à cœurs ouverts • • MAD

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à cœurs ouverts

J’avais fini par abandonner tout espoir. J’avais fini par me laisser couler au fond des abysses, au fond de ses ténèbres qui envahissaient chaque jour peu à peu mon cœur. Tous mes espoirs ont finis par se détruire les uns après les autres. Souffrance. Combien de temps allais-je encore la supporter ? Combien de temps allais-je avancer seule, afin de ne plus faire souffrir personne ? Chaque jour quelque chose, quelqu’un essayait de détruire mes minces espoirs. La solitude, le rejet, l’ignorance et tout autre sentiment néfaste…. Qui arrivait vraiment à les supporter ? J’avais beau dire que je m’en fichais d’être seule, une part de moi hurlait que j’étais une menteuse. Pendant longtemps, j’ai pleuré sur mon triste sort, celle d’une gamine cancéreuse qui n’avait pourtant rien demandé à la vie. Puis j’ai fini par comprendre que cela était inutile. Alors j’ai pris sur moi, laissant ainsi mon cœur, ma raison tout encaisser à ma place. Plus rien ne m’atteignait vraiment, pas même le rejet, la peur, la jalousie ou la tristesse. Je réfutais tous ses sentiments négatifs, je faisais semblant d’aller bien, semblant d’être une autre personne. Personne n’a besoin de me comprendre. Mes sentiments n’atteindront jamais personne.

C’est ce que j’avais toujours pensé. Mais les choses commençaient doucement à changer. J’avais désormais quelqu’un à mes côtés, quelqu’un que je pouvais considérer comme une sœur plus qu’une amie. Moi qui m’étais promis de ne sympathiser avec personne ici… Enfin, c’était la faute de l’administration, qui m’avait collé une marraine. Cependant, je ne le regrettais pas. Du moins plus aujourd’hui. C’est pour cela que j’avais décidé de ne plus lui mentir, de lui dire que le cancer me rongeait. C’était dur à avouer, dur de dire à quelqu’un qu’on apprécie que l’on est mourant. Néanmoins, je n’avais plus le choix, je me devais d’être sincère avec elle. Qu’importe si elle m’abandonnait… Mais je n’avais jamais trouvé le moment pour lui dire. Encore une fois, le destin c’était probablement joué de moi. En effet, ma marraine m’invitait à la plage… J’avais donc enfin trouvé le bon moment pour lui parler de mes problèmes, bien je n’avais pas vraiment envie de plomber l’ambiance. Mais je ne voulais plus fuir devant elle.

Une dizaine de minutes avant que Madeline vienne me chercher, j’enfilai les vêtements qu’elle m’avait donnés lors de notre dernier rendez-vous – une chemise et une salopette bien trop grands pour moi. Puis j’attendis, de toute façon je n’avais rien de mieux à faire.

Ma marraine ne tarda pas à arriver. Dès qu’elle fut sur le seuil de la porte, je vins vers elle avec un léger sourire, avant de la saluer. Si je n’avais pas été aussi peu sûre de moi je lui aurais probablement sauté dans les bras. Avec Harrison, elle était l’une des seules personnes avec qui je ne portais pas l’un de mes nombreux masques :

- C'est une bonne idée, la plage. J'aime bien la mer...

Le regard fuyant, je jouais avec mes cheveux nerveusement. Comment lui dire ? Cash ? Avec un euphémisme ? Je n'en savais rien, mais j'allais bien devoir par lui dire, d'une manière ou d'une autre :

- Tu sais, je suis contente que tu m'aies invitée. Ça fait longtemps que je veux te parler de quelque chose d'important.

J'ai le cancer.
J'ai une leucémie aigüe lymphoblastique.
J'ai déjà fais deux rechutes.
Peut-être une troisième.
J'ai peur en fait.
J'ai beau prétendre le contraire, mais j'ai peur de mourir.
Je ne veux pas.
Je ne peux pas laisser Harrison seul.
Je ne veux pas non plus être seule.
Aide moi.

Tant de mots me passent par la tête, mais aucun ne sort de ma bouche. J'arrive à peine à mouvoir mes lèvres. Tremblante, j'avance ma main vers Madeline, avant de la reculer soudainement :

- Je suis malade...

Ce sont les seuls mots que j'avais réussi à prononcer, d'une voix à peine audible.

