Always confusing the truth in my head

J'étais dans les couloirs de l'orphelinat, et il n'y avait personne. Je marchais dans une obscurité quasi totale sans rien voir d'autre que mes pieds. Je ne me souvenais pas que ce couloir était si long, le parcourir sans fin m'angoissait. Au bout d'un moment je sentis une porte face à moi, je tendis la main pour l'ouvrir et la poignée était glacée et dure, comme si personne ne l'avait tournée depuis des années. J'entrais dans la pièce et tout sentais le renfermé et la moisissure. C'était ma chambre pourtant et mes affaires étaient en parfait état, mais les vitres étaient fêlées, les murs fissurés, on sentais le froid s'infiltrer partout et les papier peint avait moisit à cause de l'humidité. Le parquet était couvert de mousse et les rideaux était déchiré. On se serait cru dans le château de la belle et la bête... Je m'approchais du bureau sur lequel c'était emmêlé du lierre et lu la lettre qui y était posée. En fait c'était plus un mot qu'une lettre : Tout le monde t'a abandonné parce que tu n'en vaut pas la peine. Sale faible. Bébé, enfant ou ado, les gens ne t'ont jamais aimés et t'abandonnerons toujours. Ces mots m'atteignirent en plein cœur directement, tout les enfants abandonnés ressentait il la même chose? J'avais du mal à respirer, il fallait que je quitte ce lieu sordide, alors je sortis dans la cour, plus rapidement que quand je suis entré. Là il y avait tout ces gamin qui dévisageait, certain qui ricanait, d'autre qui jouait les durs quand d'une seule voix, j'entendis leur message "On lui fait la peau!". Il se jetèrent sur moi et c'est à ce moment que je me réveillais, dans mon placard.

Il me fallut un moment pour comprendre où j'étais, et pour me défaire du tas de fringue dans lequel je m'étais emmêlé. Il faisait noir et les autres dormaient, j'avais simplement fait une crise de somnambulisme couplé à une terreur nocturne. Ces cauchemars m'empoissonnaient l'existence alors que je pensais m'être enfin sorti de tout ça. Même loin du pensionnat ça continuait à me hanter, j'entendais leur rire, leurs railleries, je sentais leurs coups. Instinctivement ma main se collait à mon oeil blessé, caressant la cicatrice. Je sortis enfin de mon propre piège pour revenir m'assoir sur mon lit mais mon coeur ne se calmait pas, alors j'entrepris de faire les cent pas pour me décharger de cette adrénaline insupportable quand un de mes coloc je mit à grogner. Je pris alors mes chaussures, enfila un jean et une veste de survêtement et sortit. Tout me rappelait trop mon rêve, et je ne savais pas comment faire pou échapper à ça, à cette sensation d'étouffer. Je me mit à courir jusqu'aux bungalow des plus âgés, c'est alors que l'idée désespérée me vint, j'avançais jusqu'à frapper à la porte d'un d'entre eux. Je frappais comme un dingue jusqu'à ce qu'on m'ouvre, qu'importe les reproches j'avais besoin que quelqu'un me parle, que quelqu'un me raccroche à la réalité.

Une lumière s'alluma, mon tapage avait fini par tirer quelqu'un de son sommeil. J'aurais pu me calmer mais non, je tambourinais de plus belle. Cette lumière c'était l'espoir que la crise s'arrête qu'on vienne à mon secours. J'avais de plus en plus de mal à reprendre un souffle normal, mes poumons me brulaient et semblaient paresseux. J'entendis le cliquetis dans la serrure indiquant que quelqu'un était en train en train d'y tourner une clé pour ouvrir. Ce fut une jeune femme blonde, d'une beauté douce et rassurante, avec un regard bleu azur qui semblait compréhensif malgré cette heure. Je sentais le sang affluer dans mes mains tant j'avais cogner sur cette porte, mes membres tremblait et plongeais mon regard angoissé dans le sien, sans la connaitre.

-C'est toi Shanilae? Elle vit bien ici? Un papier dit que c'est ma marraine et j'ai...j'ai besoin de parler  à quelqu'un, c'est bien à elle que je dois m'adresser dans ce cas?!

Les mots sortaient tout seuls, j'étais toujours aussi stressé, dans un état second que la crise d'angoisse ne faisait qu'empirer. Peu importe de quoi j'avais l'air, peu importe qu'on me prenne pour un fou. Le simple fait qu'une personne soit là et me regarde suffisait déjà à museler la panique. Si c'était elle Shanilae, elle trouverait une solution, elle m'aiderait à surmonter ça, il le fallait, elle le devait, il me fallait juste Shanilae, juste elle, juste Shanilae, juste cette fille, juste elle.

