Je marchais les pieds nus sur le sol de la chambre. Je venais de ranger les affaires m’appartenant car elles traînaient un peu partout dans la pièce. J’étais seulement vêtue de sous-vêtements étant donné que j’étais seule dans la pièce, mes colocataires étant sûrement en train de se balader quelque part. Et moi j’étais là, à tourner en rond dans une sorte de cagibi géant, ne sachant que faire. Sérieusement, qui aurait cru que je ne trouverais pas quoi faire ? Alors je me souviens avoir soupiré en crachant à voix haute un vulgaire « Je réussirais ».
Et puis me voilà, quelques heures plus tard en train de ma balader –habillée d’un pull en laine et d’un jean serrée ainsi qu’une veste et une écharpe, n’oublions pas que nous sommes en hiver- dans les rues marchandes pour m’occuper ne serait-ce qu’un peu. J’entre dans un magasin dont la clochette retentit au mouvement de la porte. Je hoche la tête pour saluer la vendeuse et avance un peu. Je regarde autour de moi. C’est une boutique de dix mètres carrés, très petite donc, qui vent un peu de tout et de n’importe quoi. J’observe chaque objet sur les étagères en restant calme. Je suis décidée : je veux m’entrainer à maîtriser mon pouvoir, et pour le faire il me faut quelques armes.
Un autre pas, encore un, etc. jusqu’à ce que j’arrive à la hauteur d’étagères remplies de couteaux et autres choses tranchantes. Mon rythme cardiaque s’accélère, je le sens. J’ai peur de faire un meurtre à vrai dire. Sérieux, c’est dangereux de se balader dans un magasin pareil lorsque l’on ne sait pratiquement pas se servir d’un pouvoir comme le mien.
J’hésite, je ne sais pas quoi choisir. Il y a trop de trucs qui me sautent aux yeux. Finalement je décide de saisir trois poignards qui se situent là, deux couteaux de cuisine et des fléchettes de jeu. Suivi d’un sabre tranchant. Oui d’accord j’exagère un peu mais j’ai vraiment besoin de ça. Je me suis dit que si jamais j’étais à vue d’armes je pouvais réussir à me contrôler un minimum, je ne sais pas je verrais bien dans une ou deux heures. Mes yeux ne savent pas où se poser et mes genoux tremblent au fur et à mesure que je m’approche du comptoir pour payer mes achats. Je regarde les lames qui brillent à la lumière sans savoir si je vais oser payer ou non.
-Mademoiselle ? Vous déposez vos articles sur le comptoir oui ou non ?
Je relève la tête, surprise de serrer les armes contre moi et surtout honteuse d’acheter à mon âge ceci. Je pose finalement le contenu comme il le faut et tente de me calmer. Si je ne sors pas je vais finir folle. La vendeuse n’attend pas avant de me demander mon âge. Je réplique que j’ai dix-huit ans –je déteste mentir et je le fais quand même, bravo Elissy-. Elle ne cherche pas à savoir et me demander de lui donner la monnaie et de partir, le sac d’armes à la main. Je dépose les billets, prends le cabas m’enfuit en courant. Je traverse les rues sans faire attention aux gens, mes achats serrés contre ma poitrine –charmant hein-. Les personnages défilent de chaque côtés, je bouscule quelques personnes dans ma course mais je m’en moque, je continue sans vouloir stopper mes pieds. Je stresse. Je suis stressée. J’ignore si j’ai causé quelques dégâts à la boutique d’armes, et j’ai peur que je suis poursuivie à la fois pour ça et à la fois pour avoir acheté des couteaux, des poignards et un sabre alors que je n’ai pas l’âge légal. Mais ça ne me fait plus peur de défier la loi, oh non. J’aime trop ça pour arrêter du jour au lendemain. Car au fond, bien que la peur me suive je ressens de l’adrénaline et c’est ça que je recherche et que je trouve toujours, ou presque.
J’arrive au Pensionnat et mon cœur se serre de plus en plus. Je n’avais pas pensé à ça mais j’aurais dû… Je me retrouve comme piégée. Je me suis arrêtée devant la grille que je regarde. J’avale ma salive et soupire. J’ai beau vérifier partout, c’est comme si c’était abandonné, ou alors c’est mon cerveau qui m’a lâché. J’ai l’impression d’être dans un pays étranger, encore pire que quand j’ai franchi pour la première la porte de Prismver. Et cette entrée me rappelle tout le temps mon passé que j’aimerais oublier. Or on ne peut pas oublier, car le souvenir reste dans notre mémoire et ne cesse de nous éclater à la figure quand il le faut.
