Ils courent, ils courent les furets ! [Valentine, Amélie, Nana, Violette]

Le début de l'automne se faisait sentir dans toute l'école Prismver. Au delà du petit vent qui se levait de temps en temps et des quelques gouttes d'eau annoncées par la saison, Valentine avait davantage pris en compte l'évenement "ménage quotidien pour déblayer les feuilles mortes dans la cour de l'école". Beurk, sérieusement, qui avait envie de faire ça ? Tout ça pour faire des économies et éviter d'engager du personnel, bande de radins ! C'est donc en fuyant lâchement les obligation que le gamin en short se dirigea vers le complexe sportif où se trouvaient actuellement les classes plus agées en train de pratiguer dans différents sports.
Valentine avait déjà repéré il y a un petit bout de temps un buisson creux qui permettait d'observer à merveille la totalité du terrain sans se faire voir par les pratiquants ni par les passants extérieurs. Armé d'une bouteille d'eau et d'un casse-croûte prévu pour l'occasion, il s'installa, prêt à admirer le spectacle qui se déroulerait sous ses yeux sans qu'on ne s'apperçoive de sa présence. Du moins il l'espérait. Depuis peu, il avait tendance à craindre la présence d'Amélie Scarlet, sa super copine de cabanon qui avait l'air de s'être un peu trop pris d'affection pour le rôle joué par Valentine. Oui, si quelqu'un pouvait bien le retrouver là où il était, c'était bien elle ! Mais elle ne serait pas là, bien évidemment ! Elle ne l'aurait tout de même pas suivi à l'autre bout de l'école juste pour le plaisir !
Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas l'araignée qui était descendue sur un fil au niveau de son regard. Mais lorsqu'il porta son attention dessus, le hurlement qui s'échappa de sa gorge était davantage du à la surprise qu'à une peur réelle. Sortant de sa cachette en courant, gesticulant dans tous les sens pour enlever les hypothétiques bestioles qui s'était posées sur lui, Valentine ne remarqua pas qu'il s'était exposé aux yeux de tous, se trouvant désormais sur le terrain d'athlétisme occupé par les cinquième et sixième années. Merde. Après le stress passé, il était devenu livide. Il n'avait pas remarqué que c'était réservé aux classes A et B uniquement. Prenant son rôle de gamine comme diversion, il s'adressa au petit groupe qui se trouvait juste à côté de lui et qu'il avait apparemment dérangé. Bizarrement, il cru reconnaitre un visage connu, mais ne s'attarda pas dessus ; il fallait d'abord qu'il s'explique, et vite. Sa voix n'ayant pas à être forcée pour trembler, il eut juste à simuler quelques larmes de crocodile.

"I-Il y avait une araignée ! J-J'ai eu siiii peeuuuuuuur ! J-Je suis désolée, j-je recommencerai plus... M-Mais l'araignée était énoooorme comme ça !"

Faisant un grand cercle démesuré avec ses bras en passant son regard sur chacune des filles présentes, Valentine espérait que cela suffirait pour calmer les tensions et repartir tranquillement sans avoir à subir la pression des A dans la vie de tous les jours.

Ouf, enfin, c'est l'heure du sport... Je n'aurai pas pu passer une minute de plus en S.V.T. J'aime apprendre, certes, mais la prof m'a répugnée. Nous avons du disséquer une innocente souris. Quelle cruauté de faire cela à un animal innocent! J'ai refusé de faire les travaux pratiques, ce qui a été "la goutte d'eau qui fait déborder le vase". J'ai été convoquée par Prudence qui m'a sermonnée pendant une heure. Tout ça, c'est à cause de cette Shu et son maudit journal avec tous les ragots qu'elle a raconté sur moi. Elle m'a hurlé qu'il était sois-disant "inadmissible" que j'ai des sentiments pour un D. J'ai eu un mal fou de me retenir de la gifler. Au fond, je suis satisfaite de moi. J'ai réussi à la faire égosiller et à lui faire rater l'heure de la pause. Elle ne m'a pas punie car elle estime que je suis une de ses meilleures élèves et que je mérite une chance de me remettre sur le droit chemin. En y pensant, j'éclate de rire au milieu de tous les autres élèves qui doivent me prendre pour une folle.
Enfin. Me voila sur le terrain de sport, en tee-shirt et short, à m'échauffer. Malgré mon statut d'excellente élève, je suis bonne en sport et a une condition physique acceptable.
Avec mon équipe, je me prépare pour la course de relais. Juste avant le départ, nous sommes interrompus par une étrange fillette. Je l'ai déjà vue... Mais où? Tout ce que je sais, c'est que ce n'est pas une A. Et ce terrain leur est réservé. La gamine se met à geindre en agitant ses bras et en bafouillant des paroles d'excuses. Il en faut plus pour racheter cette faute. Une idée me vient. J'ai besoin de me détendre un peu après ce rendez-vous. Et je crois que j'ai trouvé mon souffre-douleur.

