Popular (PV Jonas)

“T'as vu sa dégaine ?
- À qui ?
- Ben le mec, là ! Avec ses cheveux violets ! Le type on aurait dit qu'il a passé la serpillère avec sa tête !”

Des rires. Voilà que les deux concierges – des élèves, dans la réalité – parlaient et riaient. On aurait dit des hyènes, et cette pensée suffit à arracher un soupir à la rousse. Enfin, ce soupir n'était qu'en son fort intérieur, puisqu'elle se trouvait à moins de deux mètres de ces mêmes filles. Avec une seule et même pensée.

'Ah, relou. Ça commence déjà, sérieusement ?'

Heureusement pour elle, les deux “basic bitches” qu'elle jugeait ainsi n'étaient que de passage. Là elle put soupirer. Un soupir qui s'ensuivit de Mercury, grimpant le long de sa poitrine, son épaule, son cou et ses cheveux, pour se poser au sommet de sa tête.

C'était la pause du midi, et Jonas, profitant de son statut d'élève en classe B, avait déjà fini de manger – il ne lui restait plus que sa brique de jus de fruits. Parfois, cette envie de s'isoler un peu de ses potes lui venait, et c'est avec cette petite boîte rectangulaire qu'elle se gagnait quelques minutes de solitude. Faire le chemin jusqu'aux casiers, pour récupérer sa brique du jour, en passant par des couloirs et des escaliers peu fréquentés ; pour ensuite errer sans but, se mettre dans un coin pas trop bruyant … Une habitude digne d'une vraie introvertie. Le problème, c'est qu'elle n'a pas pu se mettre dans un de ses coins préférés. Tous étaient occupés par des gens encore plus rapides qu'elle, ou des couples qui voulaient leur intimité. Elle, elle veut prendre son temps, et est célibataire. Tout est dit.

Alors la voilà arrêtée au premier étage, non loin de la salle de musique. Vêtue de son uniforme scolaire, toujours aussi propre sur elle, Jonas était, comme à son habitude, une élève d'honneur. Sa queue de cheval lui donnait un air plus rafraîchissant, notamment avec le temps qu'il faisait actuellement. Mais cet air rafraîchissant n'était qu'en apparence ; à l'intérieur, elle était toujours en train de moisir dans ses pensées négatives.
La rentrée. Si devant les autres, elle montrait une grande joie à l'idée de les retrouver et les fréquenter tous les jours, il est en vérité bien évident, lorsque l'on connaît son fort intérieur, que ce n'était pas du tout le cas. Non. Elle voulait les étriper d'être aussi joyeux – surtout si, déjà à peine ils reprennent les cours, qu'ils se remettent déjà à être infects les uns avec les autres. La seule chose qu'elle pouvait bien aimer, c'était d'avoir une excuse pour s'isoler et bosser dans un coin. Donc loin des gens.

Énième soupir, avant de boire une gorgée. Les hyènes à présent éloignées, le calme régnait. Du moins, jusqu'à ce qu'une musique lui parvint aux oreilles. Du piano ? Pas mal. Et agréable à écouter.
Peut-être si agréable que cela attisa la curiosité de Mercury. La lézarde ne perdit pas de temps pour descendre le long de Jonas, sans même que la rousse ne puisse réagir.

“Huh ? Mercury ? Hé, attends !”

Vive comme une flèche : Mercury rampa au sol, et Jonas faillit la perdre de vue une fois qu'elle tourna à droite. Heureusement, elle ne partit pas loin ; la salle était juste à côté, et Jonas eut le temps d'apercevoir un bout de queue grise passer par la fente de la porte à moitié fermée.

“Bon sang, Mercury !”

Ouvrant la porte sans réelle délicatesse, Jonas entra dans la salle de musique. La lézarde a toujours été une source d'inquiétude pour Jonas – une des raisons pour lesquelles elle l'envoyait rarement dans le cadre du LMS : la B tenait trop à la bestiole pour envoyer une si petite chose accomplir de telles tâches.
Scrutant la salle, à la recherche de Mercury, voilà qu'elle vit la petite bête se tenir sur le piano.

Et très vite, son regard se posa sur le jeune homme, dont les doigts étaient la source de la douce mélodie. Déconcertant.

“Ah … Je … Je suis désolée.”