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Cassiopée Eulalie Winchester. Petite poupée de porcelaine aux grands yeux bleus, fragile, si fragile que ça en était pitoyable. Elle te rappelle toi, Madeline, n'est-ce pas ? C'est ta filleule, mais c'est plus que ça pour toi. C'est la petite sœur que tu n'as jamais eue. Tu entends des choses sur elle, parfois. On dit qu'elle est odieuse, insolente. On dit que c'est une petite idiote qui se prend pour une grande. Tu t'en fiches. Tu la défendras bec et ongles jusqu'à ta mort. Parfois, tu t'entraînes à prendre son apparence. Tant, même, que c'est désormais très simple. Tu n'as qu'à y penser pour que l'illusion soit absolument parfaite. Aussi parfaite que l'originale l'était à tes yeux.

Ce jour là, tu lui avais proposé une balade, une longue marche le long de la plage. Tu savais que ta petite protégée adorait ça, et toi aussi. Au Canada, tu n'y allais pas souvent, pour certaines raisons. Mais tu en profitais pleinement depuis ton arrivée à Prismver. Tu voulais lui faire plaisir, aujourd'hui. Ça te tenait à cœur, fille unique, de savoir que tu pouvais au moins essayer de rendre une personne heureuse. Ton LMS envoyé, tu avais immédiatement commencé à te préparer, sous les traits de la demoiselle. Les couleurs n'allaient pas super bien à ton ton naturel, mais tu pouvais bien t'autoriser une ou deux petites imperfections pour elle. Tu enfilas une chemise, et une salopette, pièces identiques à celles que tu lui avais offertes. Puis, tu glissas autour de ton cou le ruban noir que tu préférais, cachant dans ta salopette une petite pochette de soie en contenant un identique. De parfaites copies.

Tu arrivas de façon atrocement ponctuelle, tes bottes de combat en daim beige rythmant sur le sol la cadence musicale de tes pas et une fois sur le seuil, un sourire éclaira ton joli petit visage. Elle avait mis les vêtements. Ton plan se déroulait comme prévu, et cela t'apporta alors un immense sentiment de satisfaction. En plus, elle était totalement adorable. Pas que tu en doutais cependant, tu avais pris la peine de faire des essayages avec son apparence. Et, comme ça avait plus ou moins correspondu à votre style à toutes les deux, cela avait achevé de te convaincre.

— C'est génial la mer.

Arguas-tu de façon relativement courte, pour lui laisser la parole qu'elle semblait vouloir prendre. Sa phrase suivante fit naître une lueur de curiosité dans tes grands yeux verts. Tu tentas de la réprimer, mais le sentiment lui resta. Encore une fois, juste une intervention courte, furtive, quoiqu'un peu plus longue. Largement suffisante cependant. Ta voix était posée, calme, douce. Encourageante et réconfortante à la fois, parce que tu notais chez elle certains tics qui ne mentent généralement pas.

— Je suis heureuse aussi. Je t'écoute, tu peux me parler de tout ce que tu veux.

Sourire avenant, même si elle semblait hésiter, qui disparut cependant rapidement. Elle avait l'air tétanisée. Elle avait l'air terrorisée. Elle avait l'air... Je suis malade. Les mots résonnèrent contre tes tympans, tambourinant sous la chape osseuse te servant de crâne. Une maladie grave, pas vrai ? Tu ne savais pas vraiment comment réagir, comment agir. Tes yeux se voilèrent un peu, et tu te glissas doucement derrière elle. Pour pas qu'elle ne voit ton trouble. Tu fouillas un peu dans ta poche.

Lentement, tu écartas les mèches de cheveux brunes, caressant la nuque avec la pochette soyeuse, puis en l'extirpant tu passas le pendentif froid contre sa peau pâle. Tes doigts fins et agile nouèrent le ruban autour de son cou, comme une promesse. Tu te retins de tomber en petits morceaux, et te glissa à nouveau en face d'elle. Tu commenças toi aussi à tripoter tes cheveux, les yeux invariablement rivés sur le sol. Ta voix, cependant, avait un léger tremblement laissant transparaître tes sentiments.

— Je... je suis contente que tu m'en aies parlé. N'hésite pas, à recommencer. Tu veux... en parler d'avantage ? Je ne voudrais pas te presser ou te forcer cependant, je...

ARRÊTE ! NE LA TRAITE PAS COMME ÇA !

— Tu sais, ça ne se voit pas. C'est pour ça que je suis surprise et troublée. Tu es une fille forte n'est-ce pas ? J'aimerais bien être aussi forte que toi, être...

Ta voix mourra dans un sourire, alors que tu te laissas aller à prendre son apparence. Parfait reflet, parfaite copie, tu te saisis de la main qu'elle avait approchée de toi, doucement mais fermement. Le reste se passait de commentaire. Tu commenças à marcher, caressant doucement la main fragile du bout de ton pouce, afin de la rassurer.

— Je suis là pour toi, même si je ne peux pas te promettre que tout ira bien.