- Et bien... Je veux bien te pardonner, mais à une condition: que tu gagnes contre moi au cent mètres! Si tu perds... Je t'enverrai faire un tour chez Prudence! dis-je avec un sourire carnassier.

De toute façon, elle n'a pas le choix... Je sens que je vais bien m'amuser.

Les feuilles tombent,  cric crac croc, et l'odeur du feuillage légèrement mouillé m'énerve tout autant que ces fichues feuilles qui me font tomber. Le ciel est morne. Je n'aime pas l'automne. J'ai l'impression que tout est triste et regrette amèrement le chaud été qui nous faisait profiter du soleil et de la plage ainsi que de l'eau. Mais là... 
Le pire c'était qu'on nous obligeait, les moins de 15 ans, à ramasser les feuilles dans divers endroits de l'établissement. Enfin quand je dis moins de quinze ans, apparemment la règle ne s'appliquait pas à notre chère, tendre et adulée déléguée Prudence. Madame se reposait dans les salon. Elle nous assignait les postes, camarades A qu'on était, et m'avait envoyée nettoyer le sol autour du complexe sportif. J'avais ainsi l'occasion d'observer mes ainés qui couraient. Et aussi j'avais l'occasion de tomber sur le sol jonché de feuilles mouillées, m'infligeant diverses égratignures car bien sûr je tombais sur de gros cailloux, ce ne serait pas drôle sinon. J'avais une coupure au front et hésitait à retourner vers Prudence pour qu'elle arrête le sang de couler. Sur le chemin, je vis quelque chose de bien intéressant qui me fit oublier mon mal de front.
Ma chère camarade de chambre, Valentine, épiait les grands qui faisaient leur entrainement habilement cachée derrière un buisson. Je me demandais si elle aussi devait nettoyer le complexe sportif. J'hésitais à aller la voir. Je l'aimais beaucoup, elle était si mignonne ! En plus elle ne ronflait pas et était super propre. Un vrai régal d'être en colocation avec elle. Mais si j'allais lui dire bonjour je la dérangerait peut être... 
Mes réflexions furent brisées par un cri provenant de ma camarade. Elle gesticulait dans tous les sens pour essayer d'échapper à quelque chose. En courant partout, elle finit par débouler sur la piste de sport des A et des B. La pauvre avait tous les regards braqués sur elle, et devait surement se sentir mal à l'aise. La jeune fille bredouilla des excuses en fondant en larmes, tout en faisant des grands ronds du bras pour montrer à quel point l'araignée était grosse. Je m'approchais encore plus du cercle qui s'était formé autour de Valentine, bien sur tout en restant discrète. Je vis Violette ouvrir la bouche pour défier la C dans une course. Pff. Ma camarade de chambre s'était excusée, et puis c'était pas la mort si elle se trouvait accidentellement dans le terrain des A et B. Il fallait toujours que la blonde cherche la petite bête. Et puis elle était... comme une prise. Une chance sur deux de t'électrocuter si tu la touche. Une vraie furie.  
Je commençais à en avoir marre de cette fille. Elle osait provoquer une jeune gamine plus jeune qu'elle, alors qu'elle venait juste d'avoir la peur de sa vie à cause d'une grosse araignée ? Indignée, je sortis de ma cachette. Je n'allais pas laisser Valentine sans défense et toute seule contre cette folle. Je me plaçais entre les deux filles, l'air menaçant : 

-Eh toi, la blondinette folle, tu provoques Valentine et c'est moi que tu provoques, d'accord ? Alors laisse-la tranquille, nom d'un écureuil ivre ! Alors c'est contre moi que tu vas courir !

