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 UNDERGROUND.

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MessageSujet: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockLun 24 Mar 2014 - 23:27



UNDERGROUND

feat : Charlie
My hands protect the flames against the wild winds around
Je ne crache pas de flammes. Mon corps ne se transforme pas en une créature mythologique. Je n’ai aucun pouvoir sur l’avenir des gens. Je suis différent au milieu de toutes ces étrangetés ; situation ridicule. N’essayez pas de me coller une étiquette, je finis toujours par les brûler. Les regards, le bourdonnement à mon approche, ça me met en joie. L’incompréhension, n’est-ce pas ? Mon corps ne peut se défendre contre les agressions physiques alors que mon esprit est aussi inviolable qu’une prison. Et ça, je m’en rends bien compte, ça vous rend dingues. Parce que ceux avec la capacité surnaturelle de lire l’esprit se retrouve face à un mur. Parce qu’ils perdent soudainement ce qui faisait d’eux des êtres exceptionnels, leur identité au sein de ce pensionnat. Ils se retrouvent en un éclair nu comme des vers, comme tous les autres mortels de cette planète. Face à moi, ils ne deviennent plus que des personnes « normales ». Quel cruel dessein.

Blouson de cuir. Chaine en argent autour du cou qui se ballote au rythme des foulées.La sueur qui perle et roule le long des tempes. Le roulement sourd du sang qui cogne dans les vaisseaux. L’air glacé qui pénètre les poumons et s’échappent en volutes de brume entre ses lèvres ouvertes. Les muscles, chauds, qui se tendent et se détendent. Ses pas qui martèlent le sol. Un besoin d’extérioriser. Que le physique souffre avant que l’esprit ne cède. Les nuages noirs s’amoncèlent au niveau de la voûte céleste mais ça ne le découragera pas. Regarde-moi, regarde-moi, pense-t-il. Me voilà au milieu de tous ces gens qu’on ne pensait ne croiser que dans les contes. Regarde-moi, je suis au milieu de toute cette magie et il semble même que j’en possède au plus profond de moi. Tu le crois ça ? Un rire mêlé aux sanglots, étouffé. Parce que ça lui fait mal.

Accélération. Les muscles tirent, protestent, brûlent mais qu’importe. Le vent siffle à ses oreilles. C’est son ivresse à lui. Sentir son corps presque prêt à s’envoler. Repousser au plus loin les limites, quitte à le regretter un jour. Mais de toute façon, il n’a jamais été très doué pour les remords. Il ne porte en son cœur que rancune et mépris. Un homme qui s’est élevé tout seul et qui ne suit que ses propres principes. Ne compter sur personne si ce n’est soi-même. Arriver à ses fins même si ça signifie trahir et détruire. Il a toujours appliqué ces doctrines et aujourd’hui, qu’a-t-il obtenu ? Une place dans ce pensionnat. Il en avait rêvé. Il avait prié. Et le voilà, à courir dans les jardins de cet immense complexe. Seul. Et noyé dans sa résignation, il court. Mais ça lui fait mal ; qui resterait insensible ? Noyé dans son mépris des autres et le poids de ses secrets, il suffoque.

Il ralentit, se met à trottiner. La sueur se glisse dans son cou, vient tremper son T-shirt. Le cœur cogne dans la cage thoracique, victime de crampes douloureuses. Quelques minutes de repos avant d’y retourner. Parce que Seth’ a encore l’esprit pollué par ses émotions et il veut les chasser, les chasser encore et encore jusqu’à ce qu’elles se taisent, épuisées par la lutte de l’animal contre la bête intelligente. Puis soudain, un grondement, certainement à quelques kilomètres; protestation des nuages. Un rapide calcul ; il était encore loin du pensionnat et de son bungalow. Le rituel reprend ; les muscles surchauffent à nouveau et l’air brûle sa gorge avant d’abreuver ses poumons qui, pourtant, étouffent.

Au loin, une silhouette. Une silhouette agréable à regarder, d’une fragilité presque effrayante mais qui affronte pourtant le vent et le froid en cette sombre fin d’après-midi. Il accélère tandis que ses yeux perçant détaillent ce corps si frêle. Retenu en un chignon précaire, une chevelure d’un roux flamboyant. Chatoiement qui assène un coup au cœur du blond. Un sourire étire ses lèvres. Ses iris balayant les parterres, il ne tarde pas à repérer une des premières fleurs éclose de la saison. Avec cette délicatesse qui le caractérise, il la cueille, la porte à son nez et inspire son parfum. Soupir. Il ne tarde pas à la rattraper et à courir à ses côtés, quelques secondes, le temps qu’elle remarque sa présence. «  Mademoiselle. » C’est avec un sourire taquin qu’il lui tend la fleur. «  Je ne savais pas que vous vous étiez mise à la course. »


HRP ; j'ai fais vite, j'ai pas pu m'ne empêcher. x)
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockJeu 27 Mar 2014 - 16:05


Slip away.
C’est tellement facile. De se laisser aller à ses propres occupations et de les perdre un peu de vue. Et c’est tellement difficile. De choisir. Entre s’échapper réellement ou s’accrocher fermement à eux. Les amis, la bande, cette famille délirante et un peu louche. Je n’ai encore rien décidé, parce que je ne pense pas avoir à le faire vraiment. Mais je me sens tout de même entre deux eaux, prise dans des vents contraires dont je suis à l’origine en plus. Ça ne me ressemble pas, je crois. Ca me perturbe. Ces marques encore présentes sur mes côtes -quand est-ce qu’elles vont disparaître ?-, ces sms de Heath –pourquoi a-t-il fallu qu’il mette des mots sur tout ça ?-, cette maladresse de Pytha qui me touche bien plus que prévu, cette distance entre Ashley et moi qui me peine tout autant. Et Sarah. Et Ulysse.



