Sujet: Heart is a mess [Alecoute et Saraccroche] Lun 24 Juin 2013 - 20:09
pick apart the pieces of your heart
Recroquevillée comme une gamine de 5 ans qui a peur de l’orage, je me dessèche comme une mémé.
Larmes de rage, sanglots secoués, gémissements étouffés. Si l’on m’avait demandé pourquoi je pleurais en cet instant, je pense que tout ce qui serait sorti de ma bouche aurait été un « DSQDQSDQSLKJQSDQ » significatif de ma haine grandissante. Pas très original. Mais l'habitude ne change pas.
D’ailleurs, pourquoi je pleurais ? J’n’en avais fichtrement aucune idée. Mon père à l’hôpital, ma demi-sœur que je hais, mon drogué en train de me tromper en ce moment même, le live action de Kuroshitsuji qui engage un Sebby moche et qui transforme Ciel en fille, la mort de merde d’Hedwige dans Harry Potter …. J’avais un peu l’embarras du choix. Quoi qu’il en soit, j’avais bien du mal à retenir les sanglots violents qui s’emparaient de ma gorge, dont le son rebondissait sur les murs froids de la piscine. C’était moi qui faisait autant de bruit ? Impossible ! Mais à part moi, il n’y avait personne, et le seul bruit audible (autre que mes cris d’animaux) était le clapotis de l’eau qui perçait la nuit noire.
Clap clap.
Rah. Je déteste la piscine. Et pourtant je suis bien là, pieds nus sur les carrelages froids, respirant cette odeur de chlore qui me donne la nausée. Comment j’étais arrivée là ? M’en souviens plus je crois. Damon était occupé avec Hiroki. Et Drew … il aurait été cruel de venir me réfugier dans ses bras. Et je ne voulais pas. Pas ça. Il ne le méritait pas. Je ne savais pas où aller. Alors j’ai couru. De toutes mes forces. Sans réfléchir. Puis j’ai atterri là, non sans avoir balancé mes bottes je ne sais où en criant des choses insensées. Sûre que je n’avais pas toute ma tête pour aller ici. Moi je ne vais jamais à la piscine. Parce que c’est le lieu où tout le monde rit pour un peu d’eau sur leur corps exhibé de manière indécente. Maillots de bain. Chose que je ne peux pas mettre. En plus, c’est mouillé la piscine. C’est humide.
Je suis seule. Et j’ai froid.
Je suis habillée comment là ? En pyjama ? Non, les pyjamas ça a des pantalons. Je dirais plus chemise nuit. Sauf que c’est pas vraiment une chemise de nuit, c’est un t-shirt à Ma… Mar… SLQDKQSDK. Qu’est ce que je le hais. Je le hais je le hais je le hais.Coucher avec toutes les filles qu’il arrive à pécho avec sa gueule de con sous prétexte qu’il a fait un pari avec Silver ? MAIS. MAIS. RAAAAAAH. Qu’est ce que je le hais. J’en suis devenue incapable de dire son nom. Voilà qu’il est devenu mon Voldemort personnel.
« Je te hais…. »
Un souffle. Echo spectral digne du meilleur des films d'horreur. Les pleurs se sont calmés. Je relève la tête, regarde autour de moi. C’est marrant comment les lieux changent d’ampleur et de couleurs lorsque la nuit tombe. La piscine est devenue une lagune aux nuances de bleus nuits, et la verrière dans laquelle transparaît d’habitude le soleil est maintenant éclairée par la beauté de la pleine lune. Je m’étais toujours demandé pourquoi, et comment, alors qu’elle était couverte de cicatrices, la lune resplendissait-elle toujours plus que le soleil. Parce que moi aussi, j’étais couverte de cicatrices. Au corps comme au cœur. Et quoi que je fasse, je ne resplendissais jamais.
Et bah p’tain. La dépression ça me fait dire vraiment des conneries philosophiques.
Et donc. Je fais quoi là ? Là, je suis bien partie pour une énième nuit blanche. Je vais rester éveillée cette nuit et dormir demain. A croire que j’ai pas un nom de chouette pour rien. Pitoyable. Je remonte mon t-shirt trop grand sur mes épaules. Il descends bas, si bas, jusqu’à la naissance de ma poitrine frémissante. Les larmes glacées continuent de couler. C'est bon, ce soir, je vais crever de froid.