Malédiction ! Le "visage connu" de la blonde lui revint en mémoire comme un coup de parpaing dans la face. Violette ! Et décidément, la lapine folle n'avait pas dit son dernier mot, apparemment bien décidée à lui pourir la vie comme à bien d'autres avant lui sans doute. Elle s'approcha avant de lui balancer un défi stupide qui ne manquerait pas de se retourner contre elle à un moment ou un autre. Après tout, on est rarement bête, méchant et bien-aimé très longtemps. C'était une des choses que la vie avait bien appris à Valentine : si l'apparence ne fait pas tout, elle fait quand même beaucoup de choses. Là où Violette aurait pu s'attirer des fans en protégeant aimablement la pauvre gamine en détresse, elle décida une fois de plus de causer sa propre perte en se mettant la moitié du complexe à dos. Mouais... Ce n'était encore qu'une supposition mais cette fois ci, il pouvait l'affirmer sans trop avoir peur de se tromper : l'intellect n'était pas le point fort de Violette. C'était presque à se demander comment elle avait pu finir en A. Sans doute avait-elle été prise pour son incroyable caractère prétentieux ou peut-être avait-elle tout bêtement utiliser son pouvoir sur l'examinateur, forçant ainsi le passage dans la classe de son choix. Effrayant mais tellement stupide.
Stupide comme l'intervention d'Amélie d'ailleurs. Sa voisine de chambre en revanche avait l'atout d'être gentille et utile. Elle avait ainsi proposé de courir à la place de Valentine dans se défit haut en couleur. Cependant, un détail chiffona le gamin en short : elle faisait la course mais qui irait voir la grognasse de CPE si elle perdait ? Si c'était pour s'assurer la victoire, Valentine était prêt à dévoiler au moins un de ses talents cachés. En effet, si le fait d'être le larbin de sa classe l'année précédente avait été une torture, ça lui avait permis d'acquérir une vitesse de course pour fuire assez impressionante. Si on ajoutait le fait que Violette n'était en réalité pas beaucoup plus âgée que lui et n'était en plus de ça qu'une fille, il avait toutes ses chances de réussir. Cependant, c'était trop simple, il fallait qu'il trouve une bonne contrepartie au cas où elle perdrait. Quelque chose paraissant humiliant mais tellement abaissant pour quelqu'un d'aussi orgueilleux que la lapine. Ca y est, il avait trouvé sa sanction en cas de défaite. Il s'aprêtait à hausser la voixen larmoyant quand une dernière personne rejoint le goupe, s'imposant avec ses belles paroles.
Valentine prit le temps de l'examiner un peu. D'après sa taille et son air amical, elle n'était pas en A mais pratiquait dans le même cours de sport. Le gamin fut satisfait de sa proposition. Ne pas concourir, voilà qui était une sage décision ! Il concerverait ainsi tous ses secrets intacts, Violette n'aurait qu'à ravaler ses paroles débiles et Amélie n'aurait pas à se ridiculier à la course. Elle savait courir d'ailleurs ? Sa dernière démonstration s'était terminée dans un banc à se manger le sol du planétarium.
Ce n'était pas le moment de s'attarder sur ce genre de détails. Valentine, fidèle à son rôle de pauvre gamine pathétique, avait décidé de jouer la carte de la sécurité. Cessant de pleurer mais dans des reniflements tout aussi insupportables, il se cacha derrière sa pseudo-héroïne de voisine de chambre avant se s'adresser à la dernière venue.

"Oui, je suis désolée... Je ne voulais pas faire de bétises, j'ai vraiment eu très très peur... La madame aux cheveux longs voudrait bien m'excuser s'il vous plait, je ne recommencerait plus... On pourrait... Etre amies ?"