Au lieu de cours je marche dans l’allée. Le sabre ressort de la poche, on peut donc deviner facilement ce que j’ai acheté. Mais tant pis si quelqu’un pense que je vais tuer des gens toute la nuit prochaine. Parce que c’est faux. Ce qui le prouvera ? Je n’en sais rien encore. Bref, il est trop tard pour reculer. Je me dirige vers le complexe sportif. J’ai entendu dire qu’il y avait un coin pour s’entrainer là-bas, alors je vais m’y réfugier pour m’entraîner, comme prévu.
Je dois améliorer plusieurs choses pour mieux maîtriser la télékinésie : tout d’abord la puissance, la vitesse et enfin la précision. La puissance pour réussir à viser plus loin, en faisant plus de dégâts quand il est nécessaire, la vitesse pour atteindre ma victime plus vite que d’ordinaire, histoire que mon arme l’atteigne au bon moment et non avant, ni après. Et puis la précision pour ne pas rater la cible, ce qui parait logique. Je devrais en plus de cela travailler sur l’attention. Car si je ne me concentre pas sur mon entourage à regarder d’où vient qui et si je n’imagine pas les futurs mouvements de la personne je risque de ne pas échapper à la mort en plein combat.
J’arrive enfin et dévisage l’environnement, déjà fatiguée à l’idée de m’amuser un peu. « M’amuser » est un bien trop grand mot, je devrais ne pas l’employer.
Je pose le sac contre le mur et sort tout ce qu’il contient. Bien, que ça commence. Je jette mon écharpe au sol et retire mon pull, pour me mettre à l’aise d’entrer de jeu. Certes, un jour il faudra que je garde toutes ces couches mais en attendant non. Une fois un combat entamé ou même pour me défendre je n’aurais pas le temps d’enlever le pull ou bien même la veste.
Je dispose le tout aligné, face au mur opposé. Ce sera ma cible. Oui c’est peut-être une mauvais idée si jamais je le détériore mais bon tant pis, qui ne cours pas de risques ne risque rien, c’est le cas de le dire. Je prends une inspiration et fixe le mur, faisant circuler doucement mon énergie dans tout mon corps pour me concentrer. La chaleur m’envahie peu à peu mais je n’ai pas le choix. Et si je tombe dans les pommes ce n’est pas réellement le plus grand de mes soucis, c’est clair. Je sens également l’énergie matérielle des couteaux à côté, mais seulement eux, tant pis. D’un coup je lâche un cri de douleur et les armes s’en vont en plein en face à une vitesse phénoménale tendit que je m’écroule sur mes genoux. Mon souffle est saccadé, je transpire déjà un peu. De plus je n’ai pas choisi d’emporter une bouteille et une serviette de bain, bravo. Je souffle, les mains appuyées sur le sol. Mes jambes tremblent. J’ai dû utiliser trop d’énergie magique. Ou alors c’est le fait de ne jamais m’entrainer à contrôler ce qui m’entoure. J’essuie mon front de ma main et me relève doucement , chuchotant :
-Je refuse d’abandonner ! Et je réussirais pour vous, papa et maman.
Je grince des dents et retourner récupérer les armes. Je les remets à leur place et me prépare une seconde fois. J’ai du mal à tenir debout mais ça devrait le faire. J’ai hyper chaud, mais une nouvelle fois que me débrouille à faire circuler la concentration dans mes veines. Cette fois, je ressens juste le sabre qui d’un coup se met à léviter quelque peu pour tomber dans un bruit sourd sur le sol, tout comme moi. Je m’assois en tailleur et cligne doucement des yeux, luttant contre les larmes. Luttant contre l’envie de me servir d’un poignard contre moi-même. Le silence règne alors.
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Sujet: Re: N'abandonnons pas nos rêves [PV Brent] Dim 30 Déc 2012 - 16:12
Elissy & Brent« Le chemin comblé d'obstacles et d'embuches est celui qui mène à la grandeur. »
« Et bien Elissy, tu as encore du mal avec ton pouvoir, n'est-ce pas ? »
« Sauve-moi. »
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Sujet: Re: N'abandonnons pas nos rêves [PV Brent] Dim 30 Déc 2012 - 18:07
« Et bien Elissy, tu as encore du mal avec ton pouvoir, n'est-ce pas ? »
Je sursaute et me retourne. Brent. Alors je n’étais pas seule ? Je ne m’attendais sérieusement pas à entendre sa voix à ce moment précis. Depuis quand était-il là ? Pourquoi il sourit comme un crétin ? Trop de questions qui embrouillent mon esprit. Je ne dis rien car je n’ai pas de force, je le laisse parler. S’il faut que je réplique eh bien je le ferais, même si j’aurais du mal à parler, essoufflée comme je suis. D’un coup, j’écarquille les yeux. Non, ce n’est pas pour la cigarette qu’il vient d’allumer, je m’en fiche s’il fume dans le complexe sportif en fait.
