle et la tacla sur le sol.
Prenez des notes les jeunes : c'est comme ça que les vrais disent bonjour.