Mais bon. Soyons relatifs. Personne ne m’a vue. Je ne peux pas tomber plus bas.
Mais … Pourquoi ai-je l’horrible impression que dans ce monde, c’est lorsque l’on veut être seul que quelqu’un arrive ?
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Sujet: Re: Heart is a mess [Alecoute et Saraccroche] Jeu 27 Juin 2013 - 19:30
Un réveil en sursaut, comme si enfin, sa conscience se rétablissait. Taquinant avec l’ironie, elle a attendu que le sommeil se soit enfin emparé d’Alec pour se manifester. Et il se redresse d’un coup, surpris par l’évidence de ce qui lui a échappé toute la soirée. Comme ces mots que l’on a sur le bout de la langue, mais qu’on s’avère incapable de retrouver ; il faut attendre que notre cerveau soit capable de faire le tri dans toutes les informations qui y passent, capable d’enfin décanter le surplus pour retrouver l’essentiel.
Souvent, il est trop tard. Une heure treize minutes. Il est sans doute trop tard. Mais sait-on jamais.
Monsieur Wellsenstein se frotte les yeux, vision encore floutée par des brumes de rêves agités. Ce n’était pas comme si le monoclard avait eu le sommeil tranquille récemment. Un pied en dehors du lit, puis le second ; brrr, ce qu’il fait froid sitôt que l’on abandonne l’étreinte réconfortante d’une épaisse couverture. L’été ne viendra-t-il donc jamais ? Foutaises que cette météo ; mais après tout, il devrait être habitué, il parait qu’à Londres, il fait toujours mauvais temps.
Alec est londonnien. Du moins est-ce ce qui est marqué sur sa carte d’identité.
Ce n’est pas comme s’il s’en souvenait.
Mais ce dont il se souvient enfin, c’est de l’endroit ou est resté –ne riez pas- sa plaquette de médicaments contre l’hypertension. Oui, monsieur souffre d’hypertension. Génétique, probablement. Rare d’en être atteint aussi jeune ; il doit vraiment avoir un ADN de merde. Ou tout simplement un des effets indésirables dans le fait d’être surdoué ; hypersensibles qu’ils sont aux troubles de l’humeur dont fait partie le stress.
Alec stressé. LAWL. On va dire que c’est génétique. Ou la faute à son sommeil dont la qualité est bien inégale. Toujours est-il que l’adolescent a besoin de ces cachets, même si bien rares sont les gens qui le savent. Et pourtant, la boite est dans son sac en permanence. Jusqu’à ce soir, où il s’est avéré incapable de mettre la main dessus.
Il enfile un pantalon et la chemise assortie, tout en se maudissant du temps qu’il a mit à comprendre. Il se souvient avoir cherché partout, commencé même à paniquer, quoique bien intérieurement et finalement hurlé sur Léocade en voyant l’état désastreux de désordre qui avait pris possession de l’armoire à pharmacie. Sa boîte de cachets d’avance ? Disparue. Alec avait du foncer à la pharmacie.
Et pendant tout ce temps, la solution lui tendait les bras. Un coup d’œil sur la lune qui brille à travers la fente des volets clos, et il prend la peine de s’emmitoufler dans sa cape. Sans oublier de râler au passage. Ce n’est pas que sortir en pleine nuit lui déplaise, mais franchement, à si peu de choses près, il aurait pu éviter de perturber son sommeil. Il a pourtant refait mentalement tout le parcours de sa journée. Mais oublié le passage par la case piscine pour raison de cours de sport. En même temps, cet évènement s’est avéré on ne peut plus mineur ; à part déclencher des hémorragies nasales chez nombre de ses camarades, ce cours s’est avéré inutile au possible, il n’a strictement rien appris qu’il ne connaissait déjà.
Voilà pourquoi, parmi toutes les informations dont son cerveau est saturé, même l’awesome Alec Wellsenstein a négligé l’existence de cette séance de piscine durant laquelle il a perdu ses médicaments. Voilà pourquoi, sous l’éclat moqueur de la Lune laiteuse, il traverse le pensionnat entier. Voilà pourquoi il revient à la piscine, chancelant sous l’odeur du chlore qui lui prend la gorge. Voilà pourquoi il manque trébucher sur une botte.
