Pourquoi tant de monde, sur tant d'étages ? [PV Lynna]

Une journée sans devoirs, sans cours, sans obligations, sans rien. Qu’est-ce que je choisis dans ces cas-là ? La bibliothèque, évidemment ! Et puis, j’avais quelques livres à rendre et quelques noms de romans qu’il me plairait d’emprunter. Je m’y rendais aussi pour réviser mes examens qui arrivaient à grands pas. C’était la journée idéale. De plus, l’odeur et l’ambiance de ce lieu m’ont toujours fait me sentir bien, dans ma bulle. Alors, après avoir mis les ouvrages dans un sac, fais une caresse à Hestia et criais que je partais, je ne tardai pas à sortir de mon bungalow tout sourire. La simple idée de me rendre dans mon coin favori me redonna la pêche, comme un joueur qui retrouve ses jeux vidéo. Je vérifiai rapidement mon sac pour y trouver mon carnet. Parfois, des idées me venaient en lisant un paragraphe et je me devais de pouvoir aussitôt les noter. D’autres fois, mon esprit vagabondait et une idée surgissait en un rien de temps. Le pire devait être les fois où j’étais en cours, surtout quand le professeur m’interpellait. À ce moment-là, je pensais : « Vite, arrête de me parler, je dois noter mon idée. Oui, oui, j’arrête d’être tête en l’air. Oui. D’accord. ». Je saisissais mon stylo aussi vite que possible et gribouillais ma pensée. Malheureusement, je l’oubliais quelques fois.

Arrivée devant l’établissement principal, je gravis rapidement les marches afin de me rendre au premier étage. Je rejoignis aussitôt le pont menant jusqu’à la tour, ne prêtant pas attention aux personnes autour de moi. C’était toujours un moment un peu magique. J’avais l’impression de traverser un passage invisible qui me séparait du monde pour ainsi dire normal. En effet, pouvons-nous dire que Prismver est normal ? Que nous sommes normaux avec nos pouvoirs ? La normalité est-elle de n’en posséder aucun ? Le mieux étant d’essayer d’être différent, de sortir de cette consistance. Essayer car nous nous basons sur des normalités sociales mises en place au fur et à mesure que le monde avance et évolue. Une personne sortant des normes, de toutes normes existantes, est quasiment introuvable. Toutefois, mon monde normal se trouva être Prismver. J’étais arrêtée, contemplant la vue devant moi. Dans quelques minutes, j’allais me sentir différente, éloignée de tout. Peut-être que cela paraît étrange puisque beaucoup d’élève y viennent de manière tout à fait ordinaire. Mais pas moi. Cela me faisait toujours un petit quelque chose. Le charme de l’ancienneté du bâtiment y participant grandement.

Lorsque j’ouvris les portes, je tiquai. Quelques secondes après, je réalisai pourquoi tant de monde. Tant de monde car les examens étaient proches, très proches. Et étrangement, pendant cette période de révisions intense, la bibliothèque était bien plus vivante. Je me rendis rapidement à l’accueil, donnant les quelques livres empruntés la fois dernière. Je fis un grand sourire et partis à la recherche d’une table. Je voulais d’abord me mettre au travail avant de chercher d’autres livres. Sinon, je risquai de ne pas travailler… La tentation serait trop grande ! Non loin, j’aperçus une table encore inoccupée. Observant celles alentours où il ne restait qu’une seule place à chaque fois, mon choix se fit immédiatement. De plus, je voyais déjà d’autres étudiants et élèves loucher sur cette table. M’en approchant d’un pas rapide, je vis un adulte – me semblai-t-il – s’y installer. Je soulevai la chaise en face de lui et m’assis. Il était déjà plongé dans son bouquin.

— Bonjour ! Sacré monde aujourd’hui, non ? chuchotai-je en souriant.

Règle d’art d’une bibliothèque : le silence. Ou du moins, un semblant de silence. Un petit fond sonore constitué de chuchotements et pages tournées se faisait entendre. Rien d’étonnant vu le monde présent aujourd’hui.



© YAM for Prismver

Mon sac était posé sur mes genoux. Plongeant mes mains à l’intérieur, j’en ressortis un cahier épais. Celui-ci contenait - principalement - mes cours de journalisme depuis le début de l’année. Étant ma matière principale, c’était également celle ayant le plus gros coefficient et donc la plus importante à travailler. Cela devait être la seule pour laquelle je révisais avec plaisir et motivation. Après tout, quand votre rêve est de percer dans l’écriture ou le journalisme, la matière en elle-même ne peut que vous passionner. Certes, il y avait quelques passages ennuyant ou inintéressant à mes yeux mais globalement j’étais heureuse de lire et travailler ces cours.

Pendant un court instant, je crus que l’homme en face de moi ne me répondrait pas. Il resta le nez plongé dans son livre, m’ignorant royalement, avant de se rendre compte que j’avais parlé. Sa réponse donnée, il retourna immédiatement à son livre. Peut-être que je le dérangeais après tout. Oh, on verra bien !

— Moi aussi ! J’y viens souvent pourtant. Mais ce sont les examens. Ils viennent se donner bonne conscience, se disant qu’ils auront fait leur possible pour réussir ! dis-je en riant.

J’aperçus deux élèves se diriger vers nous, satisfait d’avoir trouvé une table avec de la place. Ils me semblaient jeunes, peut-être des cinquièmes ou sixièmes années. Bon, jeune était un grand mot si je repensai à mon âge, je n’avais que quelques années de plus qu’eux. Je reportai mon regard sur l’homme et me demandai quel pouvait bien être son âge. Il me semblait relativement jeune.

— Attention, élèves en recherche de bonne conscience à l’horizon ! fis-je en plaquant le bord de ma main droit sur mon visage afin de camoufler ma bouche.

Je ne savais pas pourquoi j’étais si taquine aujourd’hui. D’habitude, j’aurais pu me réjouir de voir autant de monde, moi qui était si bavarde. Peut-être était-ce le fait d’être dans la bibliothèque. Je me sentais dans mon petit monde et voir tous ces gens me donnait une impression d’envahissement. C’est ridicule, je sais.

Puis je pensai à l’impression que devait avoir le jeune homme en face de moi. Il devait me trouver lourde et fortement agaçante. Tant pis, ce n’était pas un de mes professeurs au moins. Puis il y a ces moments où on se fiche bien de l’impression que l’on donne ou de ce que les gens pensent de nous.

[HRP : Aucun soucis, la longueur n'a aucune importance ! o/]



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