Pourquoi c’est si compliqué ? Ras-le-bol. Ne peut-on pas juste tout déconnecter ? Pouvoir se mouvoir sans se préoccuper des conséquences ? Vivre et profiter entre égoïstes, à l’image de tout être humain basique ? Mais même moi, j’ai un peu de mal. Je suis là, statique. Je les observe, souris parfois, comme depuis un coin de porte.
À travers des gestes, je détecte les soucis qui tourmentent les esprits mystérieux qui m’entourent. Mais je ne fais rien. Je n’arrive même pas à me défaire de mes peurs du moment (merci Nathan), alors comment pourrais-je être le soutien, le refuge de qui que ce soit ? Pourtant l'envie y est, alors j'attends quoi ? Agacement perpétuel.

Heureusement qu’il y a du soleil pour illuminer mes iris, à défaut de réchauffer ma peau. Comme le tandem Morgan et Jim –pourvu que leur bonheur soit contagieux. Comme Holly –crazy flower to eat. Comme Lys –ta patience ne s’essouffle-t-elle pas ? Et comme Jo2. Johanna et Joach, finally une bonne chose. Bon, mais on ne se refait pas. Je n’ai pas pu m’empêcher de susurrer un tendre « Bah vous avez mis le temps, mais mieux vaut tard que jamais. » à Joach.

Et puis, il y a des nouvelles rencontres. De celles qui percent le toit nuageux qui me suit obstinément et qui laissent entrevoir d’autres perspectives et pourraient bien aider. Toujours aussi naïve.
Il pleuvait ce jour-là alors que je m’adonnais à une nouvelle activité : marcher sans but. Comme si ça allait m’éclaircir les idées, régler mes problèmes toute seule. Comme si ce n’était pas qu’une excuse pour m’occuper ailleurs, m’éloigner un peu. Courant d’air qui se faufile à la vue des plus proches, mais qui revient toujours. Pour l’instant.

L’aura de Seth s’est démarquée dans ma grisaille et aujourd’hui, grâce à lui j’expérimente autre chose. Courir. Toujours sans but. Mais l’énergie drainée se veut libératrice. Alors peut-être que ma nuit sera plus douce après cette épreuve sportive. J’avoue sans souci que depuis mes années-danse à la Nouvelle Orléans, je ne me suis pas vraiment adonnée à un sport en particulier et j’ai toujours cette faiblesse à la cheville. Mais ça fait une demi-heure que je cours entre les parterres et broderies végétales et je sens que je pourrais continuer jusqu’à l’épuisement. C’est presque un besoin vital. L’intense occupation du corps permet à mon esprit de trouver un autre chemin, moins torturé. Quoique. Pour les observateurs, l’irrégularité de ma course trahirait pourtant le déferlement contradictoire de mes pensées qui cogne mon crâne. Alors je m’entête à poursuivre l’effort. J’accélère sans prêter attention au décor et aux détails qui m’entourent comme ces nuages qui s’amoncellent un peu plus au-dessus de mon ciel. Comme ce grondement annonciateur d’une pluie que je déteste pourtant.

Mais non, au contraire, je m’obstine. Avec un seul couac. Pour parfaire ma tenue de sports des plus simplicistes -short et t-shirt- je n’ai pas pris les bons écouteurs. Ils glissent, se font la malle toutes les 30 secondes. Et c’est avec un incroyable timing que Seth décide de surgir dans mon champ auditif avant de rejoindre ma vision.

__ Mademoiselle. Je ne savais pas que vous vous étiez mise à la course.

Un petit peu surprise. Je laisse quelques secondes s’enfuir, le temps de ralentir la course jusqu’à l’arrêt. Mes prunelles valse entre son visage et la fleur qu’il me tend. Un large sourire s’étire sur mes lèvres lorsque je m’en empare. La tension nerveuse de mes muscles fins filtre dans ce même mouvement. Relâchement.

__ Monsieur. J’ai décidé de céder à la tentation après vous avoir vu à l’œuvre.

Les pétales à peine ouverts viennent chatouiller mes narines. Mes yeux se ferment un instant sur l’odeur. Le parfum est plus frais que ce à quoi je m’attendais. Mais c’est le printemps après tout. Retour à la réalité. Mes yeux trouvent les siens.

__ Merci.

C’est la première fois que j’ai droit à une fleur. Je ne dois pas être du genre à en recevoir, pourtant je les aime bien, elles sont si jolies bien qu’éphémères. Je glisse l’offrande dans mes cheveux pour la coincer au-dessus de mon oreille. En espérant qu’elle ne chute pas.

__ Tu cours à toute heure, on dirait. Ou alors, dois-je m’inquiéter ? Tu me suis ? J’ai déjà réussi à semer un « garde-du-corps » improvisé, mais face à un coureur comme toi, je n’ai aucune chance.

Léger haussement d’épaules alors que j’engage une petite marche. Entre mine boudeuse et mots taquins, je joue les équilibristes rien que pour m’amuser un peu. Parce que oui, j’ai « semé » Pytha ou plutôt je l’ai poussé à aller dans une autre direction que la mienne. C’est qu’il est plutôt obstiné quand il s’y met. Mais je n’arrive pas à lui dire d’arrêter. Pas encore du moins. Sa culpabilité m’en empêche, mais je doute que ce soit bon pour lui comme pour moi.

Mais à ce stade, l’énigme intéressante que se révèle être Seth attise ma curiosité depuis nos rencontres successives. Mon visage se penche sur le côté, mon regard chocolaté se fixe sur sa silhouette décidément bien trop athlétique, même si courir avec une veste en cuir reste totalement étrange.

I always liked mystery. So show me what kind of perfect distraction you could be.