…
WTF. Attendez. Une botte ? L’autre traîne non loin ; et enfin, Alec entend un gémissement. Ah, c’est bien sa veine, ça. Sa mission était de s’infiltrer sur les lieux, aller dans les vestiaires ou il a probablement perdu ces choses si importantes pour lui et repartir aussitôt. Monsieur est en manque de sommeil, après tout, voilà qui ne va pas arranger ses affaires. Mais croyant reconnaître la silhouette recroquevillée dans un coin, il s’avance ; vérifier ses impressions, toujours.
-« Eh bien, Saraccroche, quel spectacle pitoyable tu offres. Même toi, tu m’as habitué à mieux. »
Délicat et élégant dans ses propos; Alec a immédiatement vu qu’elle n’allait pas bien. Elementaire, même le plus complet des abrutis le remarquerait. Serait-ce pour autant qu’il se départirait de sa célèbre et surtout cinglante répartie ? Absolument pas. N’ayant pas l’habitude de traquer la moindre faiblesse d’autrui pour lui venir en aide, bien au contraire, le jeune homme ne connait ni pitié ni remords.
Il croise les bras, fixe Sarah. Enfonce le clou.
-« Tu veux rattraper toutes les séances de piscine auxquelles tu as refusé de participer ou juste attraper un coup de froid ? »
S’il était gentleman, le monoclard lui proposerait sa cape, ayant quant à lui prit le temps de s’habiller, et étant surtout de nature réchauffée. Il se contente d’arquer un sourcil.
Ni pitié ni remords.
Presque pas.
Spoiler:
Fua. Pardon pour le pavé caca de surcroit. Et pour le temps de réponse. ♥
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Sujet: Re: Heart is a mess [Alecoute et Saraccroche] Mer 17 Juil 2013 - 14:56
plz, plz, plz : get out.
Que quelqu’un me tue. Ce n’est pas possible, dans ce monde, on ne peut même plus déprimer tranquillement. Il avait fallu, que parmi toutes les personnes de ce pensionnat, parmi tous les insomniaques, parmi tous les connards de l’univers, je tombe sur lui. A l’écoute de cette voix grave, perçante, et ô combien irritante, j’avale mes larmes, du moins j’essaie, m’étouffant dans une toux très peu sexy. Alec. Mon dieu, il avait fallu que ça tombe sur Alec. Le découpé de cette cape blanche sur la lune me donne le vertige, et je le dévisage avec une stupeur totale, comme une folle persuadée d’avoir des visions. C’est peut être d’ailleurs le cas. Alec n’est pas le genre de type à vivre la nuit. Du moins je ne crois pas. Et puis qui sortirait en pleine nuit habillé tout de blanc, sans avoir peur de se faire passer pour un pervers ? C’est ça, je rêve peut être éveillée.
Mais non. Bien sûr que non.
Ces insultes dissimulées sous une tartine coulante d’ironie, ce ne pouvait pas être un rêve ; et je n’étais pas masochiste au point de m’infliger cela : Alec Wellsenstein était bel et bien devant moi, me surplombant avec arrogance, avec – summum de l’humiliation- une tête de poulpe à peine réveillé. Ce n’était pas comme si il avait vu que je n’étais pas bien, ce n’était pas comme si il avait vu que je grelottais de froid. C’était juste qu’il n’avait aucune pitié pour moi ; et cela tombait bien, car je ne m’attendait à aucune compassion de sa part. Je ne prends même pas la peine de lever mes yeux sur lui pour lui parler.
« Dégage de là. Va-t-en. Laisse moi tranquille. Va te coucher. Et ne te réveille plus jamais, pour le bien de cette planète, putain d’être fielleux et emmerdeur que tu es. » - je grogne. Pas sûr que ce soit compréhensible.
Je serre les dents pour ne pas partir dans une série de grossièretés qui conviennent très peu à une jeune fille comme moi. Je suis déjà enterrée à 6 pieds sous terre, inutile de creuser plus loin. Je soupire longuement, respire. J’essaie de recomposer un visage plus plus fort, de compresser la boule au fond de mon estomac. Et finalement, je lève ma tête vers lui, les yeux rouges et les joues striées de larmes, le regard ferme cependant.
