prince & princess — jude

One, two, three… One, two, three… Tournoyant dans sa petite chambre, le jeune prince était en plein entraînement pour le jour J. Il fallait être le cavalier idéal et pour cela Jude s'était préparé pendant trois jours. Mais qu'est-ce qu'un cavalier sans sa cavalière ? Le Bal de Noël était l’événement dont tout le monde parlait à Primsver, le petit prince ne l'aurai raté sous aucun prétexte. La fête et lui ne font qu'un, c'est l'une de ses raisons de vivre. Pour l'accompagner il lui fallait donc la fille parfaite à ses yeux. Il n'avait que l'embarras du choix à Primsver, les élèves était diverses et variées mais pour Jude le choix devenait vite restreint tant ses goûts étaient difficiles. Pour ne pas se retrouver seul lors de cette fameuse soirée il s'était constitué durant toute l'année une « A-list ». Dans cette liste apparaissaient toutes les demoiselles intrigantes, nécessitant donc une analyse qui déterminerait dans quelle catégorie le jeune homme allait ranger ces dernières.

Amelia Remington.

La première de liste, c'était la première qu'il avait remarqué mais dont il ne savait rien. Amie ou Ennemie ? Cette fille était un mystère à ses yeux. Curieux, il voulait en savoir plus.
La réponse positive qu'elle lui envoya le fit sourire, il allait donc enfin pouvoir analyser son énigmatique camarade.

Debout devant son miroir, Jude ajustait les dernier détails de son costume. Leur était arrivé, il était fin prêt. Pile à leur du rendez-vous, il frappa à la porte de sa cavalière impatient de découvrir Amélia sous un autre jour. La porte s'ouvrit et ce fût le choc.
La personne se tenant devant lui n'avait rien de la jeune fille qu'il avait l'occasion de voir en cours, c'était une femme qui se trouvait là. La robe rougeoyante qu'elle portait révélée à Jude tous les charmes de sa partenaire.

« Bonsoir, cher prince. » 

Sans pouvoir dire un mot, il lui tendit son bras pour l'emmener jusqu’à la petite cabane qui renfermait tous les plaisirs que le prince affectionnait.
Les D avaient remplis toutes les espérances de Jude pour cette nuit. Bien sur il ne l'avouerai jamais, cela reviendrai à dire que des gens pouvaient le surpasser dans un domaine.

Amelia qui s'était précipitait devant pour admirer le travail revint vers Jude. En lui attrapant le bras elle lui lança :

« Je veux danser. Je n’ai jamais pu mettre ce talent à profit avec un vrai cavalier, quoi de mieux qu’un prince pour inaugurer ? »

Ces mots étaient tous ce dont Jude avait rêvé. Amélia marqua très vite des points auprès du prince. Le sourire aux lèvres, il plongea son regard dans les yeux rubis de cette cavalière plus que plaisante.

« Je suis partant ! Mais avant de te montrer l'étendu de mes talents il faut que je te donne quelque chose »

Jude sorti d'on ne sait ou une petite boite qu'il ouvrit et qu'il tendit à Amélia. A l'intérieur se trouvé un bracelet dans le genre des bracelets qu'offre les américains lors des bals de finissant. Il avait vraiment pris du temps pour le choisir et aussi étrange que cela puisse paraître pour quelqu'un d'aussi subversif que notre prince, il était un peu stressé par la réaction d'Amélia face à ce cadeau.
Il accrocha le bracelet au poignet de sa cavalière et l'emmena au milieu de la piste de danse. Avec un regard malicieux qu'elle ne pouvait sûrement pas remarqué, il lui dit :

« Je vais te montrer ce que c'est que de faire vraiment la fête ».