#ff6633
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockJeu 27 Mar 2014 - 21:14



UNDERGROUND

feat : Charlie
Il la vouvoie, marque du profond respect qu’il a pour elle. Parce que cette fille lui coupe le souffle. Parce qu’elle lui assène plus de coups qu’il pourrait en recevoir pendant une de ces batailles de rues auxquelles il participait jadis. Parce que dans ses yeux, il revoie l’image d’une de ces personnes qu’on a aimé si fort qu’elles hantent la moindre pensée, le moindre courant d’air, le moindre éclat de soleil sur les pétales d’une fleur. Marche arrière, il revient sur ses pas, à ses côtés. Et le cœur bat alors qu’un rictus de joie s’empare de ses lèvres. Non, il connait peu Charlie pourtant, tout son corps s’électrise alors qu’elle s’illumine ; une décharge de bonheur comme une décharge d’adrénaline.

« - Monsieur. J’ai décidé de céder à la tentation après vous avoir vu à l’œuvre. » Comme si la course pouvait être un art. La parfaite libération de la conscience qui vague entre les nuages alors que le corps bouillonne, en pilotage automatique, commandé par un instinct animal qui le protège des obstacles. Un instinct primaire, celui d’un animal que, peut-être, Seth aimerait définitivement libérer. Des pulsions et non plus des émotions. La survie en préoccupation première plutôt que les tourments toujours liés au cœur, all the time. S’arracher le cœur comme si cela pouvait faire taire la douleur.

Alors qu’elle apprécie la fragrance florale, il ose un rapide regard vers les blessures - quoi que discrètes sous cette lumière – qui marbrent son visage. Frisson. Il frappe. Souvent. Impulsivité oblige. Mais jamais il ne laissera déferler sa violence sur le corps d’une femme. Poussé par des pulsions suicidaires, il s’était toujours attaqué aux grosses armoires à glace qui faisaient régner la terreur. Ses arcades, sa lèvre, son nez ont beaucoup saigné. Ses phalanges ont beaucoup cognés. Et à chaque bataille, Seth devenait plus fort jusqu’à effrayer à la simple mention de son prénom. Un passé trouble et troublé.

« Tu cours à toute heure, on dirait. Ou alors, dois-je m’inquiéter ? Tu me suis ? J’ai déjà réussi à semer un « garde-du-corps » improvisé, mais face à un coureur comme toi, je n’ai aucune chance. » Attention. Il sourit au compliment, gardant simplement le silence sur les motifs de ses courses quotidiennes. Car qu’il vente, pleuve ou neige, il sera toujours dehors à épuiser ses muscles, à se calciner les poumons et à se vider la tête. Courir pour que les problèmes, comme lestés par des poids, tombent à ses chevilles tel le boulet que tire un  prisonnier. « Je me ferai un plaisir d’essayer de réussir là où il a échoué. » Comme te protéger.

Alors qu’il marche à ses côtés, il fixe le ciel, toutes ses pensées dirigées vers une seule et unique personne, assise confortablement sur les cumulus, plus haut peut-être, dans un lieu où le soleil rayonne éternellement. Le paradis, comme le désigne la religion chrétienne. Il reporte son attention sur la jeune fille. Dans ses prunelles, un océan de courage. Ce courage qu’il a toujours manqué à ma sœur, pense-t-il. Elle lui ressemble tellement. Et son cœur a des soubresauts alors que ses iris céruléens glissent sur ses cheveux, pour s’arrêter quelques secondes sur la fleur au milieu de ce flamboiement puis retourner à la contemplation silencieuse des battements de ses cils d’encre. Le blond se mord la lèvre, imperceptiblement. « Dans un sens, je le comprends. Qui ne serait pas perturbé à vos côtés ? » Le regard perdu dans les sommets des arbres de la forêt, un tendre sourire affiché sur les lèvres. Il ajoute : « Un corps comme le vôtre s’est forgé à force de sueur et de détermination, je me trompe ? » Subtil. A l’occasion de leurs quelques rencontres, il l’avait longuement détaillé. Premièrement parce qu’elle l’intriguait. Et de fil en aiguille, c’est devenu un plaisir. Un plaisir des yeux. Un plaisir de tous ses sens alors que sa voix féminine résonnait contre ses tympans et que son parfum venait suavement titiller ses narines. Une observation méthodique qui l’avait fait rapidement conclure à la pratique intensive d’un sport de part une musculature entretenue des membres inférieures et une grâce caractéristique. Il pensait à la danse, notamment parce qu’il avait souvent assisté (contre son gré) aux répétitions des ballets de son autre sœur. Bon dieu que c’était chiant. Mais ça lui avait au moins permis de repérer ces légers détails dans les postures, les corps, les attitudes. Un léger rire lui échappe alors que des souvenirs légers lui reviennent en tête. « Je cours peut-être plus vite mais je suis aussi gracieux qu’un âne sur la glace. » Euphémisme.

En vert, c'est un lien. ;)
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockSam 29 Mar 2014 - 20:16


__ Je me ferai un plaisir d’essayer de réussir là où il a échoué.
__ Il n’a pas échoué. Je ne lui en laisse simplement pas l’occasion.
Ma phrase claque immédiatement. Presque sévère. Que Seth puisse formuler de tels mots à propos de Pytha alors qu’il ne sait rien, que ça ne le regarde pas.

Lucide. Je ne lui facilite pas la tâche, ça c’est certain. À aucun d’entre eux…
Que Pytha retrouve sa liberté et que je retrouve mon indépendance. Même si je me suis en réalité, déjà bien habituée à sa présence imposante dans mon sillage.

