Falaises, Fantômes et Fraîcheur [Iska Saphily]

Ces derniers temps, je portes plus d'intérêt aux rumeurs qui circulent dans Prismver. Et il faut dire qu'il y en a des histoires ! Je ne sais pas pourquoi mais ça m'a pris comme cela, sans raison apparente. Serait-ce car depuis mon arrivée dans cette école, je me suis un peu laisser aller et ne travaille plus tant que ça mon côté analyste ? Cela ne serait pas réellement étonnant...

Quoi qu'il en soit, il y a beaucoup de petites légendes urbaines sur Prismver qui tourne autour des esprits. En tant qu'amoureux du paranormal, cela titille énormément mon attention. C'est ainsi que j'ai pu entendre qu'il y a des années, une jeune fille se serait jetée du haut des falaises à l'extérieur de Prismver. Mais le plus étonnant dans l'histoire, c'est que son corps aurait complétement disparu avant de réapparaître du jour au lendemain dans l'enceinte même de Prismver. Il y a de quoi se poser des questions non ? Et donc, des témoignages racontent que son fantôme vient hanter les falaises. Je tremble d'excitation à l'idée que je puisse la rencontrer. Ah oui ! Je crois aux esprits, j'ai oublié de le préciser. C'est paradoxal qu'un analyste puisse prétendre croire au paranormal non ? Mais il se passe des choses dans ce monde, des choses étranges et sans explication, certaines de ces choses depuis des années. Et puis, je suis un étudiant de Prismver. J'ai des pouvoirs. Alors si les pouvoirs n'existent pas que dans les films, alors pourquoi ce ne serait pas le cas des fantômes et autres étrangetés ? J'attends le début de soirée, ce moment où le ciel commence à s'assombrir du au fait que le Soleil se couche, partant ainsi avec sa luminosité bien qu'elle croisera la Lune pour tout de même avoir un éclairage ce soir.

Une fois le moment tant attendu arrivé, je me prépare. Je sors alors une lampe torche dont je vérifie qu'elle est chargée au maximum, ne sait-on jamais avant de la fourer dans la poche gauche de ma veste. Je fais quand même en sorte d'être chaudement habillé, les nuits commencent à être fraîche en cette période hivernale. Ainsi, j'ai troqué l'un de mes habituels T-Shirt léger pour un autre en coton et avec des manches longues. J'ai même habillé mon cou d'une petite écharpe. Je ne tiens pas à me réveiller avec un mal de gorge épouvantable demain, cette zone du corps étant plutôt sensible. C'est une fois fin prêt et après avoir saluer ma petite Marybelle bien au chaud dans son vivarium que je sors vers le lieu de mes désirs du jour, ou du moins, du soir.

La ville est magnifique le soir. La multitude de lumières illuminent mes yeux. Mais je n'ai pas de temps à perdre à contempler les alentours, j'ai tout de même au moins une demi-heure de marche avant d'atteindre les falaises. Ecouteurs aux oreilles, je me laisse guider par la musique aux sonorités énergiques qui me motivent à me dépêcher. La nuit commence à tomber, le ciel s'obscursit et laisse place à la Lune comme maîtresse des lieux. Un petit vent frais et sec me fouette le visage, j'ai bien fais de me vêtir de sorte à ne pas trop subir le froid. Je gardes mes mains dans les poches afin de ne pas les laisser attaquées bêtement pas le froid.

Après une bonne demi-heure à marcher et une dizaine de minutes à monter la pente des falaises, je me trouve à leur sommet. Bien qu'il n'y ait aucune trace du dit fantôme des légendes à premier coup d'oeil, la vue est, quant à elle bien présente et d'une beauté phénomènale ! Je m'avances et me pose sur un rocher qui trône près du bord, sans trop l'être non plus pour contempler cette vue encore quelques minutes.