Le froid commença à me transir, comme si je l'avais ignoré jusque là. J'étais comme fiévreux, à l'intérieur je bouillonnais et à l'extérieur j'avais froid, comme d'habitude mon esprit était scindé entre deux état. La jeune femme qui m'avait ouvert devait avoir froid elle aussi, elle n'était pas très couverte, sûrement l'avais je arrachée à son lit? Quel heure pouvait il bien être en fait? Allait elle m'en vouloir pour ça, le dire à tout le monde et se plaindre de moi...Non au lieu de ça elle me fit entrer tout simplement. Il faisait bien plus chaud à l'intérieur, mais je crois que ce qui me réchauffait c'était la douceur de sa voix. J'avais avancé comme un robot, puis je me stoppais à nouveau, me sentant menacé sans l'être, et surtout sans repère. Quels genre de gens habitait ici? Hostiles? Amicaux?

Celle qui s'était présenter comme Shanilae me fit assoir sur le canapé et glissa une couverture sur mes épaules. Je le savais cette personne était bonne, elle avait eut en cinq minutes, plus d'égard que certain n'en on eut envers moi durant toute une vie. Mais je restais figé, incapable de produire un son, respirant à peine, concentré sur les battements de mon coeur. Je regardait mes mains et constatait qu'elle tremblaient moins que tout à l'heure mais elles tressautaient quand même par instant, j'avais des crampes à force de me retenir de trembler de partout. Elle glissa un chocolat chaud dans mes mains et je ne sû pas quoi en faire pendant un instant. J'attendis qu'elle prenne place à coté de moi et portait la boisson à mes lèvres. C'était étrange, la boisson me paraissait à la fois trop amer et trop sucrée. Je reposais la tasse devant moi et serrait les poing sur mes genoux quand elle demanda des explications.

-C'est...encore...

Je n'arrivais pas à organiser les pensées qui se bousculaient dans ma tête et les mots qui s'entassaient dans ma gorge. Les images du cauchemar revenaient en boucle, n'aidant rien, et je sentis de nouveau mon coeur se mettre à palpiter à toute vitesse. Je cherchais quoi dire et comment me sortir de là, ne savant pas quoi faire ou dire, c'était toujours pareil, au fond je voulais juste m'enfermer dans l'armoire et ne plus penser à rien en attendant que tout ça passe. Je me pris la tête entre les mains, et finalement je me laissais tomber sur le coté, la tête sur les genoux de Shanilae, les bras autour de sa taille. Le flot de parole se déversa ès lors sans que je ne put l'arrêter où le contrôler. Je laissais donc mon esprit extérioriser tout ça...

-J'étais dans le couloir et tout était sombre et j'étais seul, et je suis entré dans la chambre et tout était mort et flétri, l'air n'était que putréfaction. Il y avait cette lettre qui disait qu'on m'avait encore abandonné, et dehors tout ces visages qui me fixaient, oh...ces odieux visages qui se moquait encore, qui m'humiliait encore, qui voulait me battre encore. Et alors j'ai fuit de nouveau, mais peut importe où je courrais je ne m'éloignais jamais et j'entendais toujours leurs voix, partout. Alors j'ai couru jusqu'ici pour te voir et mais je...je...je suis tellement fatigué...

Les larmes affluait sur mes joues et ma gorge me brulait, mes poumons avalaient goulument l'air dont ils avaient manqués. Je me sentais différent par instant, comme si je n'était plus tout à fait moi, était mon ami qui parlait à ma place, et je n'était que le spectateur? Mais dans ce cas, Shanilae ne pouvait pas le voir...

Une caresse sur les cheveux, rien que ça suffisait à l'apaiser et à le combler à la fois. Personne n'avait jamais eut cette égard pour moi, peut être sa mère avant de l'abandonner? Je ne pouvait m'en souvenir, et si c'était le cas, si elle s'était souciée de moi un seul instant, alors pourquoi m'avait elle abandonné? Cette question m'avait hantée tellement de fois depuis mon enfance, comme tous les orphelins je suppose. Les seules fois où on avait levé la main vers moi ça c'était plutôt mal fini, j'en était même venu à me méfier du contact humain à la longue. Pourtant j'avais posé ma tête sur ses genoux, vaincu par sa douceur, comme un animal blessé qui laisse enfin le vétérinaire s'approcher après des jours de lutte. J'avais trouvé ma place ici et je ne voulais plus bouger, rester comme ça jusqu'à ce que la crise passe. Je m'étais déjà calmé, un ouragan avait ravagé mon corps et à présent c'était le calme plat. Je respirais à nouveau.

-Tu dois me prendre un dingue. Ils ont pratiquement voulut m'interner remarque. Ah...pourquoi je te dis ça...Tu ne dira rien aux autres hein?