Mes doutes s’égrènent bien vite lorsque je sens le regard de Seth sur moi et lorsqu’il affirme que je… perturbe ?
Fin sourire. Et même si ça fait un peu de bien à l’égo…
__ La flatterie ne mènera à rien…
Un souffle poids plume, délicatement rieur. Comme si je ne le prenais pas au sérieux. D’ailleurs, comment une personne pouvait-il si facilement et ouvertement dire ça à une autre ? Que de premières fois en sa compagnie…
Pourtant, il a l’air sincère. Du moins c’est ce que mes yeux perçoivent en glissant sur son visage. C’est un charmeur, à n’en pas douter. Je l’ai compris dès le début, même si lorsqu’on s’est rencontrés la toute première fois, il ne paraissait pas aussi confiant. L’espace de quelques millièmes de secondes, j’ai cru le voir plutôt troublé. Mais ce détail oublié, j’aurais pu tout à fait me tromper… Mais en y repensant, mon esprit se dit que c’est peut-être bien vrai pour lui.

Que je le perturbe.


__ Un corps comme le vôtre s’est forgé à force de sueur et de détermination, je me trompe ?
Je me mords la lèvre pour m’empêcher de rire. Il a une telle façon de dire les choses. __ Je cours peut-être plus vite mais je suis aussi gracieux qu’un âne sur la glace.

Ok. Mon effort avait été vain. Ma gorge libère un léger éclat de rire. Une main glisse sur son poignet pour qu’il ralentisse et que je puisse le dépasser.
__ J’aimerais voir ça.
Je me retourne face à lui et continue d’avancer à reculons.
__ Mais… Ne t’ai-je pas déjà dit que tu pouvais arrêter de me vouvoyer ? Parce que j’hésite vraiment entre me sentir vieille, ou être étiquetée « fragile damoiselle du Moyen-Âge ».

Légèreté dans la voix malgré le grondement qui sévit tout à coup au-dessus de nous. Je n’y prête pas attention. Non. Je reste comme concentrée sur Seth et ses iris d’un bleu déroutant qui semblent avoir pris l’habitude de voir en moi, me transpercer de part en part. Je me demande ce qu’il peut bien y chercher. Et je progresse toujours en marche-arrière, avant de retrouver ma place à sa droite.

__ Sinon. Oui, c’est vrai. Sueur il y avait. Détermination aussi. Ou plutôt une volonté. Qui n’était pas réellement la mienne. Mais peut-être pas la meilleure qui soit. Et d’ailleurs pas la plus inébranlable puisque j’ai arrêté la danse il y a quelques années maintenant… Pression et intolérante exigence des maîtres à danser. Défiance entre les élèves. Compétition malsaine qui met les corps à rude épreuve. C’est un sport très individualiste malgré les compagnies ou les crew qui se montent de plus en plus. Ce n’est pas pour rien si aux répétitions, les danseurs sont entourés de miroir. À la recherche de la posture, du geste parfait qui remplit les dictats d’une élégance qui ne nous appartient même pas. En fait, on se regardait juste le nombril. Donc ce n’était pas pour moi et mes « en-dehors » fragiles.

Je souris en haussant légèrement les épaules et en indiquant vaguement mes chevilles.

Mon visage se baisse un instant vers le sol, cherchant mes mots sur ce sol que je foule. Mes doigts se faufilent dans mes cheveux pour remettre une mèche en place.
Je relève les yeux vers lui.
Et c’est un observateur.
__ C’est étonnant. Je ne pensais pas que mon corps amenait à penser que j’ai fait du sport. On ne m’avait jamais fait la remarque jusqu’à aujourd’hui.

Et je n’en ai jamais vraiment parlé non plus. Je le pourrais certainement avec Ashley ou Jim. Mais ce n’est jamais venu sur le tapis. Et puis, cela me paraît tellement loin. Maintenant, je préfère danser pour le plaisir de se laisser aller. Faire comme je l’entends.

Une main glisse sans que je m’en rende compte sur mes cotes encore sensibles sous mon t-shirt. Parce que pour la première fois, me sentir observer me met mal à l’aise. Le rapport à mon corps a changé depuis ces deux incidents. Mon reflet marqué provoque ponctuellement des pseudos crises de panique. Je pense que j’hyper-ventile tout simplement sous le flot de mauvais souvenirs que la vision de ces traces m’apporte. Et cette nausée qui ne vient jamais, qui ne soulage pas mes entrailles. Mais j’arrive toujours à me calmer assez rapidement. J’ai mes petits trucs.
Sentiment de laideur qui s’est insinué bien plus profond que sur ma peau.

Je détourne le regard une seconde. Qu’est-ce que les gens voient de moi ? Reviens sur lui. Qu’est-ce qu’il voit ? Et qu’est-ce que j’ai le droit de voir ?


#ff6633 (;
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockSam 29 Mar 2014 - 21:31



UNDERGROUND

feat : Charlie
LET ME FREE.

Et sa voix sèche se pare à nouveau de douceur alors que son rire franchit la barrière de ses lèvres. Lui aussi, il sourit. Comme un idiot. Parce que Seth est un idiot. Parce qu’elle vient de poser sa main glacée sur son poignet. Parce qu’il ne sait pas comment se comporter face à elle. Il se sent si faible. Si misérable. D’habitude, c’est toujours lui qui mène la danse. Qui guide la valse comme bon lui semble. Car si une demoiselle tentait de lui marcher sur les pieds, il changeait de cavalière parce que les sentiments, pouah, c’est dégueulasse. Il n’a jamais donné dans ce genre de niaiseries et à observer bien assez la tempête que pouvait semer ce que l’on appelle l’amour. Et elle, elle est là, à marcher à l’envers. Et il est là, à scruter le chemin, prévoyant caillou et ornière susceptibles de la faire tomber. Il sent des élans de panique venir assaillir ses muscles. Son souffle se faire plus court. Mais il concentre sur Charlie, les mouvements de ses lèvres comme un bateau s’ancre dans un port.

