Wind of change is coming. | Scott Newton

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« Et la barrière va s'effondrer, la page sera tournée. »

Il avait été emporté par les émotions qui l'avaient submergé. Il avait fuit. Il était resté en retrait, il avait oublié un instant tout ce qui le rapprochait de ces gens. Comme avant. Pourquoi cette soudaine crise de panique, s'était-elle manifestée pour préserver ce nécessaire « instinct de survie ? » ou juste par fierté ? Estefan était devenu incertain. Depuis combien de temps n'avait-il plus lu un ouvrage ? Il n'était pas si asocial que cela, et pourtant il se sentait différent. Où en était la raison ?

Trop de questions. Pas de réponses. Il relevait la tête vers le ciel dégagé d'une douce journée de printemps. Le vent le frôlait et soulevait ses cheveux blonds quasiment blancs. Ça le faisait pensé à chez lui. Son pays. Là-bas aussi, il devait certainement faire doux à présent, la neige ayant petit à petit disparue. Il n'avait pas encore reçu de courrier, mais il imaginait que ses parents devaient être assez occupés avec le cadet qui n'avait pas réussi ses examens à la perfection. Comparé à lui, le cadet des Hersteinn était devenu quelque peu turbulent. Il fallait bien que l'un fasse le jour et l'autre la nuit. C'était ainsi.

Estefan restait assit, n'ayant pas la moindre envie de bouger, plongeant à présent la tête dans ses genoux. Dans le noir. Dans le silence. Il bougeait légèrement, pour entendre un petit bruit de papier effrité. Ses réglisses. Il ne mangeait que ça en ce moment. Certainement pour oublier. Des manies qu'il avait gardé depuis tout jeune, du moins, d'aussi loin ses souvenirs remontaient. Cela avait toujours été un purgatoire, toujours. L'islandais soupirait. Il en avait marre des « toujours », des « c'est comme ça. ».

Il se relevait doucement, accroché à la rambarde de laquelle il tournait le dos. Il se retournait et tout en fixant l'horizon, il passait ses mains dans les poches, fouillant après un bonbon pas encore déballé. Les poches de son pull ouvert blanc étaient devenues de vraies poubelles à papier de réglisses. Si cela continuait comme ça, il finirait par en faire une crise de foie, que sais-je. Il arrachait l'emballage, tentant de retenir un flot sur le point d'envahir son regard bleuté. L'océan qui pleure. L'océan inexpressif qui hurle à la tristesse, mais qui se tait. Il fermait les yeux et le bonbon se mit à fondre dans sa bouche, lentement.

« Je fais pitié. »

A ce moment précis, la porte derrière-lui s'ouvrait. Ne t'inquiète pas, Estefan. Le vent du changement approche.

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Hey dude, don't be sad

Nouvel objectif : le toit. Après avoir visité divers lieux du pensionnat à l'aide d'Hercule, il m'en restait quelques uns dont le toit. Il doit y avoir pas grand chose à voir. On m'a dit que je croiserais sûrement des dépressifs à la recherche d'un peu de solitude. Erm. Au début, ça m'a tout de suite moins emballé. Puis j'ai pensé : et si je rencontrai une jolie demoiselle en détresse ? Tout de suite, cette pensée m'a remotivé.

Le printemps vient juste d'arriver. Les températures sont douces, sans être ni trop chaudes, ni trop froides. Je m'habille rapidement. Une écharpe, un tee-shirt manches longues avec l'imprimé « parental advisory explicit content », un pantalon noir et des nike blazer noires. En bon narcissique, je m'observe dans le miroir deux bonnes minutes en me complimentant sur mon apparence. Je me recoiffe, m'envoie un sourire à travers le miroir. J'espère qu'elle est belle, ahaha.

Je traverse la pensionnat rapidement. Mes pensées sont tournées vers une possible rencontre. Ça se trouve, je me fais des films. Y a peut-être personne sur le toit. S'il y a personne, je rentre chez moi. Si c'est un mec... ça dépend quelle tête il a. Je grimpe les escaliers menant au toit quatre à quatre. Au pire, j'aurai une belle vue sur le pensionnat. Si le toit est assez grand, je pourrais peut-être essayer de faire du vélo dessus. J'ai des idées bizarres parfois. À cette pensée, je rigole tout seul. Je vérifie qu'il y a personne autour de moi qui m'ait entendu. Heureusement, y a personne, sinon on m'aurait pris pour un débile.

J'ouvre la porte qui donne sur le toit. Déception : c'est un mec. J'aurais pu repartir discretos si j'avais été plus discret en ouvrant la porte. Tant pis. Je m'avance à la rencontre de cet individu. Il est près de la rambarde. Peut-être que c'est un suicidaire qui veut sauter. Ah non, je veux pas être témoin de ça.

- J'espère que t'as pas envie de sauter parce que sinon je me casse.

Compassion : 0. Perso, je comprends pas qu'on soit dépressif. J'ai jamais été dépressif. Encore heureux. Je me mets à côté de la personne, m'appuyant sur la rambarde, et me retient de lancer ce commentaire cliché des films « La vue est belle. » Parce que la vue est tout, sauf belle. Je suis un peu déçu. Surtout que le mec a l'air bizarre avec ses cheveux blancs et ses yeux bleus. Nan, quoique, j'aime bien la couleur de ses yeux. Mais il a l'air d'un putain d'intello coincé. Je vais lui enlever le balai qu'il a dans le... bon ok, je me tais. Je tends la main, signe amical.

- Au fait, moi c'est Scott Newton.

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