Paf ! Prends ça dans les gencives, Violette ! Le rôle de la gamine sympathique provoquant l'attendrissement dans le coeur des gens avait toujours été un réel succès ! S'adressant une nouvelle fois à Amélie en chuchotant, il décida tout de même de la gratifier pour son courage apparent.

"Merci pour tout, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi..."

Sans doute une course débile qu'il aurait gagné en même temps que la haine définitive de la lapine folle. En un sens, il lui était réellement redevable. Restait désormais à voir comment tournerait la situation.

Citation :

Pardon de l'attente, c'est la troisième fois que je réécris mon poste à cause des crashh répétés de mon ordi...

De quoi je me mêle? Il faut toujours qu'elle mette son nez partout, celle-là! Elle avait vraiment l'air énervée contre moi, cette fois-ci. Elle voulut même courir contre moi à la place Je réprime une fois de plus l'envie de l'étrangler une fois pour toutes. Mais bon, ça ferait mauvaise impression. Et je ne tiens pas à retourner chez Prudence pour meurtre d'une A. Évidemment, une autre fille intervint. Ce doit être une B ou une C. Je ne fait pas attention à elle. Elle ne m'a pas l'air dangereuse, de toute façon. Le gamin recommença à geindre, ce qui me donna aussi l'envie de lui tordre le cou. Il s'excusa auprès de la nouvelle venue et proposa qu'on soient amies. Ça, c'est hors de question. Et pour en rajouter une couche, remercia miss blondinette. J'ai vraiment envie de vomir, à présent. Et puis cette gamine n'est vraiment pas nette. Elle n'est pas... Sincère. Je me demande bien à quoi ressemble son véritable caractère. Je m'occuperai de tout ça en privé avec elle. Plus tard.

- Bien. J'ai compris. Toute cette gentillesse commence à m'écoeurer. Puisque tu ne veux pas courir, je te propose autre chose.dis-je sur un ton glacé.

Je dois agir vite. J'espère que les autres ne s'apercevront de rien.

- Je veux bien te pardonner, mais d'abord, j'ai quelque chose à te dire.

C'est le moment de démontrer mes talents d'actrices. Je prend un air attristé et coupable.


- Je suis vraiment désolée de ce que je t'ai dit. Ce n'était pas très gentil. Pour me faire pardonner, je vais te donner quelque chose. Mais personne ne doit le voir☆!dis-je en gratifiant mes paroles d'un clin d'oeil.
J'étais douée pour jouer les comédiennes auparavant. En fait, ce n'est pas très difficile. De toute façon, je ne suis pas tout à fait mentalement stable. Il m'arrive de me comporter comme cela par moments. J'espère qu'ils tomberont dans mon piège...

Le vent souffla un coup. J'étais toujours devant Valentine, déterminée, quand une autre jeune fille fit son apparition. Comme elle semblait être là depuis longtemps, je l'avais remarquée qui jouait avec les feuilles, un peu derrière les autres gens, j'en déduis qu'elle faisait parti du cours de sport mais qu'elle s'en fichait et préférait s'amuser avec le feuillage que je n'aimais pas et c'était d'ailleurs réciproque. La jeune fille, donc, qui devait être en B car je ne l'avais jamais vue quand on avait de grandes réunions spéciales A, tenta de calmer les rangs en nous proposant de ne pas courir. C'était décidé, j'aimais bien cette fille. Je n'avais pas spécialement envie de courir, car malgré mes bonnes jambes les feuilles qui avaient réussies à s'infiltrer dans le gymnase, placées sur la piste m'auraient fait tomber. J'approuvai cette idée d'un hochement de tête. Ma voisine de chambre se planqua derrière moi et adressa quelques paroles à la dernière venue et demanda si elles pourraient être amies. Elle me remercia ensuite de l'avoir aidée ce qui me fit sourire légèrement. 
La blonde, elle, était moins enthousiaste. Se pliant à l'avis des autres, c'est-à-dire de ne pas courir, elle répliqua quand même d'un ton plus froid que le congélateur dernier cri que s'est acheté ma chère mère :

- Bien. J'ai compris. Toute cette gentillesse commence à m'écoeurer. Puisque tu ne veux pas courir, je te propose autre chose.

