Flic flac floc | Orlane

Qu'est-ce qu'il était con. Il avait espéré que tout s'arrangerait, il avait cru dans un instant d'inconscience qu'il était le héro dont elle avait besoin. Mais il ne l'était pas, il ne pouvait pas l'être. Magnus était pathétique. Lui, un héro ? Personne n'en voudrait, personne n'en avait jamais voulu d'ailleurs ; et à vouloir jouer les hommes forts il avait fait disparaître l'une de ses amies les plus chères. Sa petite sœur, celle pour qui il passait ses journées à s'inquiéter. Celle qu'il aimait plus que beaucoup, beaucoup de choses au fond. Et depuis il dormait plus trop Magnus, c'était un événement beaucoup trop récent pour qu'un pleurnichard comme lui puisse passer à autre chose, chercher une autre solution. Y en avait pas vraiment en fait. Y avait... Juste lui. Lui seul dans sa chambre, lui qui soupirait jours et nuits, lui qui avait pleuré, beaucoup pleuré, parce qu'il avait réalisé qu'il n'était capable que de ça finalement. Pleurer. C'était assez triste lorsqu'on y pensait, mais personne ne pouvait avoir de peine pour un homme comme lui. On l'oubliait Magnus, y avait plus important, surtout en ce moment. Alors il restait à vagabonder à travers les couloirs, suivait ses cours correctement et retournait s'enfermer dans sa chambre jusqu'au lendemain. Le matin il passait voir Thilda, parce que malgré tout elle était toujours là. Elle ne parlait plus, ne semblait plus vivre non plus, mais elle était là. Faible, allongée dans son lit d'hôpital à lutter pour une vie dont il était certain d'avoir brisé le rêve.

Il avait déconné.
Il se détestait pour ça.
Un peu.

Il voyait parfois le fantôme de son souvenir autour de lui, il l'entendait rire et apercevait son sourire. Sa voix lui manquait, tout en elle lui manquait, et il pensait pas que ça lui ferait aussi mal tout ça. Il avait jamais compris avant ce jour là à quel point elle était importante, à quel point tous ses proches étaient importants.

Aujourd'hui il était seul, encore, à gravir les marches du clocher pour tenter de trouver un peu de tranquillité. Il était seul mais n'arrivait pas à s'en accommoder, il aurait tellement aimé aller voir Julian ou Orion, quelqu'un qui puisse lui remonter le moral sans doute. Mais il y arrivait pas, c'était pas un boulet pour rien Magnus. Il s'arrêta un instant pour passer son regard à travers la vitre sale et abîmée de la vieille tour, s'autorisa un soupir de lassitude puis reprit son chemin sans un mot. Un silence de mort qui eut pour étrange bienfait de l'apaiser. Cependant, ce semblant de paix intérieure ne dura pas très longtemps. À peine fut-il au sommet de la tour qu'il le vit, tranquillement installé sur le rebord de pierres à observer on ne sait où. Et c'est comme si son cœur entier s'arracha d'un coup, quelle était lourde la massue qu'il se prit en pleine gueule Magnus. Le brun afficha une grimace dégoûtée. Il aurait voulu l'oublier et ne jamais le revoir celui-là.

▬ Orlane.

Mais il était un peu là à cause de lui au fond.
Alors il devrait faire avec.


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C'est sans vraiment l'écouter qu'il avait prit place dans le coin de plus éloigné de sa personne, s'étant littéralement laissé tomber parce que ses jambes ne tenaient plus. Il aurait pu partir, faire demi-tour sans un mot et le laisser là, seul à contempler le vide lointain. Mais ça n'était pas juste parce qu'il n'en avait pas envie. Se priver pour éviter de le croiser, pour tenter de se sentir mieux en l'oubliant sans doute, il avait essayé ; et il essayait encore d'ailleurs, mais ça ne marchait pas. Alors plutôt que de continuer ce cirque idiot il avait dans un élan d'inconscience décidé de s'écouter pour une fois, et de faire face comme il aurait du le faire depuis le début. C'était dur, mais il le fallait.

▬ C'est drôle parce que j'allais te dire un truc du genre... Moi aussi.

Les yeux clos pendant un instant, il déposa mollement sa tête contre le mur qui le soutenait avant de laisser s'échapper un soupir las. Il était fatigué Magnus, de toutes ces choses pour lesquelles il se prenait la tête sans arrêt. Et pour rien en plus. Son regard s'accrocha au plafond, se perdant en silence dans les voûtes boisées. Elles étaient abîmées, un peu comme lui au fond, mais elles avaient la différence d'être robustes au moins. Elles ne craqueraient pas facilement.

▬ J'ai pensé à te tuer, tu sais. Pourtant j'ai rien contre toi, avoua-t-il calmement, toujours perdu dans sa contemplation du plafond. Il lâcha un rire, amer et douloureux comme le battement que son cœur loupa sans ménagement. Enfin si on enlève le fait que j'te déteste.

Le B avala sa salive et descendit ses lagons sur Orlane sans prendre la peine de cacher son ressentiment.

▬ Mais ça c'est réciproque. Il énonçait les faits froidement pour terminer, sans vraiment cesser de le fixer, les sourcils légèrement froncés.

Bien sûr que ça l'était, après tout Orlane était le fruit de son erreur -de sa stupidité surtout- et il le regrettait. Seulement ça aurait pu s'arrêter là, sauf que lui en avait décidé autrement, et toute cette haine qui transparaissait sur son visage lui filait la nausée. Ce caractère horriblement désagréable et cette façon méprisante qu'il avait de se comporter avec les autres il les détestait, et parce que c'était Orlane, il le détestait aussi ; incapable de faire la part des choses.


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