« J’étais venue profiter seule d’un moment de solitude pour contempler la lune et pour pouvoir réfléchir sur certaines choses par moi-même. »
L’insistance sur le fait que je voulais qu’il dégage de cet endroit pour me laisser en paix était-elle assez claire ? Allez, allez oust. Qu’est que tu viens ramener ton monocle en plastique ici d’abord ? Je me concentrai un instant, essayant de trouver la raison de cette désagréable présence à l’aide mon don. Mon don qui, à cause des interférences dépressives que j’émanais, s’embrouillait comme une télé des années 50. Uuuuh mal de crâne. Mais entre les ragots de coucherie (que je prenais soin d’éviter, faute de faire une rechute) ; de mémère qui perd son chat ; et de virement de cuti, j’ai trouvé quelque chose d’intéressant. Peut être qu’avec ça, il me lâchera la grappe. L’espoir fait vivre.
« Dis donc, je ne savais pas que le grand Alecoute si sûr de lui était en fait une personne sujette au stress, au point que cela l’empêche de dormir. Pauvre chose. »
Certes, cela aurait eu plus d’impact si je n’étais pas moi-même dans un état proche de la serpillère, à moitié déshabillée et reniflant comme une vieille grand-mère ; incapable de contenir les tremblements de ma voix. Je remontai d’un mouvement rapide mon t-shirt sur mes épaules, qui était descendu bien trop bas à mon goût. J’aurai préféré crever la bouche ouverte et le nez bouché plutôt que de laisser Alec découvrir mes cicatrices. Et si il les avait vues ? NON NON NON. Impossible. Il faisait trop sombre. Il était bigleux. Et ce n’était pas comme si il était du genre à regarder ma poitrine, fort heureusement. Je lui lançai un petit sourire ironique et moqueur (du moins j’essayai) ; comme la Sarah « normale » l’aurait fait. Digne. Impassible. Comme une impératrice que rien ne pouvait ébranler.
Jusqu’à ce que je pousse un éternuement, qui résonna dans toute la piscine. Foutue crève de mes deux. Elle m’avait pourri mon groove.
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Sujet: Re: Heart is a mess [Alecoute et Saraccroche] Jeu 18 Juil 2013 - 0:07
Il observe la lueur dans des yeux que Sarah n’ose pas relever. Impitoyable, le jeune Alec : il observe et se permet même un petit sourire. Les mots qu’elle crache sont inutiles ; voire décevants. Il a déjà eu beaucoup mieux venant de sa part, que des insultes franches et directes, sans le moindre détour. Un simple grognement, faisant passer Edwige du stade de chouette à celui de chien, vaguement. Et monsieur Wellsenstein soupire avec dédain, posant d’un air hautain une main sur sa hanche et relevant le menton pour regarder la pauvre demoiselle d’encore plus haut que ne lui permettait déjà son mètre quatre-vingt-huit et son maintien impeccable.
Ses idées commencent à définitivement s’éclaircir ; et retourner se coucher n’est plus à l’ordre du jour. Le monoclard sacrifie ses heures de sommeil sur l’autel d’un amusement bien cruel –et surtout facile.
-« Le fielleux dénote, dans cette phrase. Un mot que tu avais parié pouvoir caser avant la fin de la journée ? »
Voilà longtemps que les insultes ne le touchent plus, pas plus que les regards haineux. La force de l’habitude, probablement ; ou plutôt celle d’un égo en béton armé. Il ne leur répondra qu’avec impassibilité, un désintérêt de mise, servi par un flegme tout britannique. Nationalité qu’il se targue de porter comme un honneur, à l’image de sa camarade présentement prostrée sur le sol.
Et là voila qui redresse enfin le visage ; et malgré les larmes, malgré la rougeur de ses joues, malgré les yeux humides encore, son regard ne se dérobe pas une seconde, fier.
Alec pourrait presque la respecter pour cela.
-« Es-tu sûre de pouvoir réfléchir par toi-même, justement ? »
Mais quand bien même il lui porterait une certaine estime, jamais il ne le lui montrerait.