Cela doit bien faire une quinzaine de minutes que j'admires cette vue, silencieux, la musique dans mes oreilles comme unique son environnant. Cet endroit est terriblement calme. Les falaises ont l'air que peu fréquenté la nuit, peut-être est-ce du à cette histoire de fantôme qui doit en effrayé plus d'une personne. Enfin soit, je finis par descendre de mon rocher d'un bond, aterrissant sans me faire de mal. La hauteur a beau être minime, il suffit d'un bond mal anticipé pour se faire du mal au niveau de la cheville ou la jambe. Mes yeux scrutent les environs, à la recherche d'une moindre lueur blanchâtre, d'un tout petit quelque chose qui sortirait de l'ordinaire dans ce paysage. Mais rien. Je sais être patient, j'ai d'ailleurs prévu de passer la nuit ici s'il le faut. Après tout, c'est Vendredi et donc, si je passe une nuit blanche - comme la dame que je recherche, bravo mon humour - je pourrais toujours me reposer demain puisqu'il n'y a pas cours. Le week-end, c'est quand même une superbe chose ne serait-ce que ressentir ce sentiment de liberté durant ces deux petits jours à la fois si long et si court de par la rapidité du vécu. Mais il faut reconnaître que ce petit temps de pause de fin de semaine peut être infernal si l'unique compagnon que l'on puisse avoir est l'ennui. C'est d'ailleurs tellement insupportable que l'on en devient totalement paradoxal car la semaine, on veut le week-end et inversement. Enfin bref... je divagues.

Il y a une zone de verdure qui s'enfonce en s'éloignant du bord, je ferais peut-être mieux d'y pénétrer. Peut-être bien que le fruit de mes recherches s'y trouve. Les feuillages semblent se jeter sur moi. J'en souris faiblement, on dirait limite le genre que l'on voit dans un film d'horreur. Ce concept qui démontre que même la forêt ne compte pas te laisser partir. Mais cela dit, ça reste un produit de l'imagination. Suivant notre état psychologique, on arrive à imaginer toutes sortes de chose. Et dans ce genre de cas, nous sommes conscient que l'environnement est opressant, nous faisant ressentir du stress et un certain malaise. Et c'est ainsi que toute source pouvant entraîner une certaine peur en devient une. Mais cela dit, je dois admettre que ce calme que rien ne semble pouvoir chasser est assez... gênant. Heureusement que j'ai toujours ma playlist en marche dans mes tympans car sinon, cette petite recherche nocturne serait bien ennuyeuse. Trop de calme, c'est loin d'être une bonne chose. Elle a souvent pour incidence de nous rendre un peu mal mentalement car nous manquons de capacité à se fondre dans un environnement qui démontre une touche de vie afin de nous situer dans la chronologie d'un instant, une journée.

Je ne sais pas vraiment depuis combien de temps je marches déjà, je n'ais pas regardé l'heure de mon départ de la côte. Je dois admettre me sentir un peu moins motivé à la trouvaille de ce fameux fantôme que je suis venu chercher en ces lieux désertiques. Mais je ne suis pas prêt d'abandonner pour autant. Ma volonté reste intacte. Ca me prendra le temps qu'il faudra mais je trouverais ce fichu fantôme. Enfin si ça se trouve, il n'y a rien d'existentiel à trouver et ma quête est totalement futile et dénuée de sens. Mais on ne sait jamais, même avec un taux d'un unique pour cent de chance de trouver ce fantôme, je m'accrocherais à ce pourcentage. Après quelques minutes, enfin je suppose, je finis par entrevoir une petite zone éclairée. Je dois être sur le point de sortir de cette espace boisé que je fréquentes déjà depuis quelques temps.

Une fois sorti, comme à ce que je m'y attendais, je portes mon regard vers le ciel qui demeure un peu plus sombre déjà. La nuit est désormais totalement tombée. Je suis arrivé dans la pente que j'ai monté toute à l'heure pour atteindre le sommet de la falaise. Je décide alors de remonter cette pente abrupte pour retourner en hauteur.

S'il y a bien un endroit où je ne pensais pas trouver ce fantôme, c'est en pleine pente et pourtant, elle est là, devant moi. Elle est tellement pâle qu'elle pourrait être prise pour une dame blanche. Enfin je m'enflammes un peu trop vite. Si ça trouve mes yeux me jouent un tour et c'est une personne tout à fait normale, comme moi. Aller Lynfan ! Il n'y a qu'une seule façon de le savoir : l'approcher. Mais là, pour le coup, je n'ai pas la moindre idée de quoi lui dire. Mais bon, je restes moi, je trouverais bien un truc à sortir. J'avances alors d'un pas léger et sûr de moi après avoir retiré l'un de mes écouteurs pour le poser sur mon oreile afin de saluer ce mystère visuel.

Bonsoir. Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un d'autre ici. Ca me surprend.

