Counter Attack.

THE REVOLUTION HAS TO BEGIN30 march 2016 ••• ft. E and allies

I raise my flags, don my clothes It's a revolution, I suppose
We're painted red to fit right in ~ Imagine Dragons

Patience. Aujourd’hui comme hier, et je devais en conserver également pour demain. De toute manière, je suis venu bien trop tôt. Dès la réception du LMS d’Ansel à vrai dire. Je suis monté au premier et j’ai poussé la porte des Salles Informatique. Pour être tout à fait sincère, ce lieu ne m’est pas commun. Je préfère rester dans le Parc ou, s’il le temps se gâte, à la Bibliothèque. Au calme. Quoi qu’il en soit, j’ai ignoré les machines et je me suis mis à lire dans un coin. C’est sûr, comme ça, je n’ai pas vu le temps passer ! Malgré tout, derrière mes pages où je me plonge, je vois les autres arriver. Je ne sais pas ce qu’a prévu Ansel mais il ne veut pas le faire seul. Cela me rassure : depuis qu’il est sorti de la clinique, j’espère vraiment qu’il a accepté qu’il n’est pas tout seul et qu’il peut accepter notre aide ! Je me lève et salue d’un signe de tête Chrissy, d’un « bonjour » poli et bref les professeurs Parker, d’un sourire déterminé Gautier et d’un plus gentil Warren. Il manque encore notre frère rouge et Min. Je souris. Je suis content pour eux deux et je me dis qu’ils sont là l’un sur l’autre.

Quand ils arrivent, Ansel ne traîne pas et c’est appréciable. Il est décidé et je l’écoute, légèrement en retrait. De toute manière, je suis assez grand pour les observer tous. Je me réjouis de son introduction. Ce qu’a fait la League of Stupidity m’a déstabilisé, choqué et je dois l’avouer, énervé. On ne les félicite pas, car je suis plutôt d’un tempérament calme. J’observe la clé USB qu’il brandit devant nous et fronce les sourcils, avant de me détendre. Échange de regards. D’accord, je situe quand il a fait cela. Quand je pense que j’ai dû écarter Luke… pour que finalement, Ansel lui révèle ! Enfin, il nous faut des alliés adultes pour pouvoir agir. Agir. Oui, il le faut. Les E ne peuvent pas rester dans la passivité, surtout après ce qu’il s’est passé. Et… on a bien trop attendu. J’acquiesce donc les mots de mon frère rouge, heureux de sa prévoyance extraordinaire. Quasi de la voyance à ce niveau. Un coup d’avance pour nous ! Je jette un coup d’œil aux autres : je sais qu’Ansel ment – je m’en souviendrais s’il s’était mis à jouer au fantôme – mais ce mensonge glisse tout seul.

Je suis du genre honnête, trop franc malgré ma timidité, mais je reste silencieux. Je balaye ma bonne conscience résiduelle et laisse mes yeux briller de confiance. Je ne mens que par omission. Et je ne mens pas vraiment. Je crois en lui et, je n’aurais jamais cru cela quand je suis arrivé il y a un an, mais je pense pouvoir affirmer que je ferai tout ce qu’il faut pour ma Famille. Les Rouges. J’ai toujours été comme ça, non ? Fidèle. À en devenir aveugle. Mais non, je ne suis pas aveugle. Au contraire : Ansel et Gautier m’ont ouvert les yeux. Si on veut la paix, il faut agir. La White Day a été un échec ; à présent, il faut passer à l’étape suivante. À l’étape supérieure. Et je serai là. Je ne sais pas comment ni à quoi, mais je serai là. En attendant, j’écoute mon frère et leader, approuvant toujours ses propos. Aucun rouge n’aurait fait ça ! Ce n’est pas nous tout ça. Certes, il y a des rouges qui paradent, des rouges qui violentent, des rouges qui trompent… Mais ce qui s’est passé fin mars, ce n’était pas notre style. Ni celui des S… Je ne sais pas si je prendrais les mots d’Ezio et Faust pour paroles d’évangiles – même ma naïveté a une limite – mais ils sont encore plus démonstratifs. Suffit de regarder leur cravate dorée. Pas le genre à se cacher derrière un nom…

Mon inquiétude monte en revanche lorsqu’Ansel évoque la possibilité qu’un professeur ou un délégué ait pu participer. Même si ce n’est qu’une hypothèse, et même plausible, cela me révolte. Je tourne mon regard vers Chrissy. Je ne la connais pas trop, mais elle ne me semble pas du genre à faire ça. Et les autres délégués non plus. Quoi que… Qu’est-ce que j’en sais au fond ? Cette école est remplie de masques, de fantômes, de bombes à retardement… Mon regard vert glisse sur les membres présents : je veux me convaincre qu’il n’y a pas de traitre parmi nous. Mais s’il y en a, je les arrêterai. Il est intolérable que ceux ayant la responsabilité d’assurer le bon fonctionnement d’une école, la fasse imploser ! Je reviens sur Ansel et ma curiosité est de plus en plus piquée par cette mystérieuse clé USB. Les coupables ont dû vouloir effacer leurs traces. Haha. Ils vont se révéler d’eux-mêmes ! Et cela, grâce aux rouges qui veillent. Sincèrement, qui aurait cru que ce serait nous, « les délaissés », « les délinquants », « la classe poubelle », qui aiderait l’école ? Ironie vraiment. Alors qu’on se prend tout dans la figure, on reste quand même debout et fier, refusant cette étiquette qu'ils nous collent, refusant ce confort qui ne sera que façade, refusant ces promesses vides. Ansel exprime parfaitement tout cela. En mars, il y a eu aussi la salle des A saccagée à la couleur des E et cela n’a fait que renforcer la hantise et la haine à notre égard…