« Sauve-moi. »
Je bondis comme une lionne en hurlant « NON ! » en voyant le sabre qu’il lance au-dessus de sa tête. La scène passe dans ma tête au ralenti. Je cours et saute, tandis que les poignards se dirigent droit dans le mur, et j’atterris sur Brent qui est désormais à terre. Je m’accroche à lui et souffle doucement. Toutes les armes tombent en un fracas horrible qui siffle dans mes tympans. J’ai l’impression de ne rien entendre. Qu’est-ce qu’il se passe ? Je me remémore soudain mon passé, quelque chose qui n’a rien à voir –ou à moitié- avec la scène qui s’est déroulée sous mes yeux.
J’étais dans ce fameux internat. Celui où j’ai été virée au bout de deux mois. Je n’étais pas seule, bien au contraire. Je me trouvais auprès d’un brun ténébreux –oui je sais ce que vous pensez- et nous étions en train de parler. J’avais une arme à la main, mais une arme à feu. Je criais comme une abrutie après lui alors qu’il fumait tranquillement en me regardant, n’éprouvant pas la moindre peur. Sur le moment j’ai levé mon pistolet et me suis approchée pour le lui coller à la tempe. J’ai failli l’assassiner. Je lui frappais l’épaule pour qu’il parle et j’ai fini en sanglots. J’ai voulu tirer mais je ne sais pas pourquoi, je me suis retournée et j’ai tiré… Sur une prof. C’est cette raison qui m’a fait virer de l’établissement en effet. D’après ce que j’ai compris, je n’ai fait que protéger le gars, qui était en quelque sorte un ami, que cette prof voulait tuer. Oui, je l’avais sauvé tout comme je viens de sauver le blond, Brent.
J’ouvre les yeux. Je regarde son visage et je soupir de soulagement en voyant qu’il va bien. Mais le sabre ? Je me lève aussitôt et regarde autour. J’ai comme l’impression que quelque chose a changé. Je recule d’un pas pour m’écarter de lui. Mon cœur bat la chamade, je n’entends rien et je m’inquiète. Le sabre n’est pas là. Je suis pourtant sûre de…
Je me retourne –ce qui ne faut surtout pas faire normalement- et constate qu’en effet le gymnase est devenu différent. Mais je ne saurais vous dire en quoi… Je ne comprends rien je vous le jure ! J’ai beau jeter des coups d’œil partout… Même que je regarde Brent et lui tends la main pour l’aider à le relever.
-Brent…
Je dois être mordue par la trouille. Oui, vraiment mordue qu’aux os. Le sabre bordel ?! Il est où ? J’aurais sûrement dû m’y prendre autrement pour le sauver sérieux. J’aurais dû faire dévier la trajectoire du sabre plutôt que de fondre sur lui, au risque que ce soit moi qui soit transpercée par l’arme. Je me serais suicidée.
Je ne le lâche pas. Je le fixe droit dans les yeux avant de m’en détacher petit à petit. J’ai l’impression que ma force me quitte ou me revient… En fait j’ai comme des coups de chaleur. Mon regard croise le brillant de la lame bien au-dessus de la tête de mon ami. Tout s’éclaire. En fait, si je me vide de ma force c’est bien parce que je le tiens bien en hauteur. Je souffle doucement et quand je relâche tous mes membres pour m’écrouler par terre, je pousse Brent pour lui éviter le tranchant du sabre, qui brusquement dévie assez loin pour s’étaler par terre sans créer de catastrophes. Le souffle court j’essaie de m’exprimer :
-Tu m’as fait peur.
C’est donc le fait de savoir qu’une vie est en danger qui m’aide ? Bien, ce n’est pas trop mal mais ça ira pour le moment. Au moins, je sais ce qui peut m’aider à contrôler mes pouvoirs ne serait-ce qu’un minimum. Je relève la tête vers lui sans rien dire de plus, espérant juste qu’il ne me fasse pas le même coup par deux fois, sinon je risque de réellement me sacrifier !
