Il faut avoir du temps à perdre pour chercher un trésor dans les égouts... [Alister Lawrence, Yumi Natsuki, Violette Schoenfeld]

Alister marchait dans les égouts, à la recherche de la sortie. Par chance, il lui semblait se souvenir ne pas être allé très très loin lors de son arrivée éclair en ce lieu. Du moins, il lui semblait, oui. Ou il l'espérait. Il ne savait plus trop. Mais qu'importait, il se trouvait dans une situation tout à fait normale, non ?
Aussi loin qu'il s'en souvenait, lorsqu'il se trouvait pris pour cible par le pouvoir de son camarade de chambrée Liam, il avait toujours eu des réactions de ce genre. Pour certains, la réaction à ce don restait assez simple : une folle envie de faire la fête, et ils s'activaient à la faire. Mais pas Alister, non. C'eut été trop simple. Chaque fois qu'il se trouvait pris dans la "fièvre du samedi soir", comme on l'appelait, Alister ou son double fiévreux semblait considérer que des événements totalement saugrenues auxquelles il n'aurait pas prété attention en temps normal s'imposaient : jeux olympiques inter-chambrées, combats de lutte inter-chambrées, virée nocturne en ville (il n'avait même pas le permis), expédition scientifique dans le but de reveler au grand jour la réalité sur l'on ne savait quelle rumeur qui courait en ville, toutes ces activités semblaient être de très bonnes idées pour Alister lorsqu'il se trouvait dans cet état là. Et la dernière en date était la recherche d'un soi-disant "trésor des égouts". Bien que personne n'ait voulu l'accompagner malgré la fougue avec laquelle il entreprit d'essayer de convaincre ses voisins de dortoir, animée par le don de notre cher Liam, cela ne l'avait pas empêché de partir seul (et en courant à toutes jambes, comme s'il avait peur que quelqu'un ne lui coupe l'herbe sous le pied) à la recherche du-dit trésor.

Et c'est ainsi qu'Alister se retrouvait maintenant, quelques dizaines de minutes plus tard, au milieu des égouts, "peut-être" près de l'entrée de ceux-ci, en plein milieu de la journée... Comme chaque fois que les effets du don de son camarade se dissipaient, il n'en revenait pas de l'idée qui lui était venu. C'était comme s'il était une toute autre personne lorsqu'il était pris de cette "fièvre"... Enfin, il devait avouer qu'il pensait parfois vaguement à ce genre d'expédition rocambolesque, mais il ne les considérait pas comme suffisamment importante pour réellement les mettre en action.

S'appuyant dos contre l'un des murs qui se trouvaient autour de lui, Alister se reposa un peu et regarda autour de lui. Les quelques vieilles lampes qui ornaient les murs lui faisait penser qu'il devait réellement être encore proche de la civilisation. Non loin de lui, un rat semblait mâchouiller un petit bout de carton. Pendant un instant, Alister ne put s'empêcher de sourire en voyant l'animal grignoter sa "friandise" avec ardeur, comme si c'était là une activité demandant la plus grande concentration. Mais très vite, il fut ramené à la réalité par un bruit qu'il entendit non loin de là. Des bruits de pas, lui semblait-il. Préférant signaler sa présence, à la fois pour ne pas effrayer la personne qui arrivait et afin de se donner une chance d'être secouru (sait-on jamais), il prononça à voix haute :

" Il y a quelqu'un ?"