Elle lui livre sa vie, sur un plateau d’argent, confortant ses hypothèses. Elle lui ouvre son cœur alors qu’il en est incapable. Il ne l’a jamais été. Seth s’est gravi lui-même une tour d’ivoire dont le ciment est composée de la haine et des regrets. Il a monté une à une chacune des pierres et trône désormais au sommet, faucon inaccessible et dont le regard perçant surveille toutes les éventuelles proies. Il est seul, tout en haut de son monticule de roc. Grignoté par la solitude et la tristesse et pourtant muet, crachant sur les autres tous son venin, comme pour les empêcher de pénétrer sur son territoire. De peur qu’il le fasse chuter du haut de son empire. Pourtant, pour cette rouquine, il serait prêt à descendre de son piédestal, de la prendre sur ses épaules et de lui faire découvrir son monde vu d’en haut. Il cille.

La rage. Il la sent monter en puissance, grimper les échelons. Elle est fragile. Il est un monstre. Capable de la briser en un coup de crocs. Capable d’arracher son cœur sans la moindre pitié. Vraiment ? Il la regarde, se concentre sur le rose de ses joues, glisse sur celui de ses lèvres. Une sensation brève dans son estomac, un éclair, intense. Son regard d’ambre croise le sien et il rougit légèrement. Et cette sensation d’être complètement stupide revient comme une claque alors qu’il se mord l’intérieur de la joue. Il a perçu la crispation, infime de ses mains sur son corps alors qu’il la détaillait. Il devine sans réel effort la raison de son trouble. Et la rage redouble, grogne dans son ventre. Sa mâchoire se contracte. Un nouveau grondement de tonnerre, plus rapproché. La nature appelait la pluie. Il croit voir les oiseaux tourbillonner comme les indiens autour du feu dans les films de cowboys. Il croit entendre les brins d’herbe murmurer une ode aux pleurs du ciel. Il ferme les yeux, inspire profondément cet air chargé de toute la colère et tout le chagrin d’un univers entier. Des frissons d’excitation courent sur sa peau alors qu’une bourrasque vient les fouetter en plein visage. Les orages, c’était son élément. Alors que tous fuyait, lui, il savourait. Ça le rendait, dingue, euphorique, puéril. Il redevenait un gamin alors que les flots se déchainaient. Il en a passé des nuits à regarder le ciel alors que l’eau ruisselait sur son visage. Puis une goutte qui vient s’écraser sur le bout de son nez. Une autre qui roule sur sa joue. Ça bouillonne en lui. Ça l’électrise. Ses iris d’azur se posent sur le visage de la jeune fille qui ne semble pas enchantée. Carrément pas. Son cœur a un pincement.

Il l’envoutera. Il l’initiera à la magie de la pluie. À mesure qu’il retire sa veste, un sourire de plus en plus lumineux vient éclairer son visage. Il la pose alors sur les épaules de Charlie, murmurant un « prends-en soin » avant de se mettre à courir au milieu du chemin, en écartant les bras. Et il court, il court entre les arbres alors que la pluie s’intensifie. L’eau ruissèle sur ses cheveux, vient arroser son visage d’imbécile heureux. Il a envie d’enlever sa chemise, de sentir pleinement le martèlement des goutes sur sa peau.  Pourtant, il retourne vers Charlie et attrape ses mains avec douceur. « Charlie, fais-moi danser ! » Il a presque crié. Le bonheur roule dans ses veines comme une horde de chevaux lancée au galop. Et il la regarde. Avec une intensité presque démentielle. Avec au fond des prunelles, le plus beau ballet d’étoiles de tous les temps.

If the rain must fall
If I lose it all
It won't matter much to me
If I had you

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MessageSujet: Re: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockDim 30 Mar 2014 - 12:08



IT'S ABOUT LEARNING TO DANCE IN THE RAIN


J’allais enchaîner le plus naturellement du monde. Comment se passe ton intégration ? Quelle classe déjà ? Tu t’es bien repéré dans le pensionnat ? Moi il m’a fallu des semaines pour y arriver. Heureusement que Gautier m’a tout montré. Mais je perçois une ombre rosée teinter ses joues. Je me bloque un instant, persuadée que j’ai halluciné. Naan. Impossible. Tu divagues, Charlie.

Et cette fois, je l’ai entendu. Une forte distraction. Loud and clear. L’orage qui gronde et électrise mes sens. La nature fébrile, son odeur particulière, même moi je la sens : cette atmosphère particulière. Alors que tout ce que j’aime lorsque les éclairs déchirent le ciel, c’est d’être bien à l’abri chez moi. Seth semble s’illuminer.
Une goutte puis deux. Je lève le nez vers le manteau grisâtre qui nous surplombe avec arrogance. Une main se tend pour accueillir l’eau qui s’annonce dévastatrice. Comme si j’avais besoin de m’assurer que je n’hallucinais pas cette fois. Et non, c’est bien réel. Chouette. On ne va pas échapper à la saucée. Si encore c’était un orage d’été, mais non. Même pas. C’est froid. Et je n’aime pas ça. L’envie de rentrer me mettre à l’abri comme ces chats peureux me démange les gambettes.

Mais Seth ne semble pas du même avis. J’accueille sa veste sur mes épaules et en attrape le col d’une main pour qu’elle n’échoue pas au sol. Et je l’observe. Sceptique, intriguée.
Mais qu’est-ce qu’il fait ? Il s’élance à corps perdu, zigzague entre les arbres. Ses bras appellent un peu plus de pluie et elle semble lui obéir. Des trombes d’eau s’abattent. J’hésite un instant à mettre sa veste au-dessus de moi, mais ces quelques secondes suffisent à me tremper des pieds à la tête. Mon idée est jetée aux orties. Et je rentre machinalement ma tête entre mes épaules, mais reste immobile à le regarder s’amuser sous la pluie, me contentant de m’ancrer dans le sol qui devient glissant.