Faisant mine de ne pas comprendre le sous-entendu pourtant évident, il soutient son regard, marquant comme son territoire cette piscine ou il n’était même pas censé mettre les pieds. Rien que pour le déplaisir de celle qui pensait y avoir trouvé refuge et essaie tant bien que mal de défendre sa tranquillité désormais. En utilisant son don, évidemment. Dangereux, ce pouvoir ; très dangereux. Sans doute un de ceux qu’Alec détestait le plus dans tout le pensionnat, un de ceux qui l’obligeait le plus à utiliser ses propres possibilités de manière défensives.
Et il la fixe dans les yeux, refusant de détourner les yeux, une fois de plus. Et remarque tout de même son mouvement : madame se rhabille. Le prendrait-elle pour un pervers, ou aurait-elle quelque chose à cacher ? De dédaigneux, le regard du monoclard se fait interrogateur ; l’espace d’un instant, il oublierait presque le duel qui oppose leurs deux êtres au quotidien pour se concentrer sur la seconde option qui a sa préférence malgré tout.
Presque.
-« Si tu te rendais compte de la médiocrité de l’immense majorité des pensionnaires, tu stresserais toi-même au sujet de l’avenir de cette planète. »
Il ne cherche pas à nier ses précédents dires, non ; pour quoi le ferait-il ? Il ne ment que très peu : écrasant de franchise dans son narcissisme autant que pour le reste, d’ailleurs.
Si jamais cela devait se révéler gênant, il n’aurait qu’à utiliser son propre don.
Un éternuement le coupe dans la suite argumentative qu’il avait prévue, un éternuement qui lui arrache vaguement une grimace. Il ne la déteste pas, Sarah, après tout ; au fond, il l’apprécierait même, pour un peu. Pour si peu ; s’il osait se l’avouer. Les amis sont une dangereuse dépendance, surtout quand on s’appelle Alec Wellsenstein.
-« Dommage, ca aurait presque pu fonctionner. »
Distant, toujours ; il fait référence à sa tentative de reconstituer un masque moqueur. Un peu tardive, comme tentative, d’ailleurs.
Sans un mot supplémentaire, il lui tend sa cape immaculée, reflétant vaguement l’éclat de la lune. Il a toujours pris un soin maniaque de ses affaires, mais pour une fois, il consent à se séparer pour un temps limité d’une de ses caractéristiques vestimentaires les plus remarquées ; sans rien dire à ce sujet, toutefois. Il ne voudrait pas passer pour quelqu’un de généreux, encore moins lui faire penser qu’il ressent la moindre pitié à son égard.
-« Mon altruisme me perdra. »
Il se poserait presque en héros pour quelque chose d’anodin. Ironique pour masquer certains signaux reflétant la sympathie qu’il pourrait émettre, lui-même ne sait même plus d’où lui vient cette dangereuse inclination à agir mauvaisement en permanence, cette propension à être insupportable. Disons qu’il a fait sa Bonne Action de la semaine, mais qu’il n’assume pas.
-« Pas que je m’inquiètes, mais si tu es malade en plus de pleurer, tu seras quand même bien laide. Un rapport avec ce qu’il y a là-dessous ? »
Et il désigne le T-shirt de la brune, ce bout de tissu trop grand qui lui tombe sur les épaules. Ne jamais prendre Alec pour un abruti doublé d’un aveugle ; s’il n’a rien vu de la chose en question, il décrypte avec facilité les moindres mouvements dont la motivation sort de l’ordinaire. Tant de facilité.
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Sujet: Re: Heart is a mess [Alecoute et Saraccroche] Jeu 18 Juil 2013 - 21:02
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Trop, trop, c’était trop. Je n’étais pas en état de supporter et les moqueries, et les remarques cinglantes – et si justes- d’Alec. Et encore moins dans la capacité d’y répondre. J’étais fatiguée, trop fatiguée ; et voir l’imperceptible sourire de cet homme danser sur ses lèvres me donnait la nausée. Mêlée à un goût de pâté pour chat. C’était le goût de la rage. L’idée de me jeter sur lui et de l’étouffer dans la piscine ne me paraissait que trop alléchante, à présent.
Pour toute réplique aux propos d’Alec, je me contentai de le fixer méchamment, sourcils froncés. Avant de lui tirer la langue. Puéril, de bas-niveau, complètement ridicule ; mais j’avais dans l’espoir que ça pouvait paraître cool, étant donné que j’étais une jolie jeune fille à qui les grimaces vont bien. Fort heureusement.