Je suis vraiment une empotée. Pourquoi ai-je lâché ce fichu ruban? Il a fallu qu'il tombe pile-poil dans la bouche d'égout, en plus. Voila pourquoi je me retrouve dans les égouts de la cité de Prismver, une lampe torche à la main. Lors d'une précédente sortie en ville, j'ai emporté ce ruban mauve. Ce n'est qu'un vulgaire ruban, un peu vieux. Mais c'est ma petite soeur qui me l'a donné peu de temps avant mon départ. Il compte énormément pour moi. Et je ne peux pas me résoudre à l'idée de le perdre.
Je marche donc dans les innombrables galeries en soupirant et en marmonnant mais déterminée. Cela fait bien une heure que je cherche le précieux accessoire; je m'accorde donc une petite pause. Je m'affale dos au mur sur le sol de pierre humide. Je sors le plan des égouts que j'ai réussi à me procurer auprès d'un commerçant. À croire que cet endroit est un véritable lieu touristique. Excédée, je fais une énième croix au stylo sur la galerie que je viens de visiter. J'ai vraiment l'impression de tourner en rond: les galeries se ressemblent toutes, ici. Toujours les mêmes murs tristes, le même sol froid, et le son du clapotis de l'eau.
Exaspérée, je range ma carte dans ma poche, et tend la main pour récupérer ma lampe. J'ai juste le temps de la regarder rouler sur le sol et sombrer dans les eaux noires. Il ne manquait plus que ça pour compléter cette magnifique journée. Réprimant un juron, je me remet en marche dans le noir.
Au fond de cette galerie, je finis par tomber sur un groupe de personnes. Je ne parvient pas à voir de qui il s'agit, même en plissant les yeux. Surtout qu'un des deux est habillé tout de noir. Ça me rappelle quelqu'un... Je m'approche quand même, espérant qu'ils ont vu ce que je recherche. Ils ont l'air de discuter. Ils doivent être aussi perdus que moi. En m'avançant plus, je reconnait la personne la plus grande. C'est mon beau ténébreux! Je suis contente de le voir ici. Je cours dans leur direction. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Je glisse sur le sol mouillé.
Je pousse un petit cri avant de sombrer dans les eaux noires des égouts. J'ouvre la bouche pour crier, mais mes poumons se remplissent d'eau. Je ne vais pas tenir très longtemps... Entraînée par le poids des mes vêtements trempés, je continue de glisser vers le fond.

Alister fut surpris par la soudaineté de l'apparition de la jeune fille derrière lui. Les échos de ce lieu avaient dû lui jouer des tours, et il ne s'attendait pas le moins du monde à la voir débarquer de ce coté... Etouffant rapidement un cri de surprise, Alister se retourna et regarda la nouvelle arrivante les yeux grands ouverts. Voulait-elle lui faire avoir une crise cardiaque ? Elle aurait tout de même pu s'annoncer avant de le toucher ! Reprenant très rapidement son calme, Alister se contenta de répondre à sa question avec une pointe de reproche dans la voix, mais qu'il était difficile de percevoir à travers le soulagement qui le gagnait de voir enfin un autre personne dans ce souterrain et qui se traduisait par un petit sourire qu'il adressa à la jeune fille.

" Ah, euh, bonjour, la... "

La sortie. Le sourire d'Alister disparut brièvement, remplacé par un air interrogateur. Si elle lui demandait la sortie... C'est qu'elle était également perdue. Enfin, lui, il ne l'était pas vraiment, il était venu par ce chemin, après tout... Mais il aurait préféré avoir une certitude. Mais qu'importait : ce n'était pas de la faute de la jeune fille. Reprenant son sourire, Alister s'adressa de nouveau à elle, prenant un air qui se voulait rassurant.

" La sortie, oui. Je ne saurais pas te le dire exactement, mais j'ai pris ce chemin il y a très peu de temps, et j'étais justement en train de le refaire en arrière. Ne t'inquiètes pas, en suivant cette route, nous sortirons de cet endroit."

Faisant un pas dans la direction qu'il avait indiqué, Alister tenta de continuer la conversation.

" Mais qu'est ce que tu fais là ? Ce n'est pas vraiment un endroit pour se perdre. Après tout, moi, j'ai des... circonstances atténuantes, dira-t-on. Mais je ne m'attendais vraiment pas à trouver une jeune fille ici, en fait, je... "

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que l'ironie de celle-ci se fit sentir. Il n'avait pas trouvé une jeune fille dans les égouts. Mais deux. En effet, à l'autre bout de la galerie, semblant chercher quelque chose, une figure connue se dessina. Violette... S'arrêtant net de par la surprise de cette rencontre, Alister fut cependant rapidement ramené à l'action par la suite des événements. Violette, semblant surprise de le voir, se précipita vers lui sans prendre garde au lieu où elle se trouvait. Il eut à peine le temps de la voir s'engouffrer dans les eaux profondes qui se trouvaient à coté d'elle qu'il fut ramené à la réalité. Se précipitant vers l'endroit où elle était tombé, il y plongea ses bras et réussit à la récupérer de justesse, la hissant sur la "rive" de l'égout. Reprenant son souffle après cet effort léger, il jeta un regard à la jeune fille inconnue qu'il avait récupérée en premier, ferma les yeux en soupirant, et reposa de nouveau son regard sur Violette avant de lui parler d'un ton calme et monotone.

" Qu'est ce que tu fais ici ? C'est un endroit dangereux pour toi. "

En effet, étant donné ses... antécédents psychologiques, cet endroit dangereux par nature prenait un tout autre niveau de danger. Alister n'avait qu'une crainte, c'était qu'elle lui dise qu'elle était venue se laisser mourir loin du regard des autres, ou quelque chose dans ce goût là...