Abysses

« J’ai aucune confiance en lui, Drew. »
« Tu serai idiot d’avoir confiance en lui. »

Je lève les yeux vers lui, roulant ma langue sur mes dents, ma main posée autour de ma bouteille de bière. Moi assis, lui debout, je l’observe un instant. C’est toujours pareil, avec Drew. J’arrive simplement pas à lire en lui, et je suis toujours là, à courir après les informations, à m’efforcer de comprendre tandis que lui semble prendre plaisir à ne me dévoiler que ce qu’il veut. Il a l’air t’avoir toujours une longueur d’avance, et savoir que c’est moi qui suis en retard a le don de me frustrer. « Alors pourquoi lui ? » Le C soupire à ma question, et je me renfrogne. Je n’aime pas le pouvoir qu’il a sur moi. Cette peur, cette admiration qui me brûle lorsqu’il est là, et la façon avec laquelle je m’écrase face à lui. Mais je soutiens pourtant son regard, assis sur ma chaise, nonchalant, tandis qu’il s’approche de moi. Il a toujours cette expression, ces yeux impénétrables et ce sourire qui fait froid dans le dos. Merde, ce mec a été mort et enterré. Sursaut. Ma bière s’écroule, tout comme ma chaise, tandis que mon corps tombe en arrière sans que je n’y puisse rien. Je sens la chaise se dérober sous moi, tente de me rattraper au mieux mais je sais que la collision entre mon crâne et le sol est inévitable.

Et pourtant.

Sa main sur mon col m’agrippe, et mon tee-shirt retient le poids de mon torse, en suspension, entre Drew et le sol. Je déglutis, lui lance un regard mauvais mais baisse bien vite les yeux face au sien, inspirant avec force dans cette position inconfortable.

« Anshu est le seul qui peut réduire Entropy à néant. Et il le fera. Mais il est aussi le seul qui peut t’aider à vaincre. »
« Ca n’a pas de sens. »
« Bien-sûr que si. » Il me lâche, et assis, je me redresse bien vite, remettant en place mon tee-shirt, la mine dubitative. « Gagne son respect, et il t’apprendra. Apprend de lui, et tu le vaincra. Alors tu auras la voie royale pour réussir tout ce que tu voudra entreprendre. »
« Et Prudence ? Les A ? Wolf ? »
« Des distractions. »

J’inspire, réfléchis, posant les yeux sur la bière se répandant sur la table et allant chercher une éponge dans la cuisine.

« J’ai pas confiance. Il pourrait facilement me faire du mal... »
« Il t’en fera. A toi de lui en faire plus. Tout est question de... domination, avec Anshu. »
« ... Comment tu veux que je fasse ? J’ai pas un pouvoir offensif. »
« Moi non plus. Je l’ai dressé à la force de mes poings. »
« C’est ton mec, tu parle de lui comme un chien... »
« Nous sommes tout les deux des chiens. Et toi aussi. »

Je passe l’éponge sur la table, toujours aussi peu emballé par cette idée. A moins que ce ne soit de la crainte ? Comment ne pas craindre Anshu et Drew... Je soupire, lui souffle que je ne sais pas, et file vers la cuisine pour rincer l’éponge. Alors, un frisson me parcoure le dos, et je comprend qu’il est juste là, derrière moi.

« Tu as peur, Heath ? »
« P’tet bien, ouais. J’suis pas comme toi, j’sais pas me battre, j’sais pas frapper et étaler un mec avec mes poings. »
« C’est sûr... » Je me retourne, agacé de sentir sa présence dans mon dos, angoissante. Je tombe alors nez à nez avec lui, qui sourit, me tendant ma batte de baseball.
« Mais tu es bon batteur, n’est-ce pas... ? »
« ... »


Et me voila ici, dans la salle des Grandeurs, pour mon rendez-vous avec Anshu. J’entre, et mon coeur s’emballe dans ma poitrine, tandis que je lève les yeux haut, très haut. ... Une... Pyramide ? J’observe les lieux, me rend compte de la grandeur de tout ce qui m’entoure, tandis que, minuscule, je m’aventure dans ce qui semble être un labyrinthe, des peintures égyptiennes ornant les murs, et certaines dalles crissant sous mes pieds. Je déglutis, il fait sombre. Seules quelques torches illuminent les murs, et j’en saisi une, tandis que de l’autre main je tiens sur mon épaule ma batte de baseball; ma seule arme au cas ou Anshu déciderai de défouler sa folie sanguinaire sur moi. Mes lèvres s'entrouvrent dans ma marche lente et silencieuse, tandis que je l'appelle, nerveux.