Proposer autre chose ? Un duel de couteau ? De caramelldansen ? Je me demandais bien ce que pouvait inventer Violette cette fois. Surement un truc idiot. 

- Je veux bien te pardonner, mais d'abord, j'ai quelque chose à te dire.

.... elle ne venait pas de dire à l'instant... qu'il fallait d'abord qu'elle fasse autre chose pour se faire pardonner ?...

- Je suis vraiment désolée de ce que je t'ai dit. Ce n'était pas très gentil. Pour me faire pardonner, je vais te donner quelque chose. Mais personne ne doit le voir☆!

..... sérieux. Attendez un instant. Cette fille est... trop chelou ! Elle... elle venait de dire qu'elle n'allait pas tout de suite la pardonner ! Elle avait dit qu'elle allait proposer autre chose à la pauvre Valentine, puis qu'elle voulait lui dire un truc et enfin là elle allait lui donner quelque chose ? Tout à l'heure cette folle enragée blonde avait parlé d'un ton glacé et avait même dit que tout ça l'écœurait.... et maintenant semble être totalement désolée ?
Et le pire... c'est qu'elle croyait qu'on allait gober ça ? Peut être qu'elle se considérait comme une bonne actrice mais moi j'avais jute envie de dire qu'il fallait mieux qu'elle reprenne Alister comme psychologue et qu'il la remette dans le chemin de la lucidité. 
Soupirant, je me plaçai à côté de la jeune B qui nous avait éviter de nous entretuer à la course. Et aussi une visite chez la déléguée. M'enfin moi personnellement cette dernière ne m'effrayais pas trop. Elle était plus jeune que moi et comme je l'aidais souvent, Prudence ne m'avait pas dans le collimateur. J'ai toujours été une élève modèle moi. Pas comme une autre... Bref je me mettais un peu à l'écart pour voir comment allait réagir ma chère camarade C. Je me tournais un instant vers ma voisine du moment, la pacifique, et lui demanda en chuchotant et en lui tendant la main :

-Je m'appelle Amélie Scarlet, j'ai 15 ans et je suis en A. Et toi ?

Mais... Mais... Elle était profondément débile ou quoi ? Il ne faisait aucun doute que même les autres filles ici-présentes commençaient à trouver sa logique complètement nulle. Le coup du "beurk je t'aime pas mais viens dans une ruelle sombre j'ai un cadeau pour toi" n'était même plus utilisé par les vieux pervers pédophiles des ruines ! Valentine fut presque sidéré de voir qu'une personne en ce monde puisse utiliser des méthodes aussi ringardes et croire qu'elles marcheraient. Même les deux autres blondes qui étaient intervenues lorsque la situation sentait le paté avaient préféré détourner leur attention de ce spectacle ridicule dont Violette incarnait malgré elle le premier rôle. Fallait-il qu'il ait pitié d'elle à ce moment ? Le gamin avait en effet tendance à haïr les personnes méchantes de leur propre chef, décidant de faire du mal injustement sans avoir peur des conséquences ; mais plus il parlait avec la fille aux cheveux longs et plus elle semblait s'éloigner de ce profil. Bien qu'il lui restait à démontrer que Violette n'était pas réellement méchante de son propre chef, Valentine suspectait davantage un mécanisme de défense psychologique en rapport avec l'anecdote qu'elle avait soigneusement pris le temps de conter au planétarium. Quoi qu'il en fut, il était en tous les cas certains que Violette ne semblait pas connaître la définition même d'une conséquence. Loin de pouvoir les assumer en tout cas vu ses réactions, elle semblait les subir, se causant au final plus de mal à elle qu'aux autres.
Lui ferait-il cependant l'affront ultime de la prendre en pitié malgré la différence d'âge, causant ainsi pour la noble représentante de la classe A la pire des humiliations ? S'il était bête et méchant, il l'aurait sans aucun doute fait mais il ne pensait pas que Violette était un cas déséspéré dont on ne pouvait réellement rien tirer de bon. Il restait juste à savoir quoi en tirer. Juste. Le mot semblait donner une ampleur démesurée à la tâche. Elle était tellement stupide, tellement paumée... Il ne fallait cependant pas qu'il l'encourage dans son délire, cela ne l'aiderait pas au long terme. A vrai dire, plus tôt cela cesserait et plus vite elle aurait une vie normale ; mais pour lui faire entendre ça, il faudrait bien plus que des mots.
EURÊKA ! L'idée avait fusé dans tête de Valentine avec une vivacité déconcertante. La réponse s'était trouvée sous son nez depuis le départ et il ne l'avait même pas vue. Violette déteindrait-elle sur lui ? Il ne vallait mieux pas pour eux deux. Confiant quant à la suite des événements, Valentine retourna dans son rôle de gamine niaisement gentillette. Les yeux pleins d'étoiles et la bouche en coeur, il fonça droit dans la gueule du loup, espérant au passage que cette action n'éveillerait pas trop de soupçons. Après tout, qui pourrait réellement tomber dans un plan aussi nul ?