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Ce n'était pas facile d'avouer. De dire à quelqu'un d'important que l'on était mourant. Que la maladie rongeait peu à peu notre corps. C'était la première fois que je l'avouais vraiment. C'était aussi la première fois que je pouvais considérer une personne comme une amie. C'était drôle comme sensation, de voir son visage se décomposer brutalement. Je m'en voulais tellement, d'être ainsi. C'est pour ça que je cherchais tant à fuir le contact humain, pour ne faire souffrir personne. Si tu savais comme je suis désolée Madeline. J'aurais tellement préféré te le cacher encore, ou mieux, j'aurais préféré ne jamais être malade. Cependant, la vie ne nous donnait jamais ce que l'on voulait. J'allais devoir finir ma vie avec comme seul compagnon mon cancer.

J'avais peur d'en parler. Parce que lorsque l'on est mourant, les gens changent immédiatement d'attitude, tout comme mes parents l'ont fait. Ils ne s'étaient jamais préoccupés de moi ou même d'Harrison. Et, étrangement, à la découverte de mon cancer je suis devenue leur centre d'attention. Je n'en avais pas besoin, je n'avais besoin que de mon frère, après tout c'est sur lui que je m'étais toujours reposée. De plus, j'avais accaparé l'attention alors que c'est mon frère qui en avait le plus besoin. Je n'étais vraiment pas la petite sœur rêvée.

Je voyais bien que Madeline ne savait pas comment réagir, et je ne lui en voulais pas. Je souhaitais juste qu'elle ne change pas de comportement à mon égard, qu'elle reste la même. Parce que même malade j'étais toujours moi-même non ?

Je regardais longuement le pendentif qu'elle venait de nouer autour de mon cou. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me fasse un cadeau. Je lui adressa un léger sourire, avant de prendre ses mains entre les miennes. Il était temps que je prenne mon courage à deux mains, temps que j'arrête de fuir tout contact humain - du moins avec Madeline :

- Il est magnifique merci... Tu sais, que je sois malade, ça ne change rien. Je suis juste plus... Fragile. Je suis toujours la même. Alors s'il te plaît ne change pas de comportement. Reste la même.

Forte. Un mot qui ne me définissait clairement pas. Tu sais Madeline, je suis tellement faible, tellement déprimée. Je ne crois plus en rien, je n'ai plus envie de me battre, je suis fatiguée. Je ne sais même plus pourquoi je tiens encore bon. Alors ne dis pas des choses comme ça, je ne suis pas comme tu penses... J'en suis désolée.

- Non, non... Je ne suis pas forte tu sais... Je suis pathétique et faible.

Les mots étaient sortis tout seuls, ces mêmes mots que je ravalais tout les jours.

- J'ai grandis avec la peur de mourir. J'ai cherché à fuir tout semblant de relation pour ne faire souffrir personne. Je n'appelle pas ça de la force... Pour moi ce n'est que la lâcheté. J'ai même essayé d'abandonner mon frère !

Je serre ses mains un peu fort. Je n'avais jamais osé parler de mon mal-être, je ne m'étais jamais libérée de tout ces maux qui me rongeaient...

- Écoute, je vais te dire seulement l'essentiel. Je ne veux pas gâcher notre journée. J'ai une forme rare de leucémie. J'ai déjà fais deux rechutes. Et mes dernières prises de sang ne sont pas très bonnes...

Tout était dit. J'aurai aimé avoir le courage de lui demander de m'accompagner à mes prochains examens. Mais c'était sûrement trop pour moi. Bien que je n'avais pas besoin que mon amie me le dise pour que je sache que je pouvais compter sur elle. De toute façon, tout ce que je voulais c'est qu'elle ne change pas de comportement envers moi. Je ne pus m'empêcher de sourire lorsque Madeline me déroba mon apparence. J'avais toujours trouvé ça amusant, et la renforçait le lien fraternel que nous nous efforcions d'avoir :

- Ce serait drôle que mon frère te voit comme ça. Je me demande comment il réagirait. Bref, et si on y allait ?

Changer de sujet, éviter les choses qui blessent. C'était mieux non ?

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Sujet: Re: à cœurs ouverts • • MAD Dim 25 Sep 2016 - 2:20

Ton trouble était visible et perceptible, Madeline. Tu ne voulais pas l'inquiéter, la perturber, lui faire regretter sa décision, et pourtant sur le coup tu eues l'impression que tu venais exactement de faire le contraire que tout ce que tu avais désiré accomplir. Mais heureusement, elle reprit vite la parole pour te rassurer.