Je me relevais pour me tenir assis et finir mon chocolat comme me l'avait suggérer Shanilae. Avec mes manches j'essuyais les larmes qui me barbouillaient le visage et vida ma tasse avant de lui tendre. Elle avait raison je me sentais mieux et réchauffé à présent mais je n'avais pas le courage de revenir dans ma chambre plongée dans le noir et de me recoucher. La sortie de mon cauchemar m'avait terrifié et je n'avait pas encore oublié le traumatisme de ces images imposées par mon subconscient. Aussi j'allais accepter sa proposition à rester en espérant que je n'allais pas la déranger plus encore.

-Je suis désolé d'avoir débarqué comme ça, j'ai paniqué et quand je panique je ne réfléchit plus du tout. On regarde ce que tu veux.

Je me blottit sous la couverture et attendit que Shani lance la lecture pour partager avec elle. C'était confortable ici, tout me semblait réconfortant. Je n'étais jamais venu et pourtant j'avais mes repères. Je m'enfonçais bien dans le canapé, prenant un peu appui sur ma marraine quand je sentis une vague de bien être m'envahir. Je n'ai jamais sû ce qu'elle  avait lancé puisque mes yeux se fermaient tout seuls. Avant de sombrer dans un sommeil définitif je lâchais d'une voix endormie :

-Tu dois le savoir... mais je préfère te le dire quand même de vive voix...Tu peux m'appeler Fen...

Le sommeil triompha pour de bon et je n'eut aucun mauvais rêve, au lieu de ça un sommeil paisible m'emporta jusqu'au matin. C'est le soleil qui me réveilla alors, filtrant à travers les carreaux. Où étais je au juste? Je ne connaissais pas cet endroit, même si il m'était familier, je m'y sentais bien et reposé mais je n'étais pas dans un lit. J'ouvrais les yeux en grand mais j'avais la tête trop bien calée pour bouger. Calée sur quoi d'ailleurs...La poitrine d'une fille?!! Je me relevait à la hâte mais elle était réveillée elle aussi, je bondis sur mes jambes totalement perdu, les cheveux dans la figure. Elle était sacrément jolie mais j'étais un looser moi, je ne trainais pas en soirée avec des filles comme elle! Je n'avais pas l'impression d'avoir bu non plus. Était ce un coup monté de mon ami imaginaire? Ça en avait tout l'air.

-Excuse moi, je ne sais pas qui tu es et je sais que ce n'est pas gentleman de dire ça...On est où en fait?

Pourquoi j'avais l'impression d'être le seul qui débarquait de nul part dans cette situation? J'étais paumé, encore plus que d'habitude, je ne reconnaissais rien, ni les meubles, ni les affaires ni même la personne avec qui j'étais. Grosse poussé de stress. Ok je vais respirer profondément histoire de ne pas faire une crise d'angoisse, je vais me calmer et tout va me revenir en tête. Peut être ai je vécut un traumatisme hier soir? Je me serais cogné la tête et cette gentille personne m'aurais ramenée dans son bungalow pour me soigner. Où alors on avait........Oh non, non, non, non impossible! Je ne pouvais pas perdre ma virginité comme ça! Je ne la connaissais même pas, même si elle était très jolie. C'était pas convenable et puis, ne pas s'en souvenir c'était à la fois triste et pitoyable. Je me sentais plus bas que tout là...

Je me levais en essayant de sourire sans succès, j'étais trop flippé et gêné pour ça. Je me regardais dans le reflet du pc et ne vit rien de choquant ou qui sorte de l'ordinaire. J'étais le même que tous les jours, les cheveux encore plus en pagaille peut être, du coup j'entrepris de les organiser, faute de pouvoir les attacher. Je ne semblait pas débraillé, et je ne me sentais pas différent à part ce trou de mémoire. Avais je bu? Je jetais un coup d'oeil dans la pièce, il n'y avait rien d'alcoolisé ou d'illicite en vu. Après tout c'était proscrit par le règlement non? Je reportais mon attention sur la blondinette qui semblait éprouver à la fois de l'inquiétude et de l'empathie pour moi. Il fallait que je lui dise sinon je n'en aurais jamais le coeur net et ce n'était pas honnête.

-Excuse moi à nouveau...Mais hier soir il s'est passé quoi? Est ce qu'on a...euh tu sais...Fais des choses...euh...un peu chaudes...

