Bêtises en folie et Carnage assuré (PV Eleanore)

What's done is done

Macbeth (Act III, Scene II)
William Shakespeare

Ayant eu une journée plus que demandant, Éléanore avait été au lit bien tôt. Elle avait passé une majeure partie de la journée à s’entraîner avec son pouvoir. Tentant de le perfectionner du mieux qu’elle pouvait, elle s’était épuisée avec le nombre de fois dont elle avait essayé. De trop nombreuses fois elle avait brulé quelque chose, ou s’était brûlée les doigts. Elle s’était elle-même exigé de très hauts critères d’amélioration dans de très courts laps de temps, chose assez surprenante pour une E. Malgré tout, elle tentait désespérément de se convaincre qu’elle allait arriver à atteindre ses objectifs.

Elle en était donc, à ce moment, à se reposer dans son lit. Son cerveau criant de douleur par la concentration qu’elle avait fait preuve, elle n’arrivait pas à dormir et tournait depuis un peu plus d’une heure dans son lit. Rien à faire, elle ne pouvait pas dormir ni même se reposer avec ces maux de tête. Il faut dire que ne pas manger grand-chose dans la journée n’avait pas aidé. Peut-être était-ce le problème, le manque de nutriment était peut-être une des majeures cause de ces dites douleurs. Très surement, même si la partie paresseuse d’elle lui disait que simplement dormir suffirait. Cependant, Éléanore était convaincu que se mettre quelque chose sous la dent allait grandement aider à trouver les bras de Morphée.

Elle se leva donc de son lit, enfila un jeans, un des rares chandails qu’elle avait volé à ses frères et parti en direction de la cuisine. Elle marchait sur la pointe des pieds, ne voulant réveiller personne. Ne sait-on jamais si quelqu’un pouvait bien dormir à cette heure-ci. Comparée à elle, tout le monde n’avait pas d’horribles migraines. Plus elle s’approchait de la cuisine, plus elle entendait des bruits sourds, dérangeant. Qui pouvait bien faire tant de vacarme dans une cuisine à une heure pareille ? Elle ouvrit la porte, entra et laissa claquer la porte sans le vouloir en voyant toute la pagaille qu’il y avait dans cette cuisine.

Pour qui se prenait-elle ? Elle avait vraiment envie de déranger tout le monde, voire même de venir se coltiner des problèmes auprès de la direction pour l’état lamentable dans lequel était la cuisine? De toute manière, ce n’était pas son problème. Elle pénétra dans la cuisine rendue presque infecte vu le bordel qu’il y avait et elle ouvrit tranquillement le réfrigérateur sans se soucier de la fille qu’il y avait dans la cuisine. Une fois ses ingrédients sortis, elle jeta par terre un ramassis de truc qu’il y avait sur les espaces de cuisine, nettoya brièvement le tout d’une serviette et leva son regard vers la jeune fille.

Elle était de mauvaise humeur maintenant. Elle souhaitait bonne chance à l’étudiante pour pouvoir faire revenir sa bonne humeur si elle avait envie de socialiser. Pour le moment, Éléanore continuait de la fixer, espérant qu’elle puisse cuisiner quelque chose pour remplir son estomac.

Can one desire too much of a good thing?

As You Like It (Act IV, Scene I)
William Shakespeare

Est-ce que vraiment, elle pensait qu’elle avait la priorité parce qu’elle était là en premier ? Vraiment ? Éléanore était plus qu’énerver en ce moment et sa température corporelle montait en flèche. Ce n’était pas le moment de devenir une torche humaine. Elle l’énervait et elle faisait exprès. C’était une cuisine. Une CUISINE. Vous savez là où on fait de la nourriture, des plats, où on fait à manger… Venir faire la pagaille dans cette pièce qui est très importante n’est pas la priorité comparée à quelqu’un qui meurt de faim. Hors d’elle, son regard devint plus sévère et la rage traversa ses yeux et elle planta vivement le couteau qu’elle avait dans les mains, dans la planche à couper qu’il y avait devant elle. S’en était assez. Elle mourait de faim – expression bien sûr – et en plus, on l’empêchait de cuisiner parce qu’une petite rebelle avait décidé d’avoir la cuisine comme proie. Finit.

Éléanore matérialisa une flamme dans sa main, une sphère en constante rotation, toute de feu et fronça les sourcils, sans lâcher une seule seconde le regard de madame-j’étais-là-avant. Elle voulait faire cramer la cuisine ? Bien, qu’elle le fasse après qu’elle ait terminé de se faire à manger, sinon c’est elle qui allait finir en brochette de poulet pour diner. Éléanore ne tuait évidemment pas de gens, mais c’était plutôt une manière de parler pour dire qu’elle n’allait pas être des plus gentilles si jamais elle n’arrivait guère à manger.

Ceci dit, notre jeune rousse détourna le regard, éteignit la flamme dans ses mains, reprit son couteau et entreprit de couper le persil et le basilic qu’elle venait tout juste de sortir du réfrigérateur. Elle y avait peut-être été un peu forte sur les paroles. C’est tout en cuisinant qu’elle se demanda pourquoi quelqu’un avait de telles envie de faire un bordel pareil en sachant qu’elle allait avoir de lourdes conséquences par la suite ? Bon d’accord, si son pouvoir lui empêchait d’avoir quelques retenues que ce soit, peut-être qu’elle trouvait cela amusant, mais quel sorte de pouvoir ce pouvait être ?

Après avoir terminé toutes les découpes et ne se souciant guère de la jeune fille qui était à ses côtés, elle déplaça deux ou trois choses qui étaient dans le chemin avant de prendre une poêle et d’allumer le feu en dessous des ronds sur le dessus du four pour évidemment y faire cuire ce qu’elle voulait. Ne trouvant par contre les ingrédients qui lui manquaient, elle se tourna vers l’étudiante et lui demanda :

Son ton était certes pas des plus amical, mais il n’y avait plus aucune trace de froideur ni de colère qui se faisait ressentir. Éléanore était très facile à mettre en colère, mais elle changeait facilement d’émotion. Elle croisa les bras et attendit que la voix de l’élève se manifeste, s’impatientant d’entendre et de ressentir son estomac crier famine.