Te rassurer ? Mais, n'était-ce pas dans cette situation ton rôle ? On dirait bien que tu avais tout de même échoué un minimum, donc. Tu te sentis fière, lorsqu'elle prit tes mains entre les siennes. Fière, et heureuse parce que cela lui arrivait peu. Fière, également, lorsqu'elle commença à te parler à nouveau. Pour te remercier, confirmer tes craintes et ton ressenti. T'en dire encore un peu plus, également. Sur son mal, sa maladie, sur les risques. Sur ses rechutes.

Tu l'avais écoutée calmement, sans chercher ni ressentir le besoin d'en rajouter. Par peur de ne pas trouver les bons mots, de dire quelque chose de blessant, de briser son petit cœur ? Peut-être. Mais d'avantage par peur de te sentir mal toi même, de te sentir ridicule, de sentir que tu venais de plonger ta chère petite Cassiopée dans l'embarras. Les mots de ta mère te revinrent à l'esprit, ainsi que son image, celle d'une femme faible mais se détournant de façon si élégante pour tousser. Elle n'avait jamais été en très grande forme, mais avait toujours semblé trouver la force pour te réprimander lorsque tu montrais de l'inquiétude. Sois forte. Je fais de mon mieux, alors ne me traite pas comme ça. Je déteste vraiment lorsque tu parais si faible. Je le suis assez pour nous deux. Elle avait raison, chaque fois, et peut-être que cela avait contribué à ton caractère ma foi plutôt taciturne. Tu savais que tu te cachais derrière un masque, mais tu avais envie de faire resplendir cette petite enveloppe. Le dos bien droit, les yeux brillants de détermination accompagnèrent ta démarche se refaisant précise, cadencée, rythmée. Comme le bruit d'un tambour, comme l'agaçant tic-tac d'une horloge. Oh, oui, le temps passait.

— Je pense qu'il serait confus, tout simplement, comme tout le monde. commenças-tu, marquant une petite pause avant de reprendre. Alors, qu'est-ce que tu as mangé à midi ? Tu as pris un dessert ? Parce que je connais un glacier super si tu veux...

Intérieurement, tu ne pouvais t'empêcher de relativiser, de repasser ses mots en revue, et d'essayer de leur donner un sens plus profond. Il fallait en faire suffisamment, mais pas trop bien sûr. Tu étais très mal placée pour lui donner des conseils. Alors, tu gardas en tête de juste la souvenir. Si elle voulait te parler, elle viendrait, et sinon tant pis, mais tu te promis d'essayer quand même de la protéger contre son gré. Tu continuas de resserrer sa petite main contre la tienne, devenue toujours aussi frêle en devenant la copie de sa jumelle. Le frottement du tissu de ces chemises, reflet l'une de l'autre, frottement du tissu épais mais soyeux. Et encore une fois, inlassablement, le bruit de vos pas.

Vous marchèrent ainsi un petit moment, en gardant le silence et en le ponctuant de petites discussions sans grand intérêt. En vous amusant, également, du regard de quelques passants une fois sorties de l'établissement. Parce que, à leurs yeux, vous n'étiez que deux petites jumelles. Douces, innocentes. Insouciantes, naïves, protégées par une candeur enfantine de tous les maux du monde. Ils avaient tort, tellement tort que cela en devenait drôle. Tu frémis en percevant une douce odeur iodée. Le bruit des vagues. Les embruns, le goût du sel sur tes lèvres, un goût de bonheur parfait.

— Et voilà la plage ! Tu veux faire trempette, Cassiochoupette ?

HRP : Désolée c'est court et j'ai mis du temps ;w;

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La réaction de Madeline était normale, et tu le savais Cassiopée. Elle était troublée, elle ne savait pas comment réagir, quoi te dire. Tu avais l'habitude. Le silence était pesant, tu t'en voulais même de lui avoir avoué. Tu avais tout gâché, encore une fois... Comme cette fois où vous deviez enfin passer des vacances en famille, et que la maladie t'avait rattrapée. Tu t'en étais toujours voulu d'avoir gâché le bonheur de ton frère. Et voilà que tu venais de prendre celui de ta marraine. Des remords, encore des remords.

Tu n'aimais pas voir les gens changer leur comportement, lorsqu'ils apprenaient à quel point tu étais fragile. Tu ne te trouvais pas plus différente qu'un autre. La maladie ne changeait rien, non ? Tu ne voulais point que l'on te traite différemment parce que le cancer te rongeait.

- Agit comme avant avec moi... S'il te plaît.

Tes yeux se perdirent dans les siens, comme pour l'implorer. Ce n'était pas ton genre pourtant. Ta main serra un peu plus la tienne :

- Je me demande s'il arriverait à nous différencier, à savoir laquelle de nous est vraiment Cassiopée.