Sursaut. Mon coeur vient littéralement de me perforer la poitrine tandis que, bouche entrouverte, je reprend mon souffle, grognant, faisant face à Anshu. Cet imbécile m’a fait peur, l’endroit est flippant, et il a fait exprès de surgir derrière moi, comme ça. C’est que... Il colle tellement bien au lieu. Il est là, superbe, ses yeux flamboyants me fixant, dans son élément. Mais je ne laisse rien paraître et me redresse, bombe le torse, et ne baisse à aucun moment les yeux, le regardant même avec défi. « J’te raconte même pas si ce serait un rendez-vous amoureux avec ta meuf, tu lui aurais carrément refait le portrait. » ... Est-ce que c’est lancé au hasard, ou est-ce qu’il sait, pour Ulysse et moi ? ... Qu’importe, c’est pas le sujet. J’hausse les épaules, dédaigneux.

« Fallait pas débarquer en fourbe. »
« C’est quoi l’utilité de… de ça ? Tu comptes me tuer avec, d’où la salle des grandeurs pour voiler les traces de ton meurtre ? » Ce serait tentant. « J’ai peeeeeeur. »

Je serre les dents, mais ne réagit pas. J’ai pas envie d’entrer dans son jeu. Il n’a pas peur de moi ? Tant mieux pour lui. j’suis pas venu là pour écouter ses railleries. Et voila, il pose des questions. Ce mec parle beaucoup trop. C’est ce que j’ai pu conclure de ses interventions contre Entropy. Il parle, il aboie fort, mais ne mord pas vraiment. Finalement il a probablement plus de gueule que de couilles, et c’est pour ça que Drew le traite de faible. ... Quel intérêt de m’amener à lui, alors ? Des grandes gueules, y’en a des tas, j’tiens pas à passer plus de temps qu’il ne faut avec eux. Je souffle la nature de mon don entre mes dents, levant par la suite les yeux au ciel tandis qu’il reprend son speech.

« C’est  vraiment c'que tu veux…? T’améliorer ? T'es vraiment sûr, Ackland…? » Je soupire, écarte les bras, hausse les sourcils.
« Nan, j’suis venu là pour apprendre à faire un tajine. »

Je lève les yeux au ciel, agacé. Je pose ma batte de baseball à terre, la calant contre le mur, et me redresse dans un soupir, plantant mon regard dans le sien. Non, ce mec ne me fait pas peur. Pas trop. ... Pas autant que Drew.

« J’suis pas là pour t’entendre brailler. Si t’es vraiment capable de quelque chose, apprend-moi. »  Parce-que, finalement, tout le monde parle de sa puissance, tout le monde le dit effroyable, mais moi pour le moment je ne vois qu’une grande gueule, une grande gueule qui se fait même rabaisser par son propre petit-ami. Je croise les bras, le fixe toujours, hausse les sourcils, impatient. On est pas potes. J’ai pas besoin de blaguer avec lui ou de me montrer gentil. Ce mec est toujours là pour foutre la merde quand on est en raid, et je sais de source sûre qu’il peut être mon plus grand ennemi. Alors, non, j’ai pas l’intention de baisser ma garde et de faire copain-copain avec lui.

Je la fixe. La baguette d’Anshu est pointée sur moi, et je sens un frisson parcourir ma nuque, mes muscles se tendre. « Tu ne devrais pas me sous-estimer. Drew ne t’a rien dit à ce sujet ? Je suis capable de bien plus de choses que tout ce pensionnat réuni, et tu fais parti de la classe que je méprise le plus. » Je le sais. Drew a beau me confier qu’Anshu est faible en ce moment, il m'a déja également parlé de sa puissance. De la façon dont il l’avait trainé en sang dans la salle des miroirs. Et à l’évocation de ce souvenir, les yeux de Drew brillaient. C’est la seule et unique fois que j’ai pu lire quelque chose dans ses yeux. De l’admiration. Ces deux là sont définitivement les deux personnes les plus tordues que je connaisse. «  N’oublie pas ça, vermine. » ... Comme une envie de violence. Mais je ne suis pas impulsif. Je ne suis pas Drew. Alors je le fixe, stoïque; mon regard suffit à en dire long sur ce que je pense.