"Oh ! C'est vrai ? Merci beaucoup, c'est très très gentil de ta part... Je ne suis pas sûre de le mériter pourtant... Je suis tellement désolée à propos de tout à l'heure, j'espère qu'on deviendra vraiment bonnes amies après ça !"

Se tournant vers Amélie et la nouvellement dénommée Nana, Valentine agita le bras en s'éloignant en compagnie de Violette. Son ton était empreint d'une joie certaine pouvant être interprétée comme son empressement pour se faire de nouvelles amies sympathiques.

"Je vais écouter le secret de Violette, on se retrouve dans dix minutes ici !"

Oui, pas question de s'attarder plus que ça sur la situation. Si ça virait au vinaigre, encaisser le pouvoir apparemment très douloureux de la lapine folle pendant dix petites minutes serait bien assez pour lui. Après ça en revanche, il pourait tirer les conclusions dont il aurait besoin pour définitivement caser Violette dans les cas désespérés. Ou pas.
Arrivées dans l'ombre d'un bâtiment, la gamine attendit les prochains mots de son aînées en sautillant sur place d'une fausse excitation enfantine.

Ou cette gamine est une crétine finie, ou j'ai raté ma vocation d'artiste. En tout cas, elle accepte de me suivre, en prononçant bien sûr ses habituelles répliques écoeurantes sur l'amitié et tout le tralala. Je l'entraîne vers la réserve, qui est une petite cabane où les professeurs rangent le matériel de sport et tire le verrou. Maintenant, personne ne risque de nous déranger. Toujours en tenant la fillette au bras, je la fait reculer vers le mur et pose ma main au dessus de sa tête.

- Fini la comédie. Maintenant, tu vas me montrer ton vrai visage. Je ne suis pas idiote. Tu n'es pas innocente. Loin de là.

J'ajoute pour compenser:

- Rassure-toi, je ne vais rien dire à personne. Après tout, nous nous ressemblons, non?

Elle n'a pas le choix. De toute façon, si elle résiste, je me verrai obligée d'utiliser mon pouvoir sur elle.

Je regardais toujours la jeune fille, qui ne tarda pas à le répondre tout en me gratifiant d'un sourire fort amical. 

- Moi je m'appelle Nana Tomoshi, je suis en B. J'ai 18 ans mais je fais plus jeune avec mon visage d'hamster, je sais.

Je sus tout de suite que cette Nana était une jeune fille très sympathique. La petite blague qu'elle fit à propos de son propre physique me fit doucement rire. C'était vrai qu'elle paraissait plus jeune. Si elle ne me l'avait pas dit, j'aurai cru qu'elle avait mon âge. Je voulais lui demander dans quel cabane habitait-elle quand je vis les deux V (Violette et Valentine) aller vers un local qui se situait un peu plus loin après que la C nous ait dit qu'elle reviendrait dans dix minutes. De sorte à ce que personne n'entende ce qu'elles disaient. J'étais étonnée que ma camarade de chambre était tombée dans ce piège grossier. Ou peut être qu'elle le faisait exprès... Trouvant cela louche, qui sait ce qui pouvait arriver, je m'excusai auprès de Nana avant de suivre discrètement les autres. J'avais laissé de côté mon fichu caractère d'empotée et essayais de ne pas tomber sur les feuilles mouillées.
Arrivée près de la porte de la cabane, je collais mon oreille contre le bois. Je n'entendais pas très bien, les paroles passaient à peine le bois dur. Jetant un coup d'oeil derrière, je remarquai que la B était toujours restée à l'écart. Avec un peu de chance elle avait un pouvoir qui permettait d'entendre de faibles murmures ou encore un super ouïe. Je retournais la voir puis lui demanda : 

-Quel est ton pouvoir ?

