Confessions [ABANDONNÉ]

C’est fou ce qu’un événement d’abord malheureux pouvait avoir des conséquences étonnamment super positives. Avec l’histoire de pute à S sur mon casier, j’ai pu créer des liens d’abord avec Isalynn, puis développer celui que j’entretenais avec Leann, en quelque sorte. C’est assez étrange à vivre, mais je ne m’en plaindrai pas si ça renfloue mes amitiés féminines, en toute franchise. Surtout dans le cas de Leann, comme on se voyait de temps à autres mais sans plus. Depuis, la conversation s’est faite de façon plus aisée avec elle et c’était beaucoup plus naturel pour moi de me présenter au bungalow non pas pour voir Colton mais pour parler avec la jeune femme de tout et de rien.
Ainsi, me revoilà comme à mon habitude au bungalow 12, à croire qu’il faudrait m’y aménager une chambre vu mon nombre de visites par semaine pour côtoyer Othello, Colton, Ezio ou Leann. Parfois même Phoebus, quand il était présent bien entendu. J’ai toqué comme à mon habitude en suivant un petit rythme cocasse et celle que je venais justement voir m’a ouvert la porte. Drôle de coïncidence certains diront, mais au final mes visites étaient trop habituelles pour étonner qui que ce soit.  




Ce petit surnom affectueux, il lui va à ravir. Je n’ai pas pour habitude de donner des surnoms à tout le monde, mais Leann est bien entendu une exception. J’aime bien la taquiner et lui donner des petits noms adorables.
Bref, j’entre dans le bungalow à la suite de la demoiselle qui m’amène jusqu’à sa chambre, où je m’installe naturellement au pied du lit en tailleur. J’avais tout juste eu le temps de retirer mon uniforme après les cours avant de me diriger vers la demeure de Leann, et heureusement car le tailleur en étant en jupe, c’est vraiment pas le top. Alors de simples jeans avec un haut sans manches et super léger pour compenser les vagues de chaleur, c’est simplement parfait pour la température.  Et pour s’asseoir en tailleur, super important.



Ouais, le truc qui n’a pas été dit explicitement, c’est que même si c’est moi qui a été visée d’abord, l’insulte touchait quelques camarades dans une situation semblable à la mienne, dont Leann. Et je ne pense pas être la seule à pouvoir affirmer que Leann, c’est pas touche, personne n’a le droit de s’en prendre à elle.

Allýson

Un soupir de soulagement manque de franchir la barrière de mes lèvres. Elle n’a aucune idée de ce à quoi je fais référence, ce qui est, en soi, une bonne nouvelle. Ça signifie entre autres que Leann n’en a pas reçues, si ma question la surprend. Et ça, c’est une super nouvelle. J’avais peur qu’il lui arrive quelque chose, mais c’était de l’inquiétude inutile. Je respire un bon coup en laissant le stress s’éclipser tranquillement, tout en souriant chaleureusement à mon hôte. Ou devrais-je dire hôte forcée? Je me suis tapé l’incruste et pas qu’un peu, j’imagine que la seconde option serait plus appropriée par respect pour la jeune femme.
Je ris doucement lorsqu’elle étale les potentielles raisons qui pourraient faire en sorte qu’elle reçoive des menaces, mais me ravise en constatant qu’en fait, en plus de ses rapports avec les S, Leann avait beaucoup plus de choses que moi à se faire reprocher. Il est vrai que la classe PUMA n’était pas très bien vue par la majorité des élèves du pensionnat et que la lettre de mon interlocutrice avait fait réagir plusieurs personnes.

Je la laisse terminer en écoutant son point sur Piercy, ou plutôt Joshua pour moi, et hausse les sourcils à l’évocation de son passé en tant que S. Honnêtement, à moins d’être fraîchement arrivé, tout le monde a entendu parler de sa passe violente, et certes, personne ne voudrait s’opposer à lui avec cette réputation, mais n’empêche que quelqu’un aurait pu vouloir faire un coup bas à l’ancienne B rien que pour faire passer le même message qu’à moi. Tous les S ont eu une période de violence, Colton y compris, mais parfois leur réputation – même une fois hors de la classe dorée – n’est pas suffisante pour assurer une protection supplémentaire à leur proche si jamais quelqu’un voulait leur faire regretter d’être entré, même brièvement, chez les S.

Moi, ça ne m’avait pas épargnée.

Je prends sa main, touchée par sa sensibilité, et étire mon sourire.



Une longue inspiration permet à mon cerveau de cogiter un moment sur le comment aborder la situation sans faire paniquer Leann, et l’expiration me met sur ma lancée pour tout expliquer.



Je compatis, sincèrement, parce que le jour où quelqu’un tentera de faire passer un message à la demoiselle, il risque d’être plus puissant que pour moi. Mais je veux éviter que ça se produise, autant que possible, parce que c’est une sorte d’enfer à traverser.
Un murmure quitte mes lèvres, ma main agrippant doucement celle de Leann.




Compassion, amour, tendresse. Combinés en une simple phrase qui en dit long.

©Allýson

T’aurais préféré qu’elle ne pose pas la question, que tu n’aies pas à lui répondre. Que tu n’aies pas à lui exposer ce qui l’attendait peut-être, elle qui ne devrait même pas attirer les foudres des autres. Tu croises vraiment les doigts pour que ce que tu t’apprêtes à lui dire ne lui arrive jamais, qu’elle ne se remettra pas en doute comme tu l’as fait suite à ce jour-là, qu’elle n’aura pas à s’endurcir comme tu l’as fait. Qu’elle n’aura pas à assumer un titre disgracieux comme tu le fais depuis, apprenant chaque jour à t’en ficher davantage. Un soupir franchit tes lèvres alors que tu replaces une mèche rebelle derrière ton oreille, et tu détournes le regard avant de tout balancer, d’un trait.



Tu fais un sourire contrit, pas particulièrement ravie de devoir présenter tout ça à tes proches un par un, de voir leur réaction individuelle et leur pitié, leur tristesse, leur rage. Ils ont tous une façon différente de le prendre, c’est sûr, mais c’est ce qui est revenu jusqu’à présent le plus fréquemment. Après tout, t’as jamais cherché la merde, t’es juste tombée amoureuse du mauvais gars selon certains.
T’hoches la tête par contre face à son offre, touchée qu’elle veuille bien t’aider et te supporter. T’en aurais bien eu besoin si c’était pas Isalynn qui était venue te porter secours suite à l’événement. C’est elle qui t’avais redressée en un tour de main, appris comment gérer ce genre de chose, expliqué comment se faire respecter et minimiser le retour d’attaques de ce genre. Sans elle, qui sait ce qu’il te serait arrivé…




Ton sourire se fait plus franc en sachant que la fin serait plus positive que le début. T’avais du support de pas mal tout le monde après tout, c’était difficile pour toi de te plaindre après ça. T’étais capable de sourire, de recommencer à profiter de la vie un pas à la fois. C’était déjà pas mal, considérant que certains auraient pu moins bien le prendre que toi.

©Allýson