Il avait raison. J’étais, incapable de réfléchir par moi-même, tant mon cerveau s’auto-protégeait - anti-virus bien dressé- m’empêchant d’aller fouiller et retourner mes pensées. Et puis au fond, réfléchir n’aurait pas arrangé les choses, avec une idiote comme moi. Il avait raison. Et au mon dieu qu’est ce que cela pouvait m’énerver. Tout comme cet air dédaigneux et suffisant, qui me montrait clairement que je lui faisais l’impression d’un ver de terre même pas foutu de creuser un trou. Alec était si humain qu’il en était inhumain. Imbuvable. Ma toux violente de vieille tuberculeuse sembla quand même arracher à ses pupilles une lueur d’inquiétude. Peut-être avait-il peur de me voir mourir sur le pavé, apportant par la même occasion des tonnes de problèmes et de complications pour sa pauvre petite personne.
Ou peut être n’était-il pas si inhumain que ça, Sarah. Peut être qu’il t’appréciait, un peu, comme toi tu l’apprécies, sans jamais oser te l’avouer, sous peine de craqueler ton masque de fierté inébranlable. Si seulement nous avions été plus honnêtes, Alec, tout aurait été différent.
Un bruit mat dans l’air, la blancheur immaculée qui brille sous la lune. La cape d’Alec est tendue vers moi. J’écarquille les yeux, de peur d’avoir une hallucination. Alec me prête sa cape. ALEC ME PRETE SA CAPE. HOUSTON ON A UN PROBLEME.
C’était de loin la chose la plus improbable à laquelle j’aurais pu penser ; même Le Joker aidant Batman à sauver Gotham n’aurait pu plus m’étonner. La cape d’Alec était la chose qui définissait le personnage –monocle en option - ; et le fait qu’il s’en détache pour le donner à moi (parmi tant d’autres personnes pouilleuses dignes de ce nom) me donnait l’impression que le monde tel que je le connaissait n'allait pas tarder à changer. Je le fixe un instant, essayant de comprendre qu’est ce que cette folie signifie. Ses yeux ne me renvoient rien, ni pitié, ni gentillesse. Il avait pris soin de cacher toute émotion m’aurait autorisé à refuser. Sans émotion, plus d’orgueil, je prends la cape d’une main ferme en murmurant un remerciement. Faut dire qu’elle a l’air chaude cette connerie, et que moi je me caille les miches.
Je crois que j’ai du mal à réaliser l’instant collector que je suis en train de vivre, et je dois sûrement avoir un air de paumée sur le visage. Le drapé de la cape est doux au toucher, et encore tout chaud. Je me mords la lèvre en pensant au fait que c’est sa chaleur qui imbibe la cape, et qu’il est en train de la partager avec moi. Cett idée me fait carrément une dôle d'impression, agréable et dégueulasse à la fois. Je me sens pas bien. Je renifle. Finalement, je passe l'habit sur mes épaules, un peu dégoûtée de ne pas avoir un appareil photo ou un miroir. C’est pas tout les jours que le port de cape sera de sortie, moi j’vous le dit. Elle est confortable et chaude, et je la resserre doucement contre moi. Peut être que je devrai m’en acheter une.
Alec prends bien soin de reprendre sa langue de vipère, sa bonne action faite ; et je suis sûre que ce n’est qu’une question de principes. Pauvre monsieur Wellsenstein a honte d’avoir pu montrer une once de sensibilité. Dans un autre lieu et une autre situation, je me serai sûrement bidonné là-dessus, mais là, c’est pas trop le délire. Je suis son jeu, juste par convénience. Agir comme d’habitude, c’est plus rassurant que de se jeter dans l’inconnu. Peut être que je devrai même me moucher dans sa cape, une fois qu’il aura le dos tourné.
« Tant de gentillesse de ta part Alec … la planète va-t-elle exploser demain dès l’aube ? La fin de l’humanité est-elle proche ? »
Je m’essayai à un sourire ironique, sans grand succès. Tous les muscles de mon visage semblaient répondre à leur envie propre. Tant pis, ce sera pour une autre fois.