Je ne manque pas de voir son regard se poser sur ma batte, et pendant quelques secondes, je me sens vulnérable. Comme mis à nu, m’étant débarrassé de ma seule arme. Je déglutis, me rassure. Il est là pour m’apprendre. Il n’y a aucune raison qu’il me fasse du mal. Et au pire... J’aviserai. Je n’ai pas vraiment le choix.

Il veut des pistes. Bien, on en vient au sujet. Les railleries sont terminées ? « Pauvre petite chose. » Glace. Je m’écarte, rapide, et me tourne, voyant un pic de glace impressionnant de fracasser au sol, derrière moi, et résonner en écho tout au long du couloir, jusqu’à ce que le brui étouffe dans l’obscurité. Un pic de glace dans les côtes. Dans la main. La maîtrise de la glace d’Anshu est redoutable. Mais prive le de sa baguette, et il n’est plus rien. Mes tempes battent, mon rythme cardiaque s’est légèrement accéléré. La meilleur source de magie est l’adrénaline. Je sens ce début d’adrénaline en moi. Je regarde Anshu, pose mon regard dans le sien, si hautain, si méprisant. Son sentiment de supériorité me débecte. Foutu système. Si les classes n’existaient pas, il n’aurait pas de raisons de se sentir si supérieur. Il ne me verrait pas comme un pitoyable E, faible, si faible. C’est pour ça que je dois maîtriser mon don. Pour Entropy. Pour le désordre. Pour la destruction de ce système injuste. Mauvais. Dans mon regard brûle le défi. Parce-que ce mec m’insupporte. J’inspire, et recule de quelques pas. Souffle. J’observe les murs, me concentre.

Et le bout de mes doigts disparaissent. Lentement. Le processus est long, difficile. Ce flou remonte sur mes avant bras, jusqu’à mon torse, où il se propage à travers tout mon corps. Je deviens flou, la vision de mon corps grésille. Clignote. Et mon visage se tend, tandis que cette sensation si désagréable me recouvre. Le froid. Intense. Mordant.

Et je disparais. Mais pas totalement. Je suis une masse floue, comme une volute de vapeur, de la buée. Je perturbe le décor. Et je le sais, car je me déplace doucement, faisant de très lents pas de côté, fixant le regard d’Anshu.

... Qui me fixe. Ses yeux bougent avec moi. Il ne voit pas mes yeux. Mais il sait où je suis. Je serre les dents, peste contre mon incompétence mais ne me déconcentre pas. Je veux faire de mon mieux. Il me suis toujours du regard, défiant. Il jouit de me voir, moi, l’invisible. Adrénaline. Concentration. Et c’est en me ressourçant dans ses yeux, en me nourrissant de la haine qu’il me porte que je me sens disparaître davantage.

Et ses yeux me perdent. J’y lis le trouble, une demi seconde. Il m’a perdu. Silence. Alors, tout doucement, je le contourne. Mes pas sont légers comme une plume effleurant le sol. Je plane presque, tant je me sens léger. J’ai eu du mal, énormément de mal à apprendre à me déplacer ainsi. Je le contourne, satisfait de ne plus voir ses yeux me suivre. Et je passe entre lui et le mur, dans l'intention de me glisser derrière lui.

Et tout s’arrête. Plaqué violemment contre le mur, je gémis sous son geste brutal, et en une seconde, sa baguette m’effleure la gorge. Je serre les dents, déglutis difficilement, mon regard s’embrasant en même temps que mon corps qui redevient visible par le même processus de transformation chaotique. Souffle. Mépris.

