This scientific is mad || PV Michael

Les cours étaient terminés depuis déjà un petit moment, et Warren errait sans but dans les couloirs de l'étage des E. Il s'apprêtait à sortir à l'extérieur du pensionnat, peut-être pour aller dans son dortoir, ou au parc, ou peu importe tant qu'il serait à l'extérieur. Un peu d'air frais lui ferait un grand bien, après tout ce stress accumulé durant la journée. Il marchait lentement en direction des escaliers, dans le but de les descendre prudemment — une chute était vite arrivée avec lui. Soudain, il se souvint avoir oublié un cahier dans sa salle de classe, car il avait bien l'intention de faire ses devoirs pour le lendemain — par contre, la qualité n'était pas garantie vue son intelligence. Il retourna vers la classe en question, avant de s'arrêter net en apercevant un garçon qu'il ne connaissait que trop bien. Il se plaqua immédiatement contre un mur par réflexe, de manière à ne pas être aperçu par lui.

Michael.

Parmi les E, un grand nombre d'élèves le persécutaient, le taquinaient ou le frappaient assez violemment, profitant de sa naïveté et de sa faiblesse pour se divertir. Ces personnes-là, Warren n'avait aucun mal à oublier et à pardonner le mal qu'ils lui faisaient. Ce n'était pas grave. Il avait l'habitude. Ce n'était pas de leur faute. Il méritait peut-être. Mais, Michael était une tout autre histoire. Un E rebelle — comme beaucoup d'autres — qui avait un intérêt particulier pour la science. Étonnant de sa part, car ce E ne le montrait absolument pas, comme s'il essayait de garder cette passion secrète pour son entourage. Cependant, Warren, lui, était au courant, simplement parce que le jeune homme s'était montré intéressé par le délégué à la seconde où il eut su qu'il avait la capacité de se transformer en phoque. Depuis lors, Michael n'avait qu'un seul mot à la bouche, un mot terrifiant qui faisait frissonner tout son être à son entente : dissection.

Les gens qui le frappaient, même sans cesse avec une grande violence, il les tolérait très bien ; par contre les gens qui voulaient le disséquer... non merci. Il jeta un coup d'œil pour voir si le scientifique fou l'avait aperçu, et apparemment, à son grand soulagement, ce n'était pas le cas. Doucement, il glissa le long du mur pour s'échapper sans un bruit, pour prendre la fuite même si cela signifiait que le cahier resterait dans la salle, comme pris en otage. Sa peau valait plus qu'un bloc  de papiers rempli de notes. Largement plus. Et sans s'en rendre compte, il se sentit tomber d'un seul coup dans le vide.

Assez idiot pour oublier que des escaliers se trouvaient là.

Il s'en sortit néanmoins sans membre cassé, seulement des égratignures à peine visibles. Faible, il était étonnamment solide et c'était la raison pour laquelle il résistait si bien au coup. Par contre, il avait vraiment fait un grand vacarme pendant sa chute.

Warren posa sa main sur l'une des marches de l'escalier, pour s'y appuyer et relever la tête. Même s'il n'avait rien de cassé, sur le moment, il sentait tout de même la douleur due à la chute, qui passerait au bout de quelques instants.

▬ Et bah alors, on sait plus marcher ? Si on allait vérifier ta coordination au laboratoire ? déclara quelqu'un.

Il ne lui avait pas suffi de beaucoup de temps pour reconnaître cette voix qu'il craignait. Dirigeant son regard lentement vers le propriétaire de cette voix, il eut peur de constater qu'il ne s'était malheureusement pas trompé sur l'auteur de ces paroles. Michael. Fuir. Il fallait fuir le plus vite possible tant qu'il en était encore temps. Mais, il ne parvint même pas à se lever qu'il se retrouvait déjà sur l'épaule de ce fou.

▬ GNIIIIIH À L'AAAAIDE ! hurla-t-il, sans que personne n'y prît finalement attention.

Il balança les bras dans tous les sens, dans l'espoir de s'accrocher à quelque chose, n'importe quoi tant que cela pouvait lui permettre de se sauver, de retenir son tortionnaire. Sans succès. Et sans s'en rendre compte, il se trouvait déjà dans le laboratoire du pensionnat, reconnaissant parfaitement les étagères remplies d'éprouvettes et les tiroirs où étaient rangé le matériel scientifique. Même lorsqu'il était seul, cette pièce avait le don de lui donner la chair de poule, avec toutes ces substances dangereuses capables de provoquer des explosions et tous ces instruments coupants et effrayants ; alors avec ce scientifique aux cheveux blancs, c'était bien pire. Ce dernier le posa enfin sur une table, le regardant d'un air insistant. Warren recula la tête, légèrement, crispé, figé, laissant juste apercevoir de légers tremblements le long de son corps.

▬ Dire  que tu n’arrêtais pas de me fuir, Homme-phoque. C’est dommage, hein ? Que dirais-tu d’une séance de dissection ensemble ? lui dit Michael en le regardant comme un carnassier.