Et mes pommettes se relèvent, rieuses. On dirait un gosse qui a été interdit de sortie depuis des lustres et qu’on vient juste de libérer. Si on m’avait dit qu’il pouvait avoir un visage pareil, je ne l’aurais pas cru. Parce que Seth a quelque chose de… prédateur, carnassier. Mais je me faisais peut-être des idées. Décidément, je ne peux plus faire confiance à mon instinct.

Et il revient à la charge. Un pas en arrière, je l’accueille en pouffant légèrement de rire face à ce spectacle touchant. Mais il me saisit les mains et hurle presque de le faire danser. Sa demande me surprend, mais comment lui dire non alors qu’il semble me supplier, me dévorer.

C’est qu’avec ces torrents d’eau qui cognent contre chaque paroi qu’ils rencontrent, on ne s’entend presque plus. Alors pas de soucis pour inventer un rythme basé sur tout ça. Je ne réponds rien, me contentant de sourire, de lâcher ses mains pour enfiler convenablement sa veste. Et nous voilà partis pour un ballet sous la pluie.

J’exagère chaque geste, théâtrale. Me mets en première position. Révérence. Puis je reprends ses mains, l’une dans la mienne, l’autre que je guide dans mon dos, mais impose une distance raisonnable. 1-2, 3. 1-2, 3. 1-2, 3. Une valse incongrue. On tournoie sans difficulté pendant quelques longues secondes. Puis je change vite de rythme. Je me rapproche, tends nos bras, indique d’un regard la tension qui va suivre. Tango please. Mon corps se décale sur son côté droit. Contact. Mais nous restons face à face. Mes jambes jouent une passe, guidées par un bassin tonique. Ça doit paraître bien ridicule de faire ça en basket. L’élégance des talons est indiscutable pour ce type de danse. Puis je le guide. Droit devant. Ma main sur le haut de son dos lui intime de rester bien droit. Je ris. Je me défais un peu de lui. Exécute le même mouvement, avant de lâcher une main et de m’éloigner en une petite pirouette. Il a le réflexe de me retenir du bout de la main, puis de me faire revenir. C’est qu’il y aurait du potentiel. J’éclate de rire, avant de lever nos mains et de tourner autour de lui. Puis je le lâche complétement pour revenir me poster à sa gauche.
On change à nouveau. Une main tente de dégager les cheveux qui dégoulinent sur mon visage. Et je ris de plus belle.

__ Danse en ligne, maintenant. On va avoir la classe.

Un clin d’œil rieur. Sauf que ce n’est pas très conventionnel tout ça. Un peu de country et un peu de charleston, un peu de kuduro. Je mélange un peu les genres sans vraiment lui expliquer. Je lui montre juste les pas. Impose un tempo qui n’existe pas.

__ Allez libère ton trésor. C’est comme la course, ne prend pas le temps de fixer tes pieds au sol. C’est pas grave si ce n’est pas le bon pas. Va juste au moins dans la bonne direct…

Choc. J’allais à droite, il allait à gauche. Il me rattrape dans un rire communicatif. Je chope ses mains et enchaîne direct. Nos bras se tendent à nouveau entre nous pour rien de sérieux. C’est censé ressembler à de la salsa. Il tente d’imiter mes mouvements. Mais c’est sûr… l’élégance d’un âne sur la glace, c’est plutôt bien résumé. Je contiens mes moqueries derrière mes sourires. Puis je me rapproche à nouveau. Levons nos bras au-dessus nos têtes, puis juste derrière, ça redescend sur nos nuques respectives.
Et on tournoie à nouveau comme ça tout en se fixant, avant que je ne relâche ses mains…


#ff6633
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockDim 30 Mar 2014 - 15:15



UNDERGROUND

feat : Charlie

Un sourire. Un sourire qui parle plus que tous les mots qu’elle aurait pu employer. La veste de cuir déjà couverte de pluie se glisse sur ses épaules, lourde, massive, masculine. Il se sent perdre pied. Cette veste, elle est plus précieuse que beaucoup de chose en ce monde. Cette veste, il déchire quiconque ose la toucher. Pourtant, il lui avait donné sans réfléchir. Cette veste s’était abimée avec lui, le cuir craquelé par l’usure et la haine alors que sur elle, elle semblait reprendre vie. Un coup de massue qui brise son crâne. Ça le brûle, à l’intérieur et la pluie glacée n’arrive pas à éteindre l’incendie alors que ses mains viennent enserrer les siennes. Il déglutit. Son dos, sa main. Les pas, il les connait. Il les enchaine sans trop de difficultés.

Parce que Seth est un menteur.
Parce que Seth a appris à danser auprès de ses sœurs.

Changement de rythme. Son regard devient fiévreux alors que la distance les séparant se réduit. Il n’entend plus l’orage qui fracasse. Il a l’impression que les gouttes de pluie qui se déposent sur lui se transforment aussitôt en vapeur tellement il a chaud. Contact. Il se mord la lèvre mais ne décroche pas son regard de celui de la rouquine. Il se sent loin, tellement loin de tout. Il n’y a qu’elle, qui danse tout près de lui. Il n’y a qu’elle et son rire qui électrise un cœur qu’il croyait détruit. Ses jambes bougent sans vraiment savoir ce qu’elles font, son esprit totalement endigué par le spectacle que cette femme lui offre. Et le contact se brise. Douleur. Ce n’est que du bout des doigts qu’il la retient et c’est avec une force peut-être un peu trop excessive qu’il la fait revenir à lui. Comme pour combler le manque qu’elle venait elle-même de former. Comme pour recréer ce qu’elle venait de détruire en s’éloignant de lui. Elle le nargue en tournoyant ainsi, disparaissant et réapparaissant ainsi à son regard. A-t-elle seulement conscience qu’elle ne fait que réveiller les instincts bestiaux qui sommeillent dangereusement en lui ?