Le regard suppliant, j'attendais sa réponse. Et puis même si son don n'était pas utile dans cette situation, je lui demanderais de m'aider. Il ne faut jamais laisser quelqu'un seul avec Violette. Sauf si c'est son cher D. Mais sinon... elle est aussi amicale et gentille qu'un pitbull affamé ou encore qu'un mannequin en manque de magazine et de produit laitier. Bref à éviter. 
Les personnes alentours étaient un peu interloquées par la situation. Et de faibles bruits sortaient de la cabane. Je fixai des yeux Nana avec un regard remplis de sous-entendus.

[HRP : désolée du post moisi, en ce moment l'inspiration se fait aussi rare que les licornes unijambistes]

Tout se déroulait comme prévu. Violette le pseudo-menaçait afin de mettre fin à ses suspitions et les deux autres, bien qu'arrivées un peu trop tôt à son goût, s'apprêtaient à lui sauver la vie. Désormais, il s'agissait d'un conflit diplomatique dans lequel il faudrait en dire le moins possible mais en faire penser le plus ; et pour ça, il fallait dire que Valentine était bien armé. A défaut de ne pouvoir compter sur ses poings pour régler les situations délicates, le jeune homme avait toujours compté sur sa tête et sa langue aiguisée. Si les douleurs qu'il avait subi avaient été un véritable enfer, il pouvait presque les remercier pour ce qu'elles lui avaient apporté. Presque.
S'asseyant en tailleur sur le sol après l'avoir épousseté soigneusement, le gamin sourit d'un air amusé à son aînée. Il avait minutieusement préparé tout le déroulement des événements selon toutes les éventualités possibles et imaginables. Ses questions n'étaient que formalité mais Valentine ne pouvait s'empêcher de faire le rapprochement entre Violette et un animal : pas grand chose dans le crâne en apparence mais un instinct qui lui facilite la vie. Sa voix, lorsqu'il lui répondit, était arrogante bien que sérieuse.

"Mon vrai visage ? Lequel ? Celui que tu as envie de voir ou celui qu'il faudrait que tu vois ? Tu as sûrement envie d'entendre que je suis une très mauvaise élève qui prend un malin plaisir à faire du mal aux autres dans un but obscure que personne ne pourrait définir, et bien je te laisse le croire si tu en as envie. Mais il est préférable pour tout le monde de savoir que je suis une gentille petite fille un peu bizarre qui reste dans son coin. Pense ce que tu veux là dessus, pense que je tente de vous manipuler si tu le désires mais tu oublieras dans ce cas une des choses que je t'ai déjà dite : mon pouvoir est de faire la paix autour de moi, tout ce que je fais, je le fais dans ce but, peu importe qui je dois devenir pour ça."

Le raisonnement parfaitement cohérent faisait passer l'apparente comédienne pour une personne aux objectifs nobles. Là où c'était avantageux, c'était qu'il n'avait presque pas menti. Certes son pouvoir n'était pas de faire la paix mais c'était son objectif réel ou presque - à savoir, avoir la paix. S'il médisait beaucoup, il n'avait jamais pu faire de mal à personne à cause de son pouvoir et n'avait jamais cherché les ennuis à cause de ce même fardeau. Oui, il aimait son pouvoir mais il aurait moins souffert sans. Il n'avait jamais demandé à souffrir autant pour le bien des autres et certes il se vengerait de ses tortionnaires, mais jamais il ne ferait quoi que ce soit de mal de lui même. Que Violette pense ce qu'elle veut, il ne s'était pas dérobé devant son défi.
Après un court silence, il reprit la parole une dernière fois.