Spoiler:

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Guidant sa partenaire sur la piste de danse, les mots qu'elle adressa à Jude ne furent que douce musique à son oreille :

« Mon prince, vous êtes de merveilleuse compagnie, je n’aurai su prendre meilleure décision pour cette soirée. »

Ses mots le touchèrent, d'un caractère plus qu'orgueilleux, Jude senti son assurance se renforcer comme par l'enchantement d'une fée l’entraînant alors dans une excitation intérieur presque irrépressible. En vérité ces mots le rassurèrent. Il ne connaissait finalement rien de cette étrange camarade et se sentait en légère position de faiblesse. Bien sûr il ne se l'avouerait jamais.
En tant que prince du mal, Jude veut savoir tout et sur tout le monde pour avoir une longueur d'avance. Il pourra donc, au cas où, utiliser ses connaissances pour frapper là où ça fait mal.

Dans le cas d'Amélia, son dossier était complètement vide. Elle était une vraie surprise pour le jeune prince. C'était la loterie, elle pouvait être le gros lot, le million de dollar comme elle pouvait être le lot de consolation, l'Histoire du poisson-panné de 1932 à 1935 en deux volumes.

Finalement cette fille comblait toutes les espérances de Jude. Elle était énergique et semblait savoir exactement où elle voulait aller. Sa voix bien que douce, avait une petite touche d'impertinence faisant, à chaque mots prononcés, apparaître un large sourire sur le visage de Jude.

« Dansons »

lança-t-elle. Il s'était entraîné sans relâche pour ce moment et il était prêt à faire valser la fille aux yeux d'un rouge envoûtant.

« Vous ne m'en voudrez pas si je pose ma main là ? »

Sans vraiment attendre de réponse il prit la main d'Amélia et posa l'autre à sa taille. Il l'entraîna lentement dans la danse sans jamais la quitter du regard.

« J'aimerai en apprendre plus sur vous ce soir ma chère. »

Jude était attiré d'une façon assez étrange à cette personne sans savoir trop pourquoi. Il était donc décidé à compléter le profil du premier nom de sa " A-list " pour comprendre ce qui rendait cette fille si impressionnante à ses yeux.
Il se concentra pour chercher par où commencer, quelle question allait-il poser à cette ravissante camarade ? La première était la plus importante bien sûr, il fallait taper dans le mille pour accrocher la cible et ainsi faire en sorte qu'elle déballe un maximum d'informations sans s'en rendre compte. Jude était en général assez chanceux même s'il est vrai que certaines personnes arrivaient à se braquer en se voyant questionnée.

Étrangement aucune idée ne lui vint, comme si Amélia avait un pouvoir qui embrouillait l'esprit pourtant limpide de Jude. Il eu finalement une idée. D'un ton inhabituellement sérieux il lui demanda simplement :

 « Qui es-tu, Amélia ? »

 

La réponse que lui fit Amélia le rendit perplexe. 

« Je suis moi. »

Le léger sourire qu'elle avait affiché en formulant cette phrase rendit Jude encore plus curieux et attentif à la suite de sa réponse. Il s'attendait à connaître le secret de cette jeune femme si intrigante. Amélia ne se dévoila pas mais répondit de la meilleure façon qui soit.

« C’est ça le secret, mon prince. Personne ne pourra jamais me cerner - ce serait bien trop simple, pas vrai ? »

Le prince ne pouvait pas rêver mieux, il avait en face de lui une adversaire très coriace. C'était l'une des rares qui n'était pas tombé dans son piège, il l'admirait pour ça. La seule qui avait réussi avant Amélia c'était Delphia, le double féminin de Jude, la seule personne en qui il avait une confiance aveugle. A cet instant Amélia lui faisait penser à son amie, c'était un nouveau bon point pour la ravissante cavalière.

