Le noir. C'est ce qui obstrue mes pensées, obscurcit ma mémoire de fond en comble. Je ne me souviens de rien, absolument rien. Je ne saurais dire si j'ai abusé de drogues ou d'alcool, le néant occupant mon esprit m'empêchant de me souvenir convenablement, mais je doute qu'il en soit autrement pour que ma mémoire me fasse défaut à ce point. Au moins je me rappelle bien de mon nom. Ça, j'ai pas oublié c'est le minimum. Mon année, ma classe... Oh c'est bon je sais ce que je dois savoir.
Je crois comprendre que je reprends conscience doucement à force de m'entendre réfléchir dans ma tête, mais n'en acquiert la certitude qu'une fois la caresse des draps sur ma peau devenue réalité. Et la voix d'un mec tonnant contre mes tympans. Sur le coup, je préfère l'ignorer et tenter de replonger dans la nuit. Mais son insistance verbale et physique me fait plutôt râler et ouvrir les yeux. Brièvement ceci dit, car la lumière tapant sur ma rétine me brûle rapidement tout nerf optique existant.
Je cligne toutefois des yeux doucement pour chasser cet inconfort et fixe durement l’inconnu qui se trouve à côté de moi. Je n’ai aucun souvenir de la veille et le voir aussi peu habillé me fait craindre le pire. Non pas que coucher avec quelqu’un soit un problème, mais ne pas s’en souvenir oui. Dans tous les cas, il m’a réveillée – ou tout du moins accentué mon état d’éveil progressif - et personne ne me prive de sommeil.
Je me redresse dans le lit, constatant avec étonnement que j’étais toujours habillée. Eh bien, nous n’avons pas été de vilaines personnes hier, ma foi.
« J’opterais bien pour la première option mais la seconde me semble plus alléchante. J’y retournerais bien d’ailleurs, mais je me doute que tu vas encore me brasser un peu pour ton simple plaisir, donc me voilà réveillée. Content j’espère. »
Deux yeux qui roulent dans leur orbite, et mon rôle de pétasse s’arrête là. N’empêche qu’il est la seule personne pouvant m’éclairer sur ce qui s’est passé hier, je ne dois pas le faire fuir. Un constat rapide me permet toutefois d’écarter l’alcool et la drogue de ma liste de choses consommées hier. Étonnamment, ma bouche n’est pas pâteuse comme elle l’est d’habitude suite à une soirée trop arrosée, et je n’ai pas mal à la tête. Pour la drogue, je n’en consomme pas assez régulièrement pour y être habituée, donc aucun effet actuel présent.
J’aurais donc fait un black out à l’eau? Ou c’est ma mémoire qui me joue des tours? Bizarre… Je me tourne vers l’inconnu et le fixe un moment, pensive.
« Dis, tu saurais pas par hasard ce qui s’est passé hier soir? »