Vamos a la... oh wait. [ PV : P. Zadig Holm]

A l'aube. Dès l'aube j'avais quitté mon petit nid douillet, ce qui n'était pourtant pas dans mes habitudes. Je m'étais précipité vers le miroir pour vérifier mon visage, pour voir si cette maudite cicatrice avait disparu. Non. Mais je m'attardais sur ma face blafarde. Le maquillage de la veille avait coulé, un vague filait de bave restait collé à ma joue et le reste de mon corps me paraissait détaché, tranché. Je m'attardais sur les énormes cernes qui me donnaient cet air blanc, sur la couche, encore légère, de graisse qui protégeait mon corps de son rembourrage, sur mes joues creuses, sur ma peau blanche et mon manque flagrant de maculature. Dégoûtant. Répugnant. Je reculais, je m'échappais en grimaçant. Il fallait que ça change. Tout de suite. Ma planche de surf, posée derrière mon lit en guise de décoration, vint à moi comme si elle attendait ce moment depuis des jours. Je ne prenais pas la peine de me remaquiller, un simple démaquillage suffisait, de toute manière l'eau rongerait tout. Et si j'avais mal ? Tant pis. Je sortais pieds nus, en short, ma planche sous le bras. Certains me lancèrent des regards interloqués, d'autres firent la grimace, mais là, je m'en foutais bien.

La journée s’annonçait bonne. Le vent soufflait bien, la mer préparer de longs et larges rouleaux, la chaleur montait. L'horizon étant clair, j'en déduisais qu'il allait faire chaud. Première journée chaude du printemps. Bah. La mer était là. Elle m'attendait. J'y entrais comme on pénètre un temple, puis je me mouillais le corps. Ce que ça faisait longtemps. Plus de deux ans, surement. Saurais-je encore surfer ? Je prenais une grande inspiration et grimpait sur ma chambre. Il me semblait toujours avoir fait ça. Je glissais trop bien, je passais les vagues sans encombre, puis ayant pagayé au large, j'attendis une vague digne d'un nouveau départ. Celle que je pris était gigantesque, à vrai dire.

Chute.

Je tournais en boule dans les rouleaux et m'échouait non loin de la plage. Je ne tenais plus débout sur ma perle. J'y retournais, déterminé. Et c'est ainsi que la moitié de ma journée me passa entre les doigts, tandis que j'essayais tant bien que mal de surfer. Je progressais au fil des heures, oubliant le temps les valeurs de la vie. J'étais dans l'eau, mon eau, ma mer. Enfin, non, pas celle-la. Ma Suède me manquait. Sa fraîcheur aussi. Le soleil pénétrait ma peau comme une lame et dessinait bientôt sur mon dos des coups rouges, perçants.

Je ne sortais de l'eau que lorsque la faim se faisait ressentir. Perdu dans mes pensées, une fois sur la plage, je ne vis par arriver la petite blondinette qui me fit m'écraser au sol. J'avais la migraine. Je me trouvais sur le cul.
LEMON : Oh, excuses-moi, je ne t'avais pas vu. Est-ce que tu vas bien ?
Je ne prend pas la peine de répondre, je préfère regarder à droite à gauche, savoir où je suis. La faim et la fatigue m'abattent. Je ne reconnais même pas la tête blonde qui m'a mis chaos... Ah. Elle n'est pas bien grande tout de même. Je secoue la tête.
LEMON : Encore désolée. Viens, je t'aide pour te relever.
Ah oui, ça je veux bien. Où est passée ta langue ? Je la laisse m'aider et me relève difficilement, pour, enfin, sur mes deux pattes, me rendre compte de l'avantage de taille que j'ai sur elle. Je l'observe un instant. Elle a l'air jeune, le clone d'un personnage Disney, surement, et une génialissime chevelure blonde.
ZADIG : Fouah. Merci !
Je me penche pour récupérer ma planche, et titubant, je lui fais signe de me suivre. Simplement parce qu'elle a l'air dans un état des plus catastrophiques, autant que le mien. Ayant repéré un coin à l'ombre des rochers, je fais fuir les première années par une grimace, puis je m'y installe. Je cherche la blondinette des yeux.
ZADIG : Tu n'aurais pas une crème solaire ou quelque chose comme ça ?
Je lui assène une grimace et lui montre en me tournant un peu que j'ai autant cuit qu'elle. Je brule, aidez-moi.