Il pensait qu'il arrivait à ne pas montrer qu'il le fuyait, malheureusement pour lui, il n'était pas très adroit pour cacher ses intentions. Bien sûr que cela se voyait. C'était évident vues les réactions démesurées, dont il était spécialiste, qu'il montrait à sa simple vue. Tout en lui montrant ses yeux de chien battu, il se força à sourire légèrement, comme pour lui supplier d'arrêter d'un regard, tel une sorte d'appel en détresse de la part de ce fou. Dissection. Encore ce mot. Pour Warren, dissection signifiait couteau ; et les couteaux coupaient très bien — évidence. Un frisson parcourut son corps de haut en bas, sa respiration devint irrégulière. Son instinct de survie se déclencha d'un coup et lui ordonna de lui échapper le plus vite possible. Alors, il se retourna tout en se levant, son but étant tout simplement de sauter de la table et de partir en courant jusqu'à la porte. Ce plan aurait pu marcher, s'il n'avait pas posé son pied sur le bord du meuble pour ensuite le faire basculer avec lui et tomber lamentablement au sol. Cependant, même affalé par terre, il restait concentré sur sa fuite, rampa du plus vite qu'il put et se plaqua contre le mur le plus proche, bien éloigné de Michael. Tremblant comme une feuille, claquant des dents, le visage pâle et horrifié, il le fixait.

▬ Je... Je. Je suis trop jeune pour mourir ! bégaya-t-il.

Il se leva, doucement et toujours contre le mur, sentant que sa fin approchait à grands pas.

Dans la main de Michael se trouvait une sorte de petit couteau qu'il voyait parfois en cours de science, un scalpel plus précisément. Il couina à la vue de cet instrument tranchant qu'il redoutait tant.

▬ Voyons, je sais très bien manier ceci ! Faut pas croire, je me suis déjà ouvert le bras pour voir comment je pouvais faire pour me transformer en fumée. expliqua Michael.

Pourquoi est-ce que ce E venait de dire paraissait psychopathe ? Pourquoi avait-il de plus en plus l'impression d'être en compagnie d'un véritable fou ? Pourquoi se sentait-il de moins en moins en sécurité ? Ce n'était pas vraiment une mauvaise manipulation de sa part finalement qu'il craignait tant, mais la douleur, la vue du sang, la future plaie, le nombre de plaie qui allaient se trouver sur son corps lorsque le E aux cheveux blancs en aurait assez. À première vue, le jeune homme allait prendre un malin plaisir à disséquer différentes parties de son corps. Ledit jeune homme accompagna ses mots par un geste de la main, qui se voulait classe, mais qui lui fit au final une blessure au bras. Le cœur du délégué rata un battement, tandis que lui restait là, pétrifié de terreur.

▬ GNIIIIIIH ! hurla-t-il.

Lui, bien savoir manier cet outil ? Mensonge. Il venait de se trahir lui-même. Warren vit son camarade chercher du désinfectant et un pansement, et profita de ce temps mort pour trouver un moyen de sortir d'ici. Ses yeux survolèrent le laboratoire, les étagères, les différents tiroirs proches de lui, et la porte qui était située de l'autre côté de la pièce. Il se laissa glisser doucement le long du mur, beaucoup trop prudent pour tenter de traverser les lieux en courant et de se faire attraper par Michael. Cependant, il avait à peine bouger de 50 centimètres vers la droite que son tortionnaire revenait vers lui.

▬ Ouais, bon, vu comme ça, je suis pas doué, mais t'inquiète pas ! Au pire, si ca tourne mal, j'appelle une ambulance ! rassura Michael en pointant un lézard du doigt, qui se trouvait sur son épaule.

Et puis quoi encore ? Warren n'avait pas du tout envie de finir aux urgences juste parce qu'un fou voulait le découper en morceaux, ou pour n'importe quelle autre raison Si cela se trouvait, il allait devoir subir des piqûres pour être maintenu en vie... Quelle horreur... Mieux valait s'enfuir, encore et toujours. Malheureusement, son corps ne parvenait pas à exécuter ses intentions, et s'aplatissait encore plus contre le mur, le cœur accélérant son rythme cardiaque à cause de l'angoisse grandissante.

▬ Pour... Pourquoi...? questionna-t-il dans le vide.

Il ne voulait pas demander pourquoi une ambulance serait nécessaire, mais pourquoi autant de haine, pourquoi devoir endurer cela. Lui avait-il fait du mal  de manière non intentionnelle ? Peut-être, après tout il ne s'en souvenait plus avec sa mémoire déplorable. Alors c'était tout à fait possible.

▬ Allons, un amoureux de la science comme toi refuserait donc de donner son corps pour sa passion ? Je suis déçu… demanda Michael.

... Ou peut-être que Michael se trompait de personne, tout bêtement ?

▬ Je. Je ne suis pas... un amoureux de la science... Tu dois me confondre avec quelqu'un... héhé... déclara-t-il en émettant un petit rire nerveux.

Un sourire forcé s'esquissa sur son visage. Avec un peu de chance, son persécuteur stopperait toute action et le laisserait gentiment s'en aller en reconnaissant son éventuelle erreur. Mais, on ne savait jamais. Et là, Warren devait se protéger, même avec sa faiblesse légendaire. Pris par la panique, il se jeta sur le tiroir à proximité de lui, l'ouvrit violemment, saisit à son tour un scalpel et se retourna vers Michael. Tendant le petit couteau vers celui-ci — tout d'abord du mauvais sens, néanmoins il le prit du bon côté juste après —, il essayait d'avoir l'air ferme.

▬ Je. Je suis armé ! s'écria-t-il en bégayant.

Son corps émettait de légères secousses et quelques gouttes de sueur perlaient sur son front, détruisant toute forme de crédibilité de sa part. De toute manière, il était bien trop inoffensif pour réellement attaquer cet élève.