Alec pointe du doigt mes cicatrices. Alec a compris. Alec est trop foutrement intelligent que s’en est emmerdant.
Mes cicatrices ne m’infligent plus de peine depuis longtemps. Elles n’étaient pas les raisons de mes pleurs, comme il avait cru pouvoir le deviner avec son intellect épanoui. Elles sont juste une trace de honte et d’amertume. Elles sont un complexe bien trop voyant pour être facilement caché. Elles sont l’un des seuls sujets qui me fait rougir. Comme en ce moment même. Le complexe s’enflamme, me brûle les joues, alors que je serre les dents. Ce n'était pas tant soit le fait d'en parler qui m'embarrassait, mais le fait d'avoir été mise sur le fait comme une gamine de 6 ans, la bouche cerclée de confiture. Mon dieu. Je n'étais pas préparée à ça. Même Marwin ne m'avait jamais vu rougir. Pourquoi avait-il fallu que ce soit Alec. Je déglutis difficilement et tente de garder mon calme, évitant de croiser le regard du monoclard. C’était déjà assez dur comme ça.
« Non, les pleurs n’ont aucun rapport avec ça. C’est malheureusement un peu plus compliqué. »
Je respire à nouveau. La tournure des évènements me paraît un peu étrange ce soir. On aurait presque dit que j’étais sur le point de me confier à Alec, ce qui était une chose complètement délirante et impossible. Impossible. Je le regarde à nouveau, et tente de faire diversion en rebondissant sur le début de sa phrase, un micropuscule sourire sur le bout des lèvres :
« Tu insinues que je suis jolie en temps normal ? Comme c’est agréable de ta part mon cher Alecoute. Je m’en fiche. Etre moche, ça m’évitera bien des problèmes. »
J’essaie de jouer la carte de la malice comme d’habitude, mais ça a bien du mal à prendre. Alec n’est pas assez débile, ou plutôt, trop intelligent. Et il a de loin l’avantage dans cette partie de poker ratée. Vraiment. Pourquoi avait-il fallu que ce soit Alec ?
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Sujet: Re: Heart is a mess [Alecoute et Saraccroche] Ven 19 Juil 2013 - 12:26
Il y a des jeunes demoiselles auxquelles les grimaces vont bien au teint ; et puis il y a les autres. Fort heureusement pour elle, miss Blackmore s’inscrit dans la première catégorie, du moins était-ce ainsi qu’Alec le voyait. Ce qui n’empêche pas son petit sourire goguenard de s’étendre, une fois de plus, capable de s’étirer quasiment à l’infini.
Insupportable, en soi, cette faculté qu’avait le britannique à vous taper sur le système sans prononcer le moindre mot. Résultat de longues années de pratiques intensives, plus que probablement.
Il la regarde, la jeune fille posée à ses pieds, celle qui a ordinairement la langue plus cinglante que grimaçante ; il la regarde d’un air distant, vaguement déçu. Il s’attendait à mieux. Tellement mieux. En quête perpétuelle d’amusement, d’un adversaire à sa mesure lorsqu’il s’agit de joutes verbales ; lui qui pensait presque l’avoir trouvé en la personne de Sarah. Cruelle désillusion. Lui serait-il venu à l’esprit que peut-être, s’il n’attaquait pas en traître dans un moment critique, elle serait plus à même de combler ses attentes ? Probablement pas.
Putain d’égoïste qui s’attend à ce que le monde tourne exactement comme il le voudrait et ne pardonne pas le moindre instant de faiblesse à quiconque.
Et malgré tout, son sourire moqueur pouvait parfois receler un soupçon de sincérité ; infime, évidemment, mais suffisant pour un œil aguerri. Un soupçon de sincérité ; comme l’avait été son geste, ce geste incongru et tellement surprenant, ce geste qui lui avait fait prêter quelque chose qui lui appartenait. Et bien davantage que ça, une de ses marques de fabrique. Le regard perplexe de la jeune fille ferait déjà regretter à Alec son attitude, son mouvement pourtant soigneusement considéré pour paraître indifférent. Mais s’il y a bien une chose que son honneur de monoclard se refuse à lui permettre, c’est rompre un engagement déjà contracté. Il se considère engagé. Pour un certain temps, du moins.
