Fin d'un cours : une prof et une élève se retrouvent. [PV : Lucia]

Kathleen ainsi que l'ensemble de sa classe assistait à la fin du cours. Et pas n'importe lequel, celui de sport, celui que Kate appréciait tout particulièrement. La seule matière dans laquelle elle se donnait encore à fond. Oui "encore à fond", car quand elle était plus jeune Kathleen se donnait à fond dans toutes les matières. Et ses résultats étaient presque aussi époustouflant qu'en sport. Sauf en langues, elle n'avait jamais vu l’intérêt de cette matière. Pourquoi apprendre une autre langue alors qu'elle vivait dans le meilleur pays du monde ? Alors qu'elle ne comptait pas voyager ? Ha ! Vous imaginez un peu le genre de fille modèle qu'elle avait pu être ? Oui, cela avait bien changé. Fin bref, la jeune femme ne voulait plus y penser. La prof comme à son habitude avait voulu le meilleur de ses élèves et les avaient fait ... souffrir. Oui c'était bien le mot. Déjà essayer de sortir le meilleur d'un E c'était quelque chose. Mais la grande dame Benigni faisait littéralement suer ses élèves. Et malgré son acharnement, la plupart des camarades de Kate étaient dispersés et semblaient encore agiter. * C'est toujours pareille avec eux, pfff... Quelle classe. * Heureusement, Lucia (oui Kate l'appelait par son prénom) arrivait à se faire respecter. L'une des seules prof d'ailleurs avec cette classe.

C'était les dernières minutes du cours, et tout le monde se réunissait autour de la prof pour entendre (ou faire semblant d'entendre) les dernières recommandations. Derrière la masse, Kate n'entendait rien. Puis, les élèves repartaient aux vestiaires en se chahutant quelque peu. * On dirait des gosses de maternelles... qui auraient raté leur croissance.* Oui, le niveau était très élevé en E ! Ce qui avait le don d’exaspérer quelque fois l'adolescente. Quand la plupart des gens avait évacué le passage devant la Brune, elle put mieux voir Lucia. Le visage de Kate se fendit en un sourire. Si il y'a une chose qu'elle aimait dans ce p*tain de pensionnat c'était bien la fin du cours de sport. Quand elle retrouvait l'une de ses meilleures « potes ». Cela n'avait pas était toujours le cas, comme l'adolescente avait le don de provoquer tout le monde dès la première rencontre... Et qu'elle se prenait un malin plaisir à provoquer davantage tous les adultes à qui elle devait le respect. Mais au fur et à mesure du temps, elle avait appris à la connaître et à l'apprécier. A beaucoup l'apprécier même. Les deux femmes avaient tellement de point commun !

Comme à chaque cours, la Brune s'avança mollement vers Lucia. Alors qu'ils sortaient, certains continuaient à faire du bruit dans la salle. L'adolescente poussa un long soupir et se posta devant son aînée.

- J'crois que vous avez besoin d'aide pour ranger le matériel, M'dame.

«Vous» c'était presque comique. Le vouvoiement : elle devinez que cela faisait rire intérieurement Lucia. Kathleen avait pris la manie de toujours la vouvoyer quand elles n'était pas seules. Pour pas avoir d'emmerde avec les autres élèves, ne pas montrer qu'il pouvait y avoir du favoritisme. Fin ce genre de truc qui aurait pu mettre en péril la relation qu'entretenait les deux jeunes femmes. Et le favoritisme, on pouvait se demander si il y en avait avec les résultats de Kate... Nonchalamment l'adolescente ramassa un tapis, puis deux et trois pour en faire un tas sur un chariot qui serait rangé plus tard dans le fond la pièce. * J'ai l'air d'une super bonne élève toute sage comme ça... Et lèche botte aussi. Pathétique. * Dans quelques minutes elle se retrouverait seule avec elle. Elles pourraient rire, se défier, se battre, ou faire encore quelques tours de terrains...voir peut être même se confier. L'un des rares instant où Kathleen se détendait réellement ici. Méticuleuse et ordonnée, l'adolescente avait déjà établi une grande pile de tapis et elle se mit à le pousser sur le chariot, en l'amenant devant elle. Kate avait bien transpiré, même si on le voyait peu avec ses vêtements moulant tout de noir (un débardeur et un legging). Elle avait donné le meilleur d'elle. Le dernier élève passait la pas de la porte, Kate avait fini de ranger les tapis. Tournant les talons, elle lança à Lucia souriante.

