Retrouvailles dangereuses [ PV Zephy]

Chidori regarda pour la énième fois sa montre. 16H30. Encore un quart d'heure et elle aura fini sa journée.
Elle balaya la salle du regard et se rendit compte que la plupart des élèves n'écoutaient pas. Ils dessinaient, ils parlaient, ils dormaient mais ils n'étaient pas du tout attentifs aux paroles du professeur qui se tenait devant eux. Chidori fit la moue, compréhensive et écrivit les dernières lignes inscrites sur le tableau.
Elle se demandait ce qu'elle ferait, une fois sortie de la classe. Peut-être aller voir sa meilleure amie Lhym ou se rendre dans la chambre de Shen pour parler mangas, ou encore discuter avec Fred. Plusieurs options s'offraient à elle et Chidori ne savaient pas tellement quoi faire.
Elle allait se demander si elle n'aurait pas mieux fait d'aller d'abord dans les laboratoires pour surveiller ses potions, lorsque la sonnerie retentit, au grand soulagement de tous les élèves.

Chidori se leva, rangea soigneusement ses affaires dans son sac et prit le temps de dire au revoir à tous les élèves. Le sourire pendu à ses lèvres, elle secoua sa main droite en l'air, lança un « bye bye » à la cantonade et s'empressa de sortir de la pièce. Et voilà ! Les cours de la journée venaient de se terminer et la jeune japonaise n'avait aucune idée de l'endroit où elle voulait aller.
Elle slaloma entre les élèves, certains la bousculèrent au passage mais elle ne cessait de s'excuser en souriant et en leur disant que ce n'était pas grave.
Elle atteignit son casier sans trop de difficultés et rangea ses affaires. Quand elle eut fini, elle poussa un long soupir et s'apprêta à rejoindre la chambre de Shen lorsqu'elle aperçut Zephyliss dans sa classe.
Celle-ci discutait et un sourire naquit sur les lèvres de la jeune fille, ayant eu soudainement une idée.

Elle bifurqua donc vers elle et entra discrètement dans la classe de Zephy.
Son amie ayant le dos tourné n'avait visiblement pas remarqué la présence de la déléguée. Celle-ci en profita donc pour se placer derrière elle et plaqua ses deux mains sur les yeux de la demoiselle, en prenant soin de les poser délicatement.

" Coucou ! Qui c'est à ton avis ? " Demanda Chidori, se mordant la lèvre inférieure pour éviter de rigoler et par la même occasion de se démasquer.

La jeune japonaise avait toujours été friande de ce genre de jeux. Elle trouvait que c'était l'un meilleurs moyens pour communiquer et elle ne pouvait plus s'en passer.
Lorsque Zephy prononça son prénom, Chidori enleva ses mains rapidement et se positionna cette fois-ci devant son amie en souriant.

Bingo ! C'est bien moi !

En l'inspectant brièvement, elle remarqua qu'elle avait mauvaise mine et que la fatique se faisait ressentir et sur son visage et dans sa voix.
Lorsque Zephyliss fit un signe de tête à ses camarades, Chidori ne comprit pas tout de suite où elle voulait en venir. Quelques secondes suffirent pour qu'ils partent tous et là voilà maintenant nez à nez avec son amie.
La nippone n'avait pas froid mais elle ressentit la moindre parcelle de son corps frissonner d'un coup et elle sentit soudain très mal à l'aise. Pourquoi leur avait-elle demandé de partir ?
Sûrement pour se confier à elle se rassura t-elle en passant une main dans sa tignasse brune.

«  Tu tombes mal »

La jeune fille écarquilla les yeux mais ne fit rien paraître. L'attitude de Zephy était très étrange mais elle ne voulait pas y faire attention.

«  Ah bon ? Je suis vraiment désolée, je ne savais pas que tu étais occupée ! Je ne savais pas quoi faire et puis je t'ai aperçu. C'est là que j'ai décidé de venir te rejoindre mais je me ferais discrète si c'est ce que tu veux répondit-elle en lui faisant un clin d'oeil.

Zephy avait sûrement besoin d'un peu de calme. Ce changement soudain de comportement devait être la conséquence de ce besoin d'être seul, chose que Chidori comprenait parfaitement.
Pourtant, lorsque son amie ajouta qu'elle n'était pas d'humeur à jouer, la nippone commença à perdre lentement son sourire. De quoi parlait-elle ? Pas besoin de se montrer sur la défensive pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas envie de jouer. Chidori était certes naïve mais elle était loin d'être idiote.

« Pas de soucis, je comprends dit-elle en déposant une main sur l'épaule de la jeune fille. Tu es fatiguée et je le suis aussi d'ailleurs !
Elle s'étira lentement et camoufla son bâillement pour montrer sa réelle fatigue.

Visiblement, Zephy n'avait pas envie de la voir et encore moins de lui parler. Les prochaines paroles de celle-ci lui fit froid dans le dos et Chidori se stoppa net, le souffle coupé.
«  Tu peux dégager ? Tu peux dégager ? Tu peux dégager ? » Ces mots blessants n'arrêtaient pas de tourner en boucle dans sa tête.
Zephy ne voulait pas d'elle... Elle voulait qu'elle s'en aille tout de suite et maintenant.
En temps normal, la nippone lui aurait gratifié d'un sourire et l'aurait quitté dans la bonne humeur mais cette fois-ci, elle n'y arrivait pas. Elle n'arrivait pas à sourire comme d'habitude. Zephyliss l'avait rejeté et ce sentiment de haine qui émanait d'elle brisa le cœur de la jeune fille.
Les larmes menaçaient de jaillir et Chidori fixa son amie sans vraiment trop comprendre pourquoi elle était encore là.

«  Pourquoi Zephy ? Pourquoi tu ne veux pas de moi ? Je suis un boulet c'est ça ? Je te sers à rien n'est-ce pas ? » Plus la nippone enchaînait les questions et plus le doute et la colère s'installait en elle. Un rapide coup d'oeil à la fenêtre lui confirma ses craintes. Elle commençait à perdre le contrôle de son don visiblement. Le soleil avait laissé place aux nuages et la pluie avait jailli d'un coup. Le vent s'était mis à souffler et la japonaise commença à prendre peur.
Elle s'écarta d'elle et tint sa tête entre ses mains.

«  Pourquoi est-ce que tu me fais ça hein ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Pourquoi est-ce que tout le monde me rejette ? Tu... Tu ne m'aimes pas c'est ça s'écria soudainement la jeune fille en fixant son amie, les larmes aux yeux.
La peur de la solitude l'envahit et elle se laissa submerger par ses émotions. Comme pour répondre à son appel, le vent se mit à souffler de plus en plus fort et les branches des arbres se cognèrent contre les fenêtres. Le ciel menaçait d'exploser et la jeune fille était comme figée, ne sachant plus qu'est-ce qu'elle faisait, ni où elle était.