Impassible, il regarde ses lèvres bouger sans comprendre le moindre mot, absorbé par son sourire et l’eau qui ruissèle de ses cheveux flamboyant pour s’écraser sur sa veste de cuir beaucoup trop grande pour sa frêle silhouette. Troublé, il essaye de suivre les mouvements qu’elle exécute mais se mélange les pinceaux. Il comprend pourquoi elle a dit ne pas aimer l’esprit de la danse, disons de haut niveau. Elle est non conventionnelle. Outstanding. Loin de toutes les exigences que ce monde impose. Libre. Digne de porter cette veste, en définitive.

Choc. Il la rattrape et laisse échapper un rire, nerveux. Mais elle ne lui laisse pas le temps de reprendre son souffle. Elle l’empêche de respirer. Son corps, à une distance, si peu raisonnable, l’empêche de réfléchir. Il se laisse guider, se soumettant aux soins de cette reine, s’accrochant à ses prunelles comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. Puis soudain, la chaleur de ses mains dans sa nuque, ses doigts dans ses cheveux. Son cœur rate un battement. Mais plus que ça, son cœur bat. Il ne bat pas à cause de l’adrénaline d’un combat, parce que ses muscles ont besoin d’être alimenté pour se préparer à la fuite mais bien à cause de quelque chose dont il refuse de connaitre le nom.

Balançant son poids sur son appui, il fait descendre ses mains jusqu'à ses reins et dans un demi-tour artistique, la renverse. Comme il l’a vu faire parfois, à la télévision. Comme il a toujours voulu le faire, dans des rêves secrètement gardés, sans jamais avoir trouvé la cavalière adéquate. Son nez frôle presque le sien. Il dévore son souffle. Il savoure son odeur, mélangée à celle de la pluie. Oh, une odeur si suave, si tentatrice. Ses yeux viennent à nouveau capter les siens. Les gouttes de pluie s’accrochent à ses cils d’encre. Et dans le fond de ses iris d’azur, un tourbillon. De joie, tendre. D’impétuosité, virile. De désir, sauvage.

Lentement, il la relève, collant toujours son corps contre le sien dans un besoin presque vital. Comme si, en ouvrant les bras, elle risquait de s’envoler telle une plume dans la tempête. Comme si, en brisant cette étreinte, il risquait de la perdre. Levant les yeux vers le ciel, il contemple quelques secondes le gris sombre des nuages qui lui semble pourtant plus vif qu’un ciel arrosé de soleil  en été. Il se met alors à trembler, resserrant l’étreinte de ses bras autour de Charlie. Son cœur - dans lequel viennent se planter les racines de l’arbor Dianae tatoué sur son torse - bat tout contre le sien. Sa tête bascule alors, collant sa tempe contre la sienne, ses lèvres à quelques centimètres de son oreille, susurrant un simple « merci » étouffé, empli de toutes les sensations qui s’agitent en lui à cet instant. Et il ne bouge pas, l’englobant dans sa silhouette massive, lui offrant un havre. Un abri. Contre la pluie. Contre la douleur. Contre la violence.

Un féroce dragon.

Posté entre son trésor et les aventuriers.

Venus pour le tuer et s’en emparer.
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockLun 31 Mar 2014 - 12:39


Sa main. Je l’ai senti se frayer un chemin jusqu’à mon échine. Et d’un coup d’un seul… Oh merde. Il m’emporte, me renverse comme si je n’étais rien de bien compliqué à gérer. Comme un vrai partenaire de danse. Je m’accroche machinalement à ses bras sous la surprise. Crispée un instant, mes muscles se détendent l’instant d’après, comme convaincus qu’il ne me laissera pas tomber.

Alors que j’avais mené la danse en toute insouciance jusque-là, je me sens bien petite, faible, à sa merci. Il fallait être aveugle pour ne pas sentir le désir refoulé dans cette soudaine proximité. Je souffle, mes lèvres s’entrouvrent, je déglutis puis tout se bloque. Ma respiration, mon cœur. Juste une seconde alors que nos nez se rencontrent à peine, que ses yeux retrouvent les miens. Tension.

Je reste statufiée, attendant que mon sort ne soit décidé par un autre. Et ça ne me ressemble pas. Moi qui d’ordinaire aurait peut-être même fait l’autre moitié du chemin, sous la pulsion, l’envie, le besoin d’affection. Mais les conditions n’y sont pas. Mon esprit n’y est pas non plus. Aucune vague de chaleur, juste du trouble. Parce que je ne suis capable que de ressentir ce qu’il laisse transparaître. Et je me trompe d’ailleurs peut-être alors qu’il me relève.

Étreinte. Il ne me relâche pas pour autant. Au contraire même. Sa force d’homme et sa faiblesse d’être m’assaillent, m’enveloppent tendrement. Protecteur. C’est tout ce qu’une femme aime, ce qui fait chavirer les cœurs. Mais encore une fois, je ne bouge pas. Presque pas. Une main sur son torse, je tente de lever la tête vers lui, mais seuls mes yeux ont cette liberté de mouvement. Je devine un tatouage, glisse sur son cou et m’arrête à sa mâchoire. Et il bouge. Frémit. « Set… » Mon inquiétude naissante se stoppe lorsqu’il abandonne un remerciement dans mon oreille. Je ne dis rien.

Alors c’est à ça que ça ressemble lorsque les rôles s’inversent ? Lorsque c’est un autre qui a plus besoin que soi. Mon esprit divague sur l’image de Heath un moment. Je déglutis. C’est sûr, c’est perturbant. Et oui, je pourrais tout à fait y répondre. Laisser l’alchimie s’insinuer entre Seth et moi. Comment résister à une telle aura ? Une allure aussi masculine ? Comment je fais pour ne pas être tentée de succomber à son contact ? He's my type after all.