L'inconnue que j'ai sous les yeux, morte ou vive, met pas mal de temps à se retourner, comme si cela s'avérait être une tâche difficile pour elle. Après un instant, elle finit par me faire face. Ses yeux se portent sur moi, comme si elle cherchait à me détailler. Par contre, elle me paraît totalement visible étant donné qu'elle est bien éclairée. Son visage semble meurtri par le froid environnant, ses lèvres en disent d'ailleurs long dessus de par leur couleur. Elle doit se trouver ici depuis déjà pas mal de temps. Je la reluque rapidement de manière totalement détâchée de toute pensée malsaine. Son corps tout entier tente avec énormément de peine de dissimuler son ressenti de la fraîcheur ambiante, mais des tremblement intermédiaires le trahissent totalement. Puis, je m'attardes sur son visage. De la vapeur d'eau s'échappe de sa bouche. Ainsi, une chose est sûr, cette fille n'est pas le fantôme que je recherche puisqu'elle est bien vivante. Mais dans ce cas, que fait-elle ici aussi légèrement vêtue ? Il faut être réellement distrait pour se promener de cette façon dans un froid pareil.

Heu bonsoir… à vrai dire moi non plus je ne le pensais pas…

Elle semble avoir un peu galérer à me dire ces quelques mots. En même temps, vu son état physique, elle doit pas être au top de sa forme. Mais ce qui m'inquiète le plus c'est qu'elle puisse sûrement tomber en hypothermie d'un instant à l'autre. Tant pis pour mon fantôme, il faut que je m'occupe de cette fille avant même qu'il y ait une infime possibilité qu'elle en devienne un de fantôme. Personnellement, je suis en pleine forme et je pense qu'il vaut mieux que je sacrifie un peu de mon confort pour en donner à cette maladroite inconnue. C'est pourquoi je retires ma veste et lui pose sur les épaules avant de lui refaire aussitôt face.

Il faut croire que ma venue soit une bonne chose pour toi si j'en crois ton état physique. Tu aurais pu t'habiller plus chaudement. On verra plus tard pour les présentations.
Avec ou sans ton accord, je pense qu'il vaut mieux pour toi que l'on bouge d'ici avant qu'il ne t'arrive quelque chose de mal.

Spoiler:

Suite à mes mots, elle tenta plus ou moins de faire un pas en avant sans rétorquer quoi que ce soit. Je pense qu'elle a de toute évidence bien compris sa situation. N'importe qui, à part un abruti total, accepterait l'aide d'une personne salvatrice à ce moment précis. Le problème, c'est qu'elle a sûrement du rester beaucoup trop longtemps immobile et donc le sang n'a pas pu circuler comme il se doit dans tout son corps. Cette absence d'activité corporel a donc fini par entraîné une sorte de sensation de jambes lourdes et donc, ma protégée d'une soirée se trouve incapable d'avancer d'elle-même. Elle titube alors et s'attrape tant bien que mal à mon bras qu'elle aggripe de sa faible poigne. Son visage se lève et ses yeux croisent les miens. Je peux voir dans son regard une gêne non dissimulé. Elle doit se trouver bien stupide d'être aussi faible, et je peux le comprendre.

Je suis désolée…

Désolé ? Mais de quoi donc ? Elle n'a pas vraiment de compte à me rendre et je n'attends pas quelque chose d'elle. Si elle devrait s'excuser auprès de quelqu'un, c'est plutôt auprès d'elle. Et tant qu'à faire, je pourrais m'excuser de ne pas l'avoir trouvé plus tôt mais cela ne rimerait à rien. J'aurais pu ne pas tomber sur elle et cela n'aurait rien changé à ma soirée. Cependant, je peux ressentir cette envie de pouvoir avancer d'elle même puisqu'elle essaie encore de faire un pas, bien qu'elle tienne encore mon bras. Mais une fois de plus, c'est voué à l'échec. Elle se met alors à me regarder non plus avec cette gêne précédente mais plus avec une sorte de tristesse. Vous savez ce regard ampli d'un quelconque chagrin qui réclame de l'aide. Je m'accroupis alors pour qu'elle puisse monter sur mon dos.

Tu n'as pas à être désolé. C'est comme si je te demandait Pardon de ne pas t'avoir trouvé plus tôt. Ca n'a pas vraiment de sens. M'enfin, je ne comptes pas t'abandonner.

Une fois la jeune fille sur mon dos et bien mise en place, je me relève d'une traite mais pas trop violemment non plus pour ne pas la faire basculer. Son ventre se met à gargouiller, ce qui me fait doucement sourire. Je sens son souffle sur ma peau. Bien qu'il m'ait été inaudible, j'ai senti son soupir. Je ne dis rien, elle est déjà bien assez dérangée comme cela, je ne comptes pas aggraver les choses. Je commence alors à me mettre en marche.