"Sache cependant que si tu venais à découvrir l'entière vérité, tu causerais ma perte et le début de nouvelles souffrances pour toi. La vérité qui doit être sue, c'est que je suis Valentine, une jeune fille qui aide secrètement ceux dans le besoin."

Oui, de nouvelles souffrances psychologiques pour avoir mis fin à la vie de Val' la jeune fille et réveillé la haine dans le coeur de Valentine Dante Richard qui n'aurait de cesse que de détruire sa vie autant que possible.
Conscient que les deux à l'extérieur avaient probablement entendu le gros de la discussion, Valentine espéra juste que cela suffirait à ne pas trop changer la façon dont elles le verraient par la suite.

J'avais donc raison. Cette... fillette cache une autre personnalité derrière son masque d'innocence. Après ses révélations, je lève un sourcil, et m'adosse au mur derrière moi.

- Je vois. Il est vrai que ton objectif te donnes du mérite. Seulement... Pourquoi? Penses-tu vraiment savoir qui a vraiment besoin d'aide? Il y a des personnes qui masquent sans cesse leur souffrance pour éviter de faire souffrir les autres. Tu devrais pouvoir les aider.

Je réfléchis quelques instants. La réalité me frappa. Oui... C'est cela.

- De ce fait, nous sommes deux personnes radicalement différentes. Tu es né pour aider tes proches et le soutenir. Moi... Si je suis ici, c'est uniquement pour détruire et tuer tous ceux qui se mettent en travers de ma route. Au fond... Les deux sont liés.

Je m'avance vers elle, m'agenouille et plante mes yeux dans les siens.

- Sache que quoi que tu fasses, tu échoueras. On ne peut pas soigner le monde entier. Et on ne peut pas non plus saccager et massacrer tout ce qu'on a sur notre passage. Mais la réalité est cruelle. Nous devons tous faire un choix.

Et j'ai déjà fait le mien.

Après avoir posé ma question, la réponse de Nana ne se fit heureusement pas attendre. Elle me confia qu'elle maitrisait la télékinésie. Ce don n'allait pas nous servir à grand chose dans cette situation, et la B pensait la même chose que moi. 
Une idée sembla immédiatement traverser la tête de ma camarade, qui s'approcha de la porte avant de bouger une vieille planche à moitié cassée, ce qui fit un espace où l'on pouvait voir toute la scène en restant cachée. Nana me fit un petit signe, je m'approchai et je pus constater que les paroles que disaient les jeunes filles à l'intérieur étaient tout à fait audibles et que si quelque chose de passait mal on pouvait facilement intervenir.
La blonde B se tourna vers moi et me demanda quel était mon pouvoir, en s'inquiétant aussi de ses relations futures avec Violette. Nana avait le malheur d'être sa camarade de chambre, et c'était vrai qu'après ce qui s'était passé cela risquait d'être plutôt tendu du côté de la folle. Je répondis avec une voix amusée vers la fin de ma réplique :

-Je peux contrôler le temps. L'arrêter, le ralentir et l'accélérer, des trucs comme ça. Et ne t'inquiètes pas pour Violette, dis-lui que tu adores les dagues et elle t'aimera surement.

J'allais ajouter encore quelque chose mais les bruits provenant de la petite cabane où se trouvaient les deux filles me fit tendre l'oreille. 
Elles parlaient... de visage, de manipulation, de perte, de souffrances et de cruauté. Tout ça devenait bien trop intellectuel pour moi. A moins que ce ne soit juste une histoire de chirurgien esthétique qui manipulait ses clients pour les faire ressembler à Pikachu. 
Me désintéressant de la conversation, trop compliquée pour mon cerveau, je jetai un coup d'oeil derrière. Les autres élèves avaient recommencé à courir, mais avec moins d'entrain qu'au début. Ils devaient surement penser que Violette faisait la peau à cette pauvre Valentine. 
Regardant Nana, toujours près de moi, je pensai qu'elle pourrait peut être m'expliquer la situation. Je penchai la tête sur le côté, pris un air interrogatif et demanda à voix basse pour ne pas prendre le risque que les deux V nous entendent :

-Tu sais ce qui est en train de se passer là ? 


[HRP : désolée du retard...]