Et le regard perdu de Sarah, ce sentiment de confusion qu’il se plait à semer habituellement chez ses interlocuteurs, présentement, il le met mal à l’aise. Ce geste est-il si déplacé ? Si inattendu ? Semblerait-il quelqu'un de suffisamment dégueulasse pour laisser une demoiselle choper la pneumonie ? Quelle honte. Rien de gentleman là-dedans. Serait-il vraiment un des pires salauds que la Terre ait jamais porté, un de ceux dont les gestes agréables recèlent forcément leur part fourbe et manipulatrice ? Commencerais-tu à nourrir des remords vis-à-vis de ton comportement, Alec ? Ils ne te vont guère au teint ; heureusement qu’ils ne transparaissent pas à travers ton masque impassible. Imperturbable, jusqu’au bout. Du moins se plait-il à le croire.
Et l’ironie de la brune revient, comme un cadeau dont il se sert pour mettre de côté ce genre de pensées si déplacées lorsqu’elles viennent de lui. Il n’a pas à s’interroger sur son comportement.
-« Si la planète explosait dans quelques heures, ce ne serait pas avec toi que je passerait mes derniers instants. »
Ah oui ? Et avec qui, alors ? Qui ?
Excellente question. Seul avec lui-même, sans doute. Après tout, monsieur Wellsenstein ne se reconnait aucune meilleure compagnie. Ou si peu.
Et Sarah rougit sous la lune tandis qu’il se pose quelques questions. Deux évènements suffisamment rares pour être soulignées ; quelles étaient les chances pour qu’ils surviennent au même instant ? Probablement plus élevées que celles qu’ils aient lieu séparément. Tout n’est que suite et enchainement logique des évènements. Et elle utilise une parade usitée depuis des siècles -des millénaires- par des milliards de femmes. Une parade courue d’avance, une parade usée jusqu’à la corde, une parade qui ne fonctionne plus pour peur que notre interlocuteur soit un minimum déterminé.
Le fameux « C’est compliqué. »
Alec est déterminé, tellement qu’il en devient agaçant.
Il continue de sourire, regarde la jeune fille s’interrompre. Malaise ; comme si elle allait ajouter autre chose et qu’elle ne voulait pas en dire plus.
Mais tu en as besoin, Sarah, n’est-ce pas ?
Et finalement, elle esquive, cherche une autre parade. Celle-ci pourrait être plus efficace, si l’intention pure et simple de changer de sujet n’apparaissait pas aussi clairement au monoclard. Humour flasque.
-« Je n’ai jamais insinué une telle chose. Tu entends ce que tu veux écouter. »
Il se penche, un sourire espiègle flanqué sur les lèvres, le genre de sourire dont on peut presque sentir la malice. Murmure d'une voix doucereuse.
-« Veux-tu que je te dise que tu es jolie ? »
Et finalement, son sourire le quitte, il se redresse, son expression se fait froide.
-« Je n’aime pas mentir. Mais ne te méprends pas, ce ne sont pas ces marques qui t’enlaidissent. Ce ne sont pas tes larmes, ni ton visage, en soi. »
Une petite hésitation, passant probablement pour une pause sciemment orchestrée.
-« C’est ton obstination à la fuite. Tous les secrets qui suintent et finalement explosent, toute cette négation de l’évidence. Tout ce masochisme. »
Le ton est neutre ; les mots, durs. S’en rend-il seulement compte ? Probablement ; et voilà pourquoi il ne sourit plus. Affectant un sérieux absolu. Serait-ce une invitation à enterrer la hache de guerre ? Serait-il en train de tendre une main secourable, de proposer une épaule sur laquelle pleurer, mieux, la sienne ? Peut-être. Peut-être pas. Tout est question d’interprétation.
Alec est méchant, sans doute ; cruel, ajouteraient certains. Et pourtant, il est de certaines choses qui ne s’obtiennent que par la force.
-« Ce type de laideur n’a jamais épargné le moindre problème à personne. »
Qu’en sait-il ? Il n’a ni tout vu, ni tout fait ; et pourtant, il assène ces mots comme une certitude absolue. Incapable de douter de lui-même, le jeune Wellsenstein, posant ses réflexions comme une évidence. Et gare à celui désireux d’en douter.
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Sujet: Re: Heart is a mess [Alecoute et Saraccroche]