- Enfin seules ! C'était pas trop tôt... Ils me cassez les oreilles à toujours se plaindre ceux là !

Oui parce que Kathleen ne se plaignait pas elle. Fin pas dans son cours. Elle en voulait toujours plus, et aujourd'hui elle n'aurait rien dit contre un effort supplémentaire. Kate était littéralement une droguée de sport.

Lucia l'avait aidé à ranger, tout naturellement. Cette dernière n'avait rien ajouté quand Kate lui avais dit qu'elle aurait surement besoin d'aide. C'était pas comme si c'était habituelle de toute façon. L'adolescente put souffler vraiment quand plus aucun de ses chers camarades n'étaient présent dans l'enceinte du complexe. C'est d'ailleurs à ce moment là que Lucia choisit de prendre la parole. Apparemment, elle attendait aussi ce moment. La professeur s'assit aux cotés de son élève sur un tapis. Et elle commença par balancer un bon, un gros compliment à Kate qui ne put que sourire. Si ces cours seraient meilleurs ? Ils seraient surtout plus productifs et beaucoup moins bruyants. Sauf si toutes les Kate avaient la bonne idée de se provoquer, et là, se serrait un beau bordel. Encore plus important que se que pouvait faire les E actuellement.

- Tu sais que les flatteries c'est mauvais pour l'égo, Lucia. J'vais m'croire meilleur aux autres après... Mais merci.

L'adolescente souriait toujours, se demandant ce qu'elles pourraient bien faire ensuite. Elle impatiente ? Non, juste un peu. Puis Lucia alluma une cigarette, Kate ne put réprimer une grimace. Quel merde ce truc, c'était à cause de ça qu'elle avait vu ses compétences en sport baisser à un moment. Et cela lui avait été insupportable. Un véritable sacrilège pour elle. Elle n'allumait ses trucs que lorsqu'elle n'allait pas bien, son ultime recours pour la calmer ou la faire déstresser. Puis, son aînée lui balança le paquet, l'attrapa avec facilité l'adolescente regarda un instant l'objet d'un air incrédule.

- Tu veux que j'en fasse quoi ? Fit elle, comme se moquant. Je prends ces merdes que pour me calmer, ou quand j'me sens mal. J'te l'avais jamais dit ? Elle s'assit aux cotés de son ami. Et je dois te dire qu'après une séance comme celle ci, je me sens particulièrement bien.

Kate souriait toujours et l'adulte reprit la parole. Visiblement, elles étaient parti pour discuter cette fois. Dommage, elle aurait bien voulu se défouler encore un peu, même si la perspective de parler avec Lucia ne lui déplaisait en rien. Même si les sujets abordés n'était pas les plus agréable pour Kate. Nan mais franchement, elle pouvait pas choisir mieux ?

- A part le sport... Tous les autres cours sont tout par-ti-lère-ment chiant. J'me débrouille bien, pour quelqu'un qui sèche dans les matières scientifiques. Sinon. Je m'en fout. Ha si, les autres profs sont au courant quand je viens à leur cours.

Fit elle légèrement, un brin sadique. Oui, elle aimait emmerd*ait les profs et les adultes en général. Mais fallait pas lui en vouloir ! Fallait qu'elle s'occupe la petite Kathleen quand elle daignait venir ! La deuxième parti de la question était moins marrante pour la Brune. Son pouvoir? Rha, voilà quelque chose dont elle aurait bien aimé se débarrasser. Si il y'avait quelqu'un qui n'aimait pas son pouvoir dans cet établissement, c'était bien elle. Récemment, Kate l'avait utilisé de façon involontaire sur un gars qu'elle venait à peine de rencontrer : Ethan. Un truc dont elle aurait pu s'en vouloir un bon moment. Heureusement que ce sale type lui avait dit qu'il ne lui en voulait pas. Regardant loin devant elle, comme le regard perdu par le vide immense de la salle, l'adolescente reprit la parole quelques instant plus tard :

- Je vais pas te mentir, je déteste mon pouvoir. J'préfere balancer mes poings que ce truc. Suffit que je sois hors de moi pour qu'il se manifeste ce machin et là, si je touche le con qui m'a énervé j'lui fait revivre son pire souvenir... J'vois tout. Et j'arrive plus à taper. Ni à être en colère. J'men veux même. T'imagine le truc, quoi ! C'est pitoyable. C'est arrivé y'a pas si longtemps que ça en plus.