« ... Comment ? »

Froid. Il  s’empare de son cou, tandis qu’Heath, plaqué au mur, faibli à mesure que les secondes passent, tremble sous le contact de la baguette sur sa gorge. Parce-que ce mec est le plus dangereux du pensionnat, avec Drew, à ce qu’on dit. Et si Anshu ressent toute la faiblesse d’Heath, la réciproque s’applique également. Heath peut sentir l’incroyable magie qui se dégage de lui. ... Quand ils sont en cours de maîtrise du pouvoir, et que tout le monde utilise sa magie dans tout les sens de façon totalement chaotique, on peut sentir ça dans l’air. La magie. C’est léger, mais on le sent.

... Mais là... Il le sent et le ressent avec tellement plus de puissance. Il se rend compte, alors, qu’Anshu est très, très, très largement plus puissant que tout les E réunis.

Frissons. Son sang semble se glacer, à la fois à cause de cette idée, et à cause de cette glace qui court sur son corps. Froid mordant, brûlure glacé. Bouche ouverte, haletant, il suit des yeux comme il le peut la course de la glace sur sa peau. C’est froid, tellement froid. Il tremble, et la peau s’insinuant sur chaque parcelle du haut de son corps, ses lèvres prennent petit à petit une tinte violacée, tandis qu’il grelotte dans une respiration saccadée. « Tu me répugnes. » Concentration. Reste concentré, ne le laisse pas te rendre impulsif. Et la batte de baseball s’écrase sur sa joue, déchaînant la rage dans ses tripes. Sa propre arme misérablement pointée sur lui. Le comble, dans un duel. Il se mord la joue, mais ses dents claquent, son corps transit par le froid. Il ferme les yeux. Il l’écoute lui expliquer qu’ils iront à la bibliothèque. Logique. Si Drew est trop brutal pour comprendre que la magie est un savoir, et que le savoir est enfermé dans cette pièce, Heath, lui, veut bien le croire. Il comprend parfaitement que c’est... inévitable, pour gagner en puissance.

« ... Je te libère de cette prison de glace si tu réussis à disparaître une seconde fois. Entièrement. Et pas un truc flou et moche. Je veux que ça soit beau, net. Tu peux en être capable, hm ? » Regards. Ses lèvres tremblent, son corps entier tremble. Il a mal, la glace lui brûle le corps, mais c’est aussi comme si elle la fatiguait. Il le fixe, et parle, mais sa voix n’est qu’un souffle, son corps semblant glacé jusqu’à ses cordes vocales, tandis que ses lèvres tremblantes ne parviennent pas à articuler. « Je... Peux pas... j’ai mal... » Il hausse les sourcils, déglutit, tremblant de tout son corps. Alors, la pression se resserre autour de lui. La glace qui jusqu’ici le recouvrait semble désormais l’étouffer. Etriqué, il sent la pression qu’elle a sur son corps, sur sa gorge, et il ouvre la bouche, gémit, inspire avec force, tremblant. « ... Arr... ê... » Il grimace, rugit. Il a mal, un mal de chien. Ses yeux se relèvent sur Anshu.

Un regard écoeuré. La puissance qui se rit de la faiblesse. Le A qui méprise le E. L’injustice.
Entropy.

Et c’est l’adrénaline qui explose. Et ça grésille, ça tremble, ça clignote. Chaotique. Son enveloppe charnelle veut disparaître, mais elle est ramenée violemment par les lois de la physique. Physique contre magie. Il ferme les yeux, se concentre. Se concentre sur le fait que la magie EST de la physique. Un stupide paragraphe lu dans un classeur d’Ulysse. La magie n’est que de la science, donc la nature ne peut s’opposer à la magie. Il est naturel que son corps ait la possibilité de disparaître. C’est écrit dans ses gènes. C’est une fonctionnalité de son corps. Comme manger, boire, respirer, marcher. Il en a la capacité, ce n’est pas contre nature.

Il ouvre les yeux. Oeillade sur son corps. Il ne voit plus que la glace. ... La glace qui fond, doucement. Il tremble, tremble de froid, pâle, les lèvres violacées, mais lorsqu’il porte sa main sous son regard, libre, il ne voit rien. Strictement rien. Invisibilité parfaite.

Et la magie se brise. Sa main réapparaît, son corps est de nouveau exposé aux yeux d’Anshu. La glace a fondu, et il s’est défait du mur, tremblant. Son tee-shirt trempé, glacial, il l’enlève, le laisse tomber à terre et vient s’accroupir près de la torche tombée à terre. Prit de spasmes, il tend ses mains vers le feu, ferme les yeux, ses mains et lèvres tremblantes.