Et c’est à ce moment que je comprends déjà qu’un poids vient de se lever. Je n’ai plus peur. Il me touche et je n’ai pas peur. Je réalise que c’est le cas depuis quelques temps, sauf qu’avec les garçons de la bande, c’est redevenu lentement habituel -dans ma normalité- que je n’ai pas prêté attention. Mais lui, l’étranger s’est permis de s’approcher, sous couvert d’une complicité naissante. Il participe subtilement à ma reconstruction. Une pierre de mon édifice.

Et c’est un grand pas pour moi. Je vais peut-être réussir à redevenir pleinement moi-même. Je souris. Me décale d’un pas en arrière pour mieux lui faire face, forçant légèrement sur ses bras. Je chope son regard.
__ Merci à toi aussi…
Je laisse flotter mon début de phrase comme pour sous-entendre que cela représente bien plus pour moi. Mais on ne se refait pas.
__ Merci pour cette danse ou plutôt ces danses. Et merci de jouer les parapluies. Mais à ce train-là, tu vas attraper la mort. Je m’en voudrais d’être responsable d’une telle chose…

Mes lèvres s’étirent un peu plus rieuses. Mes traits ironisent, sans gêne. Puis je retire sa veste qui avait le mérite de me tenir chaud et la lui dépose sur ses épaules carrées. Une nouvelle main dégage ma frange trempée et rebelle. Je soupire doucement. Ces cheveux auront ma peau.

__ Tu ne continues quand même pas ta course, si ? Ou on pique un sprint vers les bungalows ? Mais attention, je ne veux pas de traitement de faveur. Je suis sûre que je peux te battre.

Oui oui, j’y crois dur comme fer. Alors que je suis plutôt du style à me rétamer sur la ligne d’arrivée, mais bon, ça personne n’est censé s’en douter.


#ff6633 gngngngn
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND.   UNDERGROUND. 1400359500-clockSam 12 Avr 2014 - 13:19



UNDERGROUND

feat : Charlie
THE STORM YOU LEAVE IN MY HEART

Sa main. Sur toute sa douleur. Ses secrets. Son fardeau. Ses espoirs et ses erreurs aussi. Et par ce contact, quelque chose semble éclore. Doucement, comme les pétales d’une fleur découvrant un cœur rempli de nectar. Comme le souffle d’une sirène porté par les embruns. Comme la caresse du soleil les après-midi de printemps. Et sous cette pluie torrentielle, il se sent presque apaisé.

« Merci à toi aussi… » Murmure-t-elle en se libérant de son étreinte. Comme s’il devait y voir quelque chose de sous-entendu. Comme s’il devait capter tout le mystère qui pèse sur ces quelques mots suspendus en cette journée pluvieuse. Mais, non finalement. Elle complète sa phrase tandis que Seth’ sourit légèrement puis laisse éclater un rire franc. On dirait ma mère. En beaucoup plus séduisante néanmoins. Et dans cette délicatesse féminine qui les caractérise toute, elle repose le cuir sur ses épaules trempées. Il la remercie d’un signe de tête bien qu’il n’en ait pas vraiment besoin.

« - Tu ne continues quand même pas ta course, si ? Ou on pique un sprint vers les bungalows ? Mais attention, je ne veux pas de traitement de faveur. Je suis sûre que je peux te battre. » Il hausse un sourcil. La voilà bien sûre d’elle. Mais très bien, il se pliera au défi. « Bungalow 1, si je ne m’abuse… » C’était marqué bien en évidence, dans son carnet, juste à côté de son prénom calligraphié avec application, il s’en souvient parfaitement. « - Si mademoiselle veut bien se donner la peine. » Dans une révérence, il lui ouvre le chemin avec un sourire taquin. Qu’elle prenne un peu d’avance, car il parvient difficilement à se contrôler quand il s’agit de courir. Si ça ne tenait qu’à lui d’ailleurs, il serait encore en train de courir comme un abruti. Les gouttes glacées lui martèleraient le visage mais il s’en foutrait. Ce n’était que dans ces moments qu’il se sentait vraiment libre. Qu’ils se sentaient vraiment libres. Parce que Seth courait dans le jardin, sous l’arrosage automatique pour amuser sa sœur. Puis pour faire chier ses parents. Et petit à petit, c’est devenu sa seule échappatoire, les gens étant réticent à le poursuivre entre les éclairs qui déchirent le ciel et le tonnerre menaçant qui vrille les tympans. La vie de Seth est une tempête. Décousue. Menaçante. Un mélange de beauté suprême et de frayeur viscérale.

Or le vagabond est fatigué. Abimé par toutes ces années à errer sans réel but. À s’accrocher à des morceaux du passé qui le brûlent plus qu’ils ne lui permettent d’avancer. Comme une cicatrice qui se referme pour mieux se rouvrir et déverser son poison. Il voudrait trouver. Trouver cette force qui lui permettrait d’abandonner tous ces ressentiments. Quelque chose qui lui ferait sortir les cauchemars de sa sœur de sa tête. Il ne vit pas pour lui, il vit pour elle. Comme si c’était lui qui aurait dû mourir. Comme si son existence ne valait rien. Alors il tue son cœur. Il l’annihile. Parce que chacun de ses battements le dégoûte.

Et il court derrière elle, regardant ses cheveux roux se balancer au rythme de ses foulées. Il la poursuit comme un prédateur convoite sa proie. Il ne la lâche pas du regard. Malgré la pluie. Malgré sa poitrine qui l’irradie. Elle est son souffle. Elle est cette flamme qui le guide peut-être hors du tunnel où on l’avait jeté. Mais ça, Seth n’en a certainement pas conscience.

Désolée du retard. ^^'
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