Kathleen n'était pas gênée de parler aussi ouvertement à Lucia. Cela lui faisait même pas mal de bien. L'adolescente avait dit la dernière phrase dans ses dents. Comme rechignant. Il fallait qu'elle trouve un moyen de le contrôler, mais cela lui ferrait monter dans les classes et ce n'était pas non plus quelque chose qui l'arrangeait.

Comme la jeune fille pouvait s'en doutait la réaction de son amie face à ses excuses fut assez violente. Fin juste dans les mots. Lucia s'était retournée vers elle, un peu moins choquée : elle reprenait peu à peu ses esprits. Mais son malaise à travers son rire était palpable. Elle essayait de sauver les apparences ? Pourquoi, pour faire déculpabiliser Kathleen ? C'était raté. Mais l'adolescente resta devant son amie, l'air impassible. C'est ensuite que Lucia parti dans des explications. De longues explications. C'était l'une des rares fois où elle lui parlait autant, sans s'interrompre. Elle avait pas eu une vie facile, comme s'y attendait Kathleen. On ne devenait pas fan de sport et de combat sans raison après tout ! La jeune fille se contenta d'hocher la tête, de faire de minces sourires quand elle le pouvait et lui prêta une oreille particulièrement attentive. Elle était étonnée. Pas par son récit, mais par le fait qu'elle se confie ainsi. Kathleen n'était pas prête à se confier autant. Elle avait des choses à cacher, son plus gros secret ne devait être portée que sur ses épaules. La Brune était à la fois gênée par les détails que lui donnait ainsi son amie et légèrement flatté par la confiance que cela montrait. Mais Lucia ne devait pas se sentir obliger de tout dévoiler ainsi.

L'histoire de Lucia prit fin, puis elle s'adressa plus personnellement à son amie. La surprise se lisait sur le visage de Kathleen. Elle voulait qu'elle lui parle comme elle venait de le faire ? Hum, ça allait être très dure. Mais d'un coté, Lucia lui avait dit tellement de chose... Fronçant les sourcils et baissant la tête, Kate réfléchit un instant avant de dire quoique ce soit. Nerveusement, elle se releva jouant avec ses mains.

- Je crois que je détestes toutes les périodes de ma vie... Pour des raisons différentes à chaque fois. Et j'ai vraiment, vraiment pas envie de dévoiler tout comme ça. J'ai vu ton pire souvenir Lucia, mais ce que j'ai vécu à certains moments... C'était pire, largement. Et tu sais que j'suis pas du genre à exagérer.

L'adolescente fit une pause, elle avait fait quelques pas pendant qu'elle bavassait ainsi. Elle tournait volontairement le dos à son amie. Soufflant un bon coup Kathleen fit mine de s'étirer, en levant les bras au dessus de sa tête. Elle n'allait pas se débiner, même si elle avait l'impression qu'elle même tournait autour du pot.