Bien que ses paroles restaient énigmatiques, Amélia c'était livrée à Jude peut-être même sans le savoir. Elle avait posé sa tête sur l'épaule du prince et c'est ce petit geste qui lui fit ouvrir les yeux. Jude la sentait forte mais à la fois tellement fragile. Il prit conscience qu'Amélia pouvait facilement être brisée et étrangement cette idée le rendait fou. Lui qui avait toujours ressenti du plaisir en voyant et en faisant souffrir les autres, il ne pouvait pas accepter que cette fille soit blessée. C'était sûrement égoïste de sa part mais si elle venait à être à terre, il ne pourrait plus l'étudier comme il le souhaite, elle deviendrait banale à ses yeux. Elle était bien trop intéressante pour tomber dans la banalité. Jude se promit alors de ne pas lui faire de mal.

Jude étant dans une profonde réflexion, n'entendit presque pas Amélia qui continuait à lui parler. Elle ne s'était probablement pas rendu compte dans quel état second se trouvait le prince.

« Je peux te dire des choses sur ma vie si ça t’intéresse, mais je ne suis pas certain que ça réponde à ta question. Alors permets-moi de te la retourner. »

Il réussi à se ressaisir avant que la jeune femme ne rende compte de rien. Il la regarda avec un large sourire et lui répondit :

« Je suis très curieux, tout sur toi m'intéresse. Bien sûr tu as le droit de ne pas te dévoiler à moi. Qui suis-je pour exiger cela ? »

Il continua et prit un petit air théâtral : 

« Tu veux en savoir plus sur moi ? Je suis une ombre. J'ai une influence destructrice et invisible. Bien sur j'exerce ce pouvoir sur des cibles bien précises. Ne t'inquiètes tu n'en ai pas une, si c'était le cas nous ne passerions pas un si bon moment ensemble. »

Il prit un air plus sérieux. Il avait envie de lui dire mais était-elle prête à se confronter à la folie du jeune prince ? Il se lança finalement 

« j'ai un objectif bien précis. Je veux destituer le Ranker de son piédestal et m'asseoir sur son trône ».

Ce rêve en avait déjà fait rire plus d'un alors une de plus. Il avait juste eu l'envie soudaine de partager ça avec elle même si il ne s'attendait pas à être compris, c'était l'envie du moment.

Tout en continuant à la faire valser, son regard restait figé sur les lèvres d'Amélia en attendant ses prochains mots. Allait-elle avoir peur à présent ?

« Décidément cette petite me plais de plus en plus » se disait-il en restant figé sur les yeux d'Amélia. Elle avait touché le prince droit au cœur. Elle ne l'avait pas jugé et l'avait même conforté dans sa décision de devenir le plus fort. La jolie brune ralenti le pas et part un léger signe de la tête, emmena Jude près du buffet et lui tendit une boisson.

« À la meilleure soirée et rencontre de ma vie. Tu ne m’as pas menti, tu es quelqu’un de vraiment intéressant. Je suis très curieuse au sujet de cette influence, tu pourrais m’en dire davantage ? »

Il était la meilleure rencontre de sa vie ? Pourtant il n'était pas la personne la plus estimable et cela il le savait très bien. Cette fille avait donc des goûts très particuliers. « Tant mieux » se dit-il.

Il leva son verre avec un immense sourire et trinqua avec sa partenaire. Jude avait l'impression d'être pris à son propre jeu, c'était maintenant elle qui lui soutirait des informations. Étrangement ça ne le dérangeait pas, il n'avait pas l'habitude de se livrer mais avec Amélia il n'avait pas l'air d'avoir peur. Il se lança donc : 

« Je ne suis pas quelqu'un de très apprécié de mes congénères. C'est sûrement parce que j'aime assez mettre des bâtons dans les roues de tout le monde. Tu trouveras peut-être ça malsain mais j'aime faire éclater les groupes « d'amis », c'est un de mes jeux favoris. »

Allait-elle le comprendre avec cette seule explication ? Jude senti qu'il devait en dire plus pour être sûr qu'elle le cerne bien. Il ne voulait pas qu'elle se fasse une fausse idée de ce qu'il était, il voulait savoir si malgré cette personnalité destructrice elle allait continuer à l'apprécier.