La fraîcheur des alentours commencent à m'attaquer maintenant que j'suis légèrement dévêtu. Et il faut dire que je sens la froideur du corps de l'inconnue sur les parties les plus découvert de mon corps. Il va tout de même falloir que je me presse si je ne veux pas que le froid m'attaque et me rende malade. La jeune fille sur mon dos reste silencieuse tandis que je descends la pente de la falaise. Prismver est encore assez loin il faut dire, c'est dans ce genre d'endroit que je regrette de ne pas avoir un pouvoir dans le style de la Téléportation ou encore d'Hyper Vitesse.

Une bonne dizaine de minutes passe et je me trouve au milieu de la ville. Quelques passants nous dévisagent, ou peut-être plutôt Iska, mais je n'y prêtes pas d'attention. Cela dit, ce silence total entre nous deux me fait sentir un petit malaise qui me dérange. Il est peut-être temps que je fasse l'une des choses que je fais le mieux : ouvrir ma bouche.

Au fait, je pense que je peux désormais me présenter étant donné que l'on va passer un petit temps ensemble. Je m'appelles Lynfan Thompson, étudiant à Prismver. D'ailleurs c'est là-bas que je t'emmènes. Ca te dérange ?

Je suis…. Iska Saphily…. Et non…. Merci.

Sa réponse est tellement rapide à venir et facilement audible que je peux en déduire qu'elle va déjà mieux. Je pousse un soupire de soulagement. De plus, nous sommes bientôt arriver à Prismver. Je pense qu'elle attend notre arrivé à l'académie avec impatience. J'ai pu sentir sa main se reserrer sur moi toute à l'heure. Je pense que c'est du à tout ces regards sur nous, ça a du la déranger et la mettre mal à l'aise, déjà qu'elle ne passe pas la meilleur des soirées. D'ailleurs, je sens que son corps se réchauffe puisque le contact de nos deux corps me semble moins froid, ce qui me permet de me réchauffer un peu moi aussi.

Le vent commence à se lever, ce qui a eu le mérite de me voler un petit tremblement. Mais nous avons désormais quitter la vie, Prismver n'est plus qu'à quelques pas. Tout est devenu calme, le seul son que l'on peut vraiment entendre est celui des faibles bourasques qui me balaie parfois le visage. Je portes mon regard vers le ciel. La Lune est magnifique ce soir, ce cercle blanc qui domine la noirceau du ciel se démarque assez facilement. Il y a d'ailleurs pas vraiment de nuages, ce qui explique pourquoi le vent est sec. Nous arrivons enfin à Prismver, sa grande grille principale demeurant face à nous, fermée. Mais il existe une plus petit grille sur le côté, qui elle se trouve être ouverte pour les élèves les plus retardataires. Une fois cette dernière passé, je prends la direction vers la cabane dans laquelle je loge, histoire d'être vraiment mieux isolé du froid ambiant.

Prismver est si calme la nuit que ça en est agréable lorsque l'on compare à toute cette activité qu'il y a ici en journée. Je reste assez silencieux et Iska aussi d'ailleurs, je sens son corps pressé doucement sur mon dos. J'espère au moins qu'elle ne s'est pas endormi, ça me rendrait mal à l'aise de prendre le risque de la réveiller en arrivant. On ne s'en rend pas compte en journée mais le chemin pour atteindre les dortoirs est quand même assez long depuis la cour principale. Heureusement que ma passagère est tout de même assez légère quand j'y pense. Je me demande encore ce qu'elle fichait là bas d'ailleurs. Cherchait-elle aussi le fantôme ? Je souris. Voyons Lynfan, il n'y a qu'un idiot comme toi pour aller sur un falaise en pleine nuit à chercher un esprit dont tu n'es pas sûr qu'il existe.

Suoi qu'il en soit, nous sommes enfin arrivés. Comme d'habitude, ma cabane est vide. Nous sommes censé être plusieurs ici mais je ne croise que très rarement mes colocataires. D'un côté, ce n'est pas plus mal, Iska se sentira moins dérangée et puis, elle pourra toujours passer la nuit ici puisque du coup, il y a un lit de libre. L'intérieur est un peu froid, moins que dehors certes. L'isolation de cette petite bâtisse est bonne mais si l'on ne lance pas le chauffage, on va se geler quand même un peu. Ne sachant toujours pas si la jeune fille s'est endormie ou pas, je me contentes de lui parler, attendant un réponse, ou peut-être pas, avant de faire quoi que ce soit.

Voilà. Nous sommes enfin arrivés.