Mon dieu, je ne pouvais pas avoir dit ça! Je me sentais rougir jusqu'aux oreilles, comme si mon corps dégageait soudainement une centaine de degrés à lui tout seul. Je mourrais de honte à un point inimaginable. J'espérais au moins que cette fille n'avait pas de petit copain, et que le bungalow était vide! Mais quelle réputation j'allais me trainer moi! Après la victime terrorisé de service, j'allais en plus être un coureur de jupon, à peine arrivé. Je ne connaissais même pas son nom, mais lui demande de surcroit aurait juste ajouter un affront de plus. Sans mon rendre compte, j'ébouriffais de nouveau la masse de cheveux noir qui tombait en cascade de mon crâne. Quand je pus réfléchir plus posément, je me rendit compte que j'avais mieux dormi que d'ordinaire, je n'avais pas l'impression d'avoir fait de cauchemar horrible. C'était la première fois que je me sentais reposé depuis des années. Ne me dites pas que c'était le simple fait d'avoir dormi avec quelqu'un, avec une fille...Je suis vraiment un pervers c'est pas possible!

-Bon écoute, je sais que ce n'est pas très gentlemen de dire ça mais, ne te fait pas d'idée sur moi ou une possible relation entre nous. C'est horrible de dire ça et je pensais vraiment pas être ce genre de gars mais ce ne serait pas honnête de te mentir. Tu es vraiment très jolie hein! Et je suis sur que tu es une super personne, mais je ne suis pas assez stable pour commencer une relation tu vois.............Je pense que je ferais mieux de me taire.

A présent que ce malentendu était réglé il fallait que je retourne dans ma chambre au plus vite. J'étais plus que mal à l'aise et j'avais besoin d'une bonne douche pour évacuer tout ça. Espérons que je ne la recroise pas trop souvent dans les couloirs, je n'allais plus savoir où me mettre. Par où je devais repartir déjà? SI ça se trouve j'étais à l'autre bout du campus! Etais je au moins encore au pensionnat?

Le malaise grandissait entre nous, c'était normal je suppose, mais il pouvait encore s'aggraver. Si je ne me rappelait pas de grand chose à propos d'hier soir, il y avait pire, je ne connaissais même pas son prénom! Je suis un cliché de l'ado en chaleur, moi Fenimore, qui n'a presque jamais eu de câlin de sa vie, et qui a couché avec une fille avant même de recevoir mon premier baiser...Comme si ma vie ne craignait pas assez. Nous avons donc rougit de bon cœur alors que la blondinette semblait affirmer qu'on avait rien fait du tout. Essayez de sauver son honneur, ou le mien? Ou peut être n'avions nous vraiment rien fait du tout au final, ce qui expliquerait pourquoi je ne me sentait pas différent. Sauf si on ne se sent pas différent après l'avoir fait. Argh!!! Arrête de te poser des questions crétin! Je me massais les tempes pour calmer mon esprit qui s'agitait dans tous les sens.

J'étais incapable de dire quoi que ce soit, alors qu'il fallait que je parle pour ne pas paraitre encore plus stupide. C'était ma marraine?! Mais qu'est ce que je fichais ici sérieusement...Cher ami imaginaire, tu as des comptes à me rendre je pense! Donc si je récapitule bien la situation, ma marraine pense que je suis un obsédé sexuel à présent. Elle va penser que je veux faire des trucs pas net avec elle... Je regardais l'écran du pc, effectivement la théorie du film était probable, mais alors je me serais juste endormi sur le canapé, glissant sur elle en dormant? C'était tellement louche tout ça!! Et puis personne n'était aussi gentil avec moi! Oh j'y suis, c'est une blague c'est ça? Dans deux minutes, des étudiants vont apparaitre en applaudissant et en riant à mes dépends. Je scrutais pour la millionième fois les recoins de la pièce, les rideaux, les portes.

-C'est pas une blague hein? Je veux dire le genre de truc qu'on fait pour piéger l'autre. Parce que j'en ai soupé de ce genre de truc...

Un petit déjeuner? Après tout ça je ne pouvais rien avaler, j'avais l'estomac noué. Ma méfiance maladive m'interdisait de boire ses bonnes paroles. Discuter autour d'un bon chocolat chaud? Et puis quoi encore, on était pas dans une bonne série familiale à l'américaine, personne n'était aussi avenant, marraine ou pas. Je me méfiais de ce sourire angélique, je me méfiais de cette gentillesse trop prononcée et surtout je me méfiais de tout ce qui était gratuit. Si j'ai bien appris quelque chose à l'orphelinat, c'est qu'on offre jamais rien sans espérer quelque chose en retour. Je fis volte face et partit vers la porte en lâchant un simple -"Non merci". Une fois dehors, je respirais, ce qui venait de se passer était trop bizarre mais j'avais fait le bon choix en choisissant la sureté. Je ne pouvais pas me laisser avoir par ces gentillesses, ça cachait sûrement quelque chose et je ne suis pas dupe. Je regardais en arrière pour être sûr qu'elle ne me suivait pas, ou qu'un troupeau d'élève ne se fichait pas de moi en me regardant par les fenêtres. On ne m'y prendrait plus à croire en la bonté des autres.