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Sujet: Re: N'abandonnons pas nos rêves [PV Brent] Lun 21 Jan 2013 - 11:03
Elissy & Brent« Toi & moi, nous ne formons qu'un. Si tu es triste, je verse des larmes ; si tu souris, je suis comblé ; si tu m'aimes, je t'appartiendrai. »
« Je savais que tu allais y arriver, Elissy. »
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Sujet: Re: N'abandonnons pas nos rêves [PV Brent] Ven 1 Fév 2013 - 12:01
Je ne peux plus tenir, mes genoux tremblent et je me sens attirée par le sol du gymnase. Pourtant, des bras me rattrapent juste avant que la douleur ne me lance dans tous les membres de mon corps. Je ne sais pas où regarder, mes yeux sont figés dans le vide, ou plutôt sur toutes les lames qui étaient autour de nous. Bizarrement, ça me faisait un bien fou de relâcher tous les membres de mon corps, ça me reposait et je pouvais reprendre un peu de force. Je pouvais encore ressentir la pression de ses bras contre mon corps, contre moi. Mais je décide de ne pas y prêter plus attention que ça. Je ferme les yeux et souffle doucement pour me sentir mieux. C’est que ça commence à tourner autour, ce n’est pas tiptop ai-je envie de dire. Nos yeux s’étaient croisés juste avant, et sa main est venue chercher la mienne. J’ai entrelacé nos doigts et mes yeux se sont rouverts alors que nos deux visages étaient proches l’un de l’autre. Nos fronts se touchaient, et je m’abandonnais à un léger sourire lorsque j’entendais sa phrase. Il avait cru en moi depuis le début. Je ne pensais pas qu’il pouvait croire que j’y arriverai. Je soupire d’aise sans bouger. En fait si je bouge, je m’abandonne à ses bras je lui tombe pratiquement dessus mais me contrôle pour ne pas qu’il sente qu’un poids lourd vient de se poser sur son torse. Je l’encercle de mes bras et profite de sa chaleur, bien que je sois en sueur et que j’ai chaud à cause de tout ça.
C’est quelques minutes plus tard que je décide de me retirer de son étreinte. Je le fixe. Je passe ma main sur sa joue pour m’assurer que c’est bien réel, ce qui est tout de même stupide étant donné que j’ai réellement senti son corps tout à l’heure. Je lui souris tristement, l’embrasse sur la joue et je me lève, coupant également le contact de ma main dans la sienne, que j’avais presque oublié tellement cela semblait normal. Je me dirige vers les couteaux et la sabre et j’aligne parfaitement en chuchotant dans ma tête une chanson pour m’encourager. Je regarde toutes les armes en même temps et ma main pianote ma cuisse car je suis un peu stressée. Je ne veux pas prendre le risque de nous blesser, mais j’ai promis au ciel –à l’âme de mes parents- que j’arriverais à progresser, et que j’irais jusqu’au bout même si je suis épuisée au point de m’évanouir. Je dois tenir mes promesses. Je me laisse choir sur le sol et saisit une lame. Sans prévenir je l’enfonce légèrement dans ma main en grimaçant de douleur. Je ne sais pas ce qui m’a poussé à faire ça, mais je la retire ou bout de quelques secondes et la tend vers la lumière pour observer le sang perler dessus. Tout de suite, je m’imagine des scènes plus horribles que les autres.
Je me relève lentement, le couteau dans la main. Je croise le regard de Brent et je murmure que tout va bien se passer, que je n’ai pas mal. Il doit savoir que je mens, et puis ?
Je commence à desserrer mon étreinte autour de la lame, petit à petit. Le sang sur ma main et sur le couteau me donnent la force de serrer les dents. Je pense, je songe carrément à une scène cruelle, digne des meilleurs films d’horreur. Puis je la lance contre le mur, je la fait dévier, elle revient vers moi et je l’esquive d’un bond sur le côté, je me retourne et je m’amuse plusieurs fois à refaire ça, à la faire danser ainsi que toutes les autres lames autour de nous, je ne m’arrête pas. J’en oublie que j’ai mal à ma main, j’envoie tous les couteaux, tous les poignards et le sabre se planter dans le mur derrière moi. Je ferme les yeux et je les laisse me passer à côté. Sauf que quand j’ouvre les yeux une lame dévie vers moi et me fonce dessus. Je grimace, je hurle en reculant d’un pas et en tendant ma main vers elle. Elle ne s’arrête pas, elle va de plus en plus vite. Finalement, dès que j’entends un cri vers Brent, je tourne la tête vers lui et hurle son nom en écarquillant les yeux. Je me rue sur lui et nous roulons un petit moment avant de nous stabiliser sur le sol. Je pleure maintenant. J’ai utilisé trop de forces. Je le regarde, il est sur moi, intact je l’espère. Je susurre, paniquée :
-Tu n’as rien ?!
J’ai risqué sa vie en même temps que la sienne. Je ne sais pas forcément ce qui s’est passé, c’est allé si vite que j’en ai eu une montée d’adrénaline et que je ne me suis moi-même pas contrôlée. Un peu plus et nous serions à l’heure qu’il est tous les deux embrochés. Je ne recommencerais plus. Pas ça. Je pensais que j’allais exercer une pression seulement sur une arme mais toutes les autres ont suivi. Le pouvoir qui a circulé dans mon sang si longtemps ma rendue forte, mais ça n’arrivera plus jamais je pense.