OK. Pourquoi moi, pourquoi maintenant ? J'en croisais pas souvent des cas comme ça, mais, là, je dois bien avouer que j'ai tirée une de ces têtes à mourir. Keskémeveutpourquoim'écoutepascellelà? Exactement comme ça. J'pigais pas. Pourquoi ne voulait-elle pas me filer sa crème, d'habitude les gens flippent, ils font un genre "ouais m'sieur l'clown méchant, j'vous donne ça, promis !" Ah bah ouais, j'étais pas maquillé. C'était peut être ça. P't'être. Genre, j'avais une grosse trace rouge/jenesaispasquellecouleur en plein milieu du nez, qui allait de là à là. Pourquoi elle me prenait pas pour un héros de guerre qui avait besoin d'un petit objet vital : crème solaire ? Je souffrais sous les taches rouges. Finalement le surf c'est à chier, j'arrêt"e. Voilà. Ou pas. J'avais juste envie de lui lâcher un sourire à la Django (d'ailleurs il ne sourit qu'une seule fois dans tous l'film, que j'sache). Genre, profil et regard en coin. Ouaiiiis. Comme je n'étais pas totalement face à elle, je pouvais me le permettre. Alors je le faisais. Mes lèvres s'étiraient jusqu'à mes oreilles, JOKER.
ZADIG : Euh... T'sais, c'est comme ça qu'on rencontre des gens. Faut être avenant. Sinon, t'es mal.
GENRE. PAUL. COURS DE SOCIALISATION. Remarque, je n'étais pas si mal placé que ça. Il me semble. Bon disons que je connaissais des gens. C'était une bonne excuse. A la mafieuse. Ta gueule, j'ai des relations, moi, p'tit morceau blond ! Ah tiens, p'tite. Tu parles, je me sentais légèrement difforme à côté d'elle. Pas de quoi pourtant, vu mon corps de rêve (joke). Après un temps, je pire.
ZADIG : Mais. Pourquoi t'veux pas me donner ta crème ?!
Bonjour, ici cerveau ramollis qui vous parle. Aujourd'hui nous avons une panne, toute les idioties sont donc à tester. Essaie surtout de sauter d'une falaise, vieux. Je'vérifiais vite fait s'il y avait des falaises dans le coin. Un coup d'oeil rien de plus, puis je reportais mon attention sur la jeune blonde. Au pire.. Tant pis, après une bonne discussion elle finira par piger la souffrance. Et pas que la mienne, puisqu'elle avait de sacrées marques, elle aussi. Au moins, je n'étais pas seul. Changeant d'idée comme de chaussettes -je ne mets pas de chaussettes quand il fait beau- je lui lâche un autre sourire, plus franc ce coup-ci. Aurais-je la mémoire courte ? En tout cas, je ne dois surement pas être rancunier. Je tapote la place à côté de moi. J'avoue j'ai fais une bosse avec le sable en quelques secondes, mais voilà.
ZADIG : Allez viens, on est bien ! Héhéh. Non mais, sois pas timide, j'risque pas de te manger je suis au régime, mais j'ai des bonnes blagues, le temps que le soleil s'en aille et qu'on puisse fuir. Enfin moi perso, j'ai pas trop envie d'aller me cuire deux fois plus sous les rayons X de cette saloperie. Déjà assez amoché comme ça.
Tu l'as dit, bouffi. Tu veux un prix de camaraderie ? Au final, je prenais l'air le plus confiant que je connaisse. Le sourire bêta, regard de biche. Avouez, si vous croisez plus étrange, que j'ai un bon niveau quand même. Je me lançais un défis. Ne pas la faire fuir avant une heure. Minimum, oh please.