« Mon influence c'est ça. Je déteste l'hypocrisie et les faux-semblants. Quand je prends un groupe pour cible, c'est pour montrer au grand jour la fausseté de l'amitié qui les unissaient. Je n'ai encore jamais failli à ma tâche , cela prouve bien que l'être humain est faible. Et toi qu'en pense tu ? »

Il craignait d’avoir plombé l'ambiance mais d'un autre côté c'était elle qui lui avait demandé de se livrer un peu plus et c'est ce qu'il avait fait.

Elle avait un air assez étrange au moment où Jude termina sa phrase. Était-elle surprise ? Allait-elle le craindre désormais ? Jusqu’à maintenant elle avait supporté ses bizarreries et ne lui avait fait aucune remarque négative. Bien au contraire elle s'était montré plus que charmante avec celui qui s'était toujours considéré (avec fierté bien sûr) comme un être détestable. Tout ça allait-il s'arrêter désormais ? Jude attendais avec impatience la prochaine intervention de sa camarade, il allait enfin savoir s'ils étaient tout deux sur la même longueur d'onde.
La réponse de la jeune femme fut, une nouvelle fois, plus que satisfaisante.

« Je partage ton avis. J'espère que cette observation de la fausseté des gens rendra notre relation sincère. »

Une relation sincère ? Ça il ne connaissait pas, ce genre de chose était assez loin de sa perception. Bien sûr il y avait Delphia sa moitié, sa jumelle d'âme, son tout avec qui il avait partagé chaque moments de sa jeune vie. C'était bien une relation naturelle mais elle n'avait rien a voir avec les liens qui commençaient à se tisser entre le prince et Amélia. Avec Delphia tout c'était fait naturellement, sans vraiment se le dire ils savaient tous les deux qu'ils ne se quitteraient jamais, c'était une évidence. En revanche avec Amélia c'était nouveau, ici il y avait une sorte de jeu, un challenge à relever. Jude devait apprendre à faire confiance sans se méfier, ce qu'il n'avait jamais vraiment fait. L'idée de pouvoir se faire démasquer le fit frissonner. Il ne supporterait pas la chute. Cependant la tentation était trop forte, Amélia était bien trop captivante pour tourner le dos à une telle relation.

« Je me considère pas comme plus forte que les autres, bien que j'essaie de le devenir. »

Jude fut surpris quand il l'entendit dire ces mots. La confiance que ses beaux yeux affichaient semblait en même temps fragile et c'est ce qui lui plaisait. Elle avait l'air de parfaitement savoir ce qui la blessait et comment empêcher toute attaque. « Devenir plus fort » c'était l'objectif de Jude depuis sa venu au monde et c'est sûrement la similarité de leurs désirs qui les rapprochaient si facilement.

La danse reprit assez naturellement et le prince fit tournoyer la princesse de cette soirée de la façon la plus douce qu'il soit. Il ne voulait plus jouer au détective, il voulait être charmant aux yeux de sa partenaire tout simplement. Il n'avait plus dans l'idée de percer ses secret, il les offrait bien volontiers.

La lumière produite par le plafond scintillant d'étoile était elle aussi d'une grande douceur et illuminait la salle d'une couleur bleutée exceptionnelle. Face à tout ce bleu, les yeux rubis d'Amélia étaient indomptables et se distinguaient de tout le reste, Jude n'avait jamais rien vu de tel. Ils étaient beaux tout simplement.

Jude arrêta la danse un instant et se pencha vers Amélia : 

« Ma chère laissez moi vous offrir mon amitié ».

Il détacha sa main de celle de sa cavalière pour la ramener devant ses yeux. Dans un claquement de doigts, une petite flamme se forma éclairant d'une belle lumière le visage d'Amélia. De cette flamme surgit une petite rose rouge qu'il lui tendit. Tour de magie assez simple qu'il avait appris du temps où il vivait encore au cirque, il ne voulait pas par ce geste l'impressionner mais simplement lui offrir -à sa manière- un symbole d'amitié.

« Voilà pour toi »