Je lâche un soupir, avant de me reprendre. Avant de me redresser. Oui, il faut faire ça bien. La Vice est là à présent, entre nos murs. Le monde non magique peut nous tomber dessus. Ce n’est pas l’heure des gaffes entre classes et il faut résoudre les problèmes et prouver que nous, nous n’en sommes pas pour le reste de la planète. Je pourrais presque applaudir le discours d’Ansel. Il a fait plus qu’accepter de l’aide : il a saisi qu’une alliance est nécessaire. J’en suis aussi persuadé : sans les profs pour nous épauler, notre révolte va échouer. Ansel semble avoir parlé plus qu’il ne le peut. C’est toujours étonnant à quel point cela semble lui coûter, alors qu’il est un leader-né ! Min s’avance à son tour, soulignant l’ironie – voire le non-sens – de cette situation. Je souris à sa détermination, à sa volonté de prouver à Mrs Staunton qu’elle a tort de nous dénigrer. Qu’elle allait même le regretter… Mais mon sourire disparaît quand elle évoque des tables d’opérations. Elle a raison, évidemment. Mais l’image de gens curieux me disséquant pour comprendre mes facultés magiques me met plus que mal à l’aise… Sûrement en écho à mon long séjour à l’hôpital.

Si la coréenne est capable de ne pas user de la violence, cela prouve que cet acte est de grande importance. Chrissy, qui semblait s’agiter depuis le discours d’Ansel, finit par s’exprimer presque malgré elle. Je peux aisément la comprendre : sa fierté de déléguée la poussait à les défendre. Malgré tout, mon frère rouge a éveillé chez moi, une crainte mais également de faire un choix. J’ai peur que l’on soit trahi dans nos rangs et je veux agir pendant qu’il est encore temps. Et, la blonde pointe un fait réel, quand elle dit que tous risque notre « classe poubelle ». Je ne devrais pas mais doucement je ris : au fond de moi, qu’on soit tous rouges me réjouit. Imaginez qu’il n’y ait que des E, la Vice sera obligée de nous accorder nos vœux ! Je quitte mes pensées aux mots de la verte, alors qu’elle conclue « une étape à la fois », certes. Je regarde les autres et sens mon cœur qui se serre : je veux leur dire « je suis des vôtres » mais je n’ai pas les mots comme mon frère…

« Il nous faut agir. Je tousse, alors que quelques regards se lèvent vers moi. Je me redresse, expire et continue : Il faut utiliser cette clé USB. Pour réparer ce qu’a fait la bande de deb… celle qui se prénomme « League of Chaos ». Il faut les punir. Pour ça et le reste. Et… Je laisse mes yeux verts se fixer à un logo d’écran de veille. Et je pense que c’est important que les professeurs s’allient à notre cause. Ensemble, on est plus fort. C’était… C’était ça le White Day, non ? Je glisse mon regard vers Chrissy. Mais il faut plus encore. Comme l’a dit Ansel : ce n’est pas que des classes, ce sont tous les monomageias. On ne peut pas se laisser aller à des broutilles entre élèves. Il faut se ressaisir, se rassembler, se protéger, se former. Ce n’est pas une histoire de fauteuils. C’est une histoire de formation, de préparation. Mes yeux verts et mon sourire se portent vers Luke. Si nous contrôlons nos dons… Si nous sommes pacifiques et unis… Nous saurons réagir pour garder notre indépendance et notre sécurité quand d’autres que Mrs Staunton s’intéresseront à nous. »

Je le sais, mon discours est idéaliste. Porté par mes mots et mes espoirs, j’ai plus parlé que je ne pensais. Malgré tout, j’y crois. Je ne veux pas voir le jour où Prismver redeviendra le « Refuge aux Sorcières » parce qu’on nous chasse ailleurs. Ma grand-mère maternelle, qui s’est longtemps intéressée à notre Histoire, m’a beaucoup parlé de la vie d’avant pour les possesseurs de dons. Personnellement, je n’ai pas envie de redécouvrir que l’homme est cruel quand il a peur, insensible quand il veut le pouvoir. Et tristement, je sais que les hommes entre eux sont encore très doués pour trouver des raisons de s’entre-tuer. Je ne veux pas voir venir les guerres pour nous battre, ou pire… pour nous posséder, nous exploiter, nous torturer… Je secoue la tête. Alors, cela commence par régler nos problèmes avec une clé USB. Et ça finit par la décision de tous nous unir, pour faire front face à l’absurdité humaine.