- Mais je vais te raconter un peu. Et ça risque déjà de t'étonner. Kathleen fit volte face, toisa son amie d'un air triste et commença à parler lentement. Comme contant une histoire. Il était une fois, dans une jolie maison un couple richissime qui avait tout pour lui. L'un faisait des recherches pour une grande entreprise et ça paie bien la recherche dans son jolie pays : les Etats Unis. L'autre à l'époque est mannequin. Ils avaient tout : un boulot génial, des amis géniaux, même des animaux, une maison fin non deux... Car il en faut une pour les vacances ! Ils veulent faire croire qu'ils sont parfaits, absolument parfait. Rien pour eux ne doivent entacher leur images. Et ils y arrivent très bien. La jeune fille eut un sourire amer. Mais les problèmes ça arrivent à tout le monde. Et un accident arrive, un accident non voulu : la grande mannequin doit arrêter son grand contrat international car elle tombe enceinte. Elle ne peut pas avorter. Une infamie pour eux. Ils doivent trouver une solution pour dire que cela était dans leur plans. Car ils ne doivent jamais perdre la face, ne jamais avouer leurs failles, quitte à manipuler tout le monde, quitte à s'entourer d'artifices, quitte à faire des coups bas... Heureusement pour eux, le mannequin n'a pas qu'un beau physique mais également des doigts de fée : elle joue extrêmement bien de la musique et peut se faire une place dans ce milieu. Alors ils jouent sur cette carte là. Ils font semblant que c'étaient voulu, mais ça fait peur ce truc. Ce truc, c'était bien Kathleen encore fœtus qui grandissait dans le ventre de sa mère. Dans cette histoire qui semble déjà tourner de travers il y'a un rebondissement : le couple finit par accepter l'enfant et même par lui vouer un amour incroyable. Un amour plus fort, plus vrai que toutes les choses qu'ils ont entretenus jusque là. Mais cela ne les a pas pour autant changés, bien au contraire. Car ils vont reporter leur goût pour la perfection sur leur petite fille. Une fille qui est collé à sa mère, comme un poussin... Cette fille c'est une poupée, une jolie poupée qui ressemble à sa mère qu'elle admire, la personne qui a le plus d'emprise sur elle, à qui elle est comparé tout le temps. Et ça l'énerve la petite poupée, car elle aimerait parler, montrer à tout le monde qu'elle n'est pas seulement qu'une copie miniature. Montrer qu'elle est aussi quelqu'un à part entière. Car la poupée, elle a beau lui ressemblait physiquement, mentalement les deux êtres s'opposent … L'une est calme et aime fait la belle, l'autre est impulsive et horriblement aventureuse. Elle rêve pas de mettre de jolie robes pour se pavaner devant des photographes, comme certains le pensent... Elle rêve juste de botter le cul aux méchants, de courir partout aussi, de sauter dans des flaques bien crades et de gueuler un bon coup. Mais il ne faut pas qu'elle dise ce qu'elle pense. Jamais. Ces parents sont à la fois ces bourreaux, ces protecteurs et ces idoles. Mais ils comprennent pas ça. Ils comprennent pas que leur fille veut juste sortir de tout ça. Et elle arrive à trouver un moyen de se défouler : dans le sport. Et là aussi miracle, la jeune fille est encore parfaite dans ce domaine. Ces parents le disent à tout le monde, combien leur fille est formidable. Ils se vantent d'elle comme un trophée.

Petit à petit Kathleen avait baissé le regard et la tête. Sa voix tremblait quelque fois mais elle savait se reprendre. C'était horrible pour elle de se souvenir de tout ça et ce n'était pas la partie la plus dégueulasse de sa vie...

- Est ce que tu sais ce que c'est Lucia de faire semblant tous les jours ? De vivre dans un milieu artificiel, de faire semblant d'être quelqu'un d'autre ? Juste … Juste parce que tu adores les gens qui te le demandent et que tu ferais tout pour eux.

Kathleen ne se sentait pas capable d'aller plus loin. Elle reprendrait surement plus tard, si Lucia lui demandait. Heureusement que son don ne c'était jamais retournée contre elle... La jeune fille ne s'en relèverait pas de si tôt, c'était sur.

Son amie s'était rapprochée d'elle. Elle se sentait assez mal à l'aise, elle pensait réussir à dire davantage mais elle n'avait même pas pu raconter ce qu'avait déclenché le décès de sa mère. Raconter le déclin misérable de son monde soit disant parfait. Sa révolte aussi. Tant pis, peut être plus tard. Mais Kathleen n'y tenait pas vraiment. Elle raconterait plutôt ses mésaventures quand elle se battait dans les rues, là il y'avait des choses à dire et cela l'a dérangerait moins. Lucia posa le paquet de cigarette à ses cotés, ça sonnait comme une invitation. Kate eut un mince sourire et en choppa une. A la fin du cours elle n'aurait jamais imaginé en avoir besoin. Putain de pouvoir, putain de passé. L'adulte prit la parole, oui décidément les deux femmes avaient beaucoup de point commun. Kate avait aussi d'une certaine manière tout envoyé en l'air. Les adultes sont trop cons ? Kate reprit le sourire. Et elle parlait à qui alors, là ? Une adolescente, une enfant ? Non, non. La suite de ce que dis Lucia l’intéressa plus. Elle ne la forcerait pas en dire plus, enfin elle n’insisterait pas plutôt. Cela soulagea l'adolescente.

- On verra peut être plus tard pour le reste. Quand on gant de boxe, ça je veux bien tout de suite ...

Heureusement Kate s'était repris assez vite, même si elle était encore un peu perturbée par leur récits. Les deux jeunes femmes se mirent donc doucement à la boxe. Enfin, juste pour allez chercher les gants de boxe. Car le reste fut beaucoup moins lent et doux. Se fut même le contraire. Mais tout cela restant dans une ambiance bonne enfant. Les deux amies aimant toujours se défier et se taquiner. Finalement cet fin de cours finissant comme d'habitude pour Kathleen : très bien, se sentant encore plus légère et détendue.