Nous sommes dimanche. Cela fait une semaine jour pour jour que je suis à Prismver. Et je m'y plaît beaucoup. Entre temps, j'ai fait une journée shopping fabuleuse avec un nouvel ami, j'ai travaillé en équipe avec Lhym, je suis allée en cours, j'ai découvert des passages secrets, je me suis fait coller, je suis partie visiter les jardins, j'ai rencontré le géniallisime Morgan et plein d'autres choses.
Oui, il s'en est passé des évènements, et des fameux. En résumé, je suis heureuse de ma première semaine ici. Elle a été chargée en émotion.
Trop chargée en émotion d'ailleurs. Et mon ancienne bande d'amis me manque. Cela me rend nerveuse, il faut que je me détende.
Je passe en revue tous les lieux calmes du pensionnat et de son entourage. Piscine, salle de musique, salle de retenue, jardins, serres, cour. Rien ne m'inspire vraiment, à part les lieux de plein air.
Mais je vais souvent aux jardins, et de plus, cela risque d'être bruyant puisque c'est jour de congé, comme moi les élèves doivent vouloir se détendre.
Au pire, il y a les serres. Je n'y suis venue qu'une fois, et c'est un bel endroit, paisible, où personne ne vient jamais. Les fleurs sont douces, très colorées, variées, délicates, belles et fragiles. En résumé c'est un endroit très agréable. Je pense que mon choix se portera sur les serres.
Je me rends aux serres. Comme prévu, il n'y a personne. Enfin, en apparence.
Quand je pénètre dedans, je discerne une silhouette. Oh, je ne suis finalement pas seule. Cette silhouette m'est totalement inconnue. Mais bon, on ne me dérange pas.
Je me balade doucement entre les fleurs, les effleurant parfois du bout du doigt, m'arrêtant pour les regarder. Ma présence n'a toujours pas été remarquée. Bon d'accord je suis extrêmement discrète et veille à ne faire aucun bruit. Mais il n'empêche qu'on ne peut pas lui attribuer le don de l'ouïe fine.
Mon portable émet soudain le célèbre bip sonore annonçant la réception d'un nouveau message. Zut je suis grillée. La silhouette s'est instinctivement retournée, réflexe naturel. C'est un garçon. J'espère juste que je ne l'ai pas fait sursauter, je m'en voudrais tellement.
Je lui fais un petit sourire contrit:
-Désolée.
Voilà tout ce que j'ai pu sortir. En même temps, qu'il y avait-t-il d'autre à dire? Rien. Je suis désolée et c'est vrai. Enfin, pas assez pour ne pas lire ledit message en question. Il s'agissait d'un message de Naomi, de mon ancienne bande. Comme on a gardé contact et que je l'aime beaucoup, je ne vais pas la faire attendre. Je pianote rapidement sur les touches du clavier, puis range mon portable dans ma poche.
Sincèrement la situation a de quoi être grotesque. Et comique. Deux adolescents dans un lieu improbable pour des gens de leur âge, dont une aux cheveux noirs et mèches argentées qui joue aux discrets, et dont le portable sonne au mauvais moment. Ca me donne envie de rire.