Tu lui adressas un léger sourire :

- Non, je n'ai pas beaucoup mangé ce midi, je mangerais bien une glace !

Tu avais décidé de ne plus lui parler de ta maladie, du moins pour aujourd'hui. Tu voulais profiter de ta journée, de votre journée. Sans penser à ton cancer, sans penser que la mort te guettait, et qu'elle emporterait tous ses moments de bonheur en même temps que toi.

Tu jetais un œil discret aux patients qui ne pouvaient s'empêcher de vous regarder, avec un large sourire. Ils pensaient probablement que vous n’étiez que deux enfants, candides et innocente. Toutefois, ils se trompaient. Tu n'étais plus une enfant depuis que la maladie t'avait prit ta féminité, tu avais perdu toute la candeur qu'avait les enfants de ton âge, toute ton innocence lorsque les médecins avaient énoncé une faible espérance de vie. La vie était si cruelle, n'est-ce pas Cassiopée ?

La mer, tu n'avais pas eu la chance de la voir beaucoup... Tu ne pu t'empêcher d'accepter la proposition de Madeline avec un grand sourire, comme quoi, tu avais gardé une part de candeur. Tu courras vers la mer sans attendre, avant de sauter dans la première vague. Le bonheur, une chose que tu ne connaissais presque pas. Tu invitas ta marraine à te rejoindre, avec toujours ce même sourire. Radieux, vrai. Il était rare que tu sourisses sincèrement.

Sujet: Re: à cœurs ouverts • • MAD Lun 24 Oct 2016 - 3:55

— Dis donc choupette, tu radotes un peu nan ? T'inquiète. J'ai pas l'intention de te traiter comme une ridicule petite chose, parce que t'es juste géniale.

Les mots étaient peut-être un peu plus rudes de le reste de ceux que tu avais prononcés, et pourtant ils sonnaient plus vrais et remplis de sens que n'importe quel autre bribe ayant pu s'échapper d'entre tes lèvres. Tu aimais cette proximité que tu avais avec Cassiopée, et la voir s'excuser autant t'étais relativement douloureux. Sans un mot de plus, tu la laissas resserrer ta main et se coller à toi. Sans un mot de plus, tu laissas ta petite tête brune glisser contre la sienne, vos épaules se collant, entremêlant et enlaçant vos bras ensemble avec un geste affectueux, pour continuer à marcher ainsi. Et tu fermas les yeux, pour te perdre au milieu de cet acte d'affection. Sans savoir où commençait la filleule et où finissait la marraine, juste vous deux, perdus au milieu de ce monde cruel arrachant sans la moindre pitié vos rêves, votre bonheur, lui, figé au milieu de cette bulle de cristal nommée amour. Un amour plus fort que celui entre deux amies classiques, un amour fraternel et sain pour vous deux, un amour relativement réciproque.

Un amour fraternel. Ne risquais-tu pas de prendre la place de son frère ? Lui, qui ne t'appréciait pas, sentiment réciproque malgré tout l'amour que la petite brunette vous portait à tous les deux. Tu n'as juste... jamais pu t'entendre avec ce type. Il fait partie des gens dans ce pensionnat qui te considèrent comme une gamine pourrie gâtée, et le pire, c'est qu'on ne peut même pas leur donner tort. Ils ne savent pas que tu manques d'amour, de reconnaissance. Ils s'en fichent à vrai dire. Tu aimerais bien leur faire ravaler leur sourire suffisant, comme s'ils étaient meilleurs que toi car témoignant d'un minimum syndical d'empathie. Heureusement, tu avais toujours des gens merveilleux autour de toi, tout comme Cassiopée, à qui tu étais terriblement attachée.

Tu te sentis même te fêler un instant quand elle s'éloigna. Remontant un peu vers la petite échoppe ambulante d'un glacier, tu choisis deux cônes couverts de boules de glace à la myrtille, de chantilly, de caramel, de billes de couleur et de bonheur. Ainsi, redescendant vers le sable, tu retiras rapidement tes bottines assez desserrées pour que glisser tes pieds en dehors très simplement soit possible, et tu te précipitas vers la mer encore toute habillée, émettant un éclat de rire en tendant un cône à ta filleule. Tu croquas vivement une bouchée du tien. Un goût sucré, mêlé à la saveur salée de tes propres lèvres, froid et parfait.

— Allez Cassiopée, je porte un cône à nos propres personnes ! Puisse nos vies n'être pas trop chiante, haha !

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» À coeurs ouverts feat. Ezéchiel [TERMINÉ]

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