Chaleur. Il inspire, reprend son souffle, retrouve la sensation de ses membres qu’il ne sentait plus, engourdi par le froid. Et après un temps. « ... Il y a autre chose que je sais faire. » Il se redresse, reprenant petit à petit des couleurs. Et il s’approche d’Anshu. Il se positionne face à lui, sans le regarder. Alors, il prend son poignet. Et sa main se pose sur ses bracelets.

... Mais ça ne lui fait rien. Ca ne le brûle pas comme Drew. Ca ne le fait pas grimacer comme Corentin. ... C’est comme Jim. Comme si la puissance incroyable de ces objets magique ne l’atteignait pas. Mais lui ignore tout de cela, et reste concentré sur son objectif. Il inspire, et après quelques secondes, les bracelets, puis le poignet d’Anshu se dérobent, flous, sous leurs yeux.

Potentiel. Parce-que la plupart des élèves invisibles, toutes classes confondues, ne sont capables que de se rendre eux-même invisibles. Heath rompt le contact avec Anshu, dont le poignet réapparaît, et lève les yeux sur lui, haussant les épaules. « Quand je l’ai montré au prof de Maîtrise, il m’a regardé d’un oeil mauvais et m’a ignoré. » Amertume. Que les E restent pourrir en E, qu’importe qu’ils fassent du progrès. Qu’importe qu’ils aient du potentiel. Ils ne méritent pas mieux.

« C’est parce que t’es puissant, imbécile. Je t’ai sans doute un peu sous estimé, on peut dire ça. Tu as du potentiel, mais pas assez d’entraînement. » Regard ardent. C’est ce qu’il voulait entendre. Parce-que c’est l’histoire de sa vie, ça. Heath est intelligent. Il a une grande capacité de réflexion, il est logique. Il a vraiment de bonnes capacités, mentales, physiques, magiques. Mais il est bridé, dans cette classe E, où aucun effort n’est fait, où les profs eux-même ont abandonné. Où chaque ami est une distraction et où aucun moyen n’est mis à leur disposition. Il sursaute, se retourne, tourne la tête pour essayer de suivre des yeux la flèche allant glisser sur le sol, son rythme cardiaque s’étant de nouveau emballé. Mais Anshu reste stoïque, et se contente de ramasser la flèche, se plaignant à peine. ... On dirait que rien ne le touche, rien ne l’affecte. Heath le regarde s’approcher de lui, garde la tête froide, le regard dur et la tête haute.

« … Bon, bah tu sais ce que t’as à faire alors. T’entraîner, que je sois là ou non. Je viendrai constater si les progrès sont là tous les deux jours. Si y’a aucun changement, je te punirai. »

Il fronce les sourcils. Le même vocabulaire que Drew. Il le prend pour son chien ? « Et ce ne sera pas une simple tape sur les doigts, soi-en sûr. » Regard de défi. ... Il se prend pour qui, sérieux ? Il le fixe tandis qu’Anshu s’approche près, très près, lui confiant la flêche. Il il baisse le regard sur la pointe qui vient effleurer sa peau, avant qu’il ne s’en dégage, le regard méfiant. Flêche en main, Heath baisse les yeux, déglutit. Quelque chose à propos d’Anshu lui brûle les lèvres; c’est peut-être le moment pour en parler.

« Anshu... » Il lève les yeux vers lui. Ils sont toujours très proches l’un de l’autre, assez pour distinguer son visage et ses yeux à la faible lueur de la torche enflammée au sol. « Quelle est ton opinion. Sur Entropy. » Cravate grise au poignet au moment même ou il parle, Heath ne se cache pas d’être un gris. Il fixe Anshu, plisse les yeux. « Est-ce que tu t’y oppose... réellement ? » Parce-qu’à chaque fois il est là, les nargue, mais n’oppose pas une franche résistance. Heath baisse les yeux sur la cravate grise qui orne son poignet. « Est-ce que je dois te considérer comme un professeur ou un rival ? » Son ton est plus dur, son regard relevé droit dans le sien. Autant poser la question, puisque ni Drew, ni Anshu ne sont clairs sur le sujet.