L'innocent et Machiavel.

Cher journal, il arrive parfois que la frontière entre la réalité et les cauchemars ne tienne plus qu'à un mince filet, sur le point de se rompre à chaque instant. Les événements sont vagues, mais en récoltant des images prises et écoutant des rumeurs, j'ai pu reconstituer ce qu'il s'est passé ce jour là, m'aidant de mon carnet pour reconstituer les trous. Devoir tout décrire me donne la chaire de poule, mais il est de mon devoir et pour mon bien de raconter les événements tels qu'ils se sont passés.

Tout commença alors que le soleil envoyait ses derniers rayons. Je ne sais pas pourquoi à ce moment là je me trouvais à cet endroit, comme la plupart du temps depuis que je suis arrivé dans cette école... Je me trouvais à l'orée d'une vieille forêt aux arbres tortueux, noueux, une légère brume au sol. J'avais emprunté un chemin serpentant dans ce labyrinthe jusqu'à ce qu'il disparaisse. Seul l'écho de mes pas semblait résonner dans cette forêt silencieuse. D'étranges ruines semblaient émerger du sol, entortillées dans des végétaux à l'allure peu commode. Ce qu'il semblait être une lumière, faible, derrière ces murs de pierre attira mon regard et j'y vis surement mon salut à ce moment là. Alors qu'il me semble maintenant que ce n'était que le début de mon entrée en enfer.

Je m'avançais pas à pas, tremblotant, tout comme apple cachée entre mes paumes. La lumière se fit plus vive, plus rassurante. Quant un long cri effrayant sortit de nul part, à en glacer le sang. Une ombre gigantesque se dessina contre le plus grand mur de la ruine, doigts et nez crochu, sourire malsain et avide. Je poussais à ce moment là un petit cri strident. Pour me forcer à me taire je mis ma main devant ma bouche, mes dents claquèrent à tout rompre, j'espérais juste que cela ne s'entendrait pas, de peur d'attirer la bête. Je pensais faire demi-tour, tenter un autre chemin. Seulement, à ce moment là, une branche craqua et d'étranges murmures semblèrent provenir de derrière moi. Il y avait surement des fantômes dans cet endroit et ils se trouvaient justement derrière moi.

Je pris alors mes jambes à mon coup et m'introduisis dans cette ruine, oubliant l'ombre gigantesque qui y vivait. Le souffle court je longeais ce qui devait être autrefois un couloir. La lumière provenant du bâtiment, semblait se trouver au bout de ce chemin. Les murmures des ectoplasmes continuaient de se rapprocher, je n'avais pas le choix! Surtout quand les ombres de ces monstres apparurent au détour d'un passage. Ils allaient me trouver, ils s'approchaient beaucoup trop vite. Je me mis à courir, déboula dans cette pièce sordide. Il y avait un vieux tonneau de métal, dégageant des flammes, non loin divers fauteuils, éventrés et moisis. Face à eux, une vieille estrade de bois pourrie, des rideaux rouges mitées. Dessus, deux personnes déguisées, larmoyantes et se donnant des coups d'épées en bois.
Le même rire machiavélique, malveillant attira mon regard vers une silhouette caché derrière le feu de camp. Elle ne semblait ne pas m'avoir vu, je pensais pouvoir traverser la pièce sans me faire repérer, longeant le mur, terrifié.

Puis ce fut le vide, je me trouvais dans ce qui semblait être une vieille ruine, des sièges éventrés et moisis, une vieille estrade de bois pourrie, ainsi que deux personnes dessus, déguisés et qui semblèrent pleurer de joie, regardant leurs propres membres comme si c'était la première fois qu'ils les voyaient. Pour ensuite jeter un regard ahuri dans un coin de la pièce et prendre leur jambes à leur coup. Selon une photo prise à ce moment là, je me trouvais près de la scène, le regard hagard entrain de me curer le nez, tandis qu'une petite silhouette semblait gesticuler dans tous les sens. Je doute de la véracité de cette photo, mais je préfère le préciser tout de même.
Cet endroit avait un air de déjà vu. Et le premier souvenir que j'ai, fut celui d'une petite fille, les yeux furibonds braqués sur moi. Je ne saurai dire pourquoi, mais j'eus l'impression que ma vie était en danger, qu'elle allait s'arrêter ici même....

J'étais au beau milieu d'un cauchemar, j'en étais certain. Je l'ai vraiment cru et je n'aurai jamais pensé que cela n'était que le fruit d'une si petite fille (je ne suis pas forcément plus grand qu'elle en fait..), mais reprenons.

A près avoir perdu la mémoire sur ce que je faisais à cet endroit, le doigt dans le nez et le regard hagard. Je crus avoir une crise cardiaque en voyant un zombie, oui un zombie! Il avançait vers moi, titubant. J'avais les jambes qui tremblaient tellement que je ne pouvais faire le moindre pas pour m'enfuir. Il arriva, doucement, vers moi, j'allais être dévoré vivant! Puis il s'écroula, soudainement, sans crier gare, sans comprendre le pourquoi du comment. Je pris quelques secondes pour observer le cadavre inanimé à mes pieds. Du bout du pied le toucha, il ne bougeait plus. Je remarquais enfin que ce n'était qu'un mannequin déguisé. Je ne pus me retenir de rire à ce moment là, me tenant les côtes, plié en deux. J'avais peut être réagi excessivement, mais après tant de frayeur c'était le meilleur moyen de décompresser..

En tout cas cela n'expliquait toujours pas pourquoi il y avait un faux zombie qui bougeait tout seul. Je cherchais sur lui si il n'y avait pas de fil invisible, comme pour les marionnette ou un mécanisme pour le faire avancer. Rien. Je me grattais la tête, ne comprenant pas le phénomène. Je jetais un regard autour de moi.

"Bonjour... I.. Il y a quelqu'un?

Spoiler:

« Bonjour... I... Il y a quelqu'un ? dit-il en bégayant.
- Oui, répondis-je en soupirant, à peine audible. »


« Le spectacle est fini ! »

Les gens qui semblaient être à la base juste des mannequins, se relevaient, il en sortait de partout! Je n'en avais même pas vu les trois-quart. C'était quelque peu effrayant. Je laissais ces personnes ranger leur matériel et s'éloigner de la scène. La voie de la personne ayant mis fin à toute cette mascarade appartenait à une petite fille, tout maigrichonne avec des oreilles et une queue de chat. Je sentis appelle se mettre sur ses pattes, comme pour mieux voir ce qu'il se passait. Elle avait même redressé ses oreilles en direction de la petite fille. Elle leva une patte et se mit à miauler. "Nyah"

C'était comme un appelle, pour engager la conversation entre chat. Si Apple l'avait reconnu comme un chat, c'est qu'elle devait en être un. Ne sachant pas vraiment quoi à ce moment là, je ne pus m'empêcher de faire exactement la même chose, levant une de mes mains et faisant un petit miaulement. "Nyaaah". J'étais entrain de sourire, d'un sourire un peu inquiet quand à ce qui allait se passer. Ne l'avais-je pas dérangé durant leur spectacle? J'étais parfois maladroit....

Je m'approchais d'un pas. Ma main me démangeait depuis un moment déjà, tremblante, fébrile, moite. Les spasmes suivirent, mon oeil se mit à cligner étrangement. Je sentis une goutte de sueur perler le long de ma tempe, descendant le long de ma joue, suivant la ligne de ma mâchoire, s'arrêtant. Elle s'éclipsa, comme ma volonté. J'attrapais mon appareil photo, cala mon regard dans l'objectif pour ne plus faire qu'un. *CLIC**FLASH* Je lâchais un soupir de soulagement. J'avais pris cette femme chat, il fallait vraiment que je m'en souvienne!

Je sortis ma petite boîte métallique à ce moment là. Je me mis accroupis au même moment et en sortis des morceaux de pommes que je posais dans le creux de ma main. Apple gourmande en prit une, heureuse. Il ne fallait pas qu'elle se sauve, j'agitais ma main vers la fillette pour l'appâter. "minou minou minou.." Je fis quelques bruits avec ma bouche pour attirer son regard. Si seulement je pouvais m'en faire une amie... C'était tout